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Le mouvement de la population dans l’Aisne en 1882Histoire locale / Articles

Catégorie : StatistiquesCommune(s) : AISNEAuteur : M.Trannois d'après l'Argus soissonnais


Le nombre des naissances dans le département de l’Aisne pendant l’année 1882 a été de 12 782, dont 6 517 garçons et 6 265 filles. C’est le nombre des enfants du sexe masculin qui l‘emporte ; mais comme la mortalité est plus grande chez ceux-ci que chez les filles au bout d’un certain nombre d’années, l’équilibre s’établit.

La population du département étant de 556 891 individus, il en résulte qu’il y a une proportion de 23 naissances par 1 000 habitants. C’est un chiffre extrêmement faible, au-dessous de la moyenne des naissances en France déjà si peu élevé. Cette moyenne, qui nous met au dernier rang de l’Europe quand l’accroissement de la population est de 27 naissances pour 1 000 habitants. Notre voisine et notre rivale, l’Allemagne a une natalité qui varie dans les divers états de 38 à 40 pour 1 000 ; l’Angleterre en a 35 et la Belgique 31.

Le petit nombre de naissance dans l’Aisne est certainement inquiétant pour l’avenir de notre beau département. Il est une autre observation également inquiétante à faire. C’est celle qui concerne les naissances illégitimes. Elles ont été en 1882 de 1 455 soit environ 13 pour 100 des naissances totales. Pour un département où les grandes villes ne sont pas nombreuses le chiffre est élevé. Il est cependant bien inférieur à celui de Paris, où les enfants naturels sont dans la proportion de 25 % des naissances. Encore faut-il signaler certaines villes d’Allemagne et surtout l’Autriche où il y a de 50 à 70 % de batards.

Les décès dans le département pendant l’année 1882 ont été au nombre de 12 260, soit un décès par 45 habitants. C’est précisément la moyenne de la France. – la plus faible de toute l’Europe. En Prusse, la proportion est de 1 décès pour 38 habitants et la moyenne de l’Europe entière est de 1 pour 40.

Les conditions de l’existence dans l’Aisne sont donc bonnes. La durée moyenne de la vie qui est d’environ 38 ans serait plus longue encore si la mortalité des enfants de moins d’un an n’était très considérable. Il y a eu 2 188 décès de cette sorte dans le courant de 1882 ; c’est-à-dire que sur 1 000 enfants, environ, 171 sont morts avant d’avoir atteint l’âge d’un an. Dans quelle proportion – très grade partout- les enfants illégitimes ont-ils été frappés, c’est ce que la statistique omet de nous dire.

Enfin les naissances l’ont emporté sur les décès de 522 seulement. D’où un accroissement de la population inférieur à un dixième pour cent du nombre d’habitants. C’est-à-dire que la population reste stationnaire et que le département de l’Aisne concourt à créer ce danger de la dépopulation qui menace notre pays. Comment parer à cette redoutable éventualité ? C’est une question dont l’examen dépasse les bornes de cette étude.

Un dernier chiffre. Le nombre des mariages a été de 3 824 ; ce qui fait environ 7 mariages pour 1 000 habitants. Il n’est guère de département en France qui atteigne un chiffre aussi bas. A quelque point de vue que l’on se place, il faut le déplorer car le mariage est pour l’homme la grande école de moralité.

Argus Soissonnais. Février 1882.

Archives départementales de l’Aisne.