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Les DETRAIGNE de BerliseHistoire locale / Articles

Thème : Études familialesCommune(s) : BERLISEAuteur : D.Boussin


par Daniel Boussin à partir des recensements de Berlise de 1841 à 1901

Il ressort globalement de cette étude que Berlise fut à cette époque, une commune où le tissage devait être une activité industrielle essentielle ; la nature des professions évoquées en regard des patronymes en fait foi ( tisseur / marchand de toiles / peigneur de laine / trameuse (ouvrière qui disposait sur des « canettes » les fils devant servir à la trame )…etc ) . Bien évidemment, la culture était omniprésente, mais ceci était largement le cas de nombreuses communes en France. A cette évocation j’ajouterai une profession dont je n’avais jamais entendu parler, en l’occurrence celle de « regrattière ». Sous l’Ancien Régime ce terme qualifiait une personne qui vendait au détail, des grains, du charbon, du sel… !

Ceci précisé, abordons à présent les divers foyers dans lesquels sont impliqués des DETRAIGNE et leurs conjoints ou conjointes.

Parmi ceux-ci, j’ai relevé dès 1841 l’existence de DOLIGNON Marie-Louise (née en 1791) Veuve de DETRAIGNE Jacques (ou Jean-Jacques) ; celui-ci naquit vers 1793 et décéda en 1831, à moins de 40 ans, laissant son épouse à la tête de sept enfants nés entre 1818 et 1830. La petite dernière Marie-Honorine avait alors un an et l’aînée Florentine, treize ans. Il y avait également Virginie, née en 1820, Florippe née en 1821. Les garçons par lesquels les filiations patronymiques se perpétuent avaient pour prénoms Philippe-Auguste, né en 1822, Théodore, Jean-Louis né en 1825 ; le dernier des garçons qui naquit en 1827, se prénommait Pierre-Isélire.

Au recensement de 1866, on note que Pierre-Isélire ( alors meunier ), vivait avec sa sœur Florippe ( couturière ) et deux domestiques ; le frère et la sœur avaient respectivement 39 et 45 ans. Au recensement de 1886, Virginie les rejoignit. Enfin au recensement de 1891, ce fût le tour de Florentine et de Philippe-Auguste ; ce dernier n’apparaît plus au recensement de 1896, fort vraisemblablement parce que décédé ! Par contre, Pierre-Isélire, Florippe, Virginie et Florentine apparaissent toujours, mais pour la dernière fois. Avant de poursuivre l’évocation des familles DETRAIGNE vivant à BERLISE durant cette période 1841/1901, je reviens sur Florentine. Celle-ci se maria avec Basile POULAIN, né en 1815 -peigneur sur laine de son métier-.

A défaut de pouvoir définir les liens entre Jacques DETRAIGNE et ses contemporains, j’ai relevé :

– DETRAIGNE Jean-Claude qui naquit en 1798. Il se maria avec Angélique CANAUX, née en 1808.Il exerçait la profession de tisseur. Le couple eût à priori trois enfants, Ismérie née en 1834, qui fut tour à tour journalière puis trameuse. Elle se maria avec Jules LONCOLLE, né en 1828 et tisseur de profession. Il semble que ce couple n’ait eu qu’un enfant.

Après Ismérie, on relève la naissance de Mélina, née en 1835, puis de Virginie, à une date inconnue

– DETRAIGNE Principe, né en 1804 ; il décéda entre 1887 et 1890 et exerça le métier de peigneur de laine. A moins qu’il se soit marié avant 1841, je n’ai trouvé trace d’un mariage qu’en 1863 ou 1864 avec BLOND Aurélie, sa cadette de 22 ans. Elle avait 38 ans alors que lui avait 60 ans. Ils eurent un garçon « Jules », né en 1864. Ce dernier se maria avec Marie BOUVART, née en 1873. De cette union naquit en 1897, Henriette-Marie DETRAIGNE. A noter qu’en 1901 le foyer de DETRAIGNE Jules et de BOUVART Marie, comprenait en plus de leur fille, les deux grands-mères – veuves toutes les deux-( BLOND Aurélie, qui avait alors 76 ans et GOUBE Zilda, 52 ans).

