Catégorie : MonographiesCommune(s) : AUBIGNY-EN-LAONNOISAuteur : Jouan instituteur
Département de l’Aisne
Arrondissement de Laon
Canton de Craonne
Commune d’Aubigny
Géographie de la commune D’AUBIGNY
Divisée en trois parties : ler géographie physique, 2è géographie historique,
3è géographie économique
1ère partie
Géographie physique
1 – situation astronomique de la commune : son étendue superficielle, son territoire, son terroir, ses différentes divisions, hameau, ferme, écarts, dépendances, lieux dits :
Aubigny, canton de Craonne est situé à 1°27’13’’ longitude Est et à 49°29’58’’ latitude.
Ce village est bâti sur le flan d’une colline assez élevée (200 mètres environ au-dessus du niveau de la mer) ; elle commence au camp de César près de St Erme et se termine à Monampteuil.
En un mot pour donner un coup d’œil général la situation et l’aspect du pays voici ma manière de le décrire ; ce village s’avance en pointe entre 2 cuves vinicoles situées à l’Est et à l’Ouest et qui ont été autrefois la richesse du pays par la quantité et la qualité des vins blancs très renommés qu’ils ont fournis ; elles rappellent aux voyageurs la cuve de Saint Vincent de Lon, bien connue dans l’histoire pour ses vins généreux.
Aubigny parait reposer sur un immense fauteuil dont les deux robustes bras sont au Nord Est une petite colline qui se relie à celle qui part du camp de César et qui sépare le terroir d’Aubigny de ceux de St-Thomas et d’Aizelles et le second au Sud-Ouest formé par notre chaîne de montagnes établit la limite des terroirs d’Aubigny et de Ste Croix.
Ces bras étaient ornés à leur extrémités par deux moulins à vent avec deux tours en pierres, dont l’un, le moulin Régina situé à l’Est a été démoli il y à peu près 20 ans, et l’autre placé au Sud-Ouest appelé le moulin d’Aubigny a été démonté il y a deux ans ; la tour de ce dernier est en démolition ; ils faisaient face au midi sur la même parallèle ; de ces deux tours on apercevait Reims et toute la Champagne, et les Ardennes vers Charleville. Aubigny, tant pour sa situation topographique que pour la fertilité de son terroir et le magnifique panorama qui se déroule devant lui, est un des beaux sites de notre département ; en effet, assis sur la rampe d’une montagne au milieu de vignes, de bosquets, il jouit d’une rare salubrité ; d’un côté, du milieu de ses rues, du sein de ses habitations on voit à droite les riches et célèbrs montagnes de Ste Croix et de Caronne couvertes de vignes et de bois, à gauche, à perte de vue on découvre toute la Champagne et au midi, on voit s’élever à une distance de huit lieues, la majestueeuse cité Rémoise, avec ses tours et ses dômes élancés ; derrière comme pour finir ce beau et gigantesque tableau, on distingue les montagnes dites de Reims, qui lèvent bien haut leur tête orgueilleuse et fière d’avoir Bouzy et Versenay pour couronne.
Le chef lieu du village est assez mal bâti. A l’exception de l’ancien château et du presbytère qui sont construits en partie en pierres de taille et couverts en ardoises, toutes les autres maisons sont bâties en moellons et couvertes en tuiles ; elles sont presque toutes établies dans des cours ; les rues sont empierrées et étroites ; les maisons ne sont pas alignées ; la principale est montueuse ; elle aboutit au chemin vicinal N° 3 qui conduit à la route Vivinale qui part de la Maison Rouge, et se dirigeant vers St Erme, d’une seconde à peu près unie qui conduit à St Thomas, d’une troisième qui est plate allant à Aizelles par les marais, et d’une quatrième en pente assez raide, qui va rejoindre au Petit St Jean le chemin vicinal conduisant de Aizelles et à la route nationale de Laon à Reims, de trois petites ruelles, dont deux très raboteuses, et de quelques maisons adjacentes.
Aubigny est à 18 kilomètres au Sud-Est de Laon, son chef-lieu de département et d’arrondissement ; et à 8 kilomètres au Nord de Craonne son chef-lieu de canton.
Les communes qui l’environnent sont : dans le canton de Sissonne à 13 kilomètres, Courtrizy à 3 kilomètres 500 m , Maquigny en Haie à 4k 600 m Nord-Est St Erme 4k500m. Dans son canton, à m’Est St Thomas à 3 kilomètres ; au Sud-Est, Aizelles à 3 kilomètres ; au Sud, Corbeny à 5 kilomètres et au SudOuest Ste Croix à 3 kilomètres ;
Dans le canton de Laon, Arrancy à l’Ouest à 3 kilomètres et au Nord-Ouest Festieux à 4 kilomètres.
