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Monographie d’AizellesHistoire locale / Articles

Commune(s) : AIZELLESAuteur : Instituteur Leroy -Transcrit par C.Cocquart


Transcription par C. Cocquart

404-0413 : monographie de la commune d’Aizelles

(214 habitants)

Canton de Craonne

xxxx Instituteur

Leroy

404-0414 : Commune d’Aizelles

I – Géographie physique

1° Situation astronomique de la commune. Son étendue superficielle. Son territoire, ses différentes divisions : hameaux, fermes, écarts, dépendances, lieux dits.

Aizelles (canton de Craonne) est situé à 1° 28’ 30’’ long. E. et à 49° 29’ 03’’ lat., dans un étroit vallon à 70 mètres d’altitude. La superficie territoriale est de 488 hectares divisée en :

–         vignes, environ xxxx hectares

–         bois, environ 129 hectares

–         prairies naturelles 26 hectares

Le reste en terres labourables

Son terroir est très fertile : il produit du froment, du seigle, etc. tout ce qui est propre à cette latitude. Une grande partie des terres, formée d’un limon rouge, convient à la culture du froment, de la betterave et de l’avoine, une autre partie, terre d’alluvion noire et sablonneuse, convient mieux au seigle, aux pommes de terre et aux légumes en général, qui y acquièrent d’excellentes qualités ; enfin la partie montagneuse, formée de terre calcaire, est favorable à la culture de la vigne, des arbres fruitiers, des haricots, des asperges, etc. Les prairies naturelles, moins bonnes aujourd’hui qu’autrefois, alors qu’elles étaient engraissées par les déjections des animaux qui y allaient paître, occupent trois fonds de vallées au nord d’Aizelles sur son ruisseau ; au N.E. sur le ruisseau de St Thomas ; et au Sud, deux vallées avec deux ruisseaux qui ne tardent pas à se perdre dans les terres, les vignes occupent les flancs des montagnes situées au Levant et au Midi, et les bois couvrent généralement les flancs exposés au Nord. Ils se divisent en trois parties principales : Bois de St Thomas, Bois de Berrieux, Bois des 2 monts.

La population du village est presque entièrement agglomérées ; les seuls écarts sont : 1° Une ferme et moulin à eau à l’Est nommés Le Moulin le Gros, et 2° Au Nord, sur la montagne Régina une petite maison de culture, autrefois habitation, d’un meunier dont le moulin à tour en pierres était situé sur le terroir de la commune d’Aubigny.

Les principaux lieux dits sont : Les Roizelets, les Percheries, les Sencourts, les Rougères, les Grandes-Vignes, les Coquelets, les Gloriettes, les Thènes, les Glizières, les Martaines, les Guillots, les Vaines Cerises, la Montagne, les Marais gelés, les Vignes Mathieu, les Vignes Gérard, les Plantes, les Berceaux, les Tannières, les Fées, les Pleurepains, la butte Simon, la Butte Bobart, le père Loriot, le pré La Reinette, les Gavrelles, les Chantrées, les Chapelles, les Couterelles, les jardins Cochons, les Rabus, le Château Gillard, le chemin des Pelerins (ainsi nommé du chemin qui conduit à Liesse), le Fond de Fayaux, les Craies, les Avignards, le bois des Pauvres, les Bransons, les Grandes Tailles, les Deux-Monts, le Haut-Chemin, (près de l’ancienne voie romaine de Reims à Laon), le Moulin à Vent, le Prieuré, la Vicomté (ancienne ferme servant aujourd’hui de presbytère), la Grand’pièce, le Bois de Saint, le bois Toulis, le bois la Hutte, les burelles, la Maladrie ou Maladrerie, le Mont de la Croix.

2° Indiquer les noms successifs qu’aurait portés la commune.

IXe siècle Aisella polypt. De St Remy de Reims

1098 …..  Asella (altare de Villa que dicitus)

1195 …..  Aisella charte de l’abbaye de St Vincent

1244 …..  Aisele Cart. De l’abbaye de Vauclère

1353 __ Aiselle Cart. De l’abbaye de Foigny folio 167

1327 __ Aisselle Arch. Nat., traité de Chartres, reg. 64 n° xxxx29

1329 __ Aisella (territorium de)

1397 __ Aiselles (Villo d’) Chap. de l’abbaye de St Vincent

1411 __ Ayselles Arch. Nat. J 801 N°4

1603 __ Aizelle Dénombt de la chatellerie de Montaigu E de Laon

1642 __ Ezelle minutes de Wileq notaire

1674 __ Aizellzq Etat civil, trib. De Laon

               Aselle D’après une pierre tombale qui n’existe plus.

3° relief du sol : monts ou collines (indiquer à quel système on les rattache) ; plateaux et plaines

Le terroir d’Aizelles est formé de deux parties : Montagne et Plaine ondulée ; les altitudes extrêmes sont 172m et 70m.

La partie montagneuse au Nord se détache en contrefort de la ligne des montagnes qui séparent les vallées de l’Ailette et de l’Ardon. Un mont isolé à l’Est séparé du système général par le ruisseau de St Thomas est partagé à peu près en deux parties par la limite séparatrice des communes d’Aizelles et de Berrieux.

Au Sud et à l’Ouest appartient la plaine onduleuse.

4° Météorologie

Situé dans un étroit vallon, presque en entonnoir, le village d’Aizelles est abrité du côté de Nord par la montagne ; aussi le froid y est-il moins vif que sur les autres parties du terroir ; cependant le voisinage des marais y amène des brouillards assez fréquents, et les jardins sont souvent gelés au printemps. Aussi le terrible hiver de 1879 y a-t-il détruit presque tous les arbres fruitiers. Les orages qui viennent de l’Ouest, arrêtés par les collines de l’Est et du nord, y sont particulièrement redoutables : le tonnerre et la grêle y exercent trop souvent leurs ravages.

Attention : ci-dessus correspond bien à toute la page 416 et ci-dessous démarre donc à la page 417 que j’ai aussi. Cependant vous pourrez constater qu’il manque une page entre les deux puisque je n’ai pas de n° 5 à 7 et que la page 417 commence au milieu d’une phrase.

….. leur situation, leur superficie, sont-ils en voie de dessèchement ?

comme nous l’avons déjà dit, trois fonds de vallées au Nord d’Aizelles sur son ruisseau, au N.E. sur le ruisseau de St Thomas, et au Sud deux petites vallées avec ruisseaux très faibles qui ne tardent pas à se perdre dans les terres. Ces prés occupent une superficie d’environ 26 hectares. La plus grande partie appartient à la commune et se trouve aujourd’hui en location. Elles produisent du fourrage de médiocre qualité.