-DETRAIGNE Marie ( tisseuse puis domestique ), née en 1806, veuve d’un certain MOUTON, se remaria avec Nicolas, Alexis BODSON, né en 1792 ; ce couple est recensé jusqu’en 1872. Pour l’anecdote, il me paraît intéressant de préciser que BODSON Nicolas eût pour père Pierre BODSON et pour mère Marie-Louise DETRAIGNE…un exemple de plus, démontrant qu’à cette époque le mariage entre cousins était relativement courant !

-DETRAIGNE Joséphine, née en 1816, se maria avec Jean-Baptiste BEUDY, né en 1812. Ce dernier fut, tour à tour, tisseur, cuiseur ( ouvrier qui dirige le feu d’une fabrique de poterie, de briques ou de ciment ), puis fournier ( ouvrier qui mettait au four les pains à cuire ), boulanger. On peut supposer que le couple décéda entre 1876 et 1885 car il n’apparaît plus en 1886 ( je rappelle qu’il manque le recensement de 1882 ).

-DETRAIGNE Joseph, né en 1764 est décédé à priori entre 1852 et 1855 ; son épouse TIERCELET Catherine dont je n’ai pu retrouver l’année de naissance est décédée après 1841, dernier recensement où elle figure.

-DETRAIGNE Jean-Pierre, né le 13 Mars 1769 se maria avec sa cousine Marie-José DETRAIGNE, née vers 1772. On relève au recensement de 1841, le seul où le couple est identifié- ils ont alors respectivement 72 et 69 ans – la présence d’une fille « Félicité », née en 1809. Cette dernière fut tour à tour commissionnaire puis « regrattière ». Cette appellation n’a plus cours à présent ; le terme « épicier » l’a remplacé. Il mérite néanmoins quelques explications… En France, sous l’Ancien Régime était « regrattier » le marchand qui vendait au détail certaines denrées, notamment des légumes, des fruits, des épices et surtout du sel ( les regrattiers achetaient aux greniers royaux le sel – dans le prix duquel était inclus le droit de gabelle – et le revendaient aux consommateurs qui habitaient trop loin des greniers pour s’y approvisionner ainsi qu’à ceux dont les besoins et les possibilités étaient minces ). Leur nombre et le taux de leurs bénéfices étaient réglementés.

-DETRAIGNE Rose, née en 1795 est déclarée impotente au recensement de 1866. Elle se maria avec Pierre HESNE, né en 1787. Ce dernier a du décéder entre 1856 et 1861 ; par contre Rose DETRAIGNE vivait encore au recensement de 1866 ; elle avait alors 70 ans.

– DETRAIGNE Marie-Nicolle née en 1793 se maria le 30 Décembre 1812 avec FLEURY Jean-François, né en 1784( les parents de Marie-Nicolle étaient respectivement DETRAIGNE Rémy, né le 14 Mai 1761 et DELIERE Marie – Catherine ) ; le couple DETRAIGNE / FLEURY n’apparaît plus après le recensement de 1866 ; dès 1861 Jean-François FLEURY est annoncé « aveugle ».

-DETRAIGNE Florentine ( ou Flore ) née en 1801 qui n’apparaît plus après le recensement de 1866, se maria avec Michel BURVENIQUE – né en 1799 – ; ce dernier fut respectivement tisseur puis pâtre. Le couple dut avoir trois enfants.

-DETRAIGNE Virginie, née en 1807, n’apparaît plus après le recensement de 1886. Elle se maria avec Ferdinand BAILLIET qui décéda entre le recensement de 1872 et celui de 1876. Le couple qui eût à priori quatre enfants dut disposer d’une certaine aisance si l’on se réfère à leur situation de « propriétaire-tisseur ».

