Thème : CommunesCatégorie : MonographiesCommune(s) : PAARSAuteur : G.Droux -Saisie O. Dufour
par Gaston DROUX – Instituteur Public
Notice bibliographique sur les ouvrages qui font mention de la commune
1 – Histoire du Duché de Valois, par CARLIER (1764)
2 – Description historique et topographique de la grande route de Paris à Reims par dom G.COUTANS bénédictin (1775)
3 – La Valois royal, par MULDRAC, prieur de Longpont
4 – État du diocèse de Soissons, par le chanoine HOUILLIER (1783)
5 – Histoire de Braine, par Stanislas PRIOUX (1846)
6 – Répertoire archéologique du canton de Braisne, par Stanislas PRIOUX (1863)
7 – Dictionnaire historique du département de l’Aisne, par MELLEVILLE (1865)
8 – Bulletins de la Société archéologique de Soissons
9 – Antiquités et monuments du département de l’Aisne, par E.FLEURY (1877)
10 – Dictionnaire historique et topographique du département de l’Aisne par MATTON, archiviste départemental
11 – Description géologique du département de l’Aisne, par le VicomteD’ARLIAC
La commune de Paars est située par 1° 15’45’’ de longitude Est et par 49°19’45’’ de latitude nord,
La superficie totale du territoire est de 508 hectares; sa plus grande longueur prise du Sud-Ouest au Nord-Est est d’environ 4000 mètres; sa plus grande largeur prise de l’Est à l’Ouest est de 2000 mètres.
Les communes qui l’entourent sont au Nord-est Dhuizel; à l’Est Vauxcéré; au Sud Bazoches, Mont Notre Dame et Quincy; à l’Ouest Courcelles; au Nord Vauxtin.
Au point de vue agricole, on peut diviser le terrain en trois parties : les terres de montagne (1/5 environ de la superficie totale); les terres en pente qui s’étendent jusqu’au village; la plaine comprise entre le pays et la rivière de la Vesle.
Le village se compose d’une agglomération assez compacte de maisons et de quelques écarts peu importants; les principaux sont le Cormieux, la ferme du Poteau, le Mont de Paars et le Moulin.
Les lieux-dits principaux sont : les Crouttes, la pierre Beau-Gaye, le Grand Carrosse, le Vieux Tordoit, le Champs Dolent, la Justice, la creute, le Terrat, la Bruyère et des Graverolles; Un quartier du village porte encore de nom de Prompt. Nous reparlerons plus tard des particularités propres à chacun de ces lieux-dits.
Le village de Paars se trouve à 500 mètres environ au nord de la route nationale de Rouen à Reims, à l’entrée d’un beau vallon formé par des collines s’étendant à l’Est et à l’Ouest et qui s’abaissent en pente douce vers le Sud.
Ces collines se rattachent au nord, à la chaîne de partages des eaux de l’Aisne et de la Vesle. La carte de l’État-major établit ainsi leur altitude : 165 m pour celle de l’Ouest et 152 m pour celle de l’Est. La Vesle ayant par le travers de Paars une altitude de 61 m, il en résulte que ces collines ont une élévation moyenne de 90 à 100 m au dessus du niveau de la plaine.
Du contrefort de l’Est se détachent deux plis de terrain qui s’étendent au sud et au Nord du pays. Celui du Nord forme la butte du Terrat : c’est sur sa pente sud que se trouve bâti le village.
Celui du Sud constitue un monticule arrondi, élevé de 102 m au dessus du niveau de la mer : c’est la Bruyères.
Nous venons de faire connaître la situation de Paars. Son terroir s’étend entre deux collines qui l’enserrent à l’Est et à l’ Ouest. Il en résulte une grande diversité de climat pour chacun des points du terroir.
Tandis que les terres placées dans le fond du vallon ne sont protégées en aucune façon des vents du Nord, le flanc des coteaux exposés au midi jouissent d’une température d’autant plus favorable qu’il sont formés d’un sable jaunâtre s’échauffant très vite; qu’ils reçoivent une lumière plus directe et plus vive.
Quant aux terrains exposés au Levant, tels que les Graverolles et ceux qui dominent le château, comme ils s’échauffent dès le matin et qu’ils passent ainsi brusquement du froid de la nuit à une chaleur ardente, qu’ils souffrent davantage des gelées tardives au printemps. On a remarqué, en effet, que ce sont les vignes plantées sur ces côtes qui sont le plus souvent atteintes par la gelée.
Le voisinage de la Vesle et des marais de Vauxtin et de Vauxcéré contribue beaucoup à modifier la température dans ces régions. Les brouillards qui s’en élèvent refroidissent l’atmosphère et exposent les récoltes aux gelées d’automne. Il n’est même pas rare de voir des gelées blanches dans ces bas-fond au cœur même de l’été.
Vents et pluies. – Les vents qui soufflent le plus ordinairement sont ceux de l’Ouest du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Ce sont ceux qui nous amènent les pluies. Aussi les cloches des villages situés dans ces directions sont elles communément surnommées « la buire à l’eau », parce qu’on ne les entend que lorsque le temps est à la pluie.
Les vents du Nord et du Nord-Est soufflent en hiver et au commencement du printemps : souvent ils durent plusieurs jours et quelques fois plusieurs semaines de suite.
Gelées. – Les gelées du printemps sont assez fréquentes et causent souvent beaucoup de dégâts dans les vignes. L’époque la plus redoutée des vignerons est celle de la mi-mai.
Nous voyons dans le registre des délibérations du conseil municipal à la date du 19 Prairial an XI, un procès-verbal constatant « le malheur arrivé dans cette commune par l’effet de la gelée dans le courant du mois de floréal dernier ».
Orages, grêles. – En 1884, nous écrivions : « on a remarqué de temps immémorable que le village de Paars ne souffrait pas beaucoup des orages quelques fois terribles qui sévissent sur la contrée ».
Notre assertion a été confirmée par le terrible ouragan du 10 août 1886. Tous les villages qui entourent Paars ont été ravagés par des grêlons gros comme des noix : notre pays a été protégé.
Nous ne saurions assigner une cause certaine à cet état de choses, mais dans le pays, l’opinion commune attribue ce privilège au Mont de Paars qui force les nuages à se partager, une partie tourne vers Vauxtin, l’autre suit la vallée.
Le pays que nous habitons n’a pas toujours été dans l’état où nous le voyons maintenant. L’intérieur du sol atteste qu’il a été autrefois recouvert par les eaux : on trouve, en effet, même dans les endroits les plus élevés, des coquillages qui ne peuvent provenir que d’animaux marins ou fluviatiles.
Les roches, sables qui composent notre pays ont donc été formés par des dépôts successifs des matières contenues en suspension dans ces eaux : ce qui le prouve, ce sont ces différentes couches que distinguent leur couleur blanche; grise, jaunâtre, rouge brun qu’on observe dans le banc de sable.
Nous allons indiquer par ordre de superposition les différentes couches de terrain qui existent sur le terroir.
1. Immédiatement au dessous de la terre végétale qui couvre le plateau, se trouve un banc de calcaire dur à grains fins et compacts. Cette roche est employée pour l’empierrement des chemins. On l’exploite aussi pour la fabrication de la chaux.
Au-dessus se trouve un calcaire marneux friable, le tuf qu’on emploie aux mêmes usages que la marne. Dans ce banc sont creusés trois carrières qui ont dû servir d’habitation autrefois.
Enfin à la partie inférieure vient le calcaire grossier dans lequel on a ouvert les six carrières dont on a tiré la pierre nécessaire aux contributions du pays. Quatre de ces carrières sont creusées de galeries souterraines profondes de 20 à 30 m et ont leur ouverture dans le flanc des coteaux; deux autres sont à ciel ouvert.
2. Le banc de calcaire grossier repose sur un lit de glaise grise très plastique, exploitée autrefois par la briqueterie « du Briquet ». C’est dans ce lit de glaise, au dessus de la route vicinale de Paars à Vauxcéré, sous trente pieds de roches, qu’on a trouvé il y a quelques vingt années un chêne pétrifié avec ses racines.
Nous remarquerons en passant que cette couche de terrain à une autre utilité directe. C’est celle qui retient les eaux pluviales et donnent naissance aux sources, fontaines qui surgissent dans le flanc des collines.
3. Les sables viennent ensuite. C’est cet étage qui constitue la partie moyenne des pentes.
4. Immédiatement au dessous des sables se trouve un second banc d’argile qui offre une grande importance. C’est à sa présence qu’on doit de pouvoir creuser des puits. Dans le haut du village ce banc se trouve à 30 pieds environ de profondeur : dans la bas l’eau n’est guère qu’à deux mètres de la surface.
Ces glaises ont été employées autrefois pour la fabrication de tuiles et de briques. Une briqueterie était établie à proximité de cette couche près de la ferme du Poteau; une autre au Mont de Paars. Près de cette ferme du Poteau se trouve un dépôt de lignites ou cendres noires qui renferme du fer sulfuré et de nombreux cristaux de gypse. Ce dépôt a été exploité autrefois. Les cendres étaient employées par les cultivateurs comme engrais et comme amendement : on les répandait sur les prairies naturelles. Il est question d’en rouvrir l’exploitation cette année.
Toutes les couches de terrain que nous venons d’étudier font partie de la période tertiaire. Celles qui suivent appartiennent à la période quaternaire, c’est-à-dire à la formation la plus récente.
5. La tourbe, formée de nos jours avec les débris de toutes de végétaux pourrie sur un fond argileux, existe au lieu-dit « la pâture Beauvais ». LE sol est poreux, élastique et tremble sous les pieds. Ce terrain marécageux est aujourd’hui planté d’arbres, de peupliers principalement. Il a été exploité autrefois et employé comme combustible par la briqueterie du Briquet.
6. Il nous reste à parler d’un dépôt beaucoup moins récent mais très intéressant. La diluvium est, comme son nom l’indique, un terrain formé par une inondation, un déluge. Il se compose de débris de roches toujours roulés et renferme de nombreux débris de corps organisés tels que des bois pétrifiés, des coquilles, des ossements de mammifères, etc.
Ce dépôt constitue le fond de la Vallée de la Vesle; mais il existe au sud du village où il forme un renflement de terrain conique désigné dans le pays sous les noms de « la Bruyère », « Les Graverolles ».
On en tire des cailloux qu’on emploie à l’empierrement des routes.
Mais ce qui forme une quantité considérable de silex travaillés de main d’hommes : ce sont des couteaux, des grattoirs , des pointes de flèches, des hachettes, des espèces de marteau pointus d’un côté, plats de l’autre. Il y a eu là incontestablement une station quaternaire qui peut rivaliser pour la richesse et le nombre des objets trouvés avec celle de Cauvres placée dans des conditions identiques. A ces objets en pierre s’ajoutent des colliers, des bracelets, des fibules en bronze qui font partie de la collection de M.PETIT, ancien percepteur de Paars.
Les eaux de pluie après avoir traversé le sol sont arrêtées par le lit de glaise qui se trouve sous la banc de calcaire et remplissent les cavités qu’elles rencontrent. CE sont ces nappes d’eau souterraines qui donnent naissance aux fontaines qu’on rencontre dans le flanc de la colline qui s’étend à l’Est du village.
Nous citerons ici comme curiosité naturelle, la fontaine St Rufin qui se trouve au milieu des bois au dessus du moulin et près du rû de Paars. L’eau bouillonne en sortant de terre et remue un sable mouvant qui engloutit tous les objets qu’on y laisse. On y a jeté des pierres, des bûches, des perches de 3 à 4 m qui se sont lentement enfoncées et qu’on a jamais vu reparaître.
Le village lui-même est abondamment fourni d’eau, soit au moyen de sources, soit au moyen de puits (il en existe une trentaine) soit encore par le rû qui arrose le bas du pays.
Le rû de Paars a sa source au pied de Vauxtin. Il serpente au fond du vallon au milieu de marais plus bas que son lit. Ce ruisseaux faisait autrefois mouvoir un moulin abandonné depuis quelques années et qui a été démoli en 1887. Mais comme le volume d’eau n’était pas suffisant pour faire tourner le moulin on avait creusé en amont trois étangs parallèles, destinés à retenir l’eau nécessaire pendant les sécheresses de l’été : ces étangs étaient parait-il très poissonneux. Au dessous du moulin, le ruisseau traverse la parc du château où il forme une pièce d’eau semi-circulaire. Il alimente ensuite un lavoir, pénètre dans la propriété de M.PETIT où il forme une seconde pièce d’eau, alimente un second lavoir , se dirige à travers champs vers la route nationale sou laquelle il passe et va se jeter dans le Vesle.
Il reçoit sur sa rive gauche, près de l’aqueduc de la route nationale le ruisseau du Tun. Ce ruisseau a sa source dans les prés fermés, terrain humide qui se trouve entre les deux plis de terrain dont nous avons parlé au n° 3.
La Vesle prend sa source à Somme-Vesle à 4 lieues Est de Chalons, passe à Mourmelon, à Reims, à Fismes, entre ensuite dans le canton de Braisne qu’elle traverse du Sud-Est au Nord-Ouest, passe à Bazoches, au sud de Paars et de Courcelles, à Braisne et va se jeter dans l’Aisne en face de Condé.
La Vesle limite au sud sur une longueur de 800 mètres environ le terroir de Paars qu’elle sépare de ceux de Mont Notre Dame et de Quincy. Sa largeur est de 6 à 7 mètres. Cette rivière offre au lieu-dit « Le Gravier » un gué praticable; mais de chaque côté se trouvent des fosses profondes. On passe sur la rive gauche soit à l’aide de ce pré soit au moyen du pont du chemin de fer.
On sait que la Vesle, dont les eaux étaient autrefois si pures, est aujourd’hui une rivière aux eaux noires et troubles. Cet état de choses provient de ce que la ville de Reims envoie dans ce cours d’eau toutes les eaux d’égouts et de fabriques.
Pendant les chaleurs de l’été, ces eaux sales deviennent un foyer d’infection. Les communes riveraines de Villesavoye, Bazoches, Paars, Limé et Courcelles, émues de cet état de choses contraire à l’hygiène publique ont adressé à plusieurs reprises au gouvernement des réclamations restées sans effet.
Le Vesle était autrefois navigable : les romains s’en servaient pour l’approvisionnement des greniers de Bazoches. Des historiens anciens nous apprennent qu’à l’époque de l’invasion des Normands les reliques des saints Rufin et Valère furent transférés par eau de Bazoches à Reims. A la suite des troubles qui ensanglantèrent le France à diverses reprises la navigation de la Vesle fut abandonnée. Mais sous le règne de Henri II, de grands travaux furent exécutés, des écluses construites, le chemin de halage réparé, des digues relevées et il est certain qu’en 1578 des bateaux circulaient entre l’Aisne et Reims. Selon toute probabilité la Vesle a cessé de porter bateau vers 1658.