Son territoire a une étendue superficielle de 441 hectares.
Son terroir comprend 424 hectares.
A l’époque du cadastre, en 1828, cette superficie était ainsi répartie .
Propriétés non bâties imposables :
1 – terres labourables 181 ha 92 a 90 c revenus 3274 F 79
2 – jardins 2 ha 00 a 70 c revenus 72 F 25
3 – pépinières 0 ha 16 a revenus 5 f 76
4 – peupleraies 0 ha 10 a 40 c revenus 4 f 37
5 – pâtures 2 ha 3 a 20 c revenus 20 f 32
6 – prés 36 ha 22 a 20 c revenus 989 f 55
7 – vignes 50 ha 79 a 20 c revenus 2472 f 89
8 – terrains plantés 13 ha 24 a 20 c revenus 467 f 61
9 – bois 82 ha 25 a 20 c revenus 2157 f 44
10 – oseraies 0 ha 17 a 90 c revenus 5 f 37
11 – marais 5 ha 79 a 90 c revenus 57 f 59
12 – savarts 46 ha 51 a 30 c revenus 93 f 03
13 – superficies des propriétés
bâties 2 ha 98 a 60 c revenus 93 f 61
objets non imposables.
Grande route n°44, chemins vicinaux, chemins ruraux, sentes, ruisseaux, rues, cimetière, superficie de l’église du presbytère et de son jardin, et de tous autres bâtiments d’utilité publique, lavoir, etc… 16 ha 73 a 80 c ; mais depuis 22 hectares de bois, 6 hectares de prés et, environ 38 hectares de vignes et 10 hectares de savarts ont été convertis en terres labourables.
La Maison Rouge, hameau composé de 10 maisons situé sur la colline qui domine le vallon du ruisseau de Fayaux est à l’ouest d’Aubigny, à 2 kilomètres ; il est bâti de chaque côté de la route nationale n° 44 de Laon à Reims.
La première maison fut construite par Louis Deseuste, il y a environ 125 ans ; elle portait alors un nom qui lui convenait très bien à cause de sa situation , celui de Bellevue. Mais plus tard, une autre maison y fut bâtie, et comme elle était couverte en tuiles rouges, les voyageurs qui arrêtaient à cette auberge lui donnèrent le nom que ce hameau porte aujourd’hui ; c’est ainsi qu’il s’agrandit par la construction d’autres maisons.
Avant l’établissement des chemins de fer, cette dépendance avait une grande importance par la circulation continuelle des voyageurs et des rouliers qui allaient et venaient de Reims à Laon et St Quentin, etc…
La Maison Rouge à vu une fonderie de cloches établie par M. M. Loiseau et Antoine.
Avant de couler les cloches, le clergé suivi d’un grand nombre d’habitants, se rendait en processin au lieu o* on les fondait, et après des chants et des prières, le prêtre bénissait le liquide qui allait être transformé en cloches. Le fondeur, aussitôt qu’ila vait constaté par lui-même que la fonderie avait réussi entonnait le Te Deum, et l’assistance le continuait. On venait de loin à la Maison Rouge pour y faire fondre des cloches ; cette fonderie a duré de 1828 à 1846.
Il y a eu aussi dans ce hameau une plâtrière qui a commencé en 1842 et qui a fini en 1860/
Les carrières situées à quelques centaines de mètres au sud de la Maison Rouge à droite et le long de la route nationale, étaient très renommées pour leurs pierres dures. Aujourd’hui il n’y plus aucune industrie ni commerce importants. Il y a seulement une auberge.
Saint-Jean, ferme : in territorio Ville que vocatur Santus Johannes 1153. (cart. De l’abbé de Foigny, folio 49) maison isolée dépendante d’Aubigny . Au 12è siècle le domaine de St Jean appartenait aux seigneurs d’Aubigny Josselin, l’un d’eux le vendit aux moines de Foigny en 1193, pour la somme de trente sous de Provins (dictionnaires topographique du département de l’Aisne par A. Matton) ; située à un kilomètre et au sud du village bâtie sur la côte d’un petit plateau et sur l’emplacement d’une ancienne abbaye qui fut habitée disent les anciens du pays par des moines rouges et des Huguenots. Ce qui peut faire supposer la présence de ces derniers dans ce lieu c’est qu’il y a un endroit appelé le cimetière des Huguenots. Il se trouve à une petite distance de la ferme et au sud, à l’extrémité nord du bois appelé : bois de Mèche.
