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Roger VASSEUR Pilote-aviateur dans la Royal Air Force BOMBER COMMANDHistoire locale / Articles

Thème : PersonnalitésCommune(s) : SAINT-MICHELAuteur : Jacky Billard


D’une famille Saint-Michelloise, Roger Vasseur naît le 29 octobre 1913. Dès son plus jeune âge, il se passionne pour l’aviation. Ses idoles : Jean Mermoz et Paul Codos. Il rêve de leur emboîter le pas. Les avions de l’époque sont si peu sûrs qu’il essuie un refus de ses parents. Accroché à son idée, il obtient leur consentement en 1934. Le 15 avril 1934, il s’engage dans l’aéronautique pour une carrière de pilote-aviateur.

A 21 ans, il est incorporé à la B.A 111 à Metz et le 1er janvier 1935 à la 101 de Toulouse-Francazal. Admis à l’école de pilotage de Bourges le 6 mai 1936, il décroche son brevet de pilote le 3 octobre 1936, il est affecté à la 12ème escadre aérienne d’entraînement à Reims le 20 mars 1937 puis à la 4ème escadrille opérationnelle le 18 mars 1938. En août 1939, c’est la déclaration de guerre. Son escadrille se transporte sur la base aérienne de Persan-Beaumont, près de Chantilly.

Campagne de France – Roger Vasseur est propulsé dans la dure réalité de la « Campagne de France ». Le 11 mai 1940, c’est sa première mission de guerre avec pour objectif de bombarder le pont Albert près de Maastricht en Hollande, point de passage des troupes allemandes sur la Belgique et vers France. Cette mission lui vaut pour son courage et son sang froid une première citation à l’Ordre de l’Armée aérienne pour avoir été capable de ramener à la base, son avion endommagé sérieusement par la flak ennemie.
Le 16 mai 1940, il attaque les blindés et les batteries d’artillerie allemandes qui ralentissent la progression des troupes françaises et les blindés placés sous commandement du colonel Charles de Gaulle à Montcornet (Aisne). La formation est dotée de bombardiers de type Lioré 451 ; des avions qui ne sont pas adapté pour des attaques au sol avec un plafond bas, une altitude peu élevée pour se protéger de la chasse ennemie et de la flak. Au cours de l’attaque, c’est l’enfer. La formation sera réduite de moitié tant en personnels navigants qu’en avions. Le sergent-chef Roger Vasseur s’esclaffe, « c’est ma première mission, cela commence bien » . Le devoir l’appelle, il se transportera entre mai et juin 1940 sur Trélon-Chimay (Belgique), Avesnes-Landrecies, Ham, Dormans-Château-Thierry, Le Hohneck, Moirans-Grenoble pour anéantir des colonnes motorisées ennemies. En vain ! Combien d’équipages ne rentreront pas à la base !

Lioré 451, une épave. Pas de bobo pour l’équipage.  (c)  Photo Coll. Roger Vasseur.

Outre-mer – L’Armistice signé par le Maréchal Pétain, héros de 14/18, le 25 juin 1940 Roger Vasseur n’accepte pas cette capitulation ; il se porte volontaire pour servir Outre-mer, B.A I/62 à Bamako, sorte de tremplin pour se joindre à ceux qui ont déjà gagné l’Angleterre. A regret, il lui faudra attendre août 1943 pour que son voeu se réalise. Un long périple pour les unités de bombardiers « Guyenne et « Tunisie » par la frontière algéro-marocaine tant par bateau que par train. Puis Roger Vasseur embarque à Alger. Il franchit le détroit de Gibraltar et, encadré par la puissante armada de la Royal Navy avec ses cuirassés, ses porte-avions, ses sous-marins, il navigue au large des côtes françaises qui sont occupées par l’ennemi. Le 9 septembre 1943, en plein brouillard, les équipages des « lourds » débarquent à Liverpool.

Missions en France et Outre-Rhin – Vasseur est incorporé dans la Royal Air Force – 346ème Squadron de bombardement lourd II/23, Groupe « Guyenne ». A l’issue d’une formation, il est à bord d’un avion de type Halifax III frappé de la Croix de Lorraine. Il participe aux opérations aériennes de guerre pour le débarquement en Normandie [Cherbourg, Saint-Lô, Blainville, Caen, etc.]. Ses missions se porteront en France pour réduire les gares de triage et les « Plateforme Pilotless » [Amiens, Les Hauts Buissons, Nieppe (nord) et sur la Rhur [Clèves, Cologne, Düsseldorf, Bochum, Sterkade, Essen, Duisburg] pour anéantir les « Fabrique Pétrol », les zones industrielles. Sous les tirs de la D.C.A et encadré par la chasse ennemie qui ne lui font pas de cadeaux, son bombardier, atteint à multiples reprises, regagnera toujours l’Angleterre et la station d’Elvington où il est basé.