-Et puis nous arrivons à l’évocation de DETRAIGNE Etienne ( l’arrière grand-père de la grand-mère Isabelle ) – qui naquit le 11 Juin 1796 – et de CURY Véronique, née le 21 Juin 1791. De ce couple qui se maria le 27 Mars 1815, vinrent au monde, sept enfants entre 1815 et 1832. Avant d’évoquer ceux-ci, précisons qu’il fut ouvrier dans le textile puis « friseur » de laine. Il mourut alors qu’il n’avait pas encore 60 ans, le 13 Novembre 1855 à Reims. Le terme précité de « friseur » appelle lui aussi un commentaire : était qualifié de « friseur » l’ouvrier qui travaillait sur une machine à friser les étoffes.

– Le premier de leurs sept enfants fut un garçon, Louis, Valentin qui ne vécut que 13 jours ; il naquit le 10 Décembre 1815 et décéda le 22 du même mois.

– Près de 2 ½ ans plus tard, le 12 Avril 1818, naquit Zélie. Celle-ci se maria le 25 Février 1842 avec LEGRAND Félix – tisseur et peigneur de laine – Ils eurent quatre enfants ; au recensement de 1851 Elise, sa cadette de 4 ans vivait avec le couple. Zélie et Félix sont décédés entre 1892 et 1895 puisqu’ils apparaissent toujours au recensement de 1891 ; ils ont alors respectivement 74 et 70 ans ; Zélie est annoncée « goitreuse » en 1866.

– La seconde fille Clarisse, Emilie vint au monde le 13 Mars 1820 et décéda alors qu’elle venait d’avoir 5 ans, le 28 Avril 1825.

– Suivit Elise, née le 18 Mai 1822 et décédée le 10 Novembre 1859. On peut imaginer que le fait d’avoir été accueillie chez sa sœur Zélie dès 1851 était lié à son état de santé défectueux ?

– Nous arrivons ensuite à Clarisse, ourdisseuse de son métier ( cette profession consiste à disposer sur un ourdissoir les fils de la chaîne d’une étoffe ). Née en 1829 elle mit au monde 4 enfants – entre 1850 et 1857 – sans pour autant se marier… ! Marie-Valentine, née le 10 Décembre 1850 ; Paul-Emile, né le 22 Juillet 1854 ; Eugène François, né le 19 Mai 1857. A ces trois enfants il convient d’ajouter Joseph-Edmond né le 28 Mars 1856. Dans « La Vie Rémoise » d’Eugène Dupont, Joseph-Edmond est présenté comme un « crafouillat » ce que l’on peut traduire par le terme de « titi » de Fléchambault ) ; Eugène Dupont poursuit son évocation en disant de lui qu’il était maigre ,avait des yeux brûlants, pâle, les muscles frémissants ; il eut une vilaine mort, puisqu’il finit – comme disent les gens d’atelier – « en poisson », c’est-à-dire dans le canal. Il se maria le 3 Février 1883 avec Marie- Victorine LEFEBVRE, dont il divorça en 1892. Selon mes sources, ils eurent une fille Jeanne, Aimée, née le 28 Octobre 1883 qui se maria le 3 Mai 1902 avec GERVAIS Achille. Il se remaria avec Catherine JANTZEN.

– Le dernier des enfants d’Etienne et de Véronique fut Emile, Zéphyrin, Constantin, le grand-père de ma grand-mère Isabelle – celui par qui se poursuivit notre génération des DETRAIGNE. Né le 3 Septembre 1832 il se maria le 24Septembre 1856 avec Victoire MIGNON (née le 2 Octobre 1830). Ce « personnage » « haut en couleur », impliqué dans la politique et dans la presse mérite que je lui accorde un article spécifique. Pour le « découvrir » j’ai du mener une véritable enquête sur plusieurs mois ! Eugène Dupont, auteur de « La Vie Rémoise » dit de lui qu’il fut un politicien de quartier, fort zélé, « illuminé » à cheveux noirs bouclés et flottants à la « Gonzalle » ( poète ouvrier rémois issu du quartier Fléchambault ) ; il fut un actif propagandiste de la République Radicale, tenant le « crachoir », plus souvent qu’à son tour ! Son implication dans « L’Avenir de l’Est » – Journal Républicain Radical – durant les années 1884 / 85 en fait foi !