
Village de l'ancien Valois, bâti sur un plateau élevé, à 65 Km au S-O de Laon, et 25 de Soissons, autrefois de l'intendance de cette ville, du bailliage de Villers-Cotterêts, élection de Crespy, diocèse de Soissons, aujourd'hui du canton de Villers-Cotterêts, arrond. et diocèse de Soissons.
Damnum Lupi, Domnus Lupus, Templum Lupi. Selon cette dernière étymologie, Templum Lupi, Temple de St Loup, on aurait d'abord prononcé Templeu par contraction, puis Dampleu.
Entouré par la forêt de Retz, ce village est d'un aspect très pittoresque. Il doit remonter à une époque très reculée puisque il était traversé par la voie romaine de Soissons à Meaux.
L'église est fort curieuse et mérite une description particulière.
Il ne reste plus grand-chose de l'église du XIIe siècle, le mur extérieur seulement ; le choeur et les contreforts qui sont aux angles appartiennent au XVIe siècle. Les fenêtres géminées sont à plein cintre et surmontées d'une rosace en coeur ; quelques unes romanes et d'autres du XVIIe siècle. On voit aussi des débris de verres de couleurs du XVIe siècle.
Au-dessous du clocher, des voutes à arceaux sous chapiteaux de la première construction de l'église ; les autres voutes paraissent être du XVIe ou XVIIe siècle.
M. de la Prairie a, en outre, constaté ici, la présence de deux transepts à arcades de chaque coté s'ouvrant sur la nef (Bulletin de Soissons, XVI, 181).
Le clocher est incliné comme la tour penchée de Pise, et comme elle ne parait pas devoir tomber de sitôt.
Des tableaux religieux, dûs au pinceau d'un honorable habitant de Dampleux, ornent l'église.
Un tableau accroché à l'un des piliers de cette église contient le récit d'un miracle curieux.
Nous reproduisons ce document dans son entier.
Comment Barbe Péron, parti du château de Passy pour quitter l'église de Mgr St Leu de Dampleu, devint malade, fut ravi et enlevé.
S'ensuit un miracle merveilleux fait en l'église de Mgr St Leu, au village de Dampleu, approuvé par gens notables, dignes de foi et bien renommés, duquel la teneur suit :
L'an 1434, un homme de guerre nommé Barbe Péron, étant lors en garnison à Passy, vint à l'église de Dampleu et céans prit et ravit les tours (sans doute les tours des lits,) de tous les pauvres malades de ladite église et lors ce voyant, une femme nômée Guillette demeurant audit lieu, femme de bien, dit aussi Péron Barbe qu'il faisait mal de prendre les dit tours des malades : lors ledit Péron la tança en l'appelant sanglante, vieille et autres plusieurs laides paroles injurieuses. Néanmoins ledit Péron prit ce que dessus et autres biens. Après environ 15 jours, ledit Péron retourna audit lieu de Dampleu fort malade et fut en ladite église, espérant faire sa neuvaine, cuidant recouvrer sa santé, lui non, bien contrit étant audit lieu fut ravi et emporté et ne sait on de quoi et mené jusque dans la forest de Retz près Villers, et là chut mort, le visage dessus, que personne ne savoit où il étoit.
Environ 3 semaines après un prêtre qui pour lors était curé dudit Villers et un homme-séculier tous deux natifs du pays et gens digne de foi, le trouvèrent emy ladite forest, comme dit est, tous les habillemens sains, entiers, nets et blancs, chemise, couvre-chef, chausses, éguillettes, pourpoint, manteau et souliers, sans quelques corruptions ; mais rien de chair, nerfs ni veines n'y avait, fors ses os tous nets et escures et semblaient quand ils levèrent lesd. vêtements qu'ils furent plein de noix ainsi qu'ils sonnèrent et de crainte et de fraieur laissèrent tous là.
Moy souscript. notaire roial de la court de Soissons.......
Ceux qui l'on vu....témoigne mon signé Manuel ey-mys.
Je frère Jean Balois, prêtre, curé de Levigne, après la vérification des dessus nommés, j'ai signé ce présent tableau, lequel a été écrit et signé de la main de ...Me N. Fouillet.
Signé : F. J. Balois
Ce tableau a été écrit l'an 1619 par F. S. Dubois, renouvelé l'an 1779 dans le temps de Mre Pommery, prie de ladite paroisse... et de la régie de Monseigneur de Roucy, premier marguillier.
Ecrit par Simon, maître d'école de la Ferté-Milon.
L'endroit où Barbe Péron fut enlevé au milieu de la forêt et où son corps a été retrouvé a conservé le nom de la fosse Barbe ou le trou Péron.
Cette légende a été souvent racontée : nous nous rappelons l'avoir mise dans un feuilleton intitulé : "Une journée de vacances, promenades dans la forêt de Retz" (Argus Soissonnais, N° du 31 janvier 1854 et suivant.
A la première moitié du XVIIIe siècle, remonte la fondation d'un école à Dampleux.
Le seigneur Guillaume de Rainsart, écuyer, chevalier de St Louis et sous brigadier de 200 chevaux de la garde du roy, et Marguerite Leparc, sa femme, par acte devant Petit, notaire à Villers-Cotterêts, du 16 février 1733, ont donné aux enfants pauvres de Dampleux : "50 liv. de rente pour leur apprendre à lire et à écrire et le cathéchisme."
Carlier pense que Damien de Templeux est originaire de ce village. Suivant lui, Templeux et Dampleux seraient un seul nom.
Damien de Templeux était un véritable savant. Il a laissé une carte et une description du duché de Valois. La carte parut vers 1630 ; la description qui se compose de 17 grandes colonnes in-folio, parut en 1663. Culture en 1760, 400 arp. de terres ; revenus, 2000 liv.
On se rendait autrefois à Dampleux pour la peur.
Sources : Dictionnaire Historique de Melleville, pages jaunes, Wikipédia.
INSEE
Villers-Cotterêts et ses environs par Alexandre Michaux (1988)