Néant
Au commencement de ce siècle tous les terrains qui se trouvent compris entre Paars et Vauxtin ne formaient qu’un seul bois. Le terroir de Paars seul possédait près de 46 hectares plantés en bois, taillis, c’est à dire, le 1/11e de la superficie totale du territoire.
Vers 1840, on s’est mis à abattre ces bois et à défricher les terrains qu’ils occupaient. Aujourd’hui on n’en compte plus guère que hectares au plus; Mais par suite de la difficulté qu’ils éprouvent à louer leurs terres, beaucoup de propriétaires replantent en bois, les champs qui leur sont laissés à fin de bail.
Les essences dominantes sont : pour les bois durs : le chêne, le hêtre, le frêne, l’orme, le charme; pour les bois blancs : le tremble, le bouleau, le peuplier, le saule. Le cordier est très commune dans les taillis. Les échalas dont on se sert pour ficher les vignes sont faits en majeure partie avec de l’acacia; on en fait beaucoup aussi avec des boutures de saule : pour leur donner une durée plus longue on les injecte avec du sulfate de cuivre.
Il croit dans les pentes beaucoup d’arbres à fruits sauvages comme des pommiers, des poiriers, mais surtout des merisiers. On trouve aussi quantité d’arbustes tels que genièvre, épine blanche, ronces etc…
Toute la butte qui se trouve au sud du village et qui était autrefois couverte de bruyères hautes de
mètres et plus formant un fourré impénétrable qui couvre un espace de près de
hectares. On en fait des balais et des fagots à chauffer le four.
Parmi les animaux les plus dangereux nous compterons d’abord les carnivores : renard, fouine, putois, belette, qui rendent quelques fois visite aux poulaillers et aux clapiers mal gardés; puis les rongeurs : lapins, rats, souris, loirs et surtout campagnols ou mulots qui détruisent quelquefois des récoltes entières. Nous citerons encore parmi les carnivores : le blaireau qui établit son terrier dans les pentes, au milieu des bois et parmi les rongeurs, le gentil et agile écureuil qui passe sa vie sur les arbres.
Au nombre des animaux que l’on tue souvent quoiqu’ils mangent quantité de bêtes nuisibles, il convient de signaler : le hérisson, la chauve-souris, la musaraigne ou musette qu’on prend à tort pour la souris, et la taupe qu’on doit proscrire des jardins où elle cause beaucoup de dégâts mais qui doit être considéré comme utile aux prairies dont elle détruit les vers.
Parmi l’innombrable tribu des oiseaux qui habitent notre contrée, nous citerons d’abord la buse, l’émouchet qui ne se nourrit que de mulots dans les champs; le hibou, le chat-huant, la hulotte qui rendent le même service la nuit dans les granges et les greniers; puis un grand nombre d’oiseaux insectivores : rouge-gorge, bergeronnette, fauvette, rossignol, etc…et d’oiseaux granivores : chardonnerets, pinsons, moineaux etc. dont la plupart nous font encore plus de bien que de mal. Cependant, parmi ces derniers on tue sans pitié le ramier et la tourterelle.
Les principaux reptiles qui se rencontrent chez nous sont : la couleuvre, les orvets, les lézards, les crapauds, les grenouilles. On trouvait parait-il autrefois des vipères dans les bois de Paars.
Enfin nous n’oublierons pas dans cette énumération succincte les écrevisses qu’on trouve dans la partie supérieure du rû de Paars.
Des paragraphes spéciaux étant consacrés dans la 3è partie aux plantes cultivées, il ne sera pas ici que des plantes qui croissent spontanément sur le terroir de la commune.
Les principales plantes que l’on trouve dans les bois, sont : la pervenche, la violette, le muguet, les morilles et le fraisier.
Dans les pentes, il convient de signaler particulièrement le genévrier, le thym, l’églantier.
Dans les champs cultivés et les jardins nous citerons : le chiendent, le liseron; le chardon, la nielle, l’ivraie, le coquelicot, le bleuet, toutes très nuisibles; le pissenlit, la mâche, la pensée sauvage.
Dans les prairies et les endroits humides, on remarque : la colchique, la grande-consoude, la douce-amère, la primevère, le cresson.
Au bord des chemins et dans les endroits incultes croissent la pariétaire, la ciguë, le liseron, l’ortie, le sureau, la pâquerette. Le lycoperdon ou vesse de loup est assez commun dans la bruyère.
La lecture d’un passage (*) de l’histoire du duché de Valois, de CARLIER, nous a suggéré l’idée de rechercher si dans l’étendue du terroir de la commune on avait découvert des ruines de constructions. Nous avons appris que des restes de fondations en pierres de taille ont été trouvés au milieu des bois qui couvrent le vallon entre Paars et Vauxtin et sur la montagne au lieu-dit « le Grand Courville ». Ce sont là évidemment, des restes de fermes placées à l’écart au milieu de leur exploitation. Ce nom de Courville donne encore aujourd’hui au terrain dans lequel on a trouvé des restes n’est-il pas d’ailleurs une preuve qu’il y a eu là des constructions importantes autrefois. De ceci, on peut conclure qu’à une époque très éloignée de nous, la population de notre pays était beaucoup plus considérable qu’aujourd’hui.
Un jugement rendu le 16 juillet 1428 par le revoter de Château Thierry nous apprend du reste qu’à cette époque « les amendes et les profits de justice sont de nulle valeur ou de très petit profit nonobstant la dépopulation de ladite ville » (Lettres de Johannard, prévôt de Château Thierry – Recueil de pièces de Coincy).
On remarquera que ceci se passait après la peste noire de 1348, le passage des anglais en 1359, et la guerre civile des Armagnacs et des Bourguignons.
(*) On est surpris d’apprendre par des dénombrements et par des chartes que de simples villages où il ne paraît pas qu’il y ait jamais eu d’amas de maisons, comprenaient il y a quatre ou cinq siècles dans l’étendue de leurs territoires, six fois plus d’habitants que présentement : c’est que ce même territoire était partagé en grand nombre de petites fermes occupées par des familles de laboureurs et placés à quelque distance les unes des autres » Tome III page 346.
Sous l’Ancien Régime, l’usage était de baser les impôts et les redevances seigneuriales par feux, familles ou ménages. Un feu comprenait quatre personnes en moyenne.
Nous allons indiquer dans le tableau ci-dessous la population de la commune de Paars, à différentes époques du XVIIIè siècle.
Années | Chiffres de la population | Sources où on était puisés ces renseignements |
1706 | 62 feux | Registres de l’état-civil |
1712 | 59 feux | Registres de l’état-civil |
1714 | 67 feux | Registres de l’état-civil |
1760 | 62 feux | Dictionnaire histo de MELLEVILLE |
1783 | 62 feux (200 communiants) | État du diocèse de Soissons (1783) par le chanoine HOUILLIER |
D’après les renseignements fournis par les registres de l’état-civil, nous voyons qu’il y avait alors à Paars, : un notaire, un huissier royal, un procureur fiscal, un receveur de la terre et seigneurie de Paars, un buraliste de la ferme des Aides, un médecin-chirurgien, une sage-femme. Il y avait aussi un notaire à Vauxtin, hameau de Paars.
Les études de ces notaires ont été réunies plus tard à celles de Braine.
Comme on le voit par ce simple exposé, l’importance du pays était plus considérable qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Les dénombrements opérés depuis 1800 ont donné les résultats suivants :
1800 | 1818 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 | 1856 | 1861 | 1866 | 1872 | 1876 | 1881 | 1886 | |
Habitants | 283 | 291 | 319 | 331 | 304 | 302 | 276 | 277 | 271 | 280 | 270 | 247 | 257 |
Ménages | 67 | 67 | 82 | 79 | 86 | 85 | 92 | 86 | 84 | 84 | 83 | 77 | 80 |
Si l’on compare ces deux tableaux, on voit que le nombre des ménages est supérieur à celui du siècle dernier surtout si l’on considère qu’à cette époque une partie de la commune de Vauxtin dépendait du village de Paars.
En examinant le second tableau on constate une différence de 74 habitants en faveur de 1841. On doit l’attribuer à la plus grande quantité de familles nombreuses puisque le nombre de ménages est sensiblement le même qu’en 1886. En effet, tandis qu’en 1888 on compte 9 jeunes ménages qui n’ont pas d’enfant et 14 qui n’en ont qu’un, on voit qu’en 1841 il n’y avait que (blanc) jeunes ménages sans enfants et (blanc) qui n’en avaient qu’un. Pour expliquer cette diminution, nous ajouterons qu’une vingtaine de jeunes gens qui ont quitté le village soit pour entrer en service à la ville, soit pour le service militaire n’entrent pas en ligne dans le compte des habitants.
Pour plus de clarté nous indiquons ci-dessous en un tableau très simple le mouvement de la population pendant la période décennale de 1877 à 1888 :
1878 | 1879 | 1880 | 1881 | 1882 | 1883 | 1884 | 1885 | 1886 | 1887 | Totaux | |
Mariages | 2 | 2 | 5 | 1 | 2 | 2 | 3 | 6 | 23 | ||
Naissances | 7 | 8 | 6 | 4 | 2 | 5 | 6 | 5 | 5 | 7 | 55 |
Décès | 3 | 4 | 7 | 6 | 6 | 4 | 5 | 3 | 5 | 4 | 47 |
Comme on le voit il y a 8 naissances d’excédent sur les décès
Les travaux des champs sont favorables à la santé et au développement des forces physiques de nos paysans. Sauf quelques exceptions, ce sont des hommes solides et vigoureux. Depuis 1867 sur 52 conscrits qui se sont présentés devant le Conseil de révision, 5 seulement ont été réformés : deux à cause du goitre, deux par suite de claudication, et un comme myope.
La femme mène une vie pénible : elle travaille le front courbé sur une terre sablonneuse qui réfléchit sur sa figure les rayons du soleil, la dessèche et la sillonne de rides avant le temps; elle paraît vieille à 40 ans; elle l’est réellement à cinquante.
La nourriture de la population exclusivement agricole de la commune n’est pas toujours ni copieuse ni substantielle. On vit surtout de légumes : pommes de terre et haricots, de laitage, de fromage, d’œufs. En outre, chaque famille élève un ou plusieurs porcs pour sa consommation; et cette chaire est avec celle du lapin presque la seule nourriture animale de la population : on ne se permet le pot au feu qu’à certains jours de fêtes : la fête patronale, la première communion ou le baptême d’un enfant.
La moitié environ du pain consommé dans le village est le pain du ménage; il existe environ une trentaine de fours dans lesquels chaque ménagère cuit le pain pour toute une semaine.
L’autre moitié est fournie par les boulangers de Courcelles, de Bazoches et de Mont Notre Dame.
La boisson habituelle est le vin récolté dans le pays même.
Mais depuis quelques années, on consomme surtout le vin obtenu par l’addition de sucres aux aînés des raisins, tandis que le vin naturel est livré à la consommation étrangère .
On compte à Paars un certain nombre de vieillards. Pour plus de clarté nous résumons ci-dessous en un tableau les indications fournies à ce sujet par le recensement de la population fait en 1886.
sexagénaires | septuagénaires | octogénaires | nonagénaires | ||||
hommes | femmes | hommes | femmes | hommes | femmes | hommes | femmes |
16 | 13 | 3 | 7 | 3 | 2 |
Les habitants sont gais et de bonne humeur comme tous les buveurs de vin.
Les mœurs sont très douces; les contraventions dressées par le garde sont presque nulles; les procès y sont excessivement rares.
Il n’est peut-être pas dans le canton de commune qui donne moins de soucis à la gendarmerie et de travail aux gens de justice.
La vie de campagne n’a rien de varié que par les saisons.
Pendant les belles journées, l’ennui n’approche jamais les maisons où le travail est nécessaire à la vie matérielle: aussi tard et matin et même fêtes et dimanches nos paysans sont aux champs.
Lorsque l’hiver nous amène la gelée, la neige, chacun reste chez soi. Le soir, on lit en famille un ouvrage de la bibliothèque populaire ou bien on se réunit entre voisins et on commence d’interminables parties de cartes. La revire, l’écarté et le piquet sont les jeux favoris.
Le dimanche soir, la jeunesse se réunit: on rit, on chante les refrains à la mode et filles et garçons dansent au son d’un violon payé par les jeunes gens.
Le patron du pays est St Nicolas; sa fête se célèbre le 6 décembre; mais la fête communale a lieu au mois de mai; c’est une réunion de famille: les absents du pays reviennent voir les parents, les amis. Ce jour-là, l’abondance règne dans toutes les maisons.
Les communes voisines participent à la fête: chacun y rencontre des amusements à son goût: les enfants assiègent les boutiques et les chevaux de bois; les jeunes gens exercent leur adresse aux tirs à la carabine en attendant le bal si désiré par les jeunes filles; les parents s’entassent dans les auberges pour y faire des parties.
La fête dure 3 jours: le mardi a lieu le traditionnel tir à l’oie: le volatile est suspendu par les pattes à une corde: il s’agit de lui couper le cou avec un sabre et les yeux bandés.
Autrefois, tous les hommes du pays se réunissaient le dimanche après-midi sur la place pour y faire de longues parties de balle, de galets: l’accord régnait partout. Aujourd’hui, des jours de sont plus en faveur: chacun reste chez soi.
Nous devons dire ici que les auberges sont très peu fréquentées., même le dimanche; mais nous ne croyons pas pouvoir assigner une cause certaine à cet éloignement des endroits partout ailleurs si recherchés.
La majeure partie de la population se compose de domestiques et de manouvriers. Les domestiques sont loués à raison de 350 francs; ils sont de plus nourris à la ferme.
La moyenne des salaires du manouvrier est de 3 fr à 3,50 francs par jour. Mais sauf 2 ou 3 familles, tout le monde possède ou loue quelques bouts de terre dont le produit en légumes, en grains, en vin les aide à vivre. Au mois de juillet, ils se louent pour la durée de la moisson. On a conservé ici les anciennes habitudes. Une partie du grain est payée en argent, l’autre l’est en grains. Cependant, ce vieil usage commence à tomber en désuétude. Les ouvriers préfèrent émigrer 4 ou 5 semaines pour faire la moisson dans les environs de Paars, et rapporter la totalité de leur gain en argent.
On le voit par ce qui précède, l’argent n’abonde pas chez nos paysans. Le seul numéraire qui entre à la maison est celui qu’apportent les hommes qui l’hiver s’en vont travailler dans les fabriques de sucre de Braine ou de Fismes, ou quand l’année est bonne, celui produit par la vente du vin récolté.
Si ces ouvriers réalisent quelques économies, s’en servent-ils pour améliorer leur nourriture iu leur culture ? Nullement mas ils achètent plus de terres qu’ils n’en peuvent payer; puis ils vivent misérablement pour solder leurs dettes.
