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Monographie de Cuiry-HousseHistoire locale / Articles

Thème : CommunesCatégorie : MonographiesCommune(s) : CUIRY-HOUSSEAuteur : Coquillette instituteur -Transcrit par Agnès Argot


Département de l’Aisne – Arrondissement de Soissons – Canton d’Oulchy-le Château

L’église -A.Argot


I – Géographie physique


1°) – Situation astronomique de la commune – Son étendue superficielle, son territoire, son
terroir, ses différentes divisions ; fermes, écarts, lieux-dits.


La commune de Cuiry-Housse est située par 1° 9’ 20’’ de longitude est, de 49° 17’ 48’’ de
latitude nord, à 49 kilomètres sud de Laon, 17 km sud-est de Soissons et 15 km nord-est d’Oulchyle-
Château.
Les communes limitrophes sont : au nord-est Lesges, à l’est Jouaignes, au sud Branges et
Arcy-Ste-Restitue, et à l’ouest Maast-et-Violaine.
L’étendue superficielle du village est d’environ 15 hectares. Le territoire est relativement
étendu, compte 854 hectares et le terroir environ 800. Quatre fermes importantes sont situées
dans le village, et une autre petite ferme à laquelle est annexée une tuilerie est distante de 1
kilomètre de la commune. Cet écart est désigné sous le nom de La Tuilerie.
Le territoire est divisé en deux sections : la section A de la Muterne formée de terres
labourables, et la section B du Village dont les deux tiers sont aussi en terres labourables et le
reste comprend emplacements des habitations et autres bâtiments, les jardins, les terrains,
pentes, les bois et les prairies.
Les lieux-dits sont : le Vicomté d’Epritel, la borne couchée, la touffe d’ortie, l’arbre Milet, la
Muterne, les Grands Fossés, la Sente d’Epritel, le Charvey, l’issue des Carrières, la sente, le Dessus
du Grand Pré…[ligne manquante], l’arbre aval, le Chemin d’Oulchy, la Sente de Violaine, le Coin
Josse, les Longues-Raies, les Fontaines-d’Arçons, la Justice Quinzin, la Crémaillère, la
Chardonnière, le Poteau, le Muid d’Housse, le Chemin d’Housse, la Sente d’Housse, la Masure, le
Broutet, l’Orme du Broutet, le Poirier, la Hallebarde, le Jardinet, le Hureau Frédolet, le Chemin de
Branges, le Paradis, la Fosselle, le Mont de Billy, le Fond de Vorges, les Terres blanches, le Dessus
du fond de Vorges, le Chemin de Lhuys, la Carrière des Boules, l’Estrapade, la Vallée de la Tuilerie,
la Tuilerie, le Pré Monsieur, les Aulnettes, le Pavé de Mareuil, le Dessus de l’Etang, l’Etang, le
Moulin-Brûlé, la Vallée du Moulin-Brûlé, le Croupet, le Clos Grélot, le Moulin à vent, Dessus le clos
Grandin, le Mont de Lesges, le Dessus des Carrières, la Mante, le Village, le Dessus des Vignes et la
Ruelle ferrée.(1)
(1) plan cadastral de la commune

2°) – Noms successifs qu’a portés la commune


La commune de Cuiry-Housse a été longtemps désignée sous le nom de Cury-Housse. Le mot
Housse parait être une altération du terme anglais House signifiant maison. On est fondé à faire
cette supposition à cause de l’abbaye qui s’élevait autrefois au lieu-dit la Masure et au pied d’une
colline boisée désignée aujourd’hui sous le nom de la Butte d’Housse


3°) – Relief du sol


Le territoire comprend un plateau très fertile et deux collines presque parallèles entre
lesquelles est encaissée une petite vallée. Le village est situé à l’endroit où cette vallée prend
naissance.


4°) – Météorologie


La vallée est si étroite qu’elle ne peut donner naissance à d’épais brouillards. Le territoire
est généralement préservé des orages venant du sud-ouest grâce à la butte d’Housse située à 3
kilomètres de la commune et qui sépare les gros nuages. Le pays est souvent aussi pour cette raison
à l’abri des ravages de la grêle.


5°) – Géologie


On rencontre plusieurs sortes de terrains : le terrain tourbeux dans la prairie, le terrain
calcaire sur les hauteurs, mais sur une très petite étendue, et notamment le terrain argilo-siliceux.
Cette nature de terrain, quoique contenant déjà une certaine proportion de calcaire, est encore
rendue plus fertile quand elle est marnée.


6°) – Hydrographie : ruisseau


Un ruisseau l’Ovion, prend naissance au centre du village, coule dans la direction de l’est, et,
après avoir reçu les eaux de Lesges, de Jouaignes et de Quincy-sous-le-Mont, va se réunir à la
Muze, affluent de la Vesle sur le territoire de Mont-Notre-Dame.