8° Bois et forêts : leur superficie et leurs principales essences.

Les bois occupent une superficie de 129 hectares environ. Les principales essences qu’on y rencontre sont : le chêne, le tremble, le hêtre, le bouleau, le cessier , le frêne, le châtaignier, le coudrier, l’orme, le platane, etc.

9° Faune communale

La quantité relativement considérable de bois qui couvre le terroir y attire malheureusement un certain nombre de sangliers qui ravagent les terres environnantes.

Il y a une trentaine d’années, il n’était pas rare d’entendre crier : « au loup ! », et un tout petit bois appelé : Le bois xxxxoulis, abritait une famille de loups qui fut entièrement détruite. Le terrain en partie sablonneux où sont plantés les bois, est favorable à la multiplication des lapins qui deviennent eux aussi, quelquefois des voisins dévastateurs.

Pas mal de lièvres courent les champs ; quelques loutres, des belettes, des renards, des putois, des fouines signalent leur présence par les dégâts qu’ils font. Tous les oiseaux de la contrée : moineaux, hirondelles, martinets, hoche-queue, chardonnerets, pinsons, loriots, alouettes, perdrix, cailles, corbeaux, pies, gaies, ramiers, étourneaux, éperviers, chats-huants, grives, merles, coucous, tourterelles, pies-verts, mésanges, rossignols, fauvettes, roitelets, rossignols de muraille peuplent le village, les champs et les bosquets.

10° Flore communale

La flore est très sèche : la commune nous l’avons déjà dit, renferme les espèces les plus diverses de terrains. Les marguerites, les renoncules, les primevères embellissent nos prairies ; la violette, le muguet, le thym, le serpolet, le lilas, les bruyères embaument nos bois et nos montagnes. On y remarque encore : la mauve, la fougère (dans les bois), les prêles (vulgairement appelées queues de chevaux), l’ivraie, la nielle, les fléoles, les vulpins, la flouve, les agrostis, le paturin, les fétuques, le roseau, la renoncule, le jonc, le xxxx (dans les prés), l’arum (curé), le plantin, la petite et la grande ortie, le mouron, le liseron, la morelle, la mercuriale, la cuseute (rogne), la douce-amère, la jusquiame, le datura, la bourrache, le myosotis, la vipérine, la digitale, le véronique, les orobanches, la linaire, le rhinante, la sauge, la menthe, le cresson, le lierre—terrestre, les lamiers blanc et pourpre, la campanule, la bryone, le sureau, le caille-lait, le chardon, la cardère, le salsifis des prés, la chicorée sauvage, le pissenlit, la pâquerette, la mille feuille, les grande et petite ciguë, le miroir de Vénus, la saponaire, l’orpin, la joubarbe, le géranium bec de grue, les ronces, la chélidoine, le réveille-matin, le coquelicot, le bluet, le mille-pertuis, le fumeterre, l’ajonc, le genêt (dans les bois), le trèfle blanc, etc.

Parmi les plantes cultivées : le froment, le seigle, l’orge, l’avoine, la luzerne, le trèfle ordinaire, le trèfle incarnat, le trèfle anglais, la minette, le sainfoin, la grosse dravière, la betterave, la carotte, une grande quantité de fleurs d’ornement.

11° Chiffre de la population : augmente-t-elle ou diminue-t-elle ? A quelle cause faut-il attribuer ses changements ?

La population de la commune, d’après le dernier recensement, est de 214 habitants ; elle diminue constamment. Ainsi elle était :

            En 1760, de 97 feux

                 1800, de 343 habitants

            en 1818, de 333 habitants

                 1826, de 319

                 1831, de 329

                 1836, de 319

                 1841, de 296

                 1846, de 294

                 1851, de 282

                 1856, de 277

                 1861, de 273

                 1866, de 250

                 1872, de 227

                 1877, de 226

                 1882, de 215

Cette diminution vient surtout de ce que les familles sont moins nombreuses ; car peu de personnes quittent le pays pour habiter la ville, les quelques unes qui se marient dans les pays voisins sont remplacées, à peu de chose près, par celles qui se marient dans la commune.

12° Nombre des mariages, naissances et décès dans les dernières années.

Le nombre des mariages, naissances et décès, pendant les dix dernières années a été :

                        Mariages                     Naissances                  Décès

En 1874           6                                 3                                 5

     1875           3                                 7                                 7

     1876           2                                 8                                 9

     1877           2                                 1                                 4

     1878           2                                 2                                 0

     1879           1                                 4                                 2

     1880           1                                 3                                 5

     1881           1                                 3                                 6

     1882           1                                 3                                 7

     1883           1                                 2                                 7

13° Particularités sur la constitution physique des habitants, leur régime alimentaire, leur longévité, leur caractère, leurs mœurs, leurs jeux, leurs usages, leur langage, leur degré d’instruction.

Les travaux des champs, occupation de la majorité des habitants d’Aizelles, leur donne une constitution robuste ; les femmes travaillent aux champs, aux vignes surtout plus que les hommes. Les soins ordinaires du ménage ne sont pour elles qu’un délassement. Ces rudes travaux, loin de nuire à leur santé, leur assurent une longue vieillesse : jusqu’à leurs derniers jours, hommes et femmes vont aux champs. Généralement ici les femmes vivent plus longtemps que les hommes.

Autrefois, le pain et les légumes étaient la base principale de la nourriture du vigneron ; on mangeait assez souvent de la viande de porc ; mais les autres viandes de boucherie n’étaient en usage que les jours de fêtes communales, aux baptêmes, aux mariages ; aujourd’hui l’usage de la viande est plus répandu. Le vin et le cidre sont la boisson ordinaire.

Comme dans tous les vignobles des environs, les habitants d’Aizelles sont fort gais, entendent la plaisanterie sans se fâcher aiment à rendre service : qu’un incendie se déclare, on quitte tout pour aller l’éteindre ; qu’un animal tombe dans un fossé, qu’une voiture culbute, on y va, on y travaille, une heure, deux heures, une demi-journée avec le plus complet désintéressement.

Lorsque autrefois les assurances contre les incendies n’étaient pas aussi communes ou n’existaient pas, les victimes des sinistres étaient largement indemnisées par leurs compatriotes : l’un donnait des bois de charpente, l’autre faisait des charrois, celui-ci donnait de l’argent, cet autre donnait son temps. C’était l’âge d’or.