Très peu songent à placer un peu d’argent pour l’avenir: ils montrent même beaucoup de méfiance à l’égard des institutions de prévoyance telles que la caisse des retraites pour la vieillesse, voire même la caisse d’épargne.
Le pays est trop rapproché de Paris pour présenter dans le caractères et les mœurs de ses habitants des traits particuliers.
Nous citerons seulement l’usage où l’on est de fixer le terme du contrat de louage à la St Martin.
N’oublions pas non plus l’habitude de ne désigner les personnes que par leurs prénoms ou par un surnom. Cette habitude vicieuse est poussée à un tel point que souvent on ignore le nom de famille.
L’esprit routinier domine encore chez nos paysans: nous n’en donnerons comme preuve que la persistance des vieilles dénominations des mesures. On ne compte que par verges et par arpents, par pichets et par boisseau, et beaucoup sont encore embarrassés lorsqu’ils s’agit d’acheter à l’are et au centiare.
Les habitants du village s’expriment aujourd’hui d’une façon beaucoup plus correcte qu’il y a 30 ou 40 ans. Ce résultat est dû en partie aux nombreuses transactions qui attirent journellement nos paysans dans les villes, au retour dans le village des militaires, des jeunes gens en service dans les villes.
Beaucoup de mots cependant sont encore altérés; mais c’est le verbe qui est la source du plus grand nombre des défauts de prononciation. Ainsi, on dit encore couramment: j’ons, nous ont, vous ez. Parmi les jeunes gens cette mauvaise élocution commence à disparaître et les enfants qui sortent de l’école portent chez eux l’habitude d’un langage plus correct.
Nous ne pouvons mieux donner une idée du degré d’instruction des jeunes gens de Paars, qu’en citant les chiffres suivants:
Depuis 10 ans, sur 33 conscrits, il y en a eu:
1 qui ne savait ni lire ni écrire
7 sachant lire et écrire
25 ayant reçu une instruction primaire plus développée.
Dans la même période décennale, il y a eu 25 mariages:
22 époux et 23 épouses ont signé l’acte
3 époux et 2 épouses seulement ont déclaré ne savoir signer.
Parteiun…………….. – 1134 – (Dictionnaire historique de MELLEVILLE)
Pars…………………….- 1176 – (Cartulaire de l’abbaye de St Yved – archi de l’Empire)
Partes………………….- 1205 – (Archives communales)
Parz…………………….- 1209 – (Cartulaire de l’abbaye de St Yved)
Pars Les Bazoches. – 1503 – (Pièce relative aux paturages de Courcelles)
Partz……………………- 1712 – (Registres de l’état-civil)
Parre Lès Braine…..- 1714 – (Registres de l’état-civil)
Prompt de Paars……- 1794 – (Registres de l’état-civil)
Le chanoine HOUILLIER, en son ouvrage de 1783 (Etat-civil et ecclésiastique du diocèse de Soissons) fait dériver ce nom de Parceïacum, Parciacum.
M.MATTON, dans son dictionnaire historique du département de l’Aisne en indique ainsi l’étymologie: le nom de Paars provient sans doute de ce que le territoire appartenait partie à la paroisse de Bazoches, partie à celles de Courcelles. Le mot « Pars » signifie en effet « partie » en latin.
Le nom de « Prompt » dérivé du bas latin « promptus » pour « promptuarium » (préparé pour les vivres) semblerait indiquer qu’il a existé en cet endroit un magasin rempli de vivres, préparés probablement en vue d’une famine. Peut-être aussi, était-ce, une sorte de magasin banal, appartenant aux moines de Coincy, et où les paysans devaient s’approvisionner.
Éloigne à peine de 3 km de Bazoches et de Mont Notre Dame et de 6 km de Braine, notre pays a certainement ressenti le contre-coup des calamités qui ont affligé ces trois pays. Cependant, malgré nos recherches nous n’avons pu rien découvrir de prévis relativement à Paars et notre petit bagage de renseignements se compose plutôt d’une suite d’inductions et de déductions que de faits positifs.
En 882, les Normands répandirent leurs ravages dans toute la contrée: tout fut mis contribution et la population souffrit beaucoup des cruautés que ces barbares exercèrent en détruisant par le fer et par le feu les habitations et les cultivateurs ((1) PRIOUX, Histoire de Braine, p.84). Plus tard, du moins, en semblable occurrence, la population pourra se réfugier dans le fort château de Bazoches en vertu d’une donation faite aux habitants de Paars par un seigneur dudit Bazoches ((2) Archives communales).
Sur la fin de 1348, il y eut dans le Valois une peste terrible qui se fit sentir surtout dans canton plus qu’ailleurs. Elle cessa plusieurs mois et reprit ensuite avec plus de force que la première fois.
La famine suivit ce fléau: on allait dans les bois et dans les prés chercher des racines et des herbes pour s’en nourrir. L’hiver survint : on fut réduit à manger l’écorce des arbres.
Ce fléau emporta encore plus de monde que la perte qui l’avait précédé (
(3) CARLIER, histoire du duché de Valois, Tome II, p 300).
En 1359, trois ans après la fameuse bataille de Poitiers, le roi d’Angleterre Edouard III, allant de Reims à Soissons, fit camper son armée dans la plaine de Bazoches et de là envoya dans diverses directions de nombreux détachements qui pillèrent tous les lieux voisins ((4) CARLIER, id, Tome II, p 325).
Les guerres civiles entre Armagnacs et Bourguignons n’ont nulle part causé plus de misère que dans notre contrée. On voit les Bourguignons, les Orléanais et les Anglais ravager toutes nos malheureuses campagnes. Il est fort présumable que Paars, pas plus que bien d ‘autres paroisses n’échappa aux ravages des gens de guerre. Les années 1412 et 1413 surtout furent les plus dures. Nos paysans ne savaient pour qui tenir. Des soldats entraient-ils dans une ferme, dans la maison d’un laboureur qui paraissait aisé: « Es-tu Armagnac ? ». Le pauvre homme intimidé, ne sachant pas à qui il a affaire, répondait enfin « je suis Bourguignon ». « Ah ! tu es Bourguignon, misérable ! Eh bien ! vide ton coffre ou nous te tuons, toi, ta femme et tes enfants ».
D’autres arrivaient: « Es-tu Bourguignon ?. Je suis Armagnac, répondait-il cette fois. Eh bien, tant pis pour toi, nous sommes Bourguignons, nous; vide ton coffre ou nous te tuons ».
Si le malheureux résistait, ils le mutilaient ou le suspendait par les pieds, la tête en basset poussaient même la barbarie au point d’allumer du feu sous la tête ((1) CARLIER, histoire du duché de Valois, Tome II, p 451).
Notre pays a subi aussi de grandes misères à l’époque des guerres de religion. Au mois de février 1568, les Huguenots avaient déjà campé trois fois dans la plaine de Bazoches. Ils se répandaient comme des bêtes féroces dans tous les villages, pillant les paysans, dévastant les églises et torturant les prêtres ((2) CARLIER, id. Tome II, p 624).
Le 25 9bre 1590, un engagement sérieux eut lieu dans notre plaine en avant de Bazoches entre l’arrière garde du duc de Parme qui retournait en Flandre et les troupes de Henri IV lancées à sa poursuite et qui arrivaient à la fois de Braine et de Fère. Mais les troupes royales n’étant pas en force furent obligées de battre en retraite. BIRON qui les commandait faillit être fait prisonnier et Henri IV lui même n’échappa que grâce à la nuit qui força Français et Espagnols à cesser le combat près du village de Longueval. Henri qui n’avait perdu que deux hommes dans sa retraite passa la nuit dans Pont-Arcy où il fut rejoint par de nombreuses troupes. Le duc de Parme abandonné la partie et continue sa marche vers la Flandre ((3) PRIOUX, Histoire de Braine, p 181).
En 1617, des troubles survinrent dans le Valois. Des bandes de pillards qui sortaient de Soissons se répandirent dans le courant du mois d’avril, dans les plaines de Limé, de Braine et de Bazoches et ravagèrent toute cette campagne. Les habitants sans cesse sur le qui-vive s’avisèrent d’un moyen fort simple pour prévenir les surprises; un guet continuel fut fait du haut de l’église de Mont Notre dame d’où l’on découvre 4 ou 5 lieues de pays. Des signaux particuliers furent convenus pour indiquer aux villages les dangers qui les menaçaient. Dans le clocher de chaque paroisse se tint un guetteur chargé de recevoir ces signaux et d’avertir par le tocsin, les habitants dispersés dans les champs pour vaquer à leurs travaux journaliers.
A l’approche des pillards, les paysans prévenus prenaient la fuite dans les bois ou se mettaient sur leurs gardes: de cette manière les projets des partisans furent souvent déconcertés ((1) PRIOUX, histoire de Braine, p 234).
Jusqu’en 1650, notre pays fut assez tranquille. Mais à cette époque, profitant de la guerre civile qui avait éclaté à la suite des dissensions entre le Parlement et MAZARIN, les espagnols sortirent des Pays-Bas. L’archiduc Léopold d’Autriche, passa la rivière d’Aisne et vint camper sur les bords de la Vesle entre Braine et Fismes. Il établit son quartier général au château de Bazoches (25 août). Il garda cette position un mois entier. Pendant tout ce temps, les soldats portèrent de tous côtés le fer et le feu. L’archiduc leva le camp le 25 7bre. La même année, le duc de Lorraine qui venait au secours du Prince de Condé révolté contre le roi, occupa à quatre reprises différentes les plaines de Bazoches à Limé. A chaque passage, les troupes ne se contentaient pas du pillage; elles exerçait des cruautés sans nom. a chaque pas, on rencontrait des gens mutilés, des membres épars, des femmes coupés par quartiers après avoir été violées. Le prince de Condé étant venu rejoindre le duc de Lorraine, leurs armées réunies formèrent un effectif d’environ 30 000 hommes; ils levèrent le camp définitivement peu après ((2) PRIOUX, id, p 195).
La misère était si grande que les curés de Bazoches, de Braine et de Fismes écrivaient les 15 et 17 8bre 1650 à St Vincent de Paul: « Nos bourgades ne sont que trop célèbres par le campement des armées ennemies…Nos églises ont été profanées, les calices et ornements emportés, les saints ciboire arrachés de nos autels. Nos pauvres paroissiens ont vécu dans les bois et dans les cavernes où les uns ont été massacrés par l’ennemi, et les autres enfermés comme des renards et par ainsi des familles entières ont été étouffées… ».
Au mois de décembre de la même années, les filles de la Charité écrivaient à St Vincent: « Nous avons plus de 2000 pauvres…Nous nous sommes partagées pour assister toute la vallée qui contient plus de 30 villages dans une ruine complète. L’un des prêtres est à un bout de la vallée, savoir à Magneux et à Soissons d’un certain nombre de villages; l’autre, à l’autre extrémité, au village de Paars et a aussi pour sa part quelques villages. Et nous faisons le possible pour que personne ne meurt sans sacrement ((1) Bulletin de la société archéologique de Soissons, Tome XIV, p 151).
Au commencement de ce siècle, le village fut presque entièrement détruit par de nombreux incendies qui mirent la terreur parmi les habitants. L’auteur de ces incendies, un mauvais garnement qu’on avait surnommé « le gnaf » de fut découvert que très tard. Le registre des délibérations du conseil municipal contient un procès-verbal d’un de ces incendies et plusieurs demandes de remise de contributions formées à cette époque par les sinistrés.
En 1814, les Prussiens arrêtés dans leur marche vers la capitale par le siège de Soissons, s’établirent en grand nombre à Braine et dans les environs où ils se firent remarquer par leurs violences.
Pendant la dernière guerre, les Allemands ont stationné à Paars. Pendant cette occupation, les arbres de la route nationale entre Courcelles et Paars, ayant été abattus en travers de la chaussée, les habitants de ces deux villages furent forées d’aller rétablir la circulation sous peine de voir le village livré à une exécution militaire. De nombreuses contributions de guerre ont frappé les habitants qui ont dû aussi livrer les armes, fusils de chasse et autre, en leur possession.
La prudence des Prussiens n’a jamais été mise en défaut. Aucun autre fait relatif à cette guerre n’est parvenu à notre connaissance.
Une donation de 1205 dont une copie se trouve dans les archives communales nous apprend que le village de Paars appartenait déjà à cette époque au prieur de Coincy, dom Jean. Les habitants de ce village devaient cependant au seigneur de Bazoches trois jours de corvée et certaines redevances dont ils furent déchargés par un certain Nicolas, seigneur de Bazoches;
En 1372 furent reconnus les droits que le seigneur de Bazoches et les religieux de Coincy s’attribuaient d’avoir à Paars et à Vauxtin membre de Paars, une prison pour leur justice et d’y tenir leurs plaids en une cour ou tribunal, d’y entretenir un maieux et des sergents et d’exercer leur haute, moyenne et basse justice sur les bourgeois et bourgeoises qui y demeuraient. En étaient exceptées quelques maisons qui étaient de celles de Courcelles et de Bazoches. Et y peut tenir le siège le premier qui y vient et tout les amendes communes et le profit de justice qui à présent sont de nulle valeur ou de très petit profit obstant la dépopulation de ladite ville.
C’est ainsi que s’exprime un jugement du 16 juillet 1428 où le prévôt de Château Thierry reconnut aussi les droits de Coincy (lettres de Johannard, prévôt de Château Thierry de 1428 – Recueil de pièces de Coincy) (1).
« Les droits venaient de ce que l’église et le prieuré de Coincy étaient royalement et grandement fondés dans plusieurs beaux droits et privilèges, seigneuries, prérogatives, revenus et possessions, tant à cause de la fondation et augmentation » (Lettres de Jean de Passy, garde scel de la prévôté de Fismes de 1372) (1).
D’un dénombrement fourni le 1er mars 1373 par Jean, vidame de Chalons, sire de Bazoches, il résulte que cette châtellenie comprenait avec le château et la village de Bazoches, ceux de st Thibaud, de Lhuys avec vicomté, de Paars, de Vauxtin, de Mont St Martin, de Longueval, de Villers en Prayères, de Blanzy etc…(1) Renseignements extraits des archives de la bibliothèque nationale et communiqués à M. HOUSSEL, instituteur de Bazoches, par M. LEFEVRE-PONTALIS, élève de l’École des Chartres.).
La mairie de Paars avec ses cens, restes de poules, vinages, four bannier et pressoir, était affermée à 32 livres et la ferme et recepte de Paars et Vauxtin étaient ascencées pour 100 livres * (lettres de Johannard, prévôt de Château Thierry de 1428) .
* Suivant M. LEBER, il faudrait multiplier ces chiffres par 55 pour avoir la valeur actuelle (DURUY Histoire de France, p 436)
Le dernier abbé de Coincy, seigneur de Paars, est l’abbé de l’Englade.
