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Monographie de Vendhuile – 1914-1920Histoire locale / Articles

Thème : Communes, GuerresCatégorie : Histoire, Première guerre mondiale 1914-1918Commune(s) : VENDHUILE


Commune de Vendhuille

Questionnaire

A.- Territoire occupé par les armées allemandes

I.- Généralités

a).- A quelle date les Allemands ont-ils pris possession de votre village ?

Le 27 août 1914 vers 3 heures de l’après-midi.

b).- La prise de possession s’est-elle effectuée à la suite d’escarmouches, à la suite de combats sanglants, ou sans coup férir ?

Sans coup férir. Les Allemands suivant de très près les dernières troupes anglaises, quelques soldats anglais furent faits prisonniers.

c).- Quelle a été l’attitude de l’autorité militaire à l’égard de la population pendant les premiers jours ?

Pendant les premiers jours, elle fut clémente. Un habitant de Vendhuille ayant tiré 4 coups de revolver sur une troupe en repos et ayant blessé gravement deux soldats, le Général de brigade Thaddans von Jarowski, qui commandait à Vendhuille, déclara qu’il avait le droit et le devoir de brûler le village et de faire fusiller des habitants ; mais cédant aux instances de M. le Maire et de M. le Curé, il fit grâce, à condition que M. le Curé allât dans toutes les maisons, accompagné d’un clairon, pour prévenir que, si quelque attentat se renouvelait sur les troupes, le pays serait brûlé et les habitants fusillés.

Dans la suite de l’occupation ?

Dans la suite de l’occupation, en dehors des réquisitions, des perquisitions, des revues d’appel et de l’obligation de travailler pour les divers services allemands, scierie, travaux des champs, lazarett, il n’y a rien de saillant à signaler.

d).- Pouvez-vous rapporter quelques propos authentiques tenus par des officiers ou des soldats, et qui soient caractéristiques de leur état d’esprit ou de l’opinion publique en Allemagne à cette époque ?

Le général Jarowski dit à M. Luquet, Maire, chez qui il logeait : « La Guerre sera bientôt finie ; dans 15 jours nous serons à Paris ; puis nous nous tournerons sur la Russie ; avant trois mois, la paix sera faite.

Un caporal et quelques soldats retardataires qui arrivèrent le 29 chez M. Leclerc, cultivateur, voulaient l’obliger à atteler une voiture pour les conduire à Paris.

Officiers et soldats étaient persuadés que la France avait voulu la guerre, qu’elle l’avait déclarée à l’Allemagne ; tous étaient sûrs de la victoire ; des cartes tracées sur les tableaux noirs de nos classes encadraient dans l’Empire allemand la Belgique et le Nord de la France : Flandre, Picardie et Champagne.

Par la suite, au moment des réquisitions quelques agents de la Kommandantur disaient : « Nous vous prendrons, tout ! Nous ne vous laisserons que vos deux yeux pour pleurer.

e).- Pouvez-vous citer quelques ordres ou prescriptions émanant de l’autorité ennemie où se manifestait plus spécialement son système de « guerre aux civils » ?

Copies cachées lors de l’évacuation et non retrouvées.

f).- Si possible, prière de joindre quelque spécimens d’affiches apposées par les soins ou sur l’ordre de l’ennemi, ou quelque document authentique digne d’intérêt, (ces documents seront exposés et renvoyés par la suite à leurs possesseurs, s’ils les réclament).

Idem

II.- Des rapports de l’Autorité ennemie avec la population scolaire

a).- Les établissements d’instruction (écoles, etc.) ont-ils été ouverts pendant toute la durée de l’occupation ? Ou momentanément fermés, ou ont-ils été fermés pendant toute la guerre ?

Fermées pendant les 2 mois d’octobre et novembre 1914. L’école de Filles fonctionna sans interruption de décembre jusqu’au 5 août 1916, époque à laquelle on la transforma en Lazarett. A la suite d’instances réitérées, j’obtins l’autorisation de faire des classes de demi-temps dans le local affecté à l’Ecole de garçons, dont la moitié était occupée par le ravitaillement. Cela dura pendant le mois de Janvier 1917 puis les Allemands s’emparèrent

de la classe pour y faire un dépôt et le 27 février, évacuation de la commune.

b).- Quelles ont été les prescriptions particulières édictées par les Allemands à l’égard des établissements d’instruction ? (Prière de joindre, si possible, des documents à l’appui)

Néant.

c).- Le commandant de place s’est-il immiscé dans les services d’enseignement ?