Aujourd’hui l’égoïsme perce un peu ; on ne joue plus comme autrefois, alors que le tamis, les fers, le jeu de paume, les quilles étaient le passe-temps du dimanche ; chacun reste chez soi ou travaille sans relâche, quelques uns vont faire une partie ou boire à l’auberge. Ces établissements, au nombre de deux, ne sont guère ouverts que le dimanche.

Cependant quelques usages ont persisté ; ainsi on fête encore Saint Eloi, patron des agriculteurs, des charrons, des maréchaux ; Sainte Barbe, patronne des femmes, des pompiers ; Sainte Catherine, patronne des demoiselles ; Saint Nicolas, des garçons et Saint Vincent, des vignerons.

Le dimanche qui suit le marché gras, les jeunes garçons ramassent du bois chez les habitants qui veulent bien leur en donner, et le soir on allume, sur la Montagne Régina, ce qu’on appelle le « feu de joie ». En attendant la nuit, les enfants mettent le feu aux herbes de la montagne : c’est ce qu’ils appellent « brûler fauvette » et allument des fallots qu’ils portent en courant.

Il n’existe pas dans la commune de prolétaires ; tout le monde possède, ne fut-ce qu’une maison ; qu’un champ. Aussi la propriété est-elle très divisée.

Quelques anciens usages se sont conservés ; ainsi, après l’enlèvement des récoltes, blé ou raisin, les indigents vont glaner ou grapper. Devant la porte d’une maison nuptiale, on plante des mais. Tous les frais, musique, illumination des fêtes communales ont été supportés jusqu’à présent par les garçons qui dansent. Dans le cimetière, les inhumations ont lieu par famille ; le corps du défunt est porté par ses parents, ses voisins ou ses amis, toujours gratuitement.

Situé dans l’ancienne Ile-de-France, le pays n’a pas à proprement parler, de patois : nous appartenons à la race conquérante qu’a imposé sa langue aux autres provinces.

Quelques mots seulement sont encore employés, par les personnes d’un certain âge surtout :

            Amon ? pour n’est-ce pas

            S’affoler, pour se faire mal

            Odé, pour fatigué

            Recran, pour très fatigué

            Piot, pour petit

Gueusette, pour petite tasse

Le déseur, pour le dessus

            La Sameure, pour la saumure

            Tillul, pour tilleul

L’instruction n’est pas fort répandue dans la commune ; généralement l’intelligence n’est pas très développée ; puis les habitants s’estiment heureux quand « ils en savent assez, comme ils disent, pour faire leurs affaires ». Cet assez consiste à savoir lire, écrire un peu, et calculer. Cependant il est fort rare de rencontrer des illettrés.

II – Géographie historique

1° Evênements remarquables dont la commune a été le théâtre

Aizelles est très ancien ; il existait peut-être du temps des gaulois, certainement à l’époque gallo-romaine, ainsi que l’ont prouvé les découvertes de l’antique cimetière qui sert encore aujourd’hui.

Il est fait mention de ce village au onzième siècle. « Le 13 Août 1098, Ingehan de Coucy, évêque de Laon, donna à l’abbaye de St Vincent l’autel et la cure d’Aizelles. Cet acte a été fort célèbre, dit un historien de St Vincent, ayant été fait le jour d’une fête solennelle dans le chœur de la cathédrale de Laon ».

Bien des faits dignes d’être relatés se sont sans doute passés sur notre territoire, si près du camp de César, pendant la période romaine et pendant le moyen âge ; mais qui pourrait s’occuper à les décrire ? Les pauvres villages ont rarement des historiens. A défaut de l’histoire, les pierres parlent : l’église a été brûlée : on en a vu des traces certaines lors de sa restauration. Il s’agit de savoir si ce fut pendant la guerre de cent ans, ou pendant la ligue. Nous pensons que de désastre est dû aux anglais. On lit en effet sur le pied droit de la fenêtre du sanctuaire, partie reconstruite après l’incendie dans le style du XVe siècle, un nom suivi de la date 1576 ; or ce ne fut qu’en 1577 que le seigneur vicomte d’Aizelles signa la ligue à Laon. Du reste, cette date (1576), ne veut pas dire que l’église est de cette époque ; elle a été faite par un amateur imité dans la suite par beaucoup d’autres, qui ont ainsi réussi à faire passer leurs noms à la postérité. L’Eglise d’Aizelles fut donc brûlée par les anglais, probablement en 1359 : Une grosse armée anglaise, débarquée dans le Nord de la France, attaque successivement Laon et Reims, et tout le pays entre ces deux villes fut cruellement dévasté. On sait qu’à cette époque, les paysans, en cas de guerre, se retiraient dans les châteaux féodaux, et à leur défaut, dans les églises avec ce qu’ils avaient de plus précieux. C’était la seule construction solide ; le clocher servait de donjon.

Mais le feu devait avoir raison de ces malheureux. C’est sans doute le sort qui fut alors réservé à l’église et à ceux qu’elle ne pouvait garantir plus longtemps des fureurs de l’ennemi.

Cet édifice fut probablement réparé provisoirement, et cette restauration le fit durer jusqu’à la fin du siècle suivant, date, suivant nous, de sa reconstruction générale. Nous avons lieu de croire que les habitants furent aidés par trois princesses célèbres qui vivaient alors : Anne de Bretagne, Louise de Savoie et Jeanne de France, fille de Louis XI.

On ne peut expliquer que de cette manière, la présence dans l’église, d’un jubé de style flamboyant d’une magnificence royale dont quelques débris sont parvenus jusqu’à nous. Un des écussons du plafond de l’église était parti de France et de même (Jeanne de France mariée à Louis d’Orléans). D’autre part, à Berrieux, la porte de la tour qui renferme l’escalier du clocher était très ornée, dans le même genre que notre jubé, et avait deux écussons, l’un parti de France et de Bretagne (Anne de Bretagne mariée à Charles VIII) ; l’autre, parti de France et de Savoie (Louise de Savoie, mariée au comte d’Angoulème). Ces trois écussons appartiennent à des femmes mariées, et ces trois princesses ont vécu à la même époque dans cette condition de 1491 à 1494.

Il se peut que par des sollicitations de leur seigneur commun, les églises d’Aizelles et de Berrieux aient eu les mêmes bienfaitrices ; de plus le style des parties reconstruites des deux édifices convient parfaitement à cette date.

L’église possédait deux pressoirs établis dans le cimetière, un grand et un petit : en 1700, le gain de vin de ces pressoirs s’éleva à cinq pièces(1) (une pièce vaut 2 hectolitres). Ils furent vendus en 1777 moyennant la somme de 212 livres avec la permission de M. l’Abbé de Ris vicaire général, « pour, cet argent, être employé à l’embellissement de l’église, vu l’inutilité et le dépérissement des dits pressoirs ».