Le Petit Saint-Jean , maison isolée autrefois ferme, située à un kilomètre 600 mètres au sud d’Aubigny le long et à gauche de la route nationale de Laon à Reims. Cet endroit est à une hauteur de 119 mètres au dessus du niveau de la mer. Près du Petit St Jean, il a été construit en1874, une bascule pour l service de la sucrerie de Berry au Bac. Elle reçoit annuellement en moyenne un million deux cent mille kilogrammes de betteraves.
Le lieu le moins élevé du terroir se trouve au niveau du ruisseau de Fayaux, entre Aubigny et St Jean, il est à une altitude de 95 mètres.
La Polka , maison isolée située au nord ouest à un kilomètre et à quelques centaines de mètres à gauche du chemin vicinal n° 3 de la Maison Rouge à St Erme. Cest vers cet endroit que se trouve le point le plus élevé du canton de Craonne, il est à une altitude de 209 mètres. Cette Maison porte l’inscription suivants ; Je suis bâtie et baptisée la Polka, en 1848. Ce nom lui a été donné sans doute par ce que l’on a commencé cette année là à danser cette figure.
LIEUX DITS
1 – la Chaise Madame
2 – le Calvaire
3 – les Savarts
4 – les Hauts Huleux
5 – les Bas Huleux
6 – les Belles Javelles
7 – le Grand Braye
8 – Chemin de St Thomas
9 – à gauche du chemin de St Thomas
10 – les Epinettes
11 – les prés du chemin de Saint Erme
12 – prés des Commandes
13 – les Vagères
14 – bois des Commandes
15 – les Besconds
16 – Folies Liserones
17 – Vignes des Commandes
18 – les Moisses Vignes
19 – les Fayets
20 – les Craillettes
21 – les Tannières
22 – le chemin de Mauregny
23 – les Judas
24 – les Brises Bras
25 – les Gros Chiens
26 – la Rue
27 – la Commanderie
28 – Le Château
29 – les Jacquettes
30 – La Fosse
31 – les Lucelets
32 – le Carreau
33 – la Forte Terre
34 – la Grande Place
35 – Les Etangs
36 – les Tanguiers
37 – la droite du chemin de St Thomas
38 – les Grands Terriers
39 – le Lilet
40 – Les Girondelles
41 – le Moulin Regince
42 – les Roiselets
43 – Les Longs Prés
44 – les Bas Bouleaux
45 – les Hauts Bouleaux
46 – le bois de Mèche
47 – la grande Pièce
48 – sous la grande terre de St Jean
49 – le Marais
50 – les prés du chemin d’Aizelles
51 – la fontaine à la Saule
52 – les prés Roseaux
53 – le pré des Gloriettes
54 – le pré Cortu
55 – les vignes du chemin d’Aizelles
56 – les vignes des gloriettes
57 – au dessous des Gloriettes
58 – le chemin du marais
59 – au dessous des Grands Jardins
60 – le Tourtiva
61 – les Grands Jardins
62 – les Bassins
63 – le Cafout
64 – les Blés
65 – le Rotoy
66 – les Croix Basses
67 – la Fontaine Maire
68 – la rue d’en haut
69 – le village
70 – la rue d’en bas
71 – le Carrefour
72 – la rue des Visins
73 – la Ruelle Mignonne
74 – les Vignes Vilains
75 – la Voie de St Jean
76 – les prés des Terres Missons
77 – les Glisières
78 – les prés des Visins
79 – les vignes des Visins
80 – le Multeau
81 – les Pointes
82 – les Chênes Vignes
83 – les Gléreaux
84 – Les Géreaux
85 – les Terres Missons
86 – les Retournées
87 – les Courbins
88 – les Rougières
89 – les piques Reines
90 – les Bériolettes
91 – les Pétiots
92 – les Rosettes
93 – le vieux Raquedeau
94 – la voie Cita
95 – au dessus de l’église
96 – les vignes de Tomuïs
97 – le chemin de Laon
98 – le Railler
99 – les longues Vignes
100 – les Larris
101 – les Potions
102 – au dessous de la Maison Rouge
103 – au dessous de la Route
104 – les petits Rois
105 – le bout des Courbins
106 – le chemin du Moulin
107 – la fontaine Jean Begé
108 – le carreau Martin
109 – la Pâture
110 – le pré Bougrain
111 – Saint Jean
112 – au dessous du carreau Martin
113 – le moulin d’Aubigny
114 – la Maison Rouge
115 – au dessus des larris
116 – les longes Rayes
117 – la sente de St-Jacques
118 – le Parquet
119 – le Boquelet
120 – la longue Borne
121 – la garenne des Pelerins
122 – les Pomlotiers
123 – le chemin des Pelerins
124 – la Marnière
125 – le Bomiers
126 – au dessus du bois de Fussigny
127 – la Terre aux Poules
128 – la terre de Fussigny
129- le chemin des Blattiers
