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Jules Henrivaux, la passion du verreHistoire locale / Articles

Thème : PersonnalitésCatégorie : IndustrieCommune(s) : SAINT-GOBAINAuteur : F.Bliaux


Jules Henrivaux naît le 13 janvier 1847 à Bruxelles. Il est le fils de François-Louis Henrivaux, négociant, né à Nivelle le 5 janvier 1812 et d’Hortense-Louise Couty née à Chauny le 11 mai 1822. Son grand-père Louis-Gobain Couty, après s’être brillamment illustré dans les guerres napoléoniennes, est inspecteur du poli à Chauny. Son père décède lorsqu’il a six mois et sa mère rentre à Chauny auprès de ses parents. Quand ses grands-parents retournent s’installer à Saint-Gobain, il les suit. Il est élevé par sa grand-mère maternelle Catherine-Julie Dumontois, femme de charge de la Manufacture.

Remarqué par les frères Biver, administrateurs de la Compagnie, il est envoyé comme élève au Museum de Paris. Il y reste quatre années pour apprendre et développer son goût pour les sciences, principalement la chimie dont il est préparateur. Il devient chimiste à la Soudière de Chauny avant de revenir à Saint-Gobain. Là, il succède à Alfred Biver à la direction de la Manufacture en 1883.

Il épouse le 13 juin 1884 Henriette Marie Peretti, née le 21 septembre 1863 à Paris. Elle est d’origine italienne et ses parents, Jean-Baptiste Peretti et Pauline Pido, sont assez fortunés. Leur contrat de mariage, déposé chez Me Morel d’Arleux à Paris le 28 juin 1884, révèle une disproportion de revenus flagrante : elle apporte la fortune et lui seulement 1 000 francs, y compris le peu de meubles qu’il possède. Mais il est promis à un très brillant avenir. Un seul fils, Paul, naît de cette union le 10 juillet 1885 à Saint-Gobain. Mme Henrivaux vit à Saint-Gobain et plus volontiers à Paris, au domicile de sa mère, où elle mène une vie très mondaine. Elle n’en oublie pas pourtant l’Aisne et on la retrouve dans de nombreuses initiatives caritatives comme celle à destination des orphelines de Parpeville, par exemple.

Henrivaux est admis à domicile – c’est-à-dire qu’il est officiellement autorisé à résider en France – le 26 juillet 1887 mais n’obtient la nationalité française que le 4 juillet 1893, vingt-trois ans après sa première demande et avec l’appui de députés et de ministres.

Chercheur infatigable, on lui doit de nombreuses productions verrières. Il a consigné le fruit de son savoir et de son expérimentation dans de nombreux ouvrages : Le verre et le cristal (1883), Les laboratoires de chimie à l’étranger (1883), « La Résistance du verre » (Revue scientifique, 1890), La verrerie depuis 20 ans (en collaboration avec Léon Appert, 1894), Verre et verrerie. On lui doit également des études sur les transformations des carbures d’hydrogène, l’emploi industriel du gaz à eau, la fabrication du cidre par diffusion, la culture artificielle du raisin, les parasites du pommier, les forceries, les caisses de prévoyance… Ces ouvrages et ces articles sont le fruit de longues expérimentations. C’est ainsi qu’il est à l’origine et l’un des principaux commanditaires des forceries de Quessy, les plus grandes serres du nord de la France avant 1900.

Jules Henrivaux prend également part à de nombreux projets à l’étranger comme celui des huileries tunisiennes. Il mène de nombreux voyages d’études ou se rend, par exemple, en Indochine à la demande du gouvernement pour étudier la possibilité d’y implanter une verrerie. Il ne fait pas qu’observer mais y apporte tout son savoir.

Avec Léon Appert, il développe à Saint-Gobain le 4e type de verres grillagés pour verrières et marquises, des bacs en verre de 60 à 200 litres, des tuyaux de 10 à 50 centimètres de diamètre, des bacs à accumulateurs, des tables, des guéridons et des dessous de lampes en verre moulé, des guéridons en verre imprimé et argenté.

Il souhaite construire une maison tout en verre, ce qui semble révolutionnaire en 1900. Il est à l’origine de l’opaline et prévoit sa diffusion en l’installant dans les plafonds pour rendre moins agressive la lumière électrique. Il crée également les rideaux de verre. Il soude le verre à l’aluminium. Il grave le verre à l’aide d’un thermo-cautère.

Ses nombreux travaux ont été présentés lors des expositions universelles ou industrielles tant en France qu’à l’étranger, ce qui lui vaut de nombreuses récompenses en tant que collaborateur de la Compagnie.

Il reçoit aussi de nombreuses distinctions comme la Légion d’honneur (chevalier le 17 juillet 1886, officier le 14 août 1900) qui lui a été remise par son ami Léon Appert, le grade d’officier de l’Instruction publique, celui d’officier d’Académie et l’ordre du Mérite agricole. Il est distingué également à l’étranger par de nombreuses décorations en Espagne, au Portugal, en Tunisie, en Russie, au Cambodge, en Italie, en Suède, au Brésil.

Membre de nombreuses sociétés savantes et scientifiques dont il est le collaborateur ou le correspondant, il y diffuse le fruit de ses recherches dans de nombreux articles. Il prononce de multiples conférences dans tous les domaines. C’est ainsi qu’il prononce aussi des conférences sur la forêt ou le bourg de Saint-Gobain.

Il quitte la Compagnie en 1901 mais la chimie reste sa raison de vivre. Chercheur infatigable, il n’a de cesse de découvrir de nouveaux procédés et jusqu’à sa mort, il met toute sa fortune au service de la recherche. Il est nommé administrateur de la Compagnie des produits antiseptiques de Neuilly le 3 avril 1901. Il est également nommé, en novembre de la même année, conseiller du commerce extérieur de la France en reconnaissance de son travail de président de la société de la Pierre du Verre.

Il décède le 15 février 1913 dans sa demeure du Moulin-à-vent à Saint-Gobain. Il est enterré au cimetière de Saint-Gobain dans la sépulture de sa mère et de sa grand-mère, avec les honneurs qui lui sont dus.