Vers 1770, les 3 cloches avaient été refondues aux frais de la fabrique par Christophe Dormoy.

En 1788, la paroisse d’Aizelles était administrée par M. de Miremont Berrieux, vicomte d’Aizelles ; Morain, curé ; Hubert Flèche, syndic ; six notables ; un greffier et deux collecteurs de taille(2).

Le 8 mars 1789, on nomma deux délégués chargés de la rédaction du cahier des doléances, plaintes et remontrances.

Le 31 janvier 1790, l’assemblée des 40 Electeurs communaux d’Aizelles, sous la présidence de son curé, M. Morain, nommé par le scrutin, procède à l’élection de la municipalité qui se trouve composée d’un Maire, de deux officiers municipaux, d’un Procureur de la commune, de six notables et d’un greffier (ex sergent de la justice seigneuriale). Les réunions se faisaient en la chambre du Maire.

Le 28 février 1790, le curé et le Marguillier se présentent devant la municipalité pour donner leur déclaration des Biens fonds et revenus de la cure et de la fabrique, déclaration prescrite par le décret de l’assemblée nationale du 18 9bre 1789.

(1)   D’après les comptes des marguilliers

(2)   Registre des délibérations du conseil municipal

A cet époque, la fabrique possédait : 120 verges de pré aux Bransons ; 15 verges de vigne et bois aux Glizières ; 80 verges de pré au Marais ; 36 verges de pré aux Deux-Monts ; 12 verges de pré au Chemin des Vignes (pré daudin) ; un jardin derrière le pressoir, le bois des Batys, 2 arpents. La cure paraît n’avoir possédé que le presbytère, alors situé au chevet de l’église.

Ces biens furent déclarés bien nationaux, et la commune fut obligée de pourvoir aux besoins du culte ; aussi voyons-nous, le 18 avril 1790, la municipalité se rendre à l’église pour reconnaître ce qui pouvait être nécessaire à réparer.

Le 31 octobre 1790, M. Morain, curé, prête serment à la constitution civile du clergé.

Le 13 7bre 1792, la municipalité exige que le curé fasse établir à ses frais une horloge dans le clocher pour la somme de 300 livres. Cette horloge n’ayant pas été faite, le 25 janvier 1793, M. Morain curé, fut obligé de donner une somme de 150 livres et une écurie dont il était propriétaire, « moyennant quoi la municipalité s’engage et promet au citoyen curé de ne plus rien exiger de lui, mais au contraire lui promet toute la protection et force dont elle peut disposer en sa faveur, pour le maintenir dans l’exercice de sa liberté, conservation de son existence et de ses propriétés. » Malgré ces concessions et ces promesses, M. Morain, prévenu pendant la nuit qu’on en voulait à sa vie, s’enfuit à St Thomas où il resta jusqu’à sa mort en 1809.

Pendant le cours de la révolution, l’église ayant été dévastée à tel point qu’il n’y restait littéralement que les murs et une cloche, le 25 pluviose an 10, le conseil municipal rachète un autel à Jean Pierre Legrain, les fonts baptimaux à Louis Olivier (17 germinal an 11).

Le 7 messidor an 11, M. Morain est réinstallé curé d’Aizelles. Le Maire, en lui présentant une étole, lui a dit : « Nous avons toujours fait profession de la religion catholique, apostolique et romaine ; ce fut malgré les dispositions de notre cœur que le culte extérieur a été interrompu, mais heureusement il se rétablit ; nous désirions un prêtre, vous êtes celui qu’on nous envoie et c’est ce que nous désirions. Voici une étoile pastorale que nous vous présentons en témoignage de nos sentiments. » Le dit Morain a répondu : « Citoyens, j’avais déjà des assurances de la religion de la plupart d’entre vous. Je ferai tout ce qui dépendra de moi pour ramener le troupeau au bercail. J’accepte très volontiers cette étoile qui m’est nécessaire pour remplir les fonctions de mon ministère et pour demander à Dieu de daigner répandre ses bénédictions sur cette succursale et sur les citoyens que la composent. » Ensuite la maire lui a remis en main les clefs de l’Eglise et l’a conduit au siège qui lui était préparé et lui a dit : « Nous vous reconnaissons pour le ministère de nous sanctifier ensemble. » De suite a été chanté le TE DEUM pendant lequel la garde nationale a fait plusieurs décharges de mousquetaire.

Par suite de rétablissement du culte, le conseil municipal vota 120£ pour indemnité de logement au desservant ; 1044£ pour objets mobiliers nécessaires au culte ; 18£ pour chandeliers en fer blanc et en fer, livres d’église achetés au citoyen Prudhomme, maître d’école. Le Prudhomme avait, pendant la révolution, chanté des messes blanches, offices célébrés sans prêtre.

Le 1er Brumaire an 13, l’unique cloche que la révolution avait laissée à l’église, est cassée en sonnant un baptême.

Le 14 7bre 1806, Jean Nicolas Regnaud, fondeur de cloches à Illoud (Haute-Marne) s’engage à fournir trois cloches bien sonores, harmonieuses et d’accord. La vieille cloche ne pesant que 865 livres, le fondeur devra fournir le métal pour compléter le poids des 3 cloches à 1000 livres. Le métal fourni par le fondeur lui sera payé 1£75 par livre, et la façon 21 livres tournois par cent.

Le 30 janvier 1811, un terrible accident détruit une partie de la rue de La Fontaine ; deux jeunes garçons sont brûlés, la grosse coche est cassée en sonnant l’alarme. (Elle fut refondue en 1813 par Antoine Loiseau.)

Pendant l’invasion, de 1814, les Prussiens et surtout les Russes, confondus sous la dénomination de Cosaques, ravagèrent toute la contrée, la livrant au pillage. Les habitants épouvantés avaient fui dans les bois avec leurs bestiaux et avaient essayé de les cacher dans des huttes souterraines, au milieu des bois : (On en voit encore les restes aujourd’hui au dessus du pré de la Reinette). Ce fut peine inutile. Les têtes des pauvres animaux jonchèrent bientôt les rues pêle-mêle avec la plume des lits et la laine des matelas : Vaches, moutons, poules, à la réserve d’une seule trouvée sous la paille chez M. xxxx à la Cense, tout fut dévoré, tous les chevaux furent enlevés. Les meubles servirent à entretenir les feux des  bivouacs. Rien ne fut épargné, et malheur à qui ne comprenaient pas les demandes de ces barbares : les coups de plat de sabre pleuvaient sur le dos drus comme glêle.

