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Achille GIBON et la reconstruction de Saint-GobainHistoire locale / Articles

Thème : Guerres, PersonnalitésCatégorie : ReconstructionCommune(s) : SAINT-GOBAINAuteur : F.Bliaux


La famille

Achille Alfred Julien Gibon est né à Saint-Gobain le 22 février 1868. Il est le fils d’Alfred José René Gibon (Saint-Gobain 17 août 1830 – 3 janvier 1891) et de Julienne Esther D’Herbe (Barisis 28  octobre 1837). Son grand-père paternel, Pierre René Gibon (Anneville-en-Saire (Manche) 11 ventôse an XI – Laon 18 novembre 1833) est doucisseur de glaces ; avant de travailler à la Manufacture de Saint-Gobain, il a probablement été employé à celle de Tourlaville puisque ses parents résidaient à Anneville-en-Saire. Son aïeul est arrivé relativement jeune à Saint-Gobain puisqu’il y a épousé le 29 juin 1829 Élisabeth Danguillaume (Couvron 16 septembre 1806 – Saint-Gobain 31 octobre 1837).

Achille est le quatrième enfant du couple Gibon, ses trois aînés sont décédés en bas âge [Ferdinand Auguste (19 janvier 1858 – 10 février 1858), Ferdinand Achille (7 octobre 1859 – 8 août 1864), Marie Berthe Eugénie (9  juillet 1864 – 18 août 1864)]. Le jeune Achille vit avec ses parents dans leur boutique d’épicerie et de quincaillerie située Grande Rue du Château (actuelle rue Lucas-de-Nehou). Son père exerce les fonctions de maire de janvier 1878 à janvier 1881.

Le service militaire

À l’âge de 20 ans, il se présente devant la commission cantonale de recrutement militaire [Arch. dép. Aisne, 20 R 52, matricule 635 de la classe 1888 du bureau de recrutement de Laon.]. C’est un jeune homme blond aux yeux bleus qui mesure 1,70 m. Il s’est engagé volontairement pour un an le 5 novembre 1887. Il est incorporé dix jours plus tard au 104e régiment d’infanterie ; il devient caporal le 29 août 1888. Mis en disponibilité le 15 novembre suivant, il acquiert dans la réserve le grade de sous-lieutenant au 15e bataillon des chasseurs à pied ; il en démissionne. Une fois passé dans la réserve du 15e régiment d’infanterie territorial, il devient sergent le 17 octobre 1902. Libéré de toute obligation militaire le 5 novembre 1912, Achille Gibon ne participe pas à la Première Guerre mondiale en tant que soldat.

La vie d’adulte et la mairie

Le 28 juillet 1891, il épouse à Saint-Gobain Marie Marguerite Paquet (Saint-Gobain 10 août 1873- 7 avril 1939). Le couple a deux enfants : Alfred Henri (Saint-Gobain 29 avril 1897 – Lille 29 mai 1979) et Antonia Marie (Saint-Gobain 23 mars 1893 – Issy-les-Moulineaux 20 décembre 1968).

Dès son plus jeune âge, il a vécu dans l’épicerie-quincaillerie familiale et tout naturellement il prend la succession de son père en 1891.

Achille Gibon agrandit le patrimoine familial en achetant plusieurs maisons contiguës à la maison familiale dans le haut de la rue Lucas de Nehou. Au moment de la guerre, il est propriétaire des maisons et dépendances du 1bis, 3, 5, 7.

L’absence de registres de délibérations ne nous permet pas de savoir si Achille Gibon a été élu conseiller municipal dès le décès de son père ou plus tard. Toutefois, en 1904, il est déjà conseiller municipal. Il est présent aux différentes réunions et siège dans plusieurs commissions de chaque mandature. Suite à la démission de Fernand Barbançon, le conseil municipal désigne un nouveau maire le 24 août 1920. Achille Gibon est élu au premier tour avec 13 voix sur 15. Réélu le 17 mai 1925, il refuse par trois fois son élection comme maire. Le 25 mai suivant, un nouveau vote a lieu et par trois fois il est à égalité avec Alphonse Dombret, il accepte finalement un nouveau mandat qui lui est octroyé au bénéfice de l’âge. Le 17 mai 1935, il est réélu maire avec une large majorité.