2 – indiquer les noms sucdcessifs qu’aurait portés la commune :
AUBIGNY. Village de l’ancien Laonnois, autrefois de l’intendance de Soissons, des baillages élection et diocèse de Laon (archives de la mairie) ; il remonte à une époque très reculée ; il existait peut-être du temps de Jules César ; ce qui pourrait le faire supposer, c’est le camp romain que ce grand général avait établi sur le plateau de la montagne qui domine St Thomas et au nord de ce pays, à trois kilomètres nord-est de notre village ; et aussi la voie romaine qui traverse le terroir de l’est à l’ouest sur une étendue de 3 kilomètres ; elles commence au sud, au douzième kilomètre et demi à compter de l’extrémité du département de l’Aisne, et se termine au quinzième et demi. Elle longe à gauche la route nationale n° 44 de Reims à Arras, et passe à la Maison Rouge derrière la ferme de M. Duguay cultivateur.
Saint-Rémy, évêque de Reims parle d’Aubigny dans un testament rapporté dans l’histoire de cette ville par Don Marlot.
En 906 albiniacus Diplôme de Charles __________________ le Simple. Histoire de __________________ France tome IX page 1012. Il est question du village d’Aubign dès le l0è siècle ; En 908, Charles le Simple donne aux moines de St Marcoul une demi manse à Aubigny avec le village de Corbény ; (Melleville, dictionnaire historique du département de l’Aisne).
En 1158 Albeni chartre de l’abbaye de de St Vincent de Laon
En 1176 Albigniaco (territorim de ) carte de l’abbaye de Foigny F 203
En 1210 Aubigniaco chartre de l’abbaye de St Vincent de Laon
En 1232 Albégniacus in Laudunesio
En 1243 aubégny cart. De l’abbaye de Foigny F. 154-157
En 1247 aubéni
En 1261 aubigni ch. du chapitre cathédrale de Laon
En 1405 AUBIGNY archives nationales J. 801 N°1
En 1536 aubigny comtes de Roucy
En 1668 aubigny paroisse St Nicolas – registres de l’état civil d’Aubigny
3 – relief du sol : monts ou collines (indiquer à quel système on les rattache : plateaux et plaine :
Le sol est très accidenté de tous côtés on voit des petits monts et des bosquets qui font en été, la beauté du territoire et qui forment un panorama magnifique.
Dans la partie nord-est au lieudit les Folies Liserones se trouve un petit mont au milieu d’une gorge et séparé des autres terrains par des chemins qui l’entourent. De ce côté, dans la partie Nord et dans la partie Ouest, les terres présentent aussi un aspect pittoresques ; elles sont groupées en amphithéâtres ; elles étaient autrefois garnies de vignes ; depuis plusieurs années les vignerons en arrachent tous les ans une certaine quantité attendu qu’elles ne donnent, il y a longtemps, qu’un très faible produit, qu’elles coûte beaucoup de soins et d’entretiens, et que les ouvriers sont rares et demandent cher. De sorte qu’il reste très peu de vignes aujourd’hui sur le terroir.
Les vignerons trouvent plus d’avantages à remplacer les vignes par les asperges, les haricots et les céréales qui demandent moins d’entretiens et qui leur donnent de plus beaux bénéfices.
La colline qui surmonte les carrières dites de la Maison Rouge et le lieu où était situé le moulin vent d’Aubigny produit à ceux qui ont vu les Apéniums un effet à peu près semblable à ceux de son aspect rocheux et stérile.
Au sud ouest, au sud et à l’est du village on remarque également plusieurs monticules boisés et des terrains aussi très accidentés ; on y voit une grande quantité de beaux peupliers ; enfin le territoire à des formes très variées .
Sur la montagne au nord est, à l’extrémité du territoire et vers l’endroit où l’on tire des pierres pour l’entretien des routes, on voit très bien, lorsque le temps est clair la cathédrale de Laon et celle de Reims (altitudes voir St jean et la Polka)
La colline sur le flanc de laquelle est bâti Aubigny et les eaux qui en découlent de la fontaine des Biserons, de celes de la pisslote qui sont au même niveau et celles de la fontaine Jean Bergé, qui est plus basse se rattachent aux montagnes de Craonne et au bassins de l’Aisne.