Les Russes avaient établis un camp sur une hauteur dominant Aizelles au lieudit : La Grand’pièce ; deux cosaques se présentèrent un jour chez Mennesson, maréchal, rue de la Fontaine ; ils furent maltraités par deux hommes du pays qui, prévoyant quelques vengeance, s’enfuirent. En effet les deux soldats portèrent plaintes à leur commandant, et aussitôt le village fut cerné. Tous les hommes rencontrés dans les rues ou cherchant à fuir, furent arrêtés et conduits à Corbeny où ils restèrent renfermés pendant trois jours sans manger, si ce n’est quelques pommes de terre que les habitants du lieu leur jetèrent par une fenêtre. Enfin un officier supérieur ayant à ses côtés les deux plaignants, fit défiler devant lui les prisonniers. Deux d’entre eux Lutugneaux Jean-Baptiste et Pelletier Jean-Baptiste qui avaient le malheur d’avoir quelques points de ressemblance avec les vrais coupables, furent désignés par les deux soldats, et subirent, malgré leurs protestations d’innocence, le châtiment national des Russes, le supplice du Knoret : étendus demi-nus sur un peu de paille, ils furent frappés jusqu’à ce que le sang jaillit à travers leurs caleçons. Ils furent ensuite conduits à Romain (Marne), où ils obtinrent enfin leur liberté.

Ils revinrent à Aizelles, où l’un deux, Lutugneaux, ne tarda pas à succomber aux suites des traitements barbares qu’il avait subis.

Depuis cette époque, rien de bien saillant n’est à signaler. Nous nous bornerons à rappeler qu’en 1848, pendant les journées de Juin, les hommes valides s’armèrent à la hâte avec des faux, des fourches, sur la fausse nouvelle de l’apparition des insurgés de Paris.

L’invasion de 1870 ne présente rien de particulièrement remarquable. Le pays n’eut à subir que deux ou trois passages relativement peu onéreux et quelques réquisitions.

2° Personnages célèbres auxquels elle a donné naissance, qui l’ont habitée, ou qui y ont été inhumés

Néant

3° Pierres, roches et grottes consacrées par une croyance populaire.

a – Donner leurs noms, leurs dimensions, en faire la description ; raconter les légendes qui s’y attachent.

b – A-t-on, fait des fouilles dans leur voisinage, et qu’ont-elles fait découvrir ? (couteaux, haches, hachettes et flèches en pierre ou en métal, etc.)

Les vignes d’Aizelles ont probablement été plantées pendant l’occupation romaine : des pièces aux effigies de Galba, Vespasien, Dioclétien, Crispus et Gratien y ont été découvertes à différentes reprises. Ce fait explique pourquoi une « grosse borne » ainsi qu’on l’appelle, est restée debout dans une vigne, Aux Roizelets : On ne pourrait l’arracher sans détériorer les ceps qui l’entourent. Cette pierre mevée est de forme barlongue, et chose remarquable, elle est orientée : les faces les plus larges sont tournées vers le Nord et le Sud. Plus grosse à la base qu’au sommet,  elle a les dimensions suivantes : hauteur 1m75 ; largeur à la base 0m70 ; largeur à la pointe 0m40, et épaisseur 0m40.

4° Voies Gauloises et voies Romaines.

a – En existe-t-il dans la commune quelques parties ? Donner leurs noms, indiquer les traditions qui s’y rattachent.

b – Direction de ces voies dans la commune ; autres lieux qu’elles traversent ; aboutissent-elles à un camp romain ?

c – Aurait-on découvert sur leur parcours des colonnes ou des pierres milliaires portant des inscriptions.

Non loin de la route nationale de Laon à Reims, existe, sur l’extrémité Sud-Ouest du terroir, un chemin vert qu’on appelle encore : Haut-Chemin ou Vieux Chemin qui est, parait-il, une ancienne voie romaine.

De cette voie s’en détache une autre qui aboutit en ligne droite au camp de César, et qui traverse tout le terroir du S. au N. sans porter de nom, jusqu’à ce qu’arrivée sur la commune de St Thomas, on l’appelle le chemin des Romains.

5° Existe-t-il quelque lieu portant le souvenir d’un champ de bataille ? Quelles découvertes y a-t-on faites ? (monnaies, armes, poteries, figurines en terre cuite ou en métal).

Néant

6° trouve-t-on dans la commune d’anciens monuments remarquables, murailles très épaisses ; statues ou fragments de figures en pierre ou en bronze

Un petit mamelon au N. et dominant le village est encore aujourd’hui appelé le Château Gaillard. De ce point, on découvre la ligne de faîte régulière du camp de César, la montagne de Craonne et la plaine Champenoise ; nous croyons que ce mamelon occupe l’emplacement d’un château romain ou d’une villa. On y trouve, paraît-il, à une certaine profondeur, des fondations d’une certaine épaisseur. Des fouilles pourraient être faites et donner des résultats plus certains.

7° A-t-on retrouvé un ancien cimetière ? Quel est l’âge des sculpteurs, quelles sont leurs particularités ?

L’église était encore entourée, il y a quelques années, d’une butte de terre formant le cimetière et s’élevant à certains points à une hauteur de deux mètres. Cette butte fut enlevée pour assainir l’édifice.

Lorsqu’il fallut faire de nouvelles fosses, on fut surpris de rencontrer encore deux couches de tombes superposées ; seulement cette fois, au lieu de trouver des débris de planches et des ossements, on découvrit au midi,  des cercueils formés de planchettes de pierres dans un desquels on trouva un vase en terre cuite qui paraît avoir été au feu, et renfermant du froment, du seigle, de l’avoine, de l’orge, de l’ail, etc. le tout carbonisé, et quelques morceaux de fer rongés par la rouille, (les fragments de ce vase, brisé par les fossoyeurs qui en ignoraient la présence, ont été recueillis pas l’Instituteur qui les a rassemblés, et a ainsi reconstitué ledit vase dans sa forme primitive, et demeure par conséquent sa propriété). Au Nord, on ne trouve pas de cercueils en pierres, mais on rencontre souvent de petites assiettes en terre et vernissées. Un des cercueils trouvés au midi était taillé dans la pierre (de Pargny-Filain), il n’a pas été possible de le sortir de terre.

En restaurant l’église, on a trouvé un vase en pierre qui a dû servir à des usages funéraires : l’ancien cimetière de Bourg-et-Comin en renferme beaucoup de semblables.