Équipage Roger Vasseur.
Avion bombardier lourd – Halifax III frappé de la Croix de Lorraine,
 emblème de la France Libre.(c) Photo Coll. Roger Vasseur.

Pilote d’essais en vol – De 1946 à 1951, le lieutenant Vasseur marque une accalmie, il est affecté à Blida comme pilote réceptionnaire autrement dit pilote d’essais en vol d’avions en sortie d’une révision. En 1947, au cours de ce séjour, il assure l’essai d’un B-25 Mitchell, l’appareil personnel du général Philippe de Hauteclocque alias Leclerc. Un mois plus tard, le 28 novembre 1947, l’avion du général Leclerc se crashe entre Oran et Colomb-Béchar. Roger Vasseur apprend les circonstances de l’accident dès le lendemain, « hélas, le vent de sable devient de plus en plus dense ; il faut voler de plus en plus bas. La visibilité est nulle. Le ciel se confond avec le sol. L’avion touche une dune et c’est la catastrophe. Le général Leclerc, ses officiers de l’E.M. qui l’accompagnent et l’équipage dont mon camarade François Deluc, périssent dans l’accident. » Le 23 août 1952, une loi confère au Général Leclerc la dignité de Maréchal de France à titre posthume.

Extrême-Orient – Après la seconde guerre mondiale le capitaine Vasseur, pilote-aviateur, commandant d’avion poursuit sa carrière en Indochine dans le cadre du Groupe de bombardement I/19 « Gascogne » [Haïphong -1951-1952] pour un soutien en appuis feu aux troupes françaises au sol à bord d’un B-26 B straffer de type « Invader » ; des avions qui ont été transformés à la base de Laon-Couvron au sein du 126Th Bom Wing de l’USAFE (United States Air Force Europe) puis, il gagnera l’Algérie [1952-1955] en « Maintien de l’ordre », l’Afrique Équatoriale Française, Pointe-noire [1955-1959] pour des missions pacifiques de ravitaillement, de liaisons et d’entraînements.

Sur les théâtres d’opérations en Indochine.
Commandant Roger Vasseur
Pilote-commandant d’avion B-26 « Invader »(c) Photo Coll. Roger Vasseur.

Fin de carrière annoncée  –  Le 24 avril 1959, le capitaine Vasseur embarque de Pointe Noire sur le paquebot de croisière Général Mangin. Il débarque à Marseille le 13 mai 1959. Il est nommé au grade de commandant en position de congé définitif du personnel navigant le 29 octobre 1959. Fin de carrière ? Pas tout à fait. En novembre 1959, il s’installe dans un Morane-Saulnier MS-760. Il rêvait de piloter un avion à réaction… avant de lâcher définitivement les commandes.

Décorations et médailles militaires   –  Officier, Chevalier puis Commandeur de la Légion dans l’Ordre de la Légion d’Honneur en 1956, Roger Vasseur à reçu durant ses vingt-cinq années de pilote-aviateur, onze Croix de guerre avec Palme et onze citations dont une étrangère, la DFC (Distinguished Flying Cross) britannique. Sur ses carnets de vols sont inscrits 298 missions de guerre et 5.685 heures de vol dont 386 de nuit.

Inspecteur de bonne conduite… C’est permis !  –  Définitivement rendu à la vie civile, Roger se présente au concours national d’Inspecteur du Permis de conduire. Une fonction qu’il exercera de janvier 1967 à avril 1979 dans les centres de l’Aisne à Hirson, Vervins, Chauny, Saint-Quentin, Soissons, Château-Thierry et en Ardenne à Charleville. Douze années ! Une deuxième carrière plus connue par les axonais… qui se reconnaîtront que celle de pilote-aviateur de bombardier lourd… Je vous ai entraîné « sans risque » dans les missions qui ont été confiés au commandant Roger Vasseur. Une aventure souvent extrême que notre Thiérachien a mené avec honneur et bravoure.

Texte extrait et photos de l’ouvrage de l’auteur : Jacky Billard.

Sources : Commandant Roger Vasseur.