Thème : | Catégorie : Monographies | Auteur : L.Fontaine, instituteur
Son étendue superficielle ; son territoire ; son terroir ; ses différentes division : hameaux, fermes, écarts, dépendances, lieux-dits :La commune d’Aisonville et Bernoville se trouve à 1°12’ de longitude Est et à environ 49°57’ latitude Nord à 65 kilomètres N de Laon et à environ 200 kilomètres de Paris. Elle a une superficie de 873 hectares. Elle est limitée au N par la commune de Grougis, au N.O par Seboncourt et Etaves et à l’O par Montigny Carotte au S par Noyal, à l’E par Longchamps. Sa plus grande longueur du N au S est de 5 kilomètres ; sa plus grand largeur de 4 kilomètres 1 hm. Elle est traversée par le chemin de grande communication de Cambrai à Guise ; les routes de Bernoville à Proix, de Bernoville à Hauteville et d’Aisonville à Seboncourt. Son terroir, assez fertile, produit, blé, seigle et en général toutes les céréales. La nature du terrain est un sol argilo-calcaire. La marne domine cependant du côté de Seboncourt ; en rapprochant de la vallée de l’Oise, les terres deviennent un peu plus argileuses, surtout du côté de Noyal.
La commune d’Aisonville est divisée en plusieurs quartiers, Aisonville au nord, Bernoville au Sud, Coupevoie reliant les deux sections, et le Château. Les différents lieux-dits sont ; Cescreux, la vallée de Longchamps, la Couturelle, les Dionnes, la vallée de Saint Jean, le Pessy, la Marnière.
Si nous en croyons la tradition, le mot Aisonville serait une corruption du mot Aisonville, lequel aurait été donné au village par suite de l’irruption d’une très forte troupe d’oies sauvages, qui aurait séjourné pendant un certain temps sur un vaste étang de la commune. Quant au mot Bernoville c’est le nom du château (voir partie historique 16è question).
Le relief est formé de collines peu élevées ; l’altitude ne dépasse pas 167 m, le point le plus bas entre Longchamps et Bernoville est 130m. Les collines se rattachent touts à celles qui limitent bassins de la Seine et de l’Escaut et le petit bassin côtier de la Somme, c’est-à-dire aux collines d’Artois, plateau de Saint-Quentin, monts des Ardennes. La commune d’Aisonville est située sur un plateau d’environ 165 m d’altitude moyenne.
Terrain crétacé, à une faible profondeur on rencontre une couche de marne, dans les environs de Seboncourt la pierre est assez dure, elle sert de pierre à bâtir.
La situation d’Aisonville et Bernoville l’expose aux coup de vent ; aussi lors de la tempête du 12 mars 1876 les dégâts y furent considérables. La température y est en général froide et sèche.
Aucune rivière ou ruisseau ne se voient dans la commune ; le canal souterrain de Boula traverse de l’est à l’ouest et peut avoir une profondeur de 80 à 100 pieds. Entrepris en 1824 par M. Roussel, il fut terminé peu de temps après. La rigole prend ses eaux à Lesquelles Saint Germain et les déverse à Saint Quentin dans le canal de ce nom.
On trouve quelques endroits boisés dans les environs du château. Le bois de Cessereux, le bosquet Saint Martin etc. … Les différentes essences de bois que l’on y rencontre sont les chênes, peupliers, hêtres, aulnes, frênes, tilleuls, l’on n’y voit que peu de marronniers et de sapins ; leur superficie totale est d’environ 15 hectares.
Outre les animaux domestiques, tels que moutons, chevaux, vaches etc, beaucoup d’autres animaux plus petits vivent sur le territoire tels sont : fouines, putois, furets, chats sauvages, taupes, hérissons, bécasses. En 1881, le pays eut beaucoup à souffrir de l’invasion des souris ; on ne put s’en défaire qu’en employant l’arsenic. Les pays est assez giboyeux : lièvres et lapins s’y trouvent en nombreuses compagnies à cause des garennes. Il y a aussi plusieurs oiseaux de proie tels que : éperviers, buses, chouettes, corbeaux. Beaucoup de petits oiseaux utiles : fauvettes, pinsons, loriots, coucous, merles etc. …
La flore est surtout assez riche dans les bois on y rencontre des verveines, violettes, boutons d’or, rosiers sauvages, muguets, aune, thym etc. …. Le colchique croit dans les prairies, on rencontre aussi plusieurs autres plantes telles que digitales, morelles, chicorée, mauves, etc.