8° La commune possède-t-elle une ou plusieurs églises ? Leur vocable, date du patron ; donner la longueur de chaque Eglise (à l’intérieur). Décrire le monument : son style, son âge ; ses particularités (sculpture, peinture murale, pierres tombales, tableaux, tapisseries, vitraux, mobiliers anciens).

L’Eglise d’Aizelles est placée sous le vacable de Saint-Quentin dont on célèbre la fête le 31 Octobre. Elle a 24 mètres de longueur à l’intérieur non compris le porche.

Elle se compose d’une nef flanquée de deux bas-côtés, d’un transept débordant sur les bas-côtés, et d’un sanctuaire. La tour du clocher s’élève sur la croisée du chœur ; elle est couverte par une toiture en bâtière.

Bâtie probablement au onzième siècle, puis détruite au quatorzième, il ne reste de la construction primitive que tout le mur à droite de la nef, sauf la seconde arcade et la façade : ces parties portent tous les caractères de l’architecture romane primitive ; appareil en épis ou arêtes de poisson, imité des Romains ; murs épais ; fenêtres étroites, cintrées, fort évasées à l’intérieur ; les piliers carrés supportaient des arcades plein-cintre ornées seulement sur les côtés, et à la place des chapiteaux, de simples moulures biseautées.

Les dernières restaurations de l’église ont fait retrouver un fragment de colonne engagée et un petit chapiteau tailleur carré, œuvre assez grossière d’un artiste qui avait vu quelque part un chapiteau romain.

La cuve baptismale date sans doute du XIIe siècle : c’est un gros chapiteau orné de volutes et de dents de scie creusées peu profondément, reposant sur une base ornée de griffes. Sur les quatre faces de la cuve sont percés des trous pour permettre de la vider.

Après avoir été incendiée, comme nous l’avons dit plus haut, l’église fut reconstruite avec soin avec des pierres tirées des carrières de Colligis, dans le style flamboyant ou prismatique en faveur aux 15e et 16e siècles. Une seule fenêtre du sanctuaire, au Sud, fut ornée d’un meneau et de compartiments flamboyants ; les autres sont trop petites.

L’ameublement était très beau et très riche : on remarquait un plafond armoirié en bois, décoré dans le goût du temps, et surtout un magnifique jubé en chêne sculpté, richement orné d’or et de couleurs éclatantes, bleu et vermillon.

Les statues assises des 12 apôtres qui surmontaient ce jubé, six regardant l’autel, et six regardant la porte, étaient peintes au naturel, sauf leurs manteaux dorés et ornés d’une bordure de couleur.

Les murailles étaient ornées de peinture ; la voûte du sanctuaire était azurée et constellée d’or.

Dans le cours du 18eme siècle, le jubé fut relégué à l’entrée de l’église et fut remplacé en 1785 par une traverse et une croix en fer portant un christ en bois par Demont, sculpteur à Laon.

Des tableaux sur toile ornaient les trois autels : la Résurrection, au grand autel, par Nicolas xxxx, peintre cavalier au régiment du roy, exécuté pour la somme de 48 livres en 1779 ; les deux autres autels étaient surmontés, l’un d’une vierge immaculée et l’autre d’un saint Nicolas. Un de ces derniers avait été peint en 1759 par Nicolas Le Geay de Berrieux.

Cependant, bien des choses étaient défectueuses dans notre église ; les plafonds en bois des bas-côtés descendaient en tambour sous la pointe des ogives de la nef ; la plupart des fenêtres étaient trop petites et toutes déformés ; le pavé formé de carreaux disparâtres, était loin de présenter une surface unie ; et cela se comprend à cause de la fréquence des inhumations dans les églises ; de plus les murailles étaient mal dressées, et une colonne du chœur en face de la sacristie (ancienne chapelle des seigneurs du lieu) n’était même pas complètement taillée.

A la révolution, comme nous l’avons déjà dit, tout fut détruit : les lambris, les bancs, les autels, le jubé furent vendus, les statues des Apôtres furent enterrés.

Les mauvais jours passés, l’église subit encore de nouvelles dégradations ; pour suivre les caprices de la mode, le meneau de la fenêtre Sud du sanctuaire fut enlevé, les plafond en bois furent détruits et remplacés par des plafonds en plâtre.

Aujourd’hui, l’édifice soigneusement restauré, a recouvré sa beauté primitive. Les murailles regrattées, appareillées avec joints apparents, ont été ornées de nouvelles peintures ; toutes les fenêtres ont des vitraux peints, sujets ou grisailles. Quatre fenêtres représentent les Evangélistes ; les fenêtres du sanctuaire représentent au Sud, le martyr de Saint-Quentin, et au Nord, N.O. de Lourdes. Une mosaïque en pavés du Coteau couvre tout le sol de l’église ; les Apôtres, précieux restes de l’ancien jubé, ont été restaurés et placés dans une arcature au-dessus de l’arc triomphal ; la porte de la sacristie est ornée d’autres débris du jubé retrouvés dans les combles de l’église ; un chemin de la croix en relief richement décoré, avec encadrements en style du 15e siècle, embellit les murailles ; un tableau d’assez grande dimension et représentant l’Annonciation aux Bergers, peint par un jeune artiste dont les œuvres ont déjà été remarquées au Salon, Mr Chartron, est suspendu entre les arcades au Nord de la nef, etc. Les trois beaux autels en marbre et pierre, proviennent de l’ancienne église de Saint-André de Reims.

Le maître autel est de style antique, d’ordre corinthien, construit en 1697 par Renaldus. Quatre colonnes en marbre avec chapiteaux en pierre, dorés, soutiennent un fronton circulaire surmonté d’une croix ; sur le tympan est sculpté un St Esprit au milieu de nuages. Entre les colonnes, cadre en pierre, doré et sculpté (feuilles de laurier), renfermant le Christ en bois de Demont. Beau tabernacle en chêne, entièrement doré, d’ordre ionique, avec fronton circulaire sur lequel est sculpté le Père éternel entouré d’anges. Le tombeau de l’autel est en marbre et orné d’un agneau doré.

Les autels latéraux ont chacun deux colonnes en marbre d’ordre composite, supportant un badaquin en pierres avec palmes dorées : entre les deux colonnes, renfermant une statue, niche entourée de trophées, guirlande et médaillon dorés.

L’ancien porche, couvert par une voûte en charpente comme on en faisait au 16e siècle, a été remplacé par un autre porche de style roman, et la façade a été restaurée d’après les plans de M. Lecreux, architecte à Paris, né à  St Quentin. Une grande partie des embellissements de l’église est due aux libéralités de Mr Cléry aîné, négociant à Paris.

