Thème : Faits divers, anecdotes, catastrophes, JusticeCommune(s) : WATIGNYAuteur : N.Pryjmak d'après le journalLa LAnterne
Watigny 28 juin 1899
Un crime odieux a été commis jeudi dernier , dans la forêt , sur le territoire de la commune de Watigny, à un kilomètre seulement du village de Cendron (Belgique).
Une femme de 63 ans, un peu simple d’esprit et gagnant sa vie à faire des courses pour les habitants de son village, la nommée Liénard Placide-Elisabeth a été assassinée sous bois à une soixantaine de mètres du chemin qui conduit de Watigny à Cendron.
Un voisin de Placide Liénard, M.Hippolyte PECHEUX, étonné samedi à midi de ne pas avoir aperçu cette femme depuis deux jours, en informa M.Destame, maire de Watigny.
On savait que la pauvre vieille était partie dans l’après-midi de jeudi pour faire ses provisions en Belgique mais depuis elle n’avait pas reparu.
M.Destame fit immédiatement organiser une battue dans la direction que la victime prenait habituellement pour se rendre en Belgique; et vers 4 heures du soir, M. Lefèvre, propriétaire à Watigny, qui avait pris part aux recherches avec l’un de ses ouvriers, découvrit, à une douzaine de mètres d’un layon, le cadavre affreusement mutilé de Placide Liénard. La tête portait des blessures affreuses paraissant avoir été faites à l’aide d’un instrument tranchant : à l’arcade sourcilière gauche, à la tempe gauche, l’oreille du même côté est coupée à la partie supérieure et le bras gauche est fracturé en deux endroits.
A quelques mètres du cadavre se trouvaient les sabots de la victime et son cabas renfermant une serviette et un mouchoir, dans lequel etait liée une somme de 40 centimes. Tout autour, dans un rayon de trente mètres, l’herbe était foulée et on remarquait des traces de lutte, qui démontraient que la malheureuse femme s’était defendue contre son assassin.
C’est en se rendant en Belgique que cette femme a été frappée ; elle n’a pas été vue chez son fournisseur habituel dans l’après-midi de jeudi.
Quelques minutes avant le crime , une jeune fille de la-Neuville -aux-Joûtes(Ardennes), qui allait rejoindre son père , charriant du bois dans la forêt, l’a encore aperçue se dirigeant vers la frontière en compagnie d’un individu de taille moyenne, vêtu d’une chemise et d’un pantalon sans bretelles, coiffé d’une casquette grise et tenant un bâton à la main. La jeune fille, à ce moment, se trouvait à 80 mètres d’eux ; en l’apercevant, l’inconnu pénétra sous bois, laissant la vieille continuer son chemin.C’est quelques pas plus loin que le cadavre a été retrouvé.
Le parquet s’est transporté avant-hier à Watigny pour continuer l’enquête commencée par le juge de paix d’Hirson. Mais comme il n’y a as d’autres indices que la déclaration de la jeune fille de la Neuville-aux-Joûtes, on n’a pas réussi à découvrir le coupable.
La Lanterne : journal politique quotidien 1899-06-30