Nous avons retrouvé dans les registres de l’état-civil, les noms des récepteurs de la Terre et seigneurie de Paars au XVIIIè siècle. Ce sont :
1 – Pierre DE LA CROIX 1672
2 – Pierre CULOT 1681
3 – Philippe GUILBERT 1712, mort en 1719 à l’âge de 37 ans
4 – Louis Joseph LIANCE 1719, mort en 1774 à l’âge de 78 ans
5 – Nicolas Vincent LIANCE mort en 1774 à l’âge de 33 ans
6 – Joseph FOURNIER 1777
7 – Louis GADRET 1780, mort en 1786 à l’âge de 35 ans
La partie du village de Paars qui porte encore aujourd’hui le nom de Prompt appartenait aux seigneurs de Courcelles et par suite relevait du comté de Braine.
Parmi les fiefs qui relevaient aussi dudit comté se trouvait la ferme de la Grange des moines située sur le territoire de Braine et qui était dimeresse de Paars ((1) PRIOUX, Histoire de Braine, p 260).
Nous avons consulté les registres d’état-civil de Courcelles et nous avons reconnu que les seigneurs de Courcelles ajoutaient à leur titre celui de seigneur du Prompt de Paars.
« L’an de grâce 1743, le 6 7bre est décédé Martin BOURON, écuyer, seigneur de Courcelles, Vauberlin, Vaussetin, Prompt de Paars et de Crevecoeur en partie, conseiller secrétaire du roy etc… »
Le Martin BOURON est cité pour la 1ère fois dans les registres de 1731.
Dans un acte du 7 janvier 1747, il est question de Marguerite BOURON, femme de messire Nicolas Louis TOURNAY, conseiller en la Cour des Aides de Paris, dame de Courcelles, Vaussetin, Vauberlin, Prompt de Paars…
Le nom réapparait dans un acte de baptême du 13 mai 1759 et enfin le 9 février 1768 à l’occasion du mariage de Dlle Angélique Sophie TOURNAY de Courcelles avec Louis DESJARDINS, fils de Jean Nicolas, en son vivant échevin de la ville de Reims.
Dans un titre particulier de 1771, il est encore question de Mme TOURNAY, dame de Courcelles, seigneure de Vaussetin, Vauberlin et Prompt de Paars. Dans un autre titre de 1776, on parle des demoiselles ORE, mineures, dames de Courcelles, Vaussetin, Prompt de Paars et autres lieux demeurant à Paris, rue de Richelieu, paroisse st Roch.
Ailleurs, elles sont appelées dames de Courcelle, Vaussetin, Vauberlin, Péron de Paars et autres lieux (cette dernière manière d’orthographier ce nom est celle du cadastre).
Le dernier seigneur du Prompt de Paars a été d’Annière, baron de Vergy, seigneur de Courcelles, Vaussetin, Vauberlin et Prompt de Paars ((1) Les renseignements ci-dessus, tirés de titres particuliers, nous ont été communiqués par M. BOUCHEL, instituteur de Presles et Boves).
Notre pays ne peut revendiquer l’honneur d’avoir donné le jour à aucun personnage illustre. Nous dirons cependant, d’après CARLIER ((2) CARLIER, Histoire du duché de Valois, Tome III, p 21), que vers 1570-80 est né à Paars, un homme d’un assez grand mérite, dom Julien WARNIER, religieux intelligent, d’une vie exemplaire, qui fut nommé prieur de l’abbaye de Longpont, au mois d’avril 1605.
Il rétablit dans ce monastère, la discipline qui s’était fort relâchée depuis les guerres de religion. Vers 1615, il fut choisi pour fonder à La Ferté Milon, un prieuré électif de l’ordre de Cîteaux. Il prit possession de cette nouvelle communauté (St Lazare) le 12 mars 1617.
« Y ayant mené une vie toute sainte et exemplaire et travaillé plusieurs années pour la conservation, restauration et amplification de la discipline régulière, plein de zèle, de courage et de mérites, il est allé recevoir la récompense de ses travaux vers l’an 1648, le septième jour de novembre » ((3) MULDRAC, Le Valois Royal, p 60).
Cette famille jouissait à Paars d’une certaine considération. Le nom de Pierre WARNIER, demeurant à la ville de Paars, figure au bas d’une convention passée en 1503 entre le seigneur de Courcelles et les gens de Paars. A la date du 20 février 1675, nous voyons dans les registres de l’état-civil le décès de Jean WARNIER, âgé de 80 ans. Son corps a été inhumé dans l’église.
Le village de Paars a été habité au XVIIè et au XVIIIè siècles par plusieurs familles de nobles dont nous avons trouvé les noms dans les registres de l’état-civil. CE sont:
1669 – Nicolas de NICOLARDOT, écuyer, seigneur de Loupeigne, marié à Catherine de BLONDY, décédée le 2 avril 1694 à 60 ans
1670 – Jacques MARCQ, ancien capitaine du château de Braine décédé le 19 septembre 1670
1674 – Paul LE DIEU, écuyer, seigneur de La Fosse, marié à Claude Nicole de HELZECH décédée le 3 janvier 1678
1734 – Charles François DESFOSSEZ d’ARCRY, escuyer, garde de la Manche du Roy, seigneur en partie de Jouaignes et en partie de Vauxtin décédé à Paars le 2 mars 1748, marié à Marie Françoise de BRODART
1774 – Messire Gilles François de GRAILBERG, officier au régiment du roy infanterie, chevalier, seigneur de LA CROIX, vicomte de Vauxtin. A émigré en 1792, marié à Anne Claude Adélaïde LEMOIGNE de REUVE
1783 – Messire Henri Eustache VAUCLEROY, écuyer, marié à Claude Louise d’HAUDOUIN
1788 – Madame La marquise d’Argenteuil
1791 – Le 5 8bre, Charles Hyppolite de BERTHELOT de la VILLEURMOY, capitaine de cavalerie de cette commune, Veuf de Victoire de VANDEUIL, marié à Marie Bernardine de HENNOT du ROZET, de St Sulpice de Paris (cette famille a, par la suite, habité Soupir)
Pour compléter cette liste nous donnons maintenant le nom des personnes à qui a appartenu le château actuel
1800 – Famille de SIEYES
1804 – Armand Louis François Paul LEFEVRE d’ORMESSON
1814 – Antoine DELACHINAL
1838 – Charles Alexandre DE LA BRETESCHE, ancien capitaine de cavalerie, chevalier de la Légion d’Honneur, médaillé de Ste Hélène
1859 – Félix DIDIER, propriétaire
1867 – Charles Ernest DEBONNEFOY DE MONTBAZIN
Paars possède plusieurs pierres et roches remarquables, souvenirs du plus vieux temps: la pierre du Prompt, la pierre Beau-Gaye, le Grand-Carosse et trois grottes qui ont servi de demeure aux hommes dans des temps très reculés.
Elle est adossée en guise de borne à l’encoignure d’une maison située à l’intersection des deux rues qui constituent ce qu’on appelle encore aujourd’hui le quartier du Prompt.
Le grès dont moitié environ est enfoncée dans le sol, présente cette particularité remarquable qu’il est rempli d’une infinité de clous dont on aperçoit facilement les tiges lorsqu’on parvient à en casser les têtes.
Que doit-on voir dans ce morceau curieux sur le destination duquel on se perd en conjecture ? Serait-ce comme CARLIER l’indique à l’occasion d’une pierre semblable qui se trouvait près de Crépy, un tronc d’arbre pétrifié dans lequel on auraot enfoncé des clous avant qu’il ait commencé à se durcir. Nous ne le croyons pas et les dimensions et la nature même du grès réfutent cette opinion.
Nous pensons plutôt que c’est une de ces pierres probatoire dont on se servait il y a 7 ou 800 ans à l’époque où florissait cette manière de rendre la justice comme dans l’histoire sous le nom de jugements de Dieu. Et en cela, nous serons d’accord avec la tradition qui rapporte qu »on amenait les accusés devant cette pierre et qu’ils devaient prouver leur innocence en y enfonçant des clous avec le pouce ! Singuliers temps que ceux où existait cette coutume inique.
CARLIER rapporte dans son histoire du duché de Valois que les audiences se tenaient à cette époque en plein champs et que cette coutume renouvelée des assemblées des Gaulois et de celles du Champs de Mars sous les deux premières races, n’a pas discontinué jusqu’à la fin du 16è siècle.
Les seigneurs du Prompt de Paars n’ont sans doute pas dérogé à cet usage car il existe encore sur le terroir un lieu-dit « la Justice du Prompt ». Il est plus que probable que c’est à cet endroit que les seigneurs du Prompt rendaient ces jugements bizarres dont la forme ne ressemblait en rien à ce que nous voyons s’exécuter de nos jours et dont les sentences étaient exécutées sur la pierre du Prompt.
Sur la crête de la montagne qui domine Paars, à l’Est au dessus de la route qui conduit aujourd’hui à Longueval, se dressait au siècle dernier une roche énorme qui se découpait dans le ciel et attirait des regards de tous les voyageurs. C’était la pierre « Beau-Gaye » souvenir du plus vieux temps, nous dit FLEURY dans ses antiquités dy département de l’Aisne. Cette roche fut détruite vers 1812 par un acte de vandalisme bien commun, malheureusement dans nos campagnes. Son volume était tel que les débris produisirent 8 ouy 10 toises de moellons qui furent employés à la construction d’une maison à l’entrée du village, côté de Braine.
La roche cependant n’a pas été entièrement démolie. La base énorme existe envore; elle se trouve à la bifurcation de la route de Paars à Longueval et d’un chemin vert qui conduit à Dhuizel.
Dans la pente de la même colline ,mais plus loin en se dirigeant vers Vauxtin, se dresse une roche énorme connu dans le pays sous le nom de « Grand Carrosse ». Cette pierre isolée, aux formes bizarres, dont nous donnons le dessin
Elle a une hauteur de 4 mètres, sa plus grande longueur est de 6 mètres et sa largeur de 5 mètres environ. Sa partie supérieure est plane et sa forme ovale. Par une disposition inexpliquée, la partie la plus volumineuse est en haut tandis que la moins grosse est en bas.
Cette pierre doit-elle son existence à la nature ou bien est-on en présence d’un monument druidique ? C’est ce que nous ne pouvons assurer avec certitude.
En consultant le cadastre, nous avons remarqué que dans chacun des contreforts qui enserrent le village de Paars, il se trouvait deux lieux-dits qui portaient les noms de: « le Creute », dans la colline de l’Ouest et de « les Crouttes » dans celle de l’Est. Nous n’avons trouvé sur le terrain aucune grotte ou caverne qui puisse justifier ces appellations. Probablement elles ont disparu à la suite d’éboulements.
Mais dans les pentes, se trouvent trois carrières peu profondes qui ont été faites de main d’homme. On a pu en extraire la pierre pour des constructions puisqu’elle est fiable et de la plus mauvaise qualité et qu’à côté il s’en trouve de bonne qualité. On doit donc y voir des habitations des premières peuplades qui se sont fixées dans notre pays.
Nous avons eu la curiosité de visiter une de ces grottes. C’est une excavation d’une profondeur de 5 à 6 mètres et d’une hauteur de 2 à 3 mètres. On y remarque divers enfoncements. Un d’entre eux a un rebond de pierre: c’était évidemment la place du lit. Ajoutons qu’on a trouvé dans le sol de ces cavernes des armes et des outils en silex qui font partie de la collection de M. PETIT, ancien percepteur à Paars.
Les grottes dont nous venons de parler sont creusées près d’un chemin qui porte encore le nom romain d’Ancy. Cette route romaine n’a fait, croyons-nous, que remplacer la voie gauloise qui existait primitivement. Il fallait, en effet, des chemins aux habitants de ces grottes pour communiquer avec leurs voisins. D’ailleurs ce chemin d’Ancy passe par les Graverolles où l’on a trouvé un grand nombre d’outils et d’armes en silex, ce qui semblerait confirmer l’opinion que nous venons d’émettre.
Le chemin d’Ancy arrive du plateau, descend la côte à l’Est du pays, passer derrière la ferme du Poteau et s’arrête à la route nationale qu’il traversait autrefois pour se diriger directement à travers la plaine vers le Pont d’Ancy jeté sur la Vesle à proximité de l’importante villa romaine d’Ancy située dans la plaine de Limé.
Une portion de ce chemin existe encore le long de la rivière. C’est un chemin vert désigné dans le pays sous le nom de « voyeu ». C’est près de ce voyeu qu’a été découverte il y a 30 à 35 ans une très belle épée de bronze qui a été confiée à M DE LA BRETESCHE, alors maire de la commune. Cette épée a été trouvée en creusant un fossé parmi des ossements de cheval et près d’un squelette humain. Le champ où cette belle arme fut recueillie doit cacher une sépulture.
Nous extrayons la description de cette épée des « Antiquités du département de l’Aisne » par M. Ed FLEURY (Tome I page 144).
Elle a été fondue manche et lame d’un seul jet. Elle mesure 0m87 de long et 0m048 dans sa plus grande largeur. La figure reproduite ci-dessus donne en AA la forme complète de cette arme; en BB, son manche et sa pointe; en CC une partie de la garniture métallique de son fourreau de cuir avec les rivets qui la tenaient fixée.
Renforcée par un renflement sensible sur son centre, pourvue le long de ce renflement de rainures d’ornementation qui accompagnent la lame, depuis la base de la poignée jusqu’à la pointe, garnie à la poignée de clous de bronze qui ont servi à attacher la garniture d’emmanchement, admirablement conservée, cette lame appartient actuellement nous dit-on à la bibliothèque nationale et n’a laissée d’autres traces chez nous qu’un dessin conservé dans les archives de la Société archéologique de Soissons et une aquarelle de M. WATELET, aquarelle à laquelle esrt emprunté la figure.
une seconde voie romaine plus importante traverse le territoire de Paars du Sud-est au Nord-Ouest. C’est la grande voie militaire que les Romains avaient tracée pour aller de Milan à Boulogne. Partout sur le terroir, la route nationale de Rouen à Reims la recouvre et lui emprunte sa base solide.
Dans des travaux agricoles exécutés au mois de février dernier près de la ferme du Briquet on a retrouvé les substructions de cette grande chaussée. On y a recueille aussi quelques pièces de monnaie ancienne.
Il existe au point d’intersection des territoires de Vauxtin et de Courcelles avec celui de Paars, un terrain dont le nom rappelle le souvenir d’un combat qui a dû être sanglant, car le nom de « Champ Dolent » qu’il porte encore ne lui a été certainement donné par nos pères que parce qye leur imagination a été frappée par les cris des blessés, les plaintes des mourants et l’aspect lugubre et effrayant du champ de bataille.
A quelle époque ce combat a-t-il été livré ? Quels étaient les belligérants ?
C’est ce que nous ignorons complètement.