4 – météorologie :
La pays étant admirablement exposé vers le midi, et étant abrité à l’est, au nord et à l’ouest par la montagne on respire un air très pur et salutaire. Les hivers y sont relativement doux ; ainsi l’hiver de 1879 qui a été très rude et dans lequel il est tombé en décembre une grande quantité de neiges qui ont couvert la terre pendant près de 6 semaines et qui ont empêché la circulation durant quelques jours, presque tous les arbres fruitiers des pays voisins furent genlé tandis qu’ic ils furent à peu près tous épargnés étant abrités par la montagne.
En été, on jouit d’un panorama poétique et la température y est assez chaude à cause de l’exposition du village.
Les orages font rarement de ravages. Pourtant par exception, le 5 juin 1883, un orage épouvantable qui a duré depuis 1 h ¼ jusqu’à 3 h ½ du soir s’est déchaîné sur le terroir de la commune ; sa direction était du sud est à l’ouest, e il est tombé pendant 45 minutes de 2 h ¼ à 3 h une pluie torrentielle et des grêlons énormes qui venait du sud est et de l’ouest et ont fait un tort considérable aux vignes qui étaient admirables, en les déracinant et en broyant les jeunes pousses qui furent comme paralysés et ne donnèrent cette année aucun produit. Les haricots, les céréales et beaucoup d’arbres fruitiers furent aussi endommagés ; les dégâts furent évalués à la somme de 32 000 francs ; par suite d’une réclamation faite à M. le préfet, les habitants (_à) qui avaient éprouvé des pertes reçurent la modique somme de 280 francs.
Les anciens ne se rappellent pas avoir vu un orage semblable.
En hiver, les brouillards sont assez fréquents.
Les vents viennent le plus souvent du midi, midi ouest, et de l’ouest et rarement du nord.
Grâce aux eaux des fontaines qui proviennent des montagnes, et qui sont très légères et excellentes, on n’a jamais eu à se plaindre des épidémies, qui sévissaient dans les pays les plus rapprochés.
La Ferme de St-Jean est entourée de sources ferrugineuses très estimées par les médecins.
5 – géologie :
A St-Jean près de la ferme, il a été extrait, il y a une quarantaine d’années de la cendre noire près de la route qui conduit de St-Jean au Pietit St- Jean ; avant la révolution de 1793, M. Langlois, seigneur d’Aubigny, savant minéralogiste, conseiller honoraire à la cour des monnaies à trouvé dans le bois de Mèche, non loin où l’on a tiré de la cendre noire, assez de minerai d’or pour s’en faire une médaille du poids d’environ 100 francs. Cette pièce portant la mention de son origine mais des difficultés jusqu’alors insurmontables ont mis obstacle à l’exploitation de ce précieux métal.
Le sol se compose de plusieurs couches dont voici l’énumération . l – une couche crayeuse, 2 un banc de pierres un peu plus dures et à certains endoits formant roche, et servant pour la constructin, et à d’autres usages. Ce banc est recouvert d’une terre sablonneuse et calcaire dans la partie montagneuse du terroir ; dans les parties basse, le sol est glaiseux et marécageux ; sur la partie sud-est de la ferme de St- Jean regardant le bois Bouleau il est argileux et glaiseux. Sur la montagne, on trouve le cailloux rouléune grande quantité de liards de pierres et beaucoup de coquillages parfois intéressants. Dans les carrières, en tirant ds pierres pour le sciage, on rencontre de temps en temps de beaux coquillages putréfiés, et des huîtres qui le sont aussi, et dans le sable sous le banc de roches des dents de requins.
6 – hydrographie
L’eau de la fontaine des biserons dont il a déjà été parlé, et qui coule du nord au sud, forme un ruisseau qui traverse les bois de ce lieudit et l’étang ou le pavillon, va rejoindre dans le marais d’Aubigny, un autre ruisseau qui coule de l’ouest à l’est, et dont les eaux sortent de la fontaine Jean Bergé située dans le bois des Courbins, traversent le marais ci-dessus désigné et celui d’Aizelles et à leur entrée dans ce village, font tourner le moulin de M. Dutellier Berthe, et à leur sortie celui di le moulin Legros situé à environ 800 mètres du pays. Elles vont ensuite se jeter dans le ruisseau de Fayaux (Corbeny) puis elles rencontrent sur le terroir de Juvincourt le ruisseau qui porte le nom de cette commune. on peut dire que la fontaine des biserons et celle de Jean Bergé forment la source de la Miette. La vraie source de l’Ailette serait le versant de la montagne d’Aubigny faisant face à Ste Croix ; elle se manifeste par un ruisseau qu’on rencontre avant d’arriver aux premières maisons du village, côté est, se dirige vers les vieilles tuileries de Ste Croix et gagne les marais de Corbeny.