Le chiffre de la population qui était avant le dernier recensement de 1102 h est descendu à 922 h. On peut attribuer cette diminution au changement qui s’est opéré dans l’industrie. Celle-ci était la confection de châles ; de jour en jour, elle tend à disparaître ; elle est remplacée par la confection de tissus en laine et coton ou coton et soie ; l’ouvrier chez nous gagne très difficilement sa vie ; il est attiré dans les grands centres : Guise, Bohain, Saint-Quentin.
Année | Mariages | Naissances | décès |
1881 | 8 | 18 | 20 |
1882 | 9 | 14 | 15 |
1883 | 11 | 20 | 12 |
Les habitants sont en général d’une constitution sanguine ; il en ont les défauts et les qualités ; ils sont d’une taille un peu plus élevée que la moyenne ; le café est très en usage dans le pays ; le régime alimentaire est sain ; il se compose de légumes et de viandes ; la boisson la plus usitée est la bière ; grâce à sa position Aisonville jouit d’un climat très sain ; on n’y remarque ni les maladies endémiques, ni les fièvres qui semblent être le partage de quelques villages dans les environs, Hauteville, Noyal (vallée de l’Oise). L’âge moyen est de 45 ans, on rencontre quelques vieillards de 80 à 90 ans. Le caractère des habitants est turbulents, irascible, enclin à la jalousie, mais à part cela, les habitants ont de bonnes qualités, ils sont actifs, laborieux, soigneux, intelligents ; dans leurs rapports, on désirerait un peu plus de franchise, cependant la simplicité des mœurs d’autrefois tend à disparaître, les vieux papas s’en plaignent ; on se rit de leur sermons ; on rencontre aussi beaucoup de cabarets ; le dimanche, entre 8 et 10 heures du soir surtout, l’assistance y est assez nombreuse et les rixes assez fréquentes aussi. Il existe dans la commune une société d’archers, laquelle se réunit chaque dimanche aux beaux jours. A l’instar des pompiers qui ont pour fête la Sainte Barbe, ils célèbrent, eux, la Saint Sébastien. Le patois qui tend peu à peu à disparaître est un mélange de picard (cat = chat, quien = chien) et de flamand (mi = moi, min = mon) grâce aux mesures prises depuis 1850, le degré d’instruction s’est sensiblement élevé. Au dernier tirage au sort, les 4/5 des conscrits savaient lire et écrire. Ce qui fait croire que ce mouvement vers le progrès ira s’accentuant c’est que l’instruction est très recherchée. La commission scolaire établie depuis la dernière loi n’a pas encore eu l’occasion de sévir. D’ailleurs, beaucoup de jeunes gens obtiennent le certificat d’élèves à la fin de leur scolarité.
A raison se sa proximité de Guise, autrefois ville forte, le territoire d’Aisonville eut Souvent à souffrir du passage de différentes années. C’est ainsi que nous voyons en 1560-1655 un corps d’Espagnols camper dans les environs de Guise à Vadencourt, lequel corps, après avoir brûlé le château de cette dernière place, vint faire une visite sur le territoire de notre commune. Lors de l’invasion de 1815, le village fut totalement déserté par ses habitants qui se réfugièrent dans les bois de Cessereux, Saint Martin, etc …. Une fraction de l’armée des alliés commandées par Blücher, di-on, et se dirigeant sur Paris, campa dans les environs ; les habitants ont appelé cet endroit : le Bivac. En 1811, les 7 et 21 janvier plusieurs passages de troupes saxonnes et prussiennes eurent lieu sur le territoire de la commune.
L’église de la commune date de 1748 ; elle a été restaurée. Elle est sous le vocable de Notre Dame de septembre. La longueur de la nef à l’intérieur est de 24 m sur une largeur de 12 m. La forme du clocher, qui n’a pas 18 m de hauteur, le plein cintre de la porte d’entrée et des fenêtres classent ce monument parmi ceux de style roman. En la construisant, on a fait alterner une bande de pierre avec une autre de brique. A gauche du maître-autel, nous trouvons une chapelle dite des Seigneurs. Elle est encore occupée par les châtelains de Bernoville. Tout près de ladite chapelle nous voyons une pierre tombale, recouvrant les restes de M. Hennet, né à Douai en 1774, mort à Paris le 16 mai 1853 et inhumé en l’église de Bernoville à la demande des habitants. Une autre pierre se remarque à la droite du maître-autel, l’inscription quoique que vieille, est encore lisible ; elle nous fait connaître que : Dame Berthe du Liège, épouse du Seigneur de La Faïettte du Liège, de Bernoville, Lieutenant du Gouvernement et Duché de Guise et Gouverneur de Saint Valeri sur Somme est décédée le 1er décembre 1607 à 83 ans).