Les cloches, refondues en 1858, pèsent environ 700 kilos.

9° Y a-t-il dans la commune une abbaye ? Qu’en reste-t-il ? A quel ordre religieux appartenait-elle ?

Néant

10° Décrire les chapelles isolées.

Néant

11° Hospice ou Hôpital : noms des fondateurs ou bienfaiteurs, revenus, description des bâtiments ; histoire de l’établissement.

En 1453, le 8 juillet, un d’Harzillemont fonda, par testament, un hôtel. Dieu sur les terres du seigneur de Berrieux dont Aizelles faisait partie. Il ne reste rien à Berrieux d’un pareil établissement.

Nous croyons avoir trouvé à Aizelles à la Sense, les restes de cet hôtel Dieu. Quelques fenêtres au-dessus des écuries de la ferme actuelle accusent bien cette époque, et l’une d’elles, de plus grandes dimensions que les autres, est divisée par un meneau, et l’on trouve à l’intérieur, de chaque côté de l’embrasure, un banc en pierre, comme on en faisait au moyen-âge. De plus, cette fenêtre est surmontée de l’écusson de H la famille d’Harzillemont : de gueules, à trois pals de vair, au chef d’or chargé de trois merlettes de gueules.

Cette cense a subi depuis, bien des modifications : le corps de logis contigu aux écuries dont nous venons de parler, a dû être reconstruit au 16e siècle. Le linteau d’une de ses fenêtres est orné d’un écusson chargé d’un croissant, les pointes relevées, surmonté d’une étoile à cinq rayons. Nous ne savons à quelle famille il appartenait. Cette forme est restée propriété des anciens seigneurs d’Aizelles.

12° Y a-t-il eu une maladrerie ? Faire connaître les traditions qui s’y rattachent.

Néant

13° Dans le cimetière actuel, signaler les croix, calvaire ou inscriptions curieuses.

Néant

14° Existe-t-il une fontaine visitée par les malades ? Nature des maux dont la guérison lui est attribuée. Souvenir et légendes qui se rattachent à cette fontaine.

Néant

15° S’il existe un arbre célèbre, faire connaître son origine et sa légende.

Néant

16° S’il existe un ancien château, dire s’il est fortifié, en donner les dimensions, la description, l’histoire. Rapporter les traditions populaires qui s’y rapportent.

 

Un pavillon carré dont les murs ont 1 mètre d’épaisseur, encore appelé « La Vicomté » nous semble occuper l’emplacement d’un château qui n’a sans doute jamais été fortifié. Il date du 16e siècle, comme nous avons pu le constater par ses anciens plafonds.

Il a servi comme corps de logis d’une ferme appartenant à M. de Berthoult de Ployart jusqu’en 1821. A cette époque la commune en fit l’échange contre quelques parcelles de biens communaux, notamment du marais la pointe, pour servir de presbytère.

17° Faire l’inventaire des documents historiques de toute nature qui se trouvent dans les archives communales, paroissiales, dans les notariats, ou chez les particuliers.

Nous avons puisé pour une bonne partie les faits relatés dans ce travail, des les Comptes des Marguilliers de la fabrique d’Aizelles qui existent depuis 1700, et dans les Registres des délibérations du Conseil municipal depuis 1788.

18° Les écoles : leur ordre d’enseignement, sont-elles ecclésiastiques ou laïques ? Date de leur fondation, nombre d’élèves, description des bâtiments. Historique de l’instruction dans la commune.

L’école est mixte et laïque. Elle a été fondée en 1846 et compte actuellement 29 élèves, dont 43 garçons et 16 filles.

La salle de classe a 6m20 de longueur, 5m70 de largeur et 3m30 de hauteur ; elle est éclairée par six ouvertures, trois donnant sur le midi et trois sur le Nord. Une autre ouverture la fait communiquer avec le logement de l’Instituteur duquel elle est séparée par un corridor.

Ce logement comprend deux grandes places et deux petits cabinets. Une petite chambre en mansarde est construite au-dessus.

En suite de l’Ecole se trouvent la mairie, remise de la pompe à incendie, et derrière celle-ci une buanderie à l’usage de l’Instituteur. La façade principale est tournée au midi sur la place publique ; la façade apposée donne sur une cour et un petit jardin fermés de murs et renfermant les communs.

Bien que l’acquisition de l’école ne date que de 1846, il ne faut pas cependant croire que l’instruction primaire ne soit donnée à Aizelles que depuis cette époque. Presque aussi loin que les registres de l’état civil puissent remonter (1675), on voit toujours la signature des maîtres d’Ecole ou Clercs, qui figurent comme témoins sur la plupart des actes. Les signatures sont du reste nombreuses et généralement bien faites.

Au moment de la Révolution, le Greffier et le Percepteur (qui étaient alors du pays), la plupart des vignerons et des cultivateurs possédaient une assez bonne instruction. Nous avons pu en juger par les écrits qu’ils nous ont laissés.

Jusqu’à l’acquisition de la maison d’école par la commune, l’Instituteur se logeait à ses frais, il recevait dans les derniers temps, une indemnité de logement.

A cette époque, l’école compta jusqu’à 72 enfants des deux sexes, et elle n’était pas assez grande pour qu’on pût y installer chaque enfant d’une manière convenable ; c’est pourquoi beaucoup étaient obligés d’écrire sur les appuis des fenêtres, ou sur des bancs, dans des chambre voisines. On conçoit facilement que dans de pareilles conditions, la discipline et l’enseignement devaient beaucoup souffrir.

Le mode d’enseignement individuel était le seul en usage. La classe commençait à six heures du matin, et se terminait à six heures du soir, avec une interruption de deux heures à midi. La rentrée des classes n’avait lieu qu’au mois de Novembre, et la sortie le 31 mars. L’instituteur n’était obligé de tenir son école ouverte dans le mois d’Avril, que s’il avait encore 15 élèves présents.

D’après une convention passée entre le conseil municipal et l’Instituteur, le 11 Novembre 1826, ce dernier recevait 3f par ménage et 1f50 par demi-ménage, plus les honoraires d’Ecole qui étaient fixés à 0f80 pour les enfants de la 1ère classe, à 0f70 pour la 2; à 0f60 pour la 3e, et à 0f40 pour la 4e. Il recevait aussi 20f pour indemnité de logement. (C’est le dernier des traités qui ont été passés).

III – Géographie économique

1° Etat des terres : assolement, jachères, engrais, principaux instruments aratoires : Les céréales

A Aizelles, la culture doit être envisagée sous deux points de vue différents : La grande et la petite culture.

