

OCCASION- par Naty Béjin-Garcia _ 1996
Liés à l'origine à la culture céréalière, les pigeonniers, autrefois « colombiers », furent à usages multiples en Thiérache et dans le Pays de la Serre. Ainsi à Bohéries, le rez-de-chaussée était utilisé comme poulailler et celui de Soize comme four à pain. On dit que des prêtres réfractaires s'y réfugièrent pendant la Révolution pour célébrer la messe, à Dagny-Lambercy, par exemple ou Eparcy. Pigeonniers sur pied, pigeonniers-porches, pigeonniers sur toit ou pigeonniers à fuie offrent au promeneur attentif une diversité de formes insoupçonnée. Polygonales, circulaires ou quadrangulaires, les constructions sont parfois composées de plusieurs tours superposées réunissant des architectures différentes.
Symbole de paix dans l'Antiquité, le pigeon annonçait les noms des vainqueurs aux Jeux Olympiques. Les Romains firent de son élevage une véritable passion. Lors des croisades, il sera utilisé comme messager par les chevaliers aux portes de Jérusalem. Au Moyen Age, tous les châteaux possèdent un colombier, ainsi que bon nombre d'abbayes.
Au milieu du XVIIIe siècle, on compte en France environ 42 000 pigeonniers dont la construction est alors vivement encouragée, notamment par Buffon. Le droit de colombier ayant été aboli le 4 août 1789, beaucoup de constructions sont détruites en même temps que disparaissent châteaux et abbayes vendus comme biens nationaux.
Les pigeonniers à fuie s'imposeront à nouveau à la fin du XIXe siècle dans les plus modestes exploitations agricoles. © Micberth