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Monographie de Sommette-Eaucourt 1914-1918Histoire locale / Articles

Thème : Communes, GuerresCatégorie : Monographies, Première guerre mondiale 1914-1918Commune(s) : SOMMETTE-EAUCOURTAuteur : G.Gourmond instituteur


SOMMETTE-EAUCOURT CANTON DE SAINT-SIMON

A.- Territoire occupé par les armées allemandes

I.- Généralités

a).- A quelle date les Allemands ont-ils pris possession de votre village?

Le 29 août 1914.

b).- La prise de possession s’est-elle effectuée à la suite d’escarmouches, à la suite de combats sanglants, ou sans coup férir?

Sans coup férir

c).- Quelle a été l’attitude de l’autorité militaire à l’égard de la population pendant les premiers jours? Dans la suite de l’occupation?

A son arrivée dans le village et dans les premiers jours l’autorité militaire a été arrogante et brutale, molestant les habitants, les menaçant de leurs armes, pillant les maisons même habitées et imposant des contributions de guerre. Dans la suite de l’occupation par suite des mutations de troupes, l’attitude de l’ennemi fut plus correcte quoique toujours hautaine et la population subit beaucoup moins de sévices.

d).- Pouvez-vous rapporter quelques propos authentiques tenus par des officiers ou des soldats, et qui soient caractéristiques de leur état d’esprit ou de l’opinion publique en Allemagne à cette époque?

Les chefs et les soldats disaient souvent au début : Nous irons à Paris, nous le détruirons si la France ne signe pas la paix. La France a voulu la guerre. Elle est vaincue, elle paiera. Si elle ne veut pas se soumettre, nous ferons la guerre jusqu’à ce qu’elle s’incline; alors nous la partagerons. Dès maintenant vous n’êtes plus Français, vous êtes Allemands.

Après la bataille de la Marne, ce fut la haine contre l’Angleterre qui domina. Les Anglais, tristes soldats. Les Français, bons soldats. L’Angleterre n’a pas d’armée, elle sera vaincue. Nous irons en Angleterre et nous l’annexerons. La France sera trompée par l’Angleterre; elle se mettra avec nous et ensemble nous la battrons, nous partagerons sa flotte et ses colonies.

Plus tard, dans le cours de l’occupation, la France et l’Angleterre eurent une part égale de la haine des Allemands et toujours les mêmes paroles sortaient de la bouche des soldats: vous serez vaincus car l’armée allemande ne craint aucune armée, vous signerez la paix que nous imposerons, il n’y aura plus de France ni d’Angleterre, il n’y aura que l’Allemagne.

e).- Pouvez-vous citer quelques ordres ou prescriptions émanant de l’autorité ennemie où se manifestait plus spécialement son système de « guerre aux civils »?

Non

f).- Si possible, prière de joindre quelque spécimens d’affiches apposées par les soins ou sur l’ordre de l’ennemi, ou quelque document authentique digne d’intérêt, (ces documents seront exposés et renvoyés par la suite à leurs possesseurs, s’ils les réclament).

Je possédais quelques affiches en langues allemande et française, malheureusement elles ont été brûlées en 1918 au moment de la 2ème occupation.

II.- Des rapports de l’Autorité ennemie avec la population scolaire

a).- Les établissements d’instruction (écoles, etc.) ont-ils été ouverts pendant toute la durée de l’occupation? Ou momentanément fermés, ou ont-ils été fermés pendant toute la guerre ?

L’école a été fermée pendant toute la durée de l’occupation; elle a été rouverte après la libération, dès qu’un local fut aménagé (l’école fut brûlée).

b).- Quelles ont été les prescriptions particulières édictées par les Allemands à l’égard des établissements d’instruction? (Prière de joindre, si possible, des documents à l’appui)

Aucune prescription particulière n’a été édictée.

c).- Le commandant de place s’est-il immiscé dans les services d’enseignement?