Une autre source appelée la fontaine bruyante à cause du bruit que les vieillards se souviennent avoir entendu autrefois de très loin. L’eau bouillonnait à sa sortie et donnait une température assez élevée ; elle est située sur la limite des terroirs d’Aubigny et de Courtrizy et renvoie les deux tiers de ses eaux sur le versant du nord de la montagne, se dirige par Pussigny vers les Marais de Mauregny, rejoint la forêt de Samoussy et va se jeter dans la Souche qui prend sa source à Sissonne. Cette rivière porte le nom de la Haye. L’autre tiers descend à Aubigny, traverse la route n°1 à 500 mètres environ de ce pay, et va par des endroits se confondre avec l’eau sui sorte de la fontaine de la Passelotte pour alimenter une fontaine publique qui coule continuellement, située à la Croix, et elles vont verser leurs eaux dans un lavoir communal couvert et se perdent ensuite dans le marais d’Aubigny.
Un peu avant la révolution de 1789, les Dames de France, possesseurs du château de la Bove (Bouconville) alors complètement dépourvu d’eau entreprirent des travaux de canalisation entre leur propriété et cette fontaine.
Mais la révolution est venue arrêter l’exécution de ce projet.
Ces trois rivières ne sont ni flottables, ni navigables, excepté l’Aisne qui a été canalisée sur une partie de son parcours par la jonction de la Marne à l’Aisne. On trouve des incrustations dans les ruisseaux d’Aubigny.
7 – les marais : leur situation, leur superficie, sont-ils en voie de desséchement :
Les prairies naturelles sont un peu marécageuses ; elles occupent plusieurs fonds et semblent être encaissées dans des gorges ; elles sont ler au nord-est les pré du chemin de St Erme et ceux des Biserons, au sud-est les prés du chemin d’Aizelles et le marais d’Aubigny ; au sud ceux compris entre la voie de St-Jean et la route n° 1 qui va d’Aubigny au Petit St-Jean, et ceux qui vont de cette route au chemin d’Aizelles et les prés dits de St Jean situés dans une gorge et qui se joignent avec le marais d’Aizelles ; ces prés occupent une superficie d’environ 30 hectares ; ils appartiennent aux habitants, la commune n’en possède plus ; ils ne sont pas en voie de desséchement ; le fourrage qu’elles produisent et de médiocre qualité ; les prairies contiennent beaucoup de peupliers.
8 – les bois et forêts : leur superficie et leurs principales essences :
Les bois occupent une superficie d’environ 64 hectares ; ils sont en plusieurs parties : au nord-est, les bois des Biserons et ceux des Roiselets à l’est ; au sud, le bois Bouleau, et celui de Mèche t au sud-ouest le bois de Courbins ; il n’y a pas de forêt.
Les principales essences qu’on y rencontre sont : le chêne, l’orme, le charme, le frêne, le hêtre, le tremble, le bouleau, le cessier, le châtaignier et le coudrier.
9 – faune communale :
La grande quantité de bois qui couvre le terroir y attirent principalement en hiver passablement de sangliers qui ravagent assez souvent les terres avoisinantes.
Les loups ont disparu entièrement depuis plusieurs années. Les lapins sont pas très nombreux. Quelques loutres ravagent les étangs poissonneux, des renards, des belettes, des putois, des fouines, des mulots, des rates, signalent leur présence.
Les oiseaux de la contrée qui peuplent le village, les champs, les bois et les bosquets sont assez nombreux ; en voici la liste : moineaux, hirondelles d’écuries, martinets ou hirondelles de fenêtres, mésanges, roitelets, rossignols des bois et rossignols de murailles, chardonnerets, pinsons, hoche-queues, rouge-gorge, fauvettes, loriots, alouettes, perdrix, cailles, pies, corbeaux, geais, ramiers, tourterelles, sansonnets, étourneaux, éperviers, chats-huants, grives, coucous, pics-verts.