7°) – Les marais : leur situation et leur superficie


Les marais comprennent toute la vallée et ont une superficie d’environ 20 hectares. Des
fossés sont pratiqués dans tous les sens pour l’assainissement du terrain.


8°) – Les bois : leur superficie et leurs principales essences


On ne voit sur tout le territoire que quelques bosquets d’une contenance totale de 8
hectares. Les principales essences sont : le bouleau, l’orme, le frêne et le peuplier. Le châtaignier
paraît être l’essence qui dominait autrefois. Les charpentes des anciennes constructions telles que
l’église, l’ancien presbytère et la grange des Dîmes semblent le prouver.

9°) – Faune communale


Le bois étant d’une si petite étendue ne retient que le renard et le lapin, mais le territoire
nourrit une grande quantité de lièvres et de perdrix.


10°) – Flore communale


Elle n’est pas bien riche et ne diffère nullement de celle des communes voisines.


11°) – Chiffre de la population


La population officielle, d’après le recensement de 1886, est de 177 habitants. C’est à peu
près le chiffre moyen de ceux qui ont été constatés depuis 1836. Voici du reste les résultats
donnés par les recensements depuis cette époque. En 1836, la population officielle était de 164
habitants ; en 1841, de 170 ; en 1846, de 183 ; en 1851, de 200 ; en 1856, de 202 ; en 1861, de 199 ;
en 1866, de 185 ; en 1872, de 192 ; en 1876, de 192 et en 1881, de 191.


12°) – Nombre des naissances, mariages et décès dans les dernières années

AnnéesNombre de
Naissances
MariagesDécès
1853 à 186264965
1863 à 1872571840
1873 à 1882641652
1883220
1884501
1885512
1886332
1887104


13°) – Particularités sur la constitution physique des habitants, leur régime alimentaire, leur
longévité, leur caractère, leurs moeurs, leurs jeux, leurs usages, leur langage, leur degré
d’instruction.


Les habitants étant tous ouvriers des champs sont d’une forte constitution physique. La
viande et les légumes composent presque exclusivement leur alimentation. Quant à la longévité, il
serait bien difficile d’en établir une base, la population étant trop flottante. Le caractère des
habitants est bon, tranquille, et les moeurs régulières. Les jeux ont bien changé depuis une
vingtaine d’années. On ne fait plus de bonnes parties de paume qui assouplissaient les membres et
étaient autant de causes qui appelaient la population à se réunir. Tous les autres jeux en plein air :
jeux de quilles, de tonneau ont aussi disparu pour faire place, pendant un temps, aux jeux de
cartes. Aujourd’hui, on ne joue plus.
Le langage est assez correct, quoique présentant un léger accent local.
La municipalité n’est jamais restée indifférente à la cause de l’instruction de sorte qu’en
général tout le monde sait lire, écrire et compter. On ne rencontre que très peu d’illettrés.

II – Géographie historique


1°) – Evénements remarquables dont la commune a été le théâtre.


Les deux invasions de 1814 et 1870 ont causé de grands dommages au pays et des habitants
ont été maltraités.
D’après une note inscrite sur un des plus anciens registres de l’état civil, il est à supposer
que les Espagnols sont venus à Cuiry-Housse en 1650. Cette note est ainsi conçue : « On lit sur un
registre de Lège que le 28 aout 1650 les ennemis y sont venus, et y sont restés jusqu’au 19
septembre, que les habitants ont été obligés de fuir et ne sont rentrés chez eux que le 22
septembre. M. le Curé qui a écrit cette époque s’est plaint d’avoir perdu 2000 [?]. Il y a lieu de
croire qu’ils sont venu aussi à Cury et que les habitants n’auraient pas été plus épargné que ceux de
Lège. »
En 1870, un habitant de la commune, M. Ban Barnabé, a été arrêté pour un motif des plus
futiles. Il aurait dit en parlant des Prussiens : « J’en mangerai un. » Ces paroles furent rapportées
aux Prussiens qui firent enfermer M. Ban dans une maison où ils lui firent endurer un long supplice.
MM. Moussu et Didier ayant demandé sa mise en liberté, les Officiers prussiens promirent de le
relâcher ; mais pour ravir une proie à leurs troupes, ils durent recourir à un simulacre de conseil de
guerre. L’inculpé fut donc amené au milieu d’un grand cercle de soldats et en présence des
officiers. A un moment donné, un hurrah formidable emplit la vallée et dont chacun se méprenait
sur la signification. Mais aussitôt le patient fut mis en liberté.


2°) – Fouilles opérées sur le territoire de la Commune.


On a retrouvé un vase rempli de pièces de monnaie ancienne. Aujourd’hui on retrouve encore
des couteaux, des grattoirs, des gouges, des haches en silex et des pièces de monnaie romaine.