Oui – Il a ordonné aux parents d’envoyer leurs enfants à l’école d’Ollezy éloignée de 2 kilomètres de Sommette-Eaucourt. Les enfants ont fréquenté cette école pendant 18 mois. Les soldats allemands étaient chargés de faire respecter cet ordre.

d).- des officiers délégués ou inspecteurs allemands ont-ils émis la prétention de contrôler l’enseignement ? Ont-ils pénétré dans l’école ? Ont-ils interrogé les élèves? Pouvez-vous citer, à cette occasion, des réponses d’élèves méritant d’être mentionnées?

Non

e).- Les élèves des établissements (écoles, etc.) ont-ils été contraints à quelques travaux manuels?

Quelle a été l’attitude des élèves dans ces circonstances? Particularité, réponses, réflexions dignes de remarque.

Non

f).- Quelle a été, en général, l’attitude des soldats à l’égard des enfants? L’attitude des enfants à l’égard des troupes?

En général, les soldats étaient très doux envers les enfants; ils s’amusaient même avec eux. Les enfants étaient souvent avec les Allemands qui leur apprenaient à parler allemand et leur donnaient quelque nourriture ou friandise.

g).- Le séjour des troupes allemandes a-t-il influé en quelque mesure sur le parler local? Quelques mots allemands, plus ou moins déformés, y ont-ils pénétré, et paraissent-ils devoir persister? (Donner une liste de ces mots, et leur sens.)

Non, l’occupation allemande n’a pas influé sur le parler local et aucun mot allemand plus ou moins déformé n’a pénétré. Au recul allemand de mars 1917, les enfants, particulièrement, connaissaient beaucoup de mots allemands; quelques-uns même parlaient bien l’allemand. Ils en ont perdu aujourd’hui le souvenir.

B.- Territoire occupé par les Armées françaises et alliées

I et II.- Généralités et rapports des troupes avec la population scolaire

a).- Quelles sont les troupes (alliées) qui ont occupé votre village?

Les troupes Françaises ont occupé le village depuis mars 1917 date de sa libération jusqu’au 1er février 1918 – A partir de cette dernière date, par les troupes Anglaises et un contingent de soldats italiens.

b).- S’est-on battu dans votre région? A quelle date?

Oui. Duels d’artillerie le 21 mars 1918 et combats d’infanterie les 22 mars 1918 et 6 septembre 1918.

c).- Voyez-vous quelques particularités à noter touchant l’attitude des soldats alliés à l’égard des enfants? Des enfants à l’égard des troupes?

Oui – Les troupes Anglaises aimaient beaucoup les enfants et il était touchant de voir leur ingéniosité à leur faire plaisir; ils étaient véritablement gâtés. Les enfants en retour avaient beaucoup d’affection pour leurs « amis Anglais ». J’en ai vu qui pleuraient au départ des soldats pour le front.

Le contingent italien a eu très peu de rapports avec la population civile. Les enfants fréquentaient peu les soldats italiens.

Quant aux soldats Français, ils faisaient partie de la famille.

d).- Le séjour des troupes alliées (ou indigènes), notamment des noirs, des Hindous, etc., a-t-il influé sur le parler local ? Quelques mots étrangers (anglais, hindous, etc.), plus ou moins déformés, y ont-ils pénétré, et paraissent-ils devoir persister ? Donner une liste de ces mots et de leur sens.

La population civile ayant été évacuée le 22 mars 1918 est restée trop peu de temps (4 mois ½) pour que la langue anglaise influât sur le parler local.

III.- Travaux d’élèves

Ma classe n’ayant eu que des enfants trop jeunes pour rédiger les textes de composition française proposés dans le questionnaire, je ne puis envoyer aucun devoir à Monsieur l’Inspecteur Primaire.

SOMMETTE-EAUCOURT,

Le 27 mai 1920 L’Instituteur public, G.Gourmond

Source : BDIC La Guerre dans le ressort de l’Académie de Lille. 1914-1920

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