L’après-guerre

Pendant 20 ans, Achille Gibon va assurer la gestion courante de la commune et le suivi du dossier spécifique lié à la Reconstruction de Saint-Gobain. Au moment où il devient maire, la commune est un vaste champ de ruines, le plan de déblaiement est en cours d’élaboration, la coopérative de reconstruction est créée mais tout reste à faire.

Il faut faire face dans tous les domaines : les canalisations d’eau sont éventrées, les bornes-fontaines à remplacer, des motos-pompes doivent être installées pour remplacer les machines élévatoires pour l’eau. Les travaux sont réalisés sous la houlette de M. Godet, ingénieur des Ponts-et-Chaussées.

Le maire tente également de relancer les pourparlers, interrompus par la guerre, avec la Compagnie électrique du Nord pour l’établissement de l’éclairage public dans la commune. Contrairement au réseau d’eau, il faut attendre 1926 pour que celui-ci soit installé dans les rues gobanaises.

Toutefois dès 1923, des négociations sont entreprises afin que des lignes électriques soient installées partout dans la commune afin que chacun puisse s’y raccorder. En 1925, le syndicat intercommunal entre les communes de Saint-Gobain, Deuillet, Servais, Andelain et Amigny-Rouy est constitué afin de fournir l’énergie électrique.

La voirie doit être entièrement repensée. Après le déblaiement, un plan d’alignement est établi afin de rectifier la régularité des rues. Des discussions doivent être entreprises avec des riverains qui se sentent lésés.

Les travaux sur les bâtiments communaux sont confiés aux architectes Charpentier et Huart. Il s’agit notamment de réparer la mairie, l’église, les écoles, le presbytère, l’abreuvoir… À compter de 1929, c’est l’architecte parisien Rey, qui a également un bureau à Chauny, qui veille à la reconstruction des bâtiments communaux de Saint-Gobain.

Deux gros chantiers s’ajoutent à ceux de toutes les communes sinistrées : la création d’une œuvre sociale en faveur des enfants grâce au don du comité des Dames françaises de Montevideo ou encore l’acceptation des legs de la famille Leclère-Grandin pour la création d’un établissement en faveur des personnes âgées.

La remise en production de la glacerie est longue car elle a aussi subi de nombreux dommages. La population rentrée à Saint-Gobain doit faire face à des logements inhabitables, un manque de travail et de ce fait peu de subsistances pour nourrir les familles. Par ailleurs, il faut faire face aux demandes incessantes de l’Office départemental du Comité de ravitaillement du Nord qui souhaite récupérer les sommes correspondantes à l’ensemble de la nourriture fournie aux habitants de la commune depuis le début de la guerre.

La vie quotidienne est aussi à réinstaller. Ainsi, dès l’année 1921, le marché du dimanche matin est remis en place, un nouveau porteur de télégrammes est nommé, un nouveau règlement est adopté pour le cimetière…

Achille Gibon doit également représenter la commune ; c’est ainsi qu’il se rend à La Fère le 5 mai 1921 en compagnie de membres du conseil municipal et d’anciens combattants afin de recevoir des mains du ministre des Finances Paul Doumer et du général Guillaumat la Croix de Guerre qui a été attribuée à la commune. Il préside aussi en 1923 la cérémonie d’érection du monument aux morts.

La retraite

Son activité pour le bien-être de la commune est incessante. C’est un homme las qui, le 26 juin 1940, adresse sa démission du poste de maire à Armand Bussière, Préfet de l’Aisne. Celle-ci est acceptée le 25 août suivant par son successeur Jean-François Quénette. Dans sa lettre, il explique qu’il est âgé, malade depuis décembre 1939 et qu’il rejoint sa fille évacuée à Saint-Brévin-les-Pins. Puis, il regagne Paris où il décède le 12 novembre1.

Suite à la démission d’Achille Gibon, le Préfet nomme Louis Boudin jusqu’alors premier adjoint, magistrat municipal le 25 août 1940 puis maire le 19 septembre 1940.

1 Dans un logement situé 60, rue Violet dans le 15e arrondissement.