Thème : Agriculture, industrie , commerce, MétierCommune(s) : SAINT-GOBAIN, ANIZY-LE-CHÂTEAU, PRÉMONTRÉAuteur : F.Bliaux
Barthélémy Bléton est un sourcier très connu et très en vogue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il doit sa célébrité au fait d’avoir découvert les sources du Trianon pour la reine Marie-Antoinette. Il vient en Picardie à l’invitation de la duchesse de Narbonne-Lara qui résidait au château de la Bove.
Il se rend alors à Anizy, au château de l’évêque de Laon. Pierre Delaunay-Deslandes directeur de la Manufacture des Glaces de Saint-Gobain raconte cette visite ainsi : « 14 octobre 1782. Nous allâmes dans une plaine un peu en pente. MM. Les évêques de Laon et de Senlis, le général de Prémontré, des officiers du régiment du roi – cavalerie en garnison à Laon, plusieurs vicaires et chanoines furent présents à tout ce que fit Bléton. Lorsqu’il passait sur une source, il était pris d’un tremblement compulsif par tout le corps, et ce tremblement, est selon lui, proportionné à la quantité d’eau qui se trouve dans le voisinage. Il nous indiqua beaucoup de sources qu’il suivit toujours en tremblant. Enfin il en parcourut une qu’il avait déjà indiquée la veille. Cette source passait dans des broussailles assez épaisses et de la hauteur d’un homme. Il avait dit qu’elle coulait à 9 pieds de profondeur. M. l’évêque de Laon fit creuser le 14 au matin dans des broussailles. L’excavation avait environ 8 pieds de profondeur lorsque nous y arrivâmes et nous vîmes une source qui jaillissait du fonds ».
Bléton se rend ensuite à Prémontré à la demande du ministre général Jean-Baptiste l’Ecuy. Il y indique un certain nombre de sources que celui-ci fait ensuite creuser.
Deslandes l’emmène à Saint-Gobain le 15 au soir. Il couche à la Manufacture. Le lendemain matin, il lui fait faire le tour du site à l’intérieur des murs. Tous les accompagnateurs doivent se taire afin de ne pas donner des indices au sourcier. Il ne veut pas qu’on lui indique le puits Dollé ni le puits face à la porte de la Manufacture. Il sort ensuite de la Manufacture et suit une source jusqu’à l’entrée de la forêt 300 toises plus haut. Deslandes marque précisément cet endroit.
Deslandes l’emmène également voir la source de l’église dont le débit a largement baissé. Il trouve la source déjà dans la rue et la suit jusqu’à l’intérieur de l’édifice. Deslandes lui montre la crypte où la source sourd. Bléton détecte aussi la source qui alimente le puits de la plaine et la suit à travers les jardins et les broussailles jusqu’au point marqué par Deslandes sur les conseils de Bléton en forêt. Après un nouvel examen de la source de l’église, Bléton déduit que l’eau provient du même endroit en forêt. Il pense que leur réservoir commun fait environ 30 pieds de profondeur. Il découvre égalent les sources du Rozet, de la Carrière… Bléton est excité par ses surexcitations et demande à se reposer à Paris. Deslandes le rétribue et le conduit au coche pour Paris.
Deslandes va canaliser toute l’eau qui vient de cette source en forêt pour en faire un réservoir, indispensable pour le fonctionnement de la Glacerie mais aussi pour éteindre les éventuels feux en cas d’incendie. Il souhaite réunir dans le bassin du Bel-Air, le trop-plein de celui de la halle de haut, dans lequel on trouverait l’eau de la source Bléton. La réunion de toutes les sources aurait non seulement tenu le grand bassin toujours plein, mais aurait aussi fourni l’eau nécessaire à la salinerie, qu’il aurait fallu exhausser.
Sources :Archives du groupe Saint-Gobain : C 19, C 129