Il existe un lieudit la Templerie, au nord- nord-ouest de la commune entre Grougis et Aisonville. Cette Templerie aurait été un couvent habité par des moines lequel couvent serait tombé en 1790. Peut-être mêle la date de sa chute est elle antérieure à cette époque. Le soc de la charrue met souvent à nu en cet endroit des débris de monument. Un grès taillé d’une longueur de 2 m a été retrouvé en 1881 par un laboureur de Séboncourt. On aurait aussi retrouvé plusieurs autres pierres sculptées toutes au même endroit et en grès. Il est présumable que cette Templerie était une dépendance de l’abbaye de Vadencourt et Bohéries laquelle dépendait elle-même de Prémontré avec Clairfontaine, Corbie, etc.
La chapelle d’Aisonville n’offre pas de particularités. Jetée dans le même moule que sa voisine de Bernoville elle en a la lourdeur et le style compassé. Elle date de 1830 ; la net et le
Chœur ont été reconstruits en 1855. Elle n’a ni chapelle latérale, ni bas-côtés. Elle est sous le vocable de Saint Jean devant la porte latine.
Il existe dans la commune un lieudit la Maladrerie. C’était une terre soumise à une redevance envers une maladrerie des environs. Elle a conservé le surnom de maladrerie.
l’histoire :
Le château de Bernoville aurait été à son origine, une villa appartenant aux seigneurs de Bernot (villa de Bernot) d’où son nom Bernovilla et par suite Bernoville. Ladite villa transformée en château appartenait à M. de Puységur, autrefois ; plus tard, selon les dires des habitants, le château changeait de maître et passait avec sa terre à M. de Kan Laurent, célibataire. Celui-ci fit reconstruire le château, bâtir l’église et la ferme en 1748. On rapporte qu’un jour les ouvriers lui manifestèrent leur étonnement à la vue des immenses travaux qu’il faisait exécuter ; il leur répondit : si je n’avais autant de doubles louis que mon cheval a de poils à sa robe vous ne me verriez pas entreprendre es choses-là. M ; de Kan Laurent ayant eu plusieurs enfants avec une demoiselle Lépine, sa dame de compagnie, voulut leur assurer une fortune. En conséquence, il fit à un nommé M. Vervout, notaire des environs, la visite de son château de Bernoville, à la condition que le prix en revînt aux enfants de la dame Lépine. Avant 1780, M. Hervoot revendit le château à M. Hennet qui habitait alors Douai et qui devint ainsi possesseur de la terre de Bernoville, encore occupée aujourd’hui par ses descendants. Ledit Hervoot, au lieu de remettre le montant de la vente aux enfants de dame Lépine, selon la convention le conserva. Dans le pays, son nom est devenu synonyme de voleur. Le château qui et une belle construction est précédé d’une magnifique avenue de tilleuls. La façade peut avoir 40 à 45 mètres ; elle est flanquée de deux ailes qui forment une cour d’honneur. Le château n’a qu’un étage. Un autre château existait aussi à Aisonville. Il appartenait à un Allemand à M. de Saint Félien. Il fut démoli bien avant 1790, mais ne fut pas reconstruit ; les terres qui en dépendaient furent, en 1794, vendues par portions et rachetées presque toutes par les habitants d’Aisonville. L’emplacement du château est bien connu ; l’on y retrouve encore des restes de constructions. Le château de Bernoville faisait partie du Vermandois, dit-on et celui d’Aisonville dépendait du duché de Guise, ce qui semble donner quelque fondement à cette assertion c’est que le jalois vaux à Aisonville 24 ares 20 et à Bernoville 2 ares 74.
Avant 1850, la commune n’avait qu’une seule école mixte, vers 1855, M. Hennet fit construire une école de filles et en confia la direction aux sœurs de St Erme. Cette école subsiste que par la générosité des propriétaires du château qui se chargent de tous les frais de l’école. Pour l’école de garçons, la population scolaire est de 75 à 80 élèves. Un même nombre d’élèves fréquentent l’école des filles. Quant à assigner une date à la fondation de la première école, cela nous serait bien difficile ; tout ce que nous savons c’est que les habitants en ont toujours vu une dans la commune.
Annexe
Aisonville- Bernoville
Traitement en obligation des instituteurs aveu 1833
Je ne trouve rien dans les archives de la commune
Signé L’instituteur L. Fontaine 23 Janvier 1884