Pour ka grande culture, l’assolement ordinaire est triennal ; 1° Plantes sarclées, pommes de terre ou betteraves, ou encore trèfle ; 2° Blé ; 3° Avoine ou seigle.

On y trouve point de jachères.

Les engrais en usage sont les fumiers ; généralement les terres sont fumées tous les trois ans.

Pour la petite culture, l’assolement est fort irrégulier.

Les principaux instruments aratoires sont : l’ancienne charrue en bois, le brabant, la herse en bois, le tricycle, le rouleau en bois, le rouleau squelette.

Les céréales cultivées sont :

            Nature                         Contenance                 Produit par hectare

            Le froment                   80 hectares                  22 hectolitres

            Le seigle                      30                               24

            Le méteil                      30                               24

            L’avoine                      85                               32

            L’orge                         7                                 24

2° Prairies naturelles ou artificielles, vaines pâtures ; usages existants au sujet des pâturages. 

Les prairies naturelles, comme nous l’avons déjà dit, couvrent une surface d’environ 26 hectares. La récolte en foin est assez considérable ; mais le produit est de médiocre qualité.

Les prairies artificielles : trèfle, sainfoin, luzerne, occupent en moyenne une superficie de 43 hectares et produisent 550 quintaux par hectares.

Les moutons vont paître sur toute l’étendue du terroir, sans distinction de propriétaires, lorsque les récoltes sont enlevées et que les glaneurs ont passé, sauf pourtant dans les prairies naturelles ou artificielles.

3° Les étangs

Néant

4° Les arbres fruitiers et la vigne.

Beaucoup d’arbres fruitiers ont été gelés en 1879. Depuis on en a planté une assez grande quantité. La montagne Régina surtout, a ses flancs couverts d’arbres fruitiers, là où les vignes ont été arrachées.

Les principaux arbres cultivés sont : le cerisier, le pommier, le poirier, et le prunier. Les noyers, autrefois très nombreux, sont devenus assez rares.

Le manque de bras, l’augmentation du salaire des ouvriers, les mauvaises années, pluies ou gelées, ont fait baisser de beaucoup la valeur et la quantité des vignes. Il n’était pas rare de voir des propriétaires récolter 20 ou 30 pièces de vin. Un vigneron en fit en deux ans 100 pièces, il était sans doute un des plus forts de pays ; mais nous ne pensons pas qu’aujourd’hui toutes les vignes réunies puissent en produire autant. Cependant il ne possédait que 2 arpents de vignes. Il faut dire qu’alors elles étaient mieux cultivées que maintenant.

La quantité de vignes n’est plus guère que de 5 hectares, et le produit moyen par hectare 30 hectolitres.

Les terres qui ont remplacé ces vignes, sont très fertiles en céréales et en légumes.

5° Le Houblon, la betterave.

Le houblon n’est pas cultivé, et la betterave ne l’est que sur une surface moyenne de 20 hectares produisant 300 quintaux par hectare.

6° Cultures de toutes espèces.

 

Unes des cultures les plus productives du pays est celles des haricots ; on en plante dans les vignes et à la place des vignes arrachées. Le terrain calcaire de la montagne Régina leur convient parfaitement. On en récolte en moyenne 40 hectolitres.

La pomme de terre, qui donne de bons produits, est cultivée sur une superficie d’environ 15 hectares, et produit 120 quintaux par hectare en moyenne.

Le jardins, qui comptent environ 4 hectares, et qui sont presque tous attenant aux habitations, produisent largement les légumes nécessaires à la population.

7° Les défrichements

 

Néant

8° Les biens communaux

La commune possède :

            1° 11 hectares 53 de prés

            2° 3 hectares 85 de terres

            3° deux carrières, dont une de craie et l’autre de moellons (qui n’est pas exploitée actuellement), le tout affermé pour une somme de 479f.

Autrefois, les prés communaux n’étaient pas loués. Tous les ans, les habitants choisissaient un pâtre communal ou vacher qui, moyennant tant par tête, conduisait le bétail aux pâtures du marais d’Aubigny ou du marais de Berrieux.

Sous prétexte que les pauvres ne bénéficiaient pas des biens communaux, tout fut loué, même les routys ou chemins verts. Les pauvres n’en profitent pas davantage ; mais ceci eut pour résultat de faire diminuer le nombre de bêtes à cornes, et d’appauvrir le rendement de ces marais qui, faute d’amendement, baissent de valeur tous les jours. Il y a 20 ans, les biens communaux, qui ne produisent plus que 479f, rapportaient 1000 francs.

Beaucoup de peupliers sont plantés sur les biens communaux : Des ventes assez importantes ont permis de construire, depuis une vingtaine d’années, un lavoir communal et une salle de mairie, avec remise pour la pompe.

9° Les animaux domestiques : chevaux, mulets, ânes, bêtes à cornes ou à laine, chèvres, porcs, les abeilles. Les animaux nuisibles et les insectes utiles.

On compte, dans le village :

            41 chevaux

            41 mulets

            2 ânes

            40 bêtes à corne

            40 moutons

            22 chèvres

            70 porcs

            20 ruches

Les animaux qui causent le plus de dégâts sur le terroir sont : les sangliers, les lapins, les hannetons, les vers blancs, les chenilles, les courtillières, les souris. Parmis les insectes utiles, on remarque une grande quantité de carabes dorés.

10° La chasse et la pêche. Leurs produits, les conditions auxquelles elles sont soumises.

La chasse est libre à Aizelles, c’est-à-dire que moyennant un permis, tout homme peut chasser, pourvu que ce ne soit pas sur les terres ou dans les bois des anciens seigneurs qui s’en réservent le droit, soit pour eux, soit pour leurs fermiers.

11° Sociétés agricoles, agences, comices, foires, marchés-francs, abattoirs.

Néant

12° Carrières, mines et minières.

Deux carrières appartenant à la commune et louées, produisent, l’une, des pierres pour l’entretien des chemins vicinaux lorsqu’elle est exploitée, et l’autre de la craie employée à faire de la chaux.

13° Usines et manufactures : condition des ouvriers.

Néant

14° Industrie

L’industrie n’est pas fort importante : deux meuniers, deux sabotiers travaillant pour leur compte ; un maître-maçon qui emploie quelques ouvriers à la journée, un chaudronnier ambulant, un cordonnier, un tailleur, voilà à peu près tout le personnel industriel de la commune.

                                                                       xxxx. Instituteur d’Aizelles

                                                                       LEROY

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