10- flore communale :
Le terroir renferme un grand nombre de fleurs très variées : les primevères, les marguerites et les renoncules, embellissent les prairies ; la violette, le muguet, le thym, le serpolet, le lilas et les bruyères embaument les bois des montagnes ; on y remarque encore le trèfle blanc, le chiendent, l’ajonc, le genêt, la mauve, la fougère et une autre appelée vulgairement queue de chaval. Dans les bois en allant à St-Thomas, on voit aussi une fleur magnifique, qui a la forme d’une abeille, dont la couleur est rouge et veloutée. L’ivraie, la nielle, les fléoles, la flouve, les agrostides, le roseau, le jonc, le colchique, dans les prés ; le plantain, la petite te la grande ortie, le mouron, le liseron, la cuscute (rogne), la douce amère, la bourrache, le myosotis, la digitale, la véronique, les orobanches, la sauge, la menthe, le lierre terrestre, les lamies blancs et pourpres, la campanule, le sureaux, le caille lait, le chardon, le salsifis des prés, la chicorée sauvage, le pissenlit, la pâquerette, la mille feuilles, les grand et petite cigües, la chélidoine, la grande consoude, le réveil-matin, le coquelicot, le bluet, le fumeterre, la guimauve, la camomille, le houblon blanc.
On cultive aussi une grande quantité de fleurs d’ornement.
Les plantes que l’on cultive sont : le froment, le seigle, l’orge, l’avoine, le sarrasin, la luzerne, le trèfle ordinaire, le trèfle incarnat, le trèfle anglais, la minette, la grosse dravière, la lentille, la betterave, la carotte, le groseillier, l’oseille, le fraisier et le framboisier.
10 – chiffre de la population : augmente-t-elle ou diminue-t-elle ? a quelles cuases faut-il attribuer ses changements :
La population de la commune est d’après le recensement de 1881 de 295 habitants ; depuis 1861, elle a diminué considérablement. Ainsi dans l’espace de 20 années il y a eu une diminution de 101 habitants.
En 1270 on comptait 96 feux
En 1760 96 feux
Vers 1793 la population de 450 habitants
En 1860 421
En 1818 411
En 1826 407
En 1831 415
En 1836 419
En 1841 405
En 1846 407
En 1851 411
En 1856 407
En 1861 396
En 1866 367
En 1872 345
En 1877 329
En 1881 295
Cette diminution signalée ci-dessus vient surtout ler – que dans les 10 dernière années par exemple, et il y eu plus de décès que de naissances ; 2è – de ce que les familles sont de moins en moins nombreuses. On n’y voit plus aujourd’hui en moyenne que un ou deux enfants ; 3è – qu’il n’y a plus aucun industrie dans le pays ; que les vignes qui étaient autrefois une richesse pour les habitants diminuent considérablement, à cause des récoltes presque nulles que le vignerons font depuis plusieurs années ; que le village est éloigné de tous centres d’industrie et de commerce ; que par sa position géographique, les habitants étant obligés de cultiver une grande partie des terres à la bêche, sont beaucoup plus fatigués que ceux qui habitent les plaines ; qu’il y a une grande disproportion entre les jeunes gens des deux sexes ; le nombre des filles est bien supérieur à celui des garçons, et celles là en se mariant quitteront probablement la commune.
D’après ces considérations, il est donc à supposer que la population d’Aubigny, diminuera plutôt qu’elle n’augmentera. Pourtant peu d’habitants quittent le pays, pour habiter la ville.
12 – nombre des mariages, naissances et décès dans la dernières années :
Il a été inscrit sur les registres de l’état-civil de cette commune pendant les dix dernières années, 19 actes de mariages, 49 actes de naissances, et 21 actes de décès énumérés ci-dessous :
années | Mariages | Naissances | Decès | totaux |
1874 | 5 | 6 | 6 | 17 |
1872 | 5 | 8 | 5 | 13 |
1876 | 1 | 8 | 14 | 23 |
1877 | 2 | 5 | 7 | 14 |
1878 | 3 | 5 | 10 | 18 |
1879 | 1 | 3 | 14 | 18 |
1880 | 2 | 4 | 10 | 16 |
1881 | 3 | 4 | 6 | 13 |
1882 | 2 | 4 | 4 | 10 |
1883 | 2 | 2 | 5 | 7 |
Totaux | 19 | 49 | 81 | 149 |
13 – particularités sur la constitution physique des habitants, leur régime alimentaires, leur longévité, leur caractère, leurs mœurs, leurs jeux, leurs usages, leur langage, leur degré d’instruction :
Les travaux des champs sont la principale occupation des habitants qui respirant un air très pur et sain, leur donne une constitution solide ; les femmes travaillent aux champs, et aux vignes, un peu plus que les hommes qui s’occupent en hiver à abattre du bois et à le façonner ; à travailler la pierre ou à en tirer pour les chemins vicinaux.