3°) – Anciens monuments remarquables ; murailles très épaisses.


D’après des fouilles qui ont été faites, il y a lieu de supposer que la ferme dite de la
Commanderie et située derrière l’église, est l’emplacement d’un ancien château fortifié. On a
retrouvé le pied de cinq tourelles reliées par des murailles très épaisses.
Les seules ruines qu’on trouve dans la commune sont celles d’une ancienne chapelle bâtie au
11ème ou 12ème siècle. Elles ont été jugées assez dignes d’intérêt pour que le 10 août 1874 une
députation des 14 membres de la Société archéologique de l’Aisne vienne les visiter.
Il existe encore un bâtiment dit la Grange des Dîmes et ainsi nommé à cause de son ancienne
destination.


4°) – Eglise : son vocable, date du patron, etc.


La commune possède une église dédiée à St Martin. La fête patronale se célèbre le 11
novembre. La longueur du monument est de 27 mètres et comprend deux bas-côtés. Il a été
restauré au 14ème siècle et a conservé le style romain dans la nef. Dans toutes les autres parties on
y trouve mélangés le plein cintre et l’ogive.

Les anciens vases sacrés et autres objets d’or ou d’argent ont été déposés à Soissons pour
concourir à l’augmentation du numéraire conformément à une proclamation de Louis XVI en date du
15 novembre 1789.
D’après la délibération suivante, l’église n’aurait pas toujours servi uniquement à l’usage du
culte :
« L’an second de la République française, le 28 thermidor, le conseil général de la commune étant
assemblé pour faire visitte de l’intérieur de l’église dudit lieu et pour constater l’état actuel des
réparations à faire, avait reconnu que les vitraux du bacôté du côté du nord sont tombés, et un
autre du côté du midy se trouve encore tombé, et que la plus forte partie des autres sont en
vétuseté, exepté le bas côté du côté du midy qui est tout neuf et que le planché de la nef pérÿ de
vétuseté, et d’après cette visite authorisons le dit Petit, après l’avis du district à se mettre en
possession de la ditte Eglise pour y engranger ses grain. A Cury ce jour et an que dessus. »


5°) – Ancienne abbaye


La commune possédait une abbaye qui était située à 3 kilomètres du village et à l’extrémité
sud du territoire au lieudit la Masure. Aujourd’hui, il ne reste plus que les fondations recouvertes
de terre ; mais on voyait encore des pans de murailles il y a environ trente-cinq ans.


6°) – Maladrerie


Il existait une maladrerie à environ 600 mètres du village sur le côté sud du chemin de
Soissons. Elle a été transférée dans l’ancienne abbaye, et par un édit de Louis XIV en date du 12
juin 1698 les biens qu’elle possédait ont été réunis à l’Hôtel-Dieu de Château-Thierry ce qui
constitue le droit qu’a la commune à un lit dans cet Hôtel-Dieu.


7°) – Inventaire des documents historiques de toute nature qui se trouvent dans les archives.
Registre de l’état civil depuis 1659. Registre des délibérations du Conseil municipal depuis
1789.


Les archives communales contiennent encore un document qui sans concerner la commune de
Cuiry-Housse, paraît présenter quelque intérêt à cause des renseignements qu’il contient sur
l’origine des propriétés possédées dans différentes communes du département par des
Etablissements tels que : hôtels-Dieu, séminaires, etc. C’est la copie d’un bref du Pape en date du
30 septembre 1870 ordonnant la suppression de l’Abbaye des Célestins de Villeneuve St Germain,
et indiquant que les biens de cette Maison seront distribués au Clergé et à des Etablissements
pieux moyennant certaines redevances telles que blé.
Délibération prise à l’occasion de la fête de la Fédération :
« L’an mil sept cent quatre-vingt dix, le quatorze juillet, après la convocation faite à la
Garde nationale et aux habitants de la paroisse de Cuiry et annoncée la veille au son de toutes les
cloches pour suivre à la confédération générale qui se fait en ce jour à Paris et dans toutes les
communes du royaume et après la messe et à l’issu de laditte messe, à midi précise, après un
discours prononcé par Monsieur le Curé et Monsieur le Maire de la municipalité et a été fait d’une
voix unanime sur la place ou été l’autelle le sermant civique par la Garde nationale et les habitans
assemblée à cet effet, en présence de nous, Maire et Officier de la municipalité, Officier de la
Garde national et habitans soussignés. » (1)
(1) Registre des délibérations du conseil municipal et [ligne manquante]

8°) – Ecole : son ordre d’enseignement ; date de sa fondation, nombre d’élèves ; description
du bâtiment. Historique de l’instruction dans la commune.