Au milieu du champ, il y avait il y a ue quarantaine d’années un chêne magnifique qu’on appelait « l’arbre de l’arrêt », ce qui semblerait indiquer que c’est en ce lieu que s’est terminée la bataille (voir au n° 15 pour cet arbre). Ce champs a été retourné bien des fois par la charrue depuis cette époque; aussi n’est-il pas étonnant qu’on y fasse aucune découverte d’armes ou de monnaies.
L’année dernière s’est écroulé dans la ferme de M. HIVET un bâtiment qui servait de grange. C’était une tour carrée de 4 m environ de côté dont les murailles avaient 1 mètre 20 d’épaisseur.
Des traces d’habitation y étaient très apparentes.
Autour de cette ferme, on a découvert des fondations de deux tours rondes de 4 mètres environ de diamètre. Ces tours gênant la culture, on les a démolies. L’une d’elles a servi de carrière: on en a extrait des moellons pour la construction d’un bâtiment voisin.
Les moellons étaient liés par un ciment très solide qu’on eut beaucoup de peine à rompre. Le maçon est descendu à 8 pieds (2m40) dans la terre sans être parvenu à la première assise.
De chaque côté de la porte du cimetière se trouvaient les fondations de deux autres tours: l’une d’entre elle a été exploitée en guise de carrière: on y a trouvé au niveau des premières assises, un cadavre entièrement carbonisé, reposant sur une couche de paille brûlée de 0m20 d’épaisseur.
Deux de ces constructions sont encore très visibles derrière l’église, dans le chemin qui cnduit au moulin.
Une septième tour en forme de demi-lune a été démolie il y a 5 ou 6 ans dans le jardin de M. Henri MONGE lors de l’élargissement du chemin vicinal n° 3.
Ajoutons que tout ce quartier de l’église on rencontre à chaque pas des restes de constructions très anciennes. Dans la cour et le jardin de M. DRIVIERE on a trouvé des fondations de mur, un four et divers objets en fer; dans l’avant-cour de M. RENOIR on a découvert deux fours en exécutant des travaux de terrassement il y a une douzaine d’années.
Enfin dans la cour de la ferme de M. VERCOLLIER, il existe un souterrain vouté dans lequel on n’a pas encore pénétré et qui semble se diriger sous l’église; il existe encore un second souterrain non vouté qui a été rebouché de peur d’accident. A l’entrée de ce dernier se trouve une espèce de vestibule carré, voûté comme le chœur de l’église: les arcatures y sont encore très apparentes.
Nous citerons enfin une construction très ancienne: le moulin tombé en ruines et qu’on démolit en ce moment. Au-dessus de la porte d’entrée se trouve un écusson portant la date de 1720 et au-dessous deux clefs croisées. Ce sont probablement les armes du prieuré St Pierre et St Paul de Coincy à qui ce moulin appartenait. Nous avons trouvé dans les registres de l’état-civil à la date de 1684 le mariage de Jean MAILLARD, meusnier et à celle de 1679 le décès d’Adrien PIHON, meusnier à Paars. Comme on le voit, ce moulin est plus ancien que semble l’indiquer la date dont nous venons de parler. On ignore à quoi se rapporte cette date: c’est probablement celle de réparations faites au moulin.
Au dessus de l’école se trouve un terrain élevé, connu dans le pays sous le nom de « Terrat ». Il a la forme d’une butte conique qui peut avoir 12 mètres environ d’élévation au-dessus de la route. Cette butte est un ancien cimetière. Au commencement de ce siècle, c’était un savart; depuis, on l’a mis en culture; aussi, remué tous les ans par la bêche et la pioche elle a baissé de 7 à 8 pieds. On y a trouvé une grande quantité de cercueils en pierre, en forme d’auge, d’un seul morceau et recouverts pour la plupart de plusieurs pierres plates. Ces tombes, larges au chevet, rétrécies du côté des pieds, renfermaient des poteries noires et d’autres objets en fer, oxydés et réunis en lingots qui ont été brisées et dispersées par des mains ignorantes. Allez maintenant chercher où tout cela a pu passer ! on ne sait pas même ce que vous voulez dire. Toutes ces tombes ont été brisées: on en a fait des moellons en telle abondance qu’on a pu en construire une cave assez spacieuse.
Ces sépultures où l’on a trouvé aucune arme en silex datant de l’époque des chevaliers (*Une des poteries trouvées dans les tombes a été présentée en 1850 à la société archéologique de Soissons ay nom de M. DE LA BRETESCHE, alors maire de Paars. Il a été admis que cette poterie ne devait pas être antérieure au XIVè siècle. Ce vase se trouve aujourd’hui au musée de Soissons.).
M. MOREAU (de Fère) a fait pratiquer en 1884 des sondages avec l’intention de procéder à une fouille régulière de la butte; mais l’entêtement et la rapacité d’une vieille femme ont fait échouer cette entreprise.
En 1812, à l’époque de a formation du cadastre, il y avait encore une croix en pierres sur la butte. Elle a été depuis transportée au milieu du cimetière actuel (voir au n° 13)
La commune de Paars ne possède qu’une église: le « Pouillé » du chanoine HOUILLE nous fait connaître qu’elle était placée autrefois sous l’invocation de Notre Dame. Aujourd’hui et depuis une époque qui ne saurait être déterminée avec certitude, le patron est St Nicolas dont la fête se célèbre le 6 décembre ((*) Nous tenons de personnes âgées et dignes de foi qu’une seconde église ou chapelle existait autrefois dans le quartier du trou. Il se pourrait que ce soit cette chapelle qui était dédiée à Notre Dame. Ce qui semble confirmer cette opinion c’est que dans une pièce de 1503, nous voyons qu’il y avait alors deux curés: Messire Jehan FONTENAILLE, prêtre chapelain de Paars et Messire Robert FOUQUET, aussi prêtre.).
Le plan de l’église est en forme de croix latine; sa longueur totale à l’intérieur est de 27m50; sa largeur à l’abside est de 5m10; de 19m50 au transept et de 12m50 à la nef y compris les collatéraux. Au chœur, à l’abside et au transept la hauteur est de 9m20; elle est de 10m30 à la nef et de 3m50 avec collatéraux.
L’église est construite dans le style ogival et date du XIIIè siècle sauf l’abside et le bras gauche du transept qui ont été remaniés et exhaussés au siècle dernier. Ces modifications sont très visibles dans l’église et le clocher.
Extérieur – Le portail est en retraite et de style ogival; il est surmonté d’un fronton triangulaire. De chaque côté de la porte sont deux colonnettes à chapiteaux corinthiens. La fenêtre qui le surmonte est contournée par un cordon en plein cintre formé de feuilles de trèfle et terminé à chaque bout par une tête petite et fine. Cette décoration se représente à la fenêtre qui est au-dessus du maître d’autel.
Les murs sont soutenus par de doubles contreforts aux angles, à l’abside, au portail, au transept. Une tourelle carrée adossée au mur de droite renferme l’escalier qui conduit au clocher.
On remarque autour de l’église deux culs de lampe engagés dans le mur latéral de droite et dans le mur du chevet. Ce dernier est encore surmonté d’un dais. A ces espèces de niches s’adaptaient des statues en pierre qui ont été arrachées à l’époque de la Révolution par un nommé PLONQUET ((*) Ce PLONQUET a été atteint dans la suite par une maladie repoussante espèce de lèpre, et la population de Paars, revenue à des sentiments religieux a toujours considéré cette maladie comme une punition du ciel.). Ces statues ont été retrouvées il y a une quinzaine d’années; elles étaient enterrées dans le cimetière; une troisième était reléguée au clocher. Elles sont aujourd’hui dans l’église, côté du portail. Ces statues sont finement fouillées, les draperies bien modelées, mais l’ensemble manque de proportions.
Sur le mur qui termine le transept de droite se trouvait une peinture murale, grande composition de 6 m de long et de 2 m de haut. On ne peut plus aujourd’hui juger de la valeur de cette composition car elle n’a pu résister aux outrages du temps; mais tous les habitants de Paars se souviennent d’avoir vu là des couleurs voyantes appliquées sur un enduit fixé à la muraille. Les derniers débris de cet enduit sont tombés il y a quelques années sous la main des maçons chargés de restaurer les murs; on ne voit plus aujourd’hui que de nombreuses entailles destinées à l’origine à mieux fixer le mortier.
Le clocher construit sur le chœur est d’un bel effet. C’est une tour quadrangulaire très élancée et terminée par un toit d’ardoises en pyramide à quatre pans. Elle est percée sur chaque face de deux fenêtres en plein-cintre surmontées de deux fenêtres jumelles en ogive divisées par une colonne. Le plein cintre qui les réunit deux à deux est soutenue par trois colonnettes finement découpées et très gracieuses. Les chapiteaux sont simples mais d’un bon style.
Des personnes âgées m’ont affirmé que le clocher était autrefois terminé par une flèche aiguë qui a été détruite au siècle dernier par le feu du ciel.
C’est probablement à la suite de cet accident qui a laissé des traces dans le clocher (le mortier qui lie les pierres porte la marque du feu) qu’ont été opérés les remaniements dans le transept gauche et dans l’abside.
L’église était autrefois entourée de tours. Aucun des habitants actuels ne les a connues: mais les fondations en ont été retrouvées. Deux de ces tours sont encore très apparentes dans le chemin qui conduit au moulin; deux autres placées de chaque côté de la porte du cimetière ont été démolies il y a une vingtaine d’années (voir le n° 6).
Intérieur – L’abside ou sanctuaire se termine rectangulairement comme celle de Laon. L’abside, le chœur et les bras du transept sont voûtés en ogives; au-dessus de la nef court un plancher droit soutenu par des poutres dont les angles ont des moulures.
Les collatéraux ont aussi un plancher.
Les arcatures du chœur reposent sur des chapiteaux à tailloirs; des chapiteaux d’ordre corinthien qui surmontent les colonnes cylindriques engagées dans les encoignures des bras du transept reçoivent aussi les nervures qui leur sont propres; quant à celles de l’abside elles se terminent par des têtes de religieux à la tonsure très apparente.
Les piliers barlongs de la nef ainsi que les piliers cruciformes du chœur sont flanqués de quatre colonnettes terminées par des chapiteaux à tailloirs peu remarquables. Ces piliers reçoivent les arcades brisées des trois travées de la nef. Au-dessus de ces arcades se trouvent des baies cintrées. U seul de ces chapiteaux est sculpté et porte un cep de vigne avec ses raisins.
Il existe à deux endroits différents une fleur de lis très visible du collatéral de gauche près du transept; l’autre est sculptée sur le chapiteau du pilier cruciforme de droite, côté du collatéral.
Une fenêtre du transept gauche est formée d’une arcade ogivale divisée en deux autres ogives surmontées d’une rosace.
Cette fenêtre date évidemment de l’époque où la partie de l’église a été remaniée.
Les murs de l’abside, ceux du transept qui y sont adjacents sont recouverts d’une boiserie haute de 3 mètres environ. La sacristie qui se trouve dans le bras droit du transept est séparée du reste de l’église par une cloison de même hauteur que ces boiseries.
Le maître-autel est adossé contre le chevet de l’abside. Il est orné de deux colonnes en bois sculpté d’ordre ionique et surmonté d’un fronton triangulaire qui supporte deux anges aux ailes déployées. Ces colonnes encadrent un beau tableau sur toile représentant le Sacré Cœur de Jésus.
Dans le bras gauche du transept se trouve un autel dédié à la Vierge; dans celui de droite existe au autre dédié à St Sébastien.
Outre les statues de pierre dont nous avons parlé plus haut et les statues de St Sébastien et de la Ste Vierge qui décorent les autels, on remarque deux statues de bois placées de chaque côté du maître autel. Ces statues qui sont très bonnes et très décentes représentent St Hubert et St Nicolas; elles datent comme l’autel de la fin de XVIè siècle; deux autres statues qui représentent St Vincent et Ste Catherine sont adossées aux piliers de la nef: elles sont toutes neuves.
Dans la sacristie on voit un vieux tableau sur bois représentant un personnage les mains jointes devant un livre ouvert et dans l’attitude de la prière.
Si l’église ne possède pas de toiles remarquables, elle compense ce défaut de décoration par une grande abondance de peintures murales; les unes placées au-dessus des piliers de la nef et de chaque côté de la fenêtre surmonte le portail, représentent les apôtres. Ces peintures sont plus grandes que nature.
Sur un des murs latéraux du transept droite se trouvait une composition assez grande; mais elle est aujourd’hui dans un très mauvais état; l’enduit sur lequel les couleurs étaient appliquées s’est fendillé, écaillé et il n’en reste plus que des débris où l’on aperçoit cependant des couleurs très vives encore.
D’autres peintures à fresque existent sur les murs du transept et de l’abside et jusque sur les piliers du chœur. Mais nous avons le regret de dire que la plupart de ces peintures ont été recouvertes par un badigeonneur ignorant. Pour quatre francs de chaux-vive, il a anéanti ces peintures qui étaient la plus belle décoration de l’église. Nous regrettons que les autorités communales de cette époque n’aient pas empêché cet acte incompréhensible de vandalisme.
Le pavé de l’église comprenait autrefois de nombreuses pierres tumulaires qui ont été enlevées lors du pavage de l’église il y a une quinzaine d’années. On en a conservé deux près des autels de la Vierge et de St Sébastien: elles ont été retournées à cause de leur état d’usure et l’inscription se trouve en dessous. C’était parait-il l’habitude d’enterrer dans l’église les personnes qui jouissaient d’une certaine considération dans la commune: de 1669 à 1700 nous avons constaté sur les registres de l’état-civil l’inhumation de dix personnes dans l’église Par les personnes ainsi inhumées nous citerons:
– Catherine, femme de LE DIEU, seigneur de La Fossé (17 mai 1674)
– Jean WARNIER, âgé de 80 ans (12 février 1675)
– François, fils de Nicolas DE NICOLARDET, escuyer, seigneur de Loupeigne (25 mars 1683)
– Catherine de BLONDY, 60 ans, veuve de Nicolas de NICOLARDET (2 avril 1694)
– Damoiselle Magdeleine LEBLANC, âgée de 67 ans, fills de noble homme Jean LE BLANC, docteur en médecine et ancien mayeur de la ville de Fisles (9 9bre 1698)
– François MAUGER, prêtre, curé de Paars (3 novembre 1715)
– Anne DAVID, veuve de Pierre CULOT, receveur de la terre et seigneurie de Paars, inhumée dans la chapelle de la Vierge (20 8bre 1719)
– Maître Hubert VARLET, curé de cette paroisse et doyen de Bazoches a été inhumé dans le chœur de l’église, près de la balustrade du maître-autel (9 7bre 1741)
Au -dessus de la fenêtre de la sacristie se trouve scellée dans le mur une petite pierre qui porte l’inscription suivante que nous avons copiée textuellement:
SUZANNE MARTIAV VEIVE DE PIERE LESCARDEM AFISME PAR
TESTAM PASSE DEVENT BLENCHON NOTAIRE AVDICT FISLE LE 7
AOVT 1674 A FONDE VN OBILE 1er JOUR DE AOVST ET VN AVTRE
OBI PERPETVEL A LA CHAIRE ST PIERE EN FESVRIER ET POVR CE
A DONE CINQ PICHESTIS VERGE DE TERRE SIS AVLIEVDIT AVGRIS
POIRIER TERROIR DE COVRCELLES PRIEZ DIEU POUR SON ASME.