Ces travaux si rudes ne nuisent pas à leur santé au contraire, il semble leur assurer une longue vieillesse et jusqu’à leurs derniers jours les hommes et les femmes vont aux champs.
Les habitants sont d’une taille au dessus de la moyenne.
Il est à remarquer ici que les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Ainsi lord du recensement de 1881 sur un e population de 295 habitants il y avait 38 femmes à partir de l’âge de 70 ans et au dessus, tandis qu’il n’y avait que 16 hommes ; cette longévité chez elles peut être due à une vie plus tempérée.
En général les habitants nés dans le commencement de ce siècle sont d’une constitution robuste, parce qu’autrefois leur régime alimentaire était solide et très nutritif : le lait, les œufs, les pommes de terre, la viande de porc, les légumes, formaient leur principale nourriture, le vin et le cidre, leur boisson.
Il est vrai que leurs travaux rudes et opiniâtres ont pu contribuer à leur santé.
Anciennement, on ne mangeait de la viande de boucherie que les jours de fêtes communales, aux baptêmes et aux mariages.
La génération actuelle ne parait pas jouir d’une constitution aussi solide que l’ancienne ; cela tient peut être à ce que les aliments sont moins substantiels, que le vin est moins généreux qu’autrefois, qu’on en boit moins du pays, attendu que depuis plusieurs années les vignerons ne font que de très faibles récoltes et que celui que l’on achète chez les marchands a bien moins belle couleur du vin, mais il n’a pas toujours la qualité et la pureté de celui que les vignerons récoltent. Il est quelquefois plus agréable à boire mais il n’est pas si bon pour le corps. Le café et l’eau-de-vie que l’on prend fréquemment sont peut-être une des causes nuisibles aussi à la santé.
Le régime alimentaire actuel a changé avec le temps et les mœurs ; la majeure partie des habitants nourrissent des porcs pour leur consommation ; ils font usage à peu près des mêmes aliments qu’autrefois ; la viande de boucherie et beaucoup plus répandue ; les haricots, qui sont maintenant une des branches importantes du commerce local servent aussi de nourriture ; le vin, le cidre, et la bière sont la boisson ordinaire. Les habitants sont doux, et paisibles ; autrefois on aimait à se rendre services ; on se réunissait souvent en famille, on était plus uni et plus affable ; mais aujourd’hui comme dans beaucoup d’eendroits, l’égoïsme règne un peu trop ; on ne joues plus comme anciennement alors que je jeu de balles et les quilles étaient les amusement du dimanche ; maintenant chacun reste chez soi, ou travaille sans relâche ; quelques usages se sont conservés ; ainsi on fête : St Vincent, patron des vignerons et on chante la messe Ste-Catherine, patronne des filles, St-Eloi, patron des agriculteurs et des maréchaux, Ste Bearbe patronne des femmes et des pompiers, St-Nicolas patron du village et des garçons. Le dimanche qui suit le mardi gras les jeunes garçons ramassent du bois ches les habitants qui veulent bien leur en donner ; on le conduit sur la montagne à une certaine distance de la Maison Rouge, on le met bien en tas et le soir on l’allume on appelle cela le feu de joie ; quelquefois les enfants allument des falots qu’ils portent en courant autour du feu.
D’autres usages sont encore en vigueur ; ainsi après l’enlèvement des céréales et des raisons, les indigents vont glaner et grappers et depuis le premier novembre jusqu’au premier mars et deux fois par semaine le mardi et le vendredi ils vont ramasser du bois mort sec.
Aux fêes communales tous les frais de musique et d’illumination sont supportés par les garçons qui dansent.
Dans le cimetière les inhumations ont lieu à la route et quelquefois par familles quand cela est possible.
Le langage des habitants est assez français et correct. Il n’y a presque pas de patois ; cependant, quelques mots sont encore employés ; ainsi on dit : amon pour n’est-ce-pas ; odé pour fatigué ; piot pour petit ; anchètepour entonnoir ; boquion pour bûcheron ; lavier pour évier.
L’instruction des habitants est moyennes ; beaucoup savent lire, écrire et compter ; il y a quelques illétrés dont l’intelligence est très peu développée plusieurs ont assez de connaissances pour faire des actes sous seigsprivé, des baux, des lettres et des mémoire.
Aubigny le 2 février 1884
L’instituteur
Jouan