La commune possède une école primaire laïque. Sa fondation régulière date de 1795. La
moyenne des élèves, garçons et filles, est de 25. Le bâtiment scolaire est de construction toute
récente : il a été terminé en 1873. Il est exposé au midi et comprend un rez-de-chaussée et un
étage. Au dessus de la salle de classe se trouve la mairie ; 4 pièces composent le logement de
l’instituteur. La dépense de cette construction s’est élevée à 17000 f dont la plus grande partie
provenait de la vente de terrains communaux. L’Etat a aussi concouru dans cette dépense pour une
somme de 2500 f.
Avant 1795, il y avait bien de loin en loin des maîtres d’école ; mais ce n’est qu’à partir de
cette époque que l’instituteur a été reconnu fonctionnaire communal. Cependant, même depuis ce
temps-là, la commune n’a pas toujours été pourvue d’un instituteur. Les enfants allaient alors à
l’école à Lesges, de même que ceux de Lesges venaient à Cuiry-Housse quand il n’y avait pas
d’instituteur dans leur commune.
Installation d’un instituteur dans la commune :
« Aux citoyens composant la municipalité, le conseil général et les membres du comité de
surveillance de la commune de Curÿ-Housse.
Expose, Athanase Petit, cÿ devant clerc laïc de la susditte commune, que suivant le décret
de la Convention nationale en datte du 29 frimaire, l’an second de la République française, sur
l’organisation de l’instruction publique, nous déclare qu’il est dans l’intention d’ouvrir une école
publique dans laditte commune à l’effet de montrer les premiers éléments d’instruction aux
enfants, scavoir à lire, à écrire et l’arithmétique et ce suivant les livres qui seront envoyés par la
Convention nationale. Je me soumet à toutes les lois de laditte Convention nationale, et je me
propose de montrer les enfants dans les livres, scavoir, les premiers sont le droit de l’homme, la
constitution, le tableau des actions héroïques ou vertueuse ; enfin je me conformerée audit décret,
à Cury le vingt sept germinal, deuxième année républicaine, une et indivisible. » (1)
(1) [ligne manquante]


III – Géographie économique


1°) – Etat des terres : assolement, jachères, engrais, principaux instruments aratoires : les
céréales


Les terres sont très bien tenues. On suit l’assolement biennal et triennal alterne. C’est la
culture de la betterave qui, en nécessitant l’assolement triennal, permet de ne pas faire de
jachères, parce qu’elle exige des binages qui ameublissent le sol et détruisent les mauvaises herbes.
Les engrais employés indépendamment des fumiers, sont : le guano du Pérou, le superphosphate, le
sulfate d’ammoniaque et les chiffons de laine ou détritus des filatures.
Comme principaux instruments aratoires, on emploie : la charrue brabant, les herses en bois
ou en fer, le tricycle, les rouleaux en bois et en fonte, le croskill, la faucheuse et la moissonneuse,
les semoirs et les râteaux à cheval.
Les céréales cultivées comprennent le blé, le seigle, (pas de méteil), l’avoine et très peu
d’orge

2°) – Prairies naturelle et artificielles ; usages existants au sujet des pâturages.


Les prairies naturelles qui pourraient donner un foin excellent servent de pâturages aux
moutons. Quant aux autres, elles ne produisent que des joncs qu’on emploie comme litière. Les
prairies artificielles produisent la luzerne, le sainfoin et les trèfles. A l’exception des moutons, on
n’a l’habitude de conduire les bestiaux au pâturage qu’à l’automne.


3°) – Les arbres fruitiers et la vigne.


Les arbres fruitiers et la vigne ne sont pas en grande faveur dans la localité. On ne voit des
arbres fruitiers (poiriers, pommiers et pruniers) que dans les jardins, et il y a à peine 35 ares de
vignes.


4°) – La betterave.


La betterave est une des principales productions du pays ; on en cultive en moyenne 140
hectares par an.


5°) – Les biens communaux.


Les biens communaux comprennent environ 9 hectares en bois, prés et terres cultivées. Les
dernières sont louées à bail.


6°) – Les animaux domestiques : chevaux, ânes, bêtes à cornes ou à laine, chèvres, porcs ;
les abeilles.


Il y a dans la commune environ 70 chevaux, 3 ânes, 30 boeufs de travail et 50 vaches, 3500
moutons, 30 porcs et 10 chèvres. On compte 25 ruches d’abeilles en activité.

7°) – Carrières.


La carrière souterraine n’est exploitée que pour les besoins du pays.

8°) – Usines et manufactures.


Une distillerie agricole occupant 4 ouvriers et une tuilerie n’en occupant que deux, sont les
seules usines de la localité.


L’instituteur de Cuiry-Housse,
COQUILLETTE
Pas de date
Transcrit par Agnès Argot le 29/12/2013
Source : d’après une copie des AD de Laon