L’église renferme encore une horloge très vieille qui provient dit-on de l’abbaye de Coincy où elle a été achetée vers 1794.
Sur une des deux clochettes de a sonnerie on lit cette inscription « Fondues toutes les quatre en 1754 ». Au milieu d’un médaillon se trouve le nom du fondeur : Baptiste BROCAR.
Il y en avait autrefois quatre à Paars: leur place est encore très apparente dans le clocher. Trois d’entre elles ont été enlevées en 1793 et fondues pour cen faire des canons; la quatrième a été conservée pour sonner l’alarme. Cette cloche qui pesait 339 kg a été fêlée vers 1842 et remplacée par celle qui existe encore aujourd’hui et qui a été fondue par Antoine, fondeur à Robécourt (Vosges).
En résume l’église de Paars qui au commencement de ce siècle était dans un état de dégradation tres avancé est aujourd’hui bien restaurée grâce aux sacrifices que s’est imposé la commune et aux dons de généreuses personnes. Elle s’est embellie d’un chemin de croix en yerre cuite et de magnifiques verrières qui sortent des ateliers de M.MARQUANT de Reims (1877). La verrière représentant St Charles BOROMEE contient les armes des donateurs: M. DEBONNEFOY de MONTBAZIN et Mme.
Une seule chose la dépare: c’est le plancher qui couvre la nef et les collatéraux; mais nous espérons qu’un jour viendra où les ressources de la fabrique permettront de le remplacer par une voûte plus élégante.
Pour compléter cette longue notice sur l’église, nous donnons la listes des curés qui l’ont desservie jusqu’à la Révolution.
1 – Jehan FONTENAILLE (1503) | 7 – Nicolas Charles MANIERE (1741 – 1754) |
2 – Robert FOUCQUET (1503) | 8 – BOSSIN (1754 – 1763) |
3 – Anthoine TONNELIER, décédé en 1669 | 9 – REIZER (1763 – 1769) |
4 – Jean LEBLANC (1670 – 1705) | 10 – Antoine OURDRY (1769 – 1785) |
5 – François MAUGER (1705 – 1715) | 11 – PIROUX (1785) |
6 – Hubert VARLET (1717 – 1741) | 12 – POITTEVIN (1785) |
7 – Nico ? NOTA |
Hubert VARLET était en même temps doyen de Bazoches . Nicolas Charles MANIERE et le curé REIZER ont été nommés curé de Courcelles.
Néant
Néant
Néant
Néant
Dans le cimetière, existe une croix en pierre à fût prismatique avec chapiteau corinthien, mal conservé. Le piédestal est aussi en mauvais état. Cette croix se trouvait autrefois sur la butte du « Terrat », au milieu de l’ancien cimetière qu’on y a découvert; elle a été transportée dans le cimetière actuel vers 1812.
Lors du choléra de 1832, on venait des villages voisins chercher l’eau d’une fontaine appelée « la Coquardise » située près du moulin, eau dont les propriétés assurait-on, faciliteraient la guérison des cholériques. Cette réputation factice ne s’est pas continuée. Cependant cette fontaine est encore renommée dans le village pour la pureté et la bonté de son eau.
L’arbre de l’arrêt dont il a été question au n° 5 a été abattu en 1840: il tombait de vétusté et était partagé par le vent ((1) Registres des délibérations du Conseil municipal).
Ce chêne pouvait avoir 200 ans. Sa plantation remonte donc au commencement du 17è siècle. LE ministre SULLY avait recommandé que des arbres fussent plantés dans tous es villages affin de servir de lieu de rassemblement et de point d’indication (statistiques BRAYER p 346) dénomination de champ Dolent au milieu duquel il se trouve appartient au moyen-âge.
Rappelons que dans un procès verbal du 18 Messidor an II cet arbre est qualifié l’arbre de la Reine ((1) Registres des délibérations du Conseil municipal).
Nous ne pensons pas qu’il ait existé un château-fort à Paars. C’est du moins ce qui semble résulter de la donation faite en 1205 aux gens de Paars, par Nicolas, seigneur de Bazoches puisqu’il permet aux habitants du susdit village de se réfugier librement dans son château pour la défense de leurs corps et biens toutes les fois que la nécessité l’exigera.
Mais nous avons la conviction que le village était entouré de murailles destinées à le mettre à l’abri d’un coup de main. Nous citerons à l’appui de notre assertion l’existence des tours dont in a retrouvé les fondations (voir le n° 6). Quelle autre destination, en effet, auraient pu avoir ces tours ?
Nous devons faire remarquer que ces constructions se trouvaient à peu près sur le parcours d’un fossé large et assez profond désigné par les habitants sous le nom de « Fossé de la Ville ». Ce fossé a été rebouché il y a une vingtaine d’années à la suite de l’exhaussement de la route de Fismes et remplacé par une sente dont les diverses portions décrivent une circonférence autour du village.
Plus tard, aux XVIè, XVIIè et XVIIIè siècles il a certainement existé une maison seigneuriale, un château ou maison de campagne puisque nous avons la preuve du séjour de plusieurs familles nobles (Voir n° 2). Mais l’incertitude la plus absolue existe au sujet de son emplacement. Les uns prétendent qu’il était bâti au dessus de l’église: les autres croient que le château actuel a été élevé sur les ruines de l’ancien; enfin, d’après une 3è version, il aurait existé à l’endroit où se trouve aujourd’hui la ferme de M. HIVET. Cette ferme est, du reste, désignée dans d’anciens titres sous le nom de « Maison de la Fosse » et nous avons vu (voir n° 2) qu’il y a eu à Paars une famille noble de la FOSSE. Sur le montant d’une des cheminées de la ferme on remarque encore aujourd’hui un écusson.
Dans d’autres titres appartenant également à M. VERCOLLIER, la maison habitée aujourd’hui par Mme Vve GORET est désignée sous le nom de « Petit Château ». De ce fait il semble devoir résulter le séjour simultané à Paars de deux familles nobles.
L’examen des registres de l’état-civil nous a confirmé cette opinion. Nous y voyons en effet qu’en 1674 il est question de Paul LEDIEU, seigneur de la Fosse et de Nicolas de NICOLARDOT, seigneur de Loupeigne.
A – Les registres de l’état-civil qui remontent à l’année 1669 et dont l’examen nous a fourni de précieux renseignements au sujet de la population aux XVIIe et XVIIIe siècles. Quelques unes des familles inscrites sur ces registres ont encore leurs descendants dans la commune. Parmi les plus anciennes nous citerons celles des RENOIR, des HUBERT, des RAME, des MAROTEAUX, des FOY. Il serait facile de reconstituer la généalogie de ces familles jusqu’en 1669.
B – Une liasse de papiers relatifs à un procès intenté à la commune de Paars, par la maîtrise des eaux et forêts de Soissons au sujet du droit de pâturages des habitants de ladite commune sur le territoire de Bazoches. Les pièces principales sont:
1°. le procès-verbal du sieur MARESCOT sergent pour le roy en la maîtrise des eaux et forêts, daté du 25 août 1780. Sur la même feuille se trouve l’assignation aux habitats de Paars à comparaître devant les officiers de la maîtrise (26 9bre 1780).
2°. Un extrait du registre du greffe de la maîtrise des eaux et forets Soissons portant condamnation par défaut en 300 fr d’amende et aux frais et défense à l’avenir de récidiver sous peine de plus forte amende et confiscation des troupeaux (jugement du 1er Xbre 1780) sentence faite aux habitants de Paars sortant de vêpres le 25 décembre 1780.
3°. Un acte d’assemblée au son de la cloche (*) des habitants de la paroisse à l’effet de consulter sur le parti à prendre relativement au procès et d’aviser aux moyens de s’opposer à la sentence du 1er décembre.
(*) Les municipalités autrefois n’avaient pas de maison commune pour se réunir, ni de registre pour y inscrire leurs délibérations. Les réunions avaient lieu le dimanche à l’issue de l’office. Le notaire averti, arrivait avec ses papiers et son écritoire: on se rassemblait devant le portail et alors les notables et les autres habitants délibéraient sur la question à l’ordre du jour. Une fois la délibération prise, le notaire rédigeait l’acte d’assemblée: les habitants signaient quelquefois au nombre de quinze, vingt et plus et l’acte restait déposé dans le minutier du notaire (A.de VERTUS – Coincy)
La dernière partie mérite d’être cotée: « …nous sommes convenus de charger Nicolas DELAHAYE notre syndic et procureur de notre dite communauté de faire les démarches nécessaires à l’effet de finir ledit procès, nous chargeant de l’étayer de tout notre pouvoir et de nous cotiser chacun suivant le droit et justice pour la liquidation des frais qui pourraient suivre ledit procès comme aussi nous nous engageons de luy remettre les pièces justificatives nécessaires pour le soutient audit procès attendre que la communauté vient de découvrir qu’il en existe dans les archives de la seigneurie de Paars ».
4°. Une opposition à la sentence du 1er décembre formée par les habitants de Paars et signifiée le 28 mars 1781 à M.Le Procureur du Roy par M. MOILIN, procureur desdits habitants et réclamant un délai suffisant pour chercher les pièces justificatives de leur défense.
5°. Une copie collationnée d’une donation dont l’original se trouvait dans les archives des Religieux de Coincy et dont voici la teneur textuelle: ‘Moi, Nicolas, seigneur de Bazoches, je déclare à tous présents et à venir qu’à la prière de Dom Jean, en ce moment prieur de Coincy et en vue de la piété divine, j’ai dévotement remis trois jours de corvée dont étaient tenus envers moi tous les ans chacun des habitants qui demeuraient dans la seigneurie du village appartenant au même prieur et qui est appelé Paars et aussi le pichet annuel de grains d’hyver que chaque habitant devait me payer à la St Rémy et ce du consentement d’Agnès, mon épouse et de mes frères Jean et Gaultier et j’ai entièrement abandonné le tout. De plus, j’ai aussi accordé que les aisances et pâturages de ma seigneurie, comme s’ils l’ont été jusqu’à présent soient de même dans la suite communs aux habitants de Paars, pour l’usage de leurs troupeaux sans qu’ils puissent aucunement être inquiétés; ajoutant pour mettre le comble à mes faveurs que tous les habitants du susdit village ayant la faculté de se réfugier librement dans mon château pour la défense de leurs corps et biens toutes les fois que la nécessité l’exigera et qu’ensuite lorsqu’ils le voudront, conservant intégralement les objets qu’ils avaient apportés, ils retournent heureusement dans leurs demeures, de plein gré et sans aucune charge. Pour ratifier ces concessions et les confirmer, j’ai résolu que mon sceau soit apposé à la présente. Fait l’an de l’incarnation du Seigneur 1205 et marqué de notre sceau sain et entier ».
6°. Deux pièces portant la confirmation de la susdite donation, savoir: en 1209 par les frères dudit seigneur et en 1310 par HUES, vidame de Chalons et sire de Bazoches, successeurs dudit Nicolas.
C – Une autre liasse comprenant plusieurs pièces, savoir:
1°. un relative à un procès survenu entre les commune de Paars et de Courcelles au sujet du pâturage d’une pièce de pré appelé « la grand marais ».
2°. Trois procès verbaux de délimitation des territoires de Paars et Courcelles, Paars et Vauxtin, et de plantation de bornes.
D – Les registres des délibérations du conseil municipal ne remontant qu’au commencement de l’an IX et renferment peu de choses intéressantes si l’on excepte quelques délibérations relatives aux instituteurs.
2° – Renseignements particuliers
Deux maisons avec leurs dépendances, cour et jardin, situées audit village de Paars en la rue de Glatigny, appartiennent à l’Hôtel Dieu de Soissons. Les habitants doivent une rente annuelle de 24 francs. Cette rente due anciennement à la chapelle St Roch de Tannières appartient actuellement aux hospices de Soissons comme faisant partie de celles qui leur ont été transférées par le directeuir du Domaine national du département de l’Aisne, le 24 pluviose an X (d’après les archives de l’hôtel dieu de Soissons).
2°. Nous devons à l’obligeance de M. RATELLE, adjoint de Courcelles, communication d’un ouvrage aeez ancien dont nous avons extrait le passage suivant :
« Les terres qui sont sur le plateau de la montagne, qui domine sur la partie gauche, sont très propres pour le rapport de grain. L’industrie des habitants les a fait profiter des parties où la montagne peut souffrir de la vigne pour en planter et la nature du vin n’en est pas mauvaises. Il y a aussi des parties de bois qui peuvent leur être d’un grand secours. En sorte qu’on troive dans cette paroisse tout ce qu’on peut considérer comme utile à la vie ».
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Nous reproduisons ici un tableau très ancien qui nous a été communiqué par M. Jules RAMé. Le tableau représente les armoiries d’un des guerriers de Charles VII
Une notice accompagne le tableau. Nous le reproduisons textuellement .
« CHAUSSON »: ancienne famille en comté qui a donné plusieurs branches en différentes provinces de France et Laurent Etienne CHAUSSON lieutenant de la première cnenturie des bandes grises de Picardie: il servit sous Charles VII, roi de France, en cette qualité et se trouvé au siège d’Orléans où il fut tué d’une flèche anglaise après y avoir donné des preuves de sa valeur et de son courage.
Porte d’argent à un chevron d’azur, accompagné en chef de deux poignards de gueules et un aigle à deux tetes de sable déploïé posé sous le chevron (Scripsit 1786).
La grand-tante du Sieur RAME était une CHAUSSON et c’est de cette dernière qui vivait sous Louis XVI que provient le tableau ci-dessus qui est conservé soigneusement dans la famille.
Extraits de deux pièces concernant les paturages de Paars (d’après CARLIER, Histoire du duché de Valois, pièces justificatives n° 75).
La premières de ces pièces est une procuration par les gens de Paars à certains d’entre eux pour s’entendre avec le seigneur de Courcelles au sujet d’un différend relatif aux pâturages.
