Thème : Patrimoine | Catégorie : Églises | Commune(s) : ARTEMPS | Auteur : Mémoire du canton
L’église
d’Artemps est très ancienne.
Les murs de la nef ont été rebâtis à différentes
époques. Mais le choeur et la tour massive sur laquelle repose le
clocher remontent à une date assez éloignée. Monsieur BLIN dit
que le choeur date du 16ème siècle et la tour du 14ème siècle. Cette
tour est carrée et s’élève à l’entrée du choeur. Elle est en grès,
solidement construite et appuyée de puissants contreforts également en
grès. Le sanctuaire est en forme d’octogone avec des angles et des
contreforts aussi en grès très solidement construits. La tour est
surmontée d’une cage ardoisée servant de clocher. Le portail est très
simple. Il n’a aucun caractère architectural. Le porche, de
construction moderne, est en pierre avec pilastres moulurées, et se
termine par un plein cintre au dessus duquel se trouve un triangle
comme ceux des églises modernes de CAULAINCOURT et de DALLON. Deux
contreforts s’élèvent de chaque côté de l’entrée. Une porte est ouverte
dans le mur latéral de gauche, près de l’endroit où sont placés les
fonts baptismaux,
Un des murs latéraux de l’édifice est en grès et l’autre en briques.
Ils sont percés de petites fenêtres terminées en ogive. Dans
l’intérieur, les bas côtés sont séparés de la nef, par des colonnes
simples couronnées par de modestes chapiteaux, Ces colonnes supportent
des arches, qui touchent presque au plafond et n’ont par conséquent,
aucun dégagement. Le plafond est en cul de four aplati dans le milieu.
Il est peint et décoré.
Le maître-autel, de style gothique simple, produit un assez bel effet.
Les murs du choeur sont un peu nus et froids, mais les fenêtres sont
ornées de vitraux, dont un de M. TALON. Deux ou trois tableaux sont
pendus à l’entrée sous la tour du clocher. Cette partie de l’église est
la plus ancienne et appartient au genre roman.
M. BLIN dit que la longueur de l’église, à l’intérieur, est de 29
mètres, que la nef a 15 mètres de longueur et 6 mètres de
largeur, que le bas-côté du sud-est de l’an 1700, et celui du clocher
datent du quatorzième siècle. Elle a 7 mètres de côté et 29
mètres de haut.
Il y a des inscriptions dans
l’église d’Artemps; l’une toute moderne, fait connaître le nom de la
donatrice d’une cloche et d’une somme d’argent; l’autre, plus ancienne,
est placée en face, sur le mur, du côté gauche du choeur. On y
lit : « LOUIS HORDRET, né à Artemps en 1714, avocat aux
conseils du Roi; a fondé dans cette église en 1783, suivant les désirs
de NICOLAS et FRANCOIS DESJARDINS, ses oncles, chanoine et principal du
collège de SAINT-QUENTIN, nés au même lieu, morts, l’un en 1738,
l’autre en 1773, une messe, etc,..
« A fait don de six cents livres de rente pour être employés chaque
année, le moitié à soulager six vieux hommes ou six vieilles femmes les
plus pauvres, et l’autre moitié à secourir les femmes en couche, les
blessés et les malades de cette commune, le tout à perpétuité ».
Les fonts baptismaux de l’église d’Artemps méritent d’être signalés. Le
socle et la cuve sont en pierre dure, un peu effritée, mais l’on
remarque au dessous de la cuve une sculpture qui ne manque pas
d’intérêt. On dit qu’elle date du siècle dernier.
Il y a quelques statues dans l’église, On s’arrête devant celle de
Saint-Pierre, un vieillard qui tient les clefs du Paradis, et dont la
figure étrusque annonce la vigueur, l’énergie. La statue semble avoir
été copiée sur l’une de celles que l’on voit à la cathédrale de Reims
aux trumeaux des portes du transept croisillon septentrional,
Deux autels se trouvent de chaque côté du transept, à l’extrémité des
bas-côtés, Ils sont en bois marbré et d’un style Renaissance d’un bel
effet ; près de l’autel de gauche, on voit un petit tableau d