Il a ordonné la réouverture des Ecoles en décembre 14.

d).- Des officiers délégués ou inspecteurs allemands ont-ils émis la prétention de contrôler l’enseignement? Ont-ils pénétré dans l’école ? Ont-ils interrogé les élèves ? Pouvez-vous citer, à cette occasion, des réponses d’élèves méritant d’être mentionnées ?

Un jeune professeur vint un jour à l’Ecole, accompagné de M. le Maire. Il me posa quelques questions relatives à l’organisation matérielle, s’enquit du montant de nos traitements, en déplora l’insuffisance et promit, au nom du Général allemand l’amélioration de notre situation mais à la condition de respecter les autorités et d’éviter toute atteinte à l’honneur de l’Allemagne. Par exemple, je devais bannir l’histoire Lavisse à cause de son jugement sur le traité de Francfort. Je lui répondis : « L’enseignement de l’histoire est mal ; je dis à mes élèves ce qu’elles doivent savoir : Quant à mon traitement de guerre il est suffisant pour attendre celui de la France d’après-guerre. » Il partit sans un mot de plus et jamais je n’entendis parler de lui ni de ses généreuses promesses.

e).- Quelle a été, en général, l’attitude des soldats à l’égard des enfants ?

Ils se montrèrent, plutôt généreux en leur distribuant chocolat, confitures, comestibles divers, tant, qu’ils eurent eux-mêmes largement à manger.

L’attitude des enfants à l’égard des troupes ?

Les jeunes enfants les recherchaient pour ce qu’ils leur donnaient ; mais quelques-unes de mes grandes élèves dédaignaient leurs cadeaux et discutaient parfois avec eux au point de les fâcher ; l’une d’elles faillit être giflée par un soldat.

f) Travaux auxquels les enfants ont été astreints.

Avant l’évacuation, elles n’ont été astreintes à aucun travail manuel ; mais pendant leur séjour dans les Ardennes, elles ont cueilli des orties, des fraises, des framboises, des mûres, des prunelles.

g).- Le séjour des troupes allemandes a-t-il influé en quelque mesure sur le parler local ? Quelques mots allemands, plus ou moins déformés, y ont-ils pénétré, et paraissent-ils devoir persister ?

(Donner une liste de ces mots, et leur sens.)

Néant.

B.- Territoire occupé par les Armées françaises et alliées

I et II.- Généralités et rapports des troupes avec la population scolaire

a).- Quelles sont les troupes (alliées) qui ont occupé votre village ?

Néant.

b).- S’est-on battu dans votre région ? A quelle date ?

Un engagement eut lieu dans le haut du village au Petit-Paris, entre un peloton de dragons français et une troupe allemande arrivée la nuit (vers le 15 septembre 1914). La troupe allemande se replia rapidement sur le Nord ; nous fûmes délivrés pour 3 jours.

Puis ce fut la seconde invasion, le passage des troupes se rendant sur Péronne et le 8 décembre 1914, l’occupation permanente de Vendhuille par l’ennemi et l’établissement d’une Commandanture locale. En septembre 1916, commencèrent les travaux de fortifications de la ligne d’Hindenburg. Evacuation du village le 28 février 1917. Au commencement d’avril, Vendhuille fut délivré par les troupes anglaises, mais il retomba au pouvoir de l’ennemi et ce n’est qu’au commencement d’octobre 1918 qu’il fut libéré par les troupes américaines comme l’atteste le cimetière américain situé à Bony sur la route de Bony à Hargicourt.

d).- Influence des troupes indigènes.

Les Annamites ont achevé de détruire ce que les Allemands avaient laissé ; ils ont surtout ravagé les jardins ; pas un mot de leur langue ne nous est resté. Il y avait très peu de civils pendant leur séjour ici et la frayeur qu’ils inspiraient empêchait tout rapport avec eux.

Source : BDIC La Guerre dans le ressort de l’Académie de Lille. 1914-1920

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