« A tous ceux qui ces présentes verront ou orront, Achan BOCHERON, garde de par le roi, notre sire, des sceaux de la prévoté de Fismes, salut, savoir faisons que par devant nous et Husson MYELLOT, juré du Roi, notre dit seigneur en ladite prévoté, furent présents, en leurs personnes, vénérable et discrette personne Messire Jehan FONTENAILLE, prebtre chappelain de Paars; Messire Robert FOUCQUET, aussi prebtre, Husson BUZOT, Bernard CAILLET, Jehan de JUMANCOURT, Gilles le ROUX et autres, tous manants et habitants de la ville de Paars-les-Bazoches, lesquels et chacun d’eulx, tant en leur nom qu’en manants et habitants du lieu de Paars et aussi conjointement comme divisément et du consentement exprès du procureur desdits de Paars ont fait, ordonné, constitué et établi leurs procureurs généraux et certains messagers espéciaux avec honorable homme et sage Maistre Jehan HADNET, Jacques LE PELLETIER, Husson BUZOT et Jehan MESNART, auxquels procureurs lesquels constituant ont donné et donnent par ces présentes pleins pouvoirs puissance, auctorité et mandement espécial d’estre et comparoir pour eulx partout en jugement…de transiger, pacifier et accorder l’appoincter avec noble homme Louis d’AULTRY, seigneur de Courcelles, touchant les différens et procès à mouvoir entre eulx à cause de leurs paturages…
Ce fut fait le vingtième jour de juillet de l’an 1503
signé: J.BOCHERON; H.MYELLOT
La deuxième pièce est un règlement amiable au sujet des paturages, survenu entre le seigneur de Courcelles et les délégués des habitants de Paars.
Elle fait connaître d’abord les origines du différend et pose enfin les conditions auxquelles sera soumis à l’avenir l’exercice du droit de pâturages.
« En récompense de ce, chacun habitant dudit Paars, ayant vasches, jumens, veaulx et bestial pasturant esdits marests serton tenus rendre ou païer le premier jour de Janvier ausit seigneur de Courcelles ou son recepveur une poule et suffisante…et quatre deniers parisis et en deffaut de païe, icelui seigneur pourra, par lui ou ses gens faire prendre et retenir jusques à entière satisfaction de son du, le bestial qu’il sera trouvé es-ferles de ladite seigneurie appartenant aux-dits habitants de Pars ». Ce titre est daté du 16 7bre 1503: il a été fait en présence de Regnault FOUCQUET, Antoine CHEVALIER et Pierre WARNIER, tous demeurant à la ville de Pars, signé: DE NAUFES, avec paraphe.
Il n’existe à Paars qu’une école mixte laïque dirigée par un instituteur. La maison ‘école qui est une propriété communale a eté construite vers 1845; les classes avaient lieu avant cette époque dans les locaux loués pour cette circonstance et peu appropriés à leur destination. Nous voyons, en effet, dans une délibération du conseil municipal du 16 Brumaire an XII que dans le cas où le sieur BERTIN (le propriétaire de la maison) voudrait se servir de sa maison, l’instituteur sera tenu de faire l’école chez lui.
La salle de classe actuelle est suffisamment grande: elle offre une surface de 47 mètres carrés et un volume d’air de 140 mètres cubes. Elle est bien aérée, bien éclairée, d’un aspect très gai.
Le logement de l’instituteur, récemment restauré est convenable a commune n’ayant pas de mairie, les séances du conseil municipal, les réunions publiques ont lieu dans la salle de classe, ce qui est fâcheux sous plus d’un rapport.
Les archives communales ,en remontant qu’à l’époque de la Révolution, il n’existe à Paars aucun fait relatif à l’histoire de l’instruction antérieur à 1790. Tout au plus avons nous pu relever dans les registres de l’état-civil les noms des anciens clercs, maîtres d’école. En voici la liste complétée par celles des instituteurs qui se sont succédé jusqu’à nos jours.
1) Pierre HANOCHE, marié le 2 mai 1678, mort en 1689, originaire de Paars
2) Philippe d’ARTOIS – 1687; vivait encore en 1704; aucune trace de son décès
3) nocolas DARTHOIS – 1709; mort en 1754 à l’âge de 68 ans
4) Antoine DELAUNE – 1735; mort en 1758 à l’âge de 56 ans
5) Antoine BELLOT – 1762; avait 24 ans à cette époque
6) Antoine BOCHET – 1764; mort en 1795; a été le 1er maire de la commune
7) Nicolas LABBE – 1767; s’est fait vigneron
8) Nicolas Pierre POL – 1er Brumaire an VI; ancien maître d’école de Dhuizel
9) Nicolas André LABBE – 14 Brumaire an XII; ancien clerc de cette commune
10) Jean Marie LEFEVRE – 2 9bre 1815; maître d’école à Size
11) Nicolas LOLLIOT – 1er 8bre 1816; maître d’école
12) nicolas Jean DROUX – 15 9bre 1820
13) Cécile LORCHET – 1829; âgé de 24 ans
14) Louis CUVILLIER – 26 aout 1834; né en 1818 Glennes; propriétaire à Paars
15) Charles CAGNET fils – 25 juillet 1850, âgé de 312 ans
16) Jean Baptiste DOUEL – 4 juin 1852
17) Jean Michel COSSIN – 14 février 1853, décédé à Paars
18) Eugène SORET – 10 9bre 1868
19) Athanase LEFEVRE – 10 février 1877
20) Léandre CARRION – 22 août 1879
21) Eugène MAGNIER – 30 avril 1881
22) Rémy PETIZON – 28 Xbre 1881
23) Gaston DROUX – 25 août 1883
Dans le registre des délibérations du conseil municipal, nous avons trouvé à la date du 8 Vendémiaire an IX (1803) un procès verbal d’installation d’un sieur Nicolas POL comme instituteur.
« Le conseil…considérant que depuis le 1er Brumaire an VI, le citoyen Nicolas Pierre POL a été reçu par le vœu unanime de tous les habitants de ladite commune en qualité de maître d’école, que voulant lui témoigner sa reconnaissance de l’exactitude qu’il a toujours montré à remplir ses fonctions, consent à ce que ledit POL soit payé des années d’arrérages qui lui sont dues, tel qu’il a été d’usage immémorial dans ladite commune qui sont de lui payer annuellement par chaque habitant, savoir:
1° un demi pichet de bled froment et un demi pichet de seigle, excepté les veuves qui ne seront que pour moitié; 2° un franc par ménage pour conduite de l’horloge commune; 3° 25 francs pour traitement de secrétaire de la mairie qui lui seront payés sur les centimes additionnels; 4° Qu’il lui sera pareillement payé par les père et mère des enfants qui lui seront confiés aux instructions pour chaque mois, savoir : la 1ère classe 0,30 Fr, la seconde 0,40 Fr, la troisième 0,50 Fr et la quatrième 0,60 Fr.
A la charge par ledit POL de tenir les écoles depuis le 1er Brumaire de chaque année jusqu’au 1er Floréal suivant, de conduire l’horloge, de sonner l’angélus, le matin, à midi et le soir, de chanter l’office ainsi qu’il est d’usage dans le diocèse des jours prescrits.
A la charge aussi d’observer dans son ministère envers les enfants les règles de charité et la discrétion, ne leur parlant point avec rudesse, les reprenant sans passion, ne les frappant pas par colère, les corrigeant sans humeur et selon les règles de la modestie, de veiller aussi particulièrement, même hors le temps de l’école autant qu’il sera en son pouvoir à la conduite des enfants qui lui seront confiés; ledit Nicolas Pierre POL se conformera au contenu du présent acte sous peine de destitution ».
La 16 Brumaire an XII, nouvelle délibération dont nous extrayons les passages les plus importants:
« Le Conseil a unanimement arrêté ce qui suit:
Art 1er: Pour s’assurer de la conduite, de la capacité et des meurs des instituteurs, leur institution sera renouvelée tous les ans le 1er Brumaire ou annulée selon la conduite qu’aura tenue l’instituteur, la satisfaction qu’il aura donnée aux habitants.
Art 2: M. LISSOIR, desservant, est invité de se charger de la surveillance des écoles et de faire à ce sujet tel changement et tel règlement qu’il croira convenable des élèves et leur instituteur seront tenus de d’y soumettre et de reconnaître et respecter en lui l’autorité qui nous lui déléguons par le présent.
Art 3: L’instituteur remplira également les fonctions de clerc-laique à l’église sauf l’approbation de M. le desservant et le consentement de M. l’évêque.
Art 4: Sera tenu en outre de régler et remonter l’horloge
Art 5: Il remplira les fonctions de secrétaire-greffier de la mairie
Art 6: Son traitement annuel sera: 1° un pichet de méteil par ménage, 2° quinze sols ou 75 centimes aussi par ménage dont 50 centiles comme clerc-laïque et 25 centimes pour le soin qu’il prendra de l’horloge, 3° cinq francs comme secrétaire-greffier
Art 7: Les écoles se tiendront à la maison du citoyen BERTIN sisc sur la place et que le conseil adopte pour le lieu de ses séances, laquelle maison est à la disposition de la commune pour la somme de 24 francs de loyer annuel; l’instituteur sera tenu néanmoins de faire son école chez lui dans le cas où le citoyen BERTIN voudra conserver sa dite maison pour lui-même.
Art 8: L’instituteur touchera par lui-même ou des préposés par lui le traitement qu’il a à recevoir des habitants; lequel traitement sera exigible du 1er au 15 Brumaire de chaque année.
Délibérant ensuite sur le chois de l’instituteur le conseil nomme par le présent Nicolas André LABBE, ancien clerc maître d’école de cette commune, lequel appelé a accepté avec reconnaissance ladite place, promettant de se conformer aux dispositions et d’être satisfait du traitement porté au présent… »
Le 2 novembre 1875, autre délibération pour remplacer le maître d’école, que son age et ses infirmités empêchent de continuer ses fonctions. Le conseil a choisi d’une voix unanime Jean Marie LEFEVRE, maître d’école de Size, soius les conditions suivantes:
« Ledit sieur LEFEVRE se pourvoira et obtiendra son institution canonique de M. Le Doyen et la fera renouveler tous les ans.
Il remplira sur le bon plaisir de M. Le Maire les fonctions de secrétaire-greffier
Il percevra pour les enfants depuis l’alphabet jusqu’à la conduite 30 centimes par mois; depuis la conduite jusqu’à l’écriture 40 centimes par mois; depuis l’écriture 60 centimes;
Ledit maître d’école promet et s’engage à pourvoir d’eau bénite les habitants de la commune selon leur désir et à remplir généralement tous les devoirs et obligations qui lui sont tracés par son institution canonique ».
Fréquentation: Une délibération du 9 mai 1830 nous dit que : « l’école n’est ouverte que du 1er 9bre au 1er juin, les parents ayant besoin pour subsister du travail de leurs enfants durant les 5 auytres mois. Pendant les 7 mois d’ouverture, l’école est fréquentée par 40 élèves, 30 garçons et 10 filles en décembre, janvier et février et par la moitié de ce nombre durant les quatre autres mois ».
La population scolaire qui était de 50 élèves en 1870 n’est plus aujourd’hui que de 25 élèves de 5 à 13 ans.
Le territpoire de Paars n’est pas un pays de grande culture: la terre y est exclusivement morcelée. On ne compte pas, en effet, moins de 2381 parcelles pour une superficie de 509 hectares. Trois exploitations seules comprennent un ensemble de terres supérieures à 200 hectares dont une partie sont sur le territoire des communes voisines: Bazoches, Vauxcéré, Vauxtin et Courcelles; deux autres forment un ensemble de 30 à 40 hectares; une exploitation n’a que 25 hectares; enfin 5 dernières ont seulement de 10 à 20 hectares.
Le reste du terroir formé de parcelles nombreuses de jardins, vignes, champs plantés d’asperges, de vignes, etc…est réparti entre tous les habitants du village.
Nous donnons ci-dessous un état comparatif des superficies occupées par les différentes cultures en 1812 et en 1888.
1812 | 1888 | |
1 – Terres labourables (grains, prairies artificielles, jachères) | 404 ha | 445 ha |
2 – Jardins (maraîchers servant à l’alimentation de la famille) | 6 ha 5 | 9 ha |
3 – Prés | 11 ha | 5 ha |
4 – Bois taillis | 45 ha 5 | 15 ha |
5 – Vignes | 9 ha | 8 ha |
6 – Aulnaies et saussaies | 9 ha | 8 ha |
7 – Chenevrières | 5 ha | 8 ha |
8 – Savarts | 2 ha | 10 ha |
Total | 492 ha | 492 ha |
9 – Propriétés bâties | 2 ha 50 | 2 ha 50 |
10 – Propriétés non bâties (chemins et ruisseaux) | 14 ha 50 | 14 ha 50 |
Total | 509 ha | 509 ha |
De cette extrême division du sol il semblerait devoir résulter une culture très développée; il n’en est pas ainsi: nos paysans ne songent qu’à augmenter l’étendue de leurs champs. Au lieu de réunir tous leurs efforts sur le terrain qu’ils possèdent pour lui faire produire le plus possible, ils éparpillent le fumier sur une trop vaste étendue, ou bien sont obligés de laisser une partie de leurs terres dans les faire produire.
En un mot, c’est la culture aux petites dépenses, mais aussi aux petites récoltes qui est lise en pratique dans notre pays.
B – Assolements, jachères, engrais
L’assolement suivi par la plupart des cultivateurs est l’assolement triennal qui comprend: jachre froment et avoine; 35 hectares sont encore laissés improductifs tous les ans.
On remplace aussi la jachère par des fourrages temporaires: trèfle, dravière qui ne passent que peu de temps dans le sol ou par la betterave qui exige un fumage énergique dont profite le blé.
Dans ce dernier cas au fumier on ajoute du guano. C’est du reste le seul des engrais employés en dehors du fumier de ferme.
C – Instruments aratoires
Les instruments de labour sont encore ceux d’il y a trente ans: la charrue simple ou araire, la herse en bois, les rouleaux en bois. On emploie aussi les habitants et les extirpateurs appelés dans le pays tricycles. Mais là se bornent les instruments d’un usage journalier. On ne voit nulle part de herses en fer, de rouleaux de fonte, de croskill de faneuses, de faucheuses, de semoirs. Le semoir mécanique indispensable pour les semis de betteraves est fourni par la fabrique de sucre de Fismes avec laquelle nos cultivateurs sont en relation.
Comme on le voit le travail agricole est encore bien arriéré: tout se fait à force de travail manuel. Notons cependant quelques améliorations dans le matériel de la ferme: il existe à Paars 5 machines à battre mues par des chevaux et un certain nombre de coupe-racines.
Les céréales – Trois sortes de céréales sont surtout cultivées à Paars: le blé qui occupe 2 hectares sur 6; le seigle qui n’entreprend qu’un sixième et l’avoine qui comprend une superficie égale à celle des deux autres réunies.
Toute la récolte de céréales n’est pas livrée au commerce: une partie du blé récolté sert à payer les moissonneurs; une très grande portion de l’avoine sert à la nourriture des animaux des pays.
A – Les prairies naturelles fauchables et les herbages pâturés sont peu étendues: 5 hectares seulement. Il y en a un peu le long de la Vesle; le reste de trouve au lieu-dit « les Closelets », terrain humide, au fond d’une espèce de cuvette formée par la Bruyère et et Terrat, les deux plis de terrain dont nous avons parlé à la 1ère partie.
B – Les prairies artificielles sont plus considérables: elles occupent environ 35 hectares. Elles ont cela de caractéristique qu’elles n’occupent plus le sol d’une manière permanente et qu’elles font toujours retour à la charrue après un temps limité. Les principales plantes cultivées de cette façon sont: le trèfle incarnat, la luzerne, le sainfoin et un mélange de légumineuses et de graminées connu dans le pays sous le nom de dravière.
C – La commune n’a jamais eu de pâturages à elle propres. Mais les gens de Paars avaient le droit de paitre leurs bestiaux dans les pâturages de Bazoches. Ce droit très ancien, résulte d’une donation datée de 1205 faite par un seigneur de Bazoches: nous en avons donné la teneur à la seconde partie n° …Cette donation a été confirmée plusieurs fois: en 1209 par les frères de Nicolas de BAZOCHES, en 1310 par un de leurs successeurs Hues, vidame de Chalons et enfin par un jugement rendu en 1781 à la suite d’un procès intenté à la commune par la maîtrise des eaux et forêts de Soissons. Les habitants de Paars avaient en outre, le droit de faire pâturer leur gros bétail dans les marais de Courcelles. Ce droit immémorial a été confirmé par de Naufes, seigneur de Courcelles, le 16 7bre 1503.
Le 26 7bre 1792 les habitants de Courcelles mirent les gens de Paars en demeure de présenter le titre qui établissait leurs droits de pâturage. Malgré leurs recherches, ils ne purent l’avoir se trouvant engagé les titres et papiers du sieur GRIMBERG-BELLEAU, émigré, acquéreur de DES FOSSES D’ARCY, lesquels ont été trouvés enlevés lorsque le district de Chateau Thierry voulut apposer les scellés sur eux. Ils eurent beau alléguer qu’ils jouissaient de ce droit ay moyen d’une rétribution annuelle consistant en une poule ou dix sols par ménage, qu’ils avaient cessé de payer qu’en 1788 au cy-devant baron de Vergy, qu’au surplus la commune de Paars avaut la possession immémoriale de ce droit, les juges de paix de Braine et de Bazoches chargés de juger le différend, décidèrent que la commune de Paars était déboutée de ses prétentions à la possession du droit de pâturages et réintégrèrent la commune de Courcelles dans la jouissance de la totalité de la pièce en litige. Plus heureux que les habitants de Paars nous avons pu nous procurer une copie du titre en question. Nous en avons donné un extrait au paragraphe 17 de la seconde partie.
Le bétail était conduit aux prés par un pâtre communal: le vacher. En 1761, ce pâtre portait le nom de Claude MATTHIEU (d’après l’étude de M. DROY, notaire à Braine). Cet usage subsistait encore en 1818 puisqu’il est question d’un pâtre, Nicolas ROMERA dans le dénombrement de la population fait cette année. Il est tombé aujourd’hui en désuétude; nous ignorons pour quelle cause.
Au-dessus du moulin se trouvaient autrefois 3 étangs d’une contenance totale de 70 ares qui avaient été creusés dans le but de retenir pendant les chaleurs de l’été l’eau nécessaire pour mettre en mouvement le moulin. Ces étangs qui étaient très poissonneux sont depuis l’année dernière remplis et mis en culture.
Dans le parc du château, il existe une petite pièce d’eau semi-circulaire qui est empoissonnée; un second vivier en forme de canal existe aussi dans la propriété de M. PETIT. Ces deux pièces d’eau sont alimentées par le ru de Paars.
A – Il existait autrefois sur le terroir de la commune beaucoup d’arbres fruitiers dispersés sur tout le terroir, dans les jardins et dans les champs. Parmi les arbres à pépins étaient le poirier, mais surtout le pommier. Au nombre des arches à noyaux, on cite le cerisier, le guignier, le merisier, le pécher, le prunier. On compte encore aujourd’hui une cinquantaine de noyers; les noisetiers croissent naturellement dans les taillis.
Pour mettre en évidence les pertes qu’a fait subir aux propriétaires le terrible hiver de 1879-80 il nous suffira de dire que dans un seul clos il a fallu abattre 50 arbres fruitiers, principalement des pommiers. On faisait avant ce désastre beaucoup de cidre avec les fruits récoltés. Les cerises et les noix sont portées sur les marchés de Braine et de Fismes où ces fruits sont un facile débit: les prunes se vendent bien aussi quoiqu’en moindre quantité que les cerises. On convertit les plus belles en pruneaux. Il n’est pas non plus de maison où la ménagère ne fasse chaque année de confitures de cerises, de prunes ou de groseilles. Tous les ans aussi les enfants font dans les bois leurs provisions de noisettes. Les bois fournissent encore des fraises parfumées, des morilles qui se rendent encore à un assez bon prix.
Avec les prunelles qui croissent naturellement et en assez grande quantité, certaines personnes font un liqueur assez estimée et même une boisson rafraîchissante.
Aujourd’hui on cherche à augmenter le nombre des arbres fruitiers. Le moyen le plus employé est la greffe des sauvageons. Les arbres tout élevées sortant de chez les pépiniéristes sont regardés, à tort ou à raison avec méfiance par nos paysans.
B – La vigne est très anciennement cultivée dans notre pays.
Nous voyons dans une lettre datée de 1428 que: « la mairie de Paars avec ses cens, vinages, pressoir, four bannier était affermée à 32 livres ». Près de 9 hectares sont plantés de 12 000 pieds de vigne. On récolte, année moyenne, environ 350 pièces d’un vin suret, agréable au goût très rafraîchissant, recherché autrefois par les fabricants de vin de Champagne et qui a le grand avantage, très apprécié aujourd’hui, d’être naturel.
A – Le houblon n’est pas cultivé dans la commune, mais on le trouve assez grande quantité à l’état sauvage dans les haies et dans les bois Quelques personnes le récoltent et le font servir à la fabrication d’une bière légère économique.
B – La betterave destinée à l’alimentation du bétail est cultivée en petite quantité: 8 hectares seulement sont consacrés à cette culture. Comme plante industrielle, elle est cultivée sur une plus grande échelle. 25 hectares de terres labourables sont tous les ans ensemencées de cette façon. Ces betteraves sont livrées en totalité aux fabriques de sucre de Fismes. Cette culture tend à disparaître de notre territoire, le produit en étant très peu rémunérateurs.
A – Environ 12 hectares sont consacrés à la culture de la pomme de terre. Ces tubercules sont employées partie à la nourriture de l’homme, partie à l’alimentation des bestiaux surtout des porcs.
B – Les jardins sont nombreux: ils comportent une étendue d’environ 9 hectares. Ils sont généralement contigus aux maisons et entourés d’un mur de haies. Cependant aux « Closelets », à la pâture Beauvais, les champs qui sont de 1ère qualité ont été convertis en jardins potagers non fermés. Une grande quantité des légumes récoltés alimente la consommation locale. Le surplus est vendu sur les marchés de Braine et de Fismles.
C – Une culture nouvelle s’est acclimatée dans d’assez fortes proportions à Paars depuis une quinzaine d’années. Avant la guerre, on ne connaissait pas l’asperge : aujourd’hui il y en a plus d’un hectare divisé il est vrai en un grand nombre de petites parcelles. Le terrain généralement sablonneux du pays convient merveilleusement à cette culture. Les produits sont très beaux et se vendent avantageusement.
D – Naguère encore une culture assez importante existait à Paars: celle du chanvre. Il y avait près de 5 hectares de chanvrières dont les produits transformés en toile par une demi-douzaine de tisserands servaient à l’habillement de toute la population.
Il y avait aussi anciennement un moulin à huile de chènevis.
Le lieu-dit « le Vieux Tordoir » date de cette époque.
Néant
Néant
A. Chevaux: le dernier recensement a donné 51 chevaux. Ces animaux appartiennent pour la plupart à la race ardennaise modifiée à la suite de croisements. Vingt neuf sont requis pour le service militaire.
B. Les ânes, les chevaux du pauvre, sont au nombre de six. Ils sont généralement bien soignés et rendent beaucoup de services.
C. Bœufs, vaches
Les bœufs sont peu employés: on n’en compte que 4. Cependant, la race bovine est bien représentée: il y a 68 vaches . Les trois plus grosses fermes en comptent 25 environ. Le reste est partagé entre tous les habitants du pays. Beaucoup de ménages ont une vache. Le lait entre en grande partie dans leur nourriture; le superflu est converti en fromages mous et en beurre qui trouve un facile écoulement sur les marchés de Braine et de Fismes.
Les vaches étaient autrefois menées au pré par un vacher (voir n° 2). Aujourd’hui elles restent constamment à l’étable et comme ces bâtiments sont presque tous construits dans des conditions déplorables, il est loin de résulter beaucoup d’avantages de ce nouvel état de choses. Annuellement il est livré en moyenne à la boucherie 30 veaux âgés de 6 semaines et 3 animaux adultes engraissés vers l’âge de 10 à 12 ans.
D. Moutons
Il y a 30 ou 40 ans il y avait à Paars plus de 2000 moutons. Aujourd’hui la situation est bien changée et c’est tout au plus si l’on compte 600 têtes de bétail réparties presque également en 3 troupeaux. C’est que l’élevage du mouton est loin d’être favorable à la suite de l’active concurrence faite par les colonies anglaises. Nos fermiers ne prennent plus aujourd’hui de moutons que pour le fermier, le parc et la boucherie: ils ne s’attachent en aucune façon à la beauté des laines. On tond les brebis une fois par an vers le milieu du mois de mai. Avant cette opération, on conduit les moutons à la rivière de Vesle pour y procéder au lavage à dos de la laine. Une toison produit dans ces conditions environ 4 kg de laine d’une valeur de ….(blanc).
E. La chèvre est la vache des pauvres
Elle est tenue à l’étable. On en compte une douzaine. Leur lait est consommé sur place.
F. La race porcine est nombreuse à Paars
Tous les ans près de 80 porcs sont abattus soit pour la consommation locale soit pour la consommation étrangère. On en conserve un pour la nourriture de la famille et on vend l’autre au prix moyen de 110 francs.
G. Les ruches sont nombreuses
Cependant le nombre en varie souvent et il est assez difficile d’être bien fixé. En 1887, on en comptait 70 chez 6 propriétaires. La valeur d’une ruche en plein rapport est de 25 francs. La production moyenne d’une ruche est de 2 kg de cire et de 12 kg de miel.
H. Il est assez difficile d’apprécier exactement le nombre des animaux de basse-cour: nous admettons une moyenne de 800 poules, de 200 lapins, de 300 pigeons et une quantité beaucoup moindre de canards, oies, dindes et pintades.
Les pigeons méritent une mention particulière en raison de leur nombre exagéré; ils vont chercher leur nourriture au milieu des récoltes auxquels ils font beaucoup de tort surtout à l’époque de la moissons et des semailles.
I. Les fouines et les putois rendent quelquefois visite aux poulaillers et aux clapiers mal gardés. Ces animaux autrefois très nombreux deviennent heureusement fort rares dans notre pays et ce n’est que de loin en loin, au temps des neiges qu’on s’empare de quelques renards. Parmi les animaux nuisibles nous citerons encore les loirs qui ravagent nos espaliers et les mulots.
Depuis un certain nombre d’années, des bandes de 15 ou 20 sangliers font de nombreuses apparitions sur notre territoire et l’on s’étonne que des battues ne soient pas organisées pour détruire ces animaux malfaisants.
Au nombre des insectes utiles, nous citerons: la coccinelle ou bête à bon Dieu qui dévore les pucerons; le carabe doré vulgairement appelé catherinette, jardinière, et les abeilles dont nous avons parlé plus haut.
A – La chasse est réservée sur tout le territoire de Paars. Les chasseurs, très nombreux pour un si petit territoire (il y en a une douzaine) ont formé une association. Il est convenu entre eux, dans le but de ne pas détruire complètement le gibier de ne chasser que deux jours par semaine, le dimanche et le jeudi outre les jours de fête. Tout contrevenant est frappé d’une amende assez forte dont moitié est attribuée à la commune, moitié au garde.
Le pays, assez giboyeux, le serait encore plus si l’on usait de plus de sévérité à l’égard de certaines personnes très amies des lacets en fil de laiton.
Le territoire accidenté et couvert de petits bouquets de bois est favorable à la multiplication des lapins et des lièvres qui y trouvent facilement l’un un gîte, l’autre un terrier.
Le gibier à plumes se compose surtout de perdrix, de cailles, de bécasses et de canards sauvages. La perdrix est originaire de nos pays; la caille à la chair estimée ne séjourne que quelques mois parmi nous: elle s’enfuit dans des climats plus méridional à l’approche de l’hiver. Au contraire, les bécasses, les oies et les canards sauvages viennent alors des pays septentrionaux et passent chez nous la froide saison.
B – La pêche
La Vesle était autrefois très poissonneuse. Mais les eaux des égouts et des fabriques de Reims qui sont jetées dans la rivière l’ont complètement dépeuplée. Les rares poissons qu’on y rencontre se trouvent à l’embouchure des petits ruisseaux qui tombent dans la rivière; encore leur chair n’est-elle pas de première qualité.
Une pétition des habitants des villages riverains adressée au ministre de l’Agriculture en 1880 a donné un certain résultat.
La ville de Reims a été mise en demeure de cesser de déverser dans la Vesle ses eaux de fabriques et d’égout et le ministre a ordonné que le curage de la rivière soit opéré à ses frais…mais c’est tout…Le décret est encore à exécuter à la date où nous écrivons.
Néant
Dans le banc de calcaire grossier qui constitue la partie supérieure de nos montagnes, ont été ouvertes plusieurs carrières, les unes à ciel ouvert, les autres creusées en galeries souterraines. Ces carrières peu profondes sont aujourd’hui inexploitées. Trois d’entre elles sont situées dans le flanc de la colline qui domine Paars au Nord-Est; deux autres se trouvent dans le contrefort qui séparé les villages de Courcelles et de Paars.
On tire aussi des pierres destinées à la fabrication de la chaux au-dessus de la route de Paars à Vauxcéré.
Le Sol de la Bruyère et des Graverolles est journellement retourné pour en extraire des cailloux destinés à l’empierrement des routes.
Paars a pour usine, un four à chaux que le propriétaire fait valoir lui-même et qui produit environ 600 hectolitres de chaux par an.
Il existait autrefois près de la ferle du Poteau une briqueterie dont les bâtiments abandonnés sont dans un état très avancé de dégradation.
On a démoli l’année dernière le moulin abandonné depuis 7 à 8 ans: les pierres provenant de la démolition servent à l’empierrement des routes.
Paars, le 7 mai 1888
signé: G. DROUX
Sources : Archives Départementales de l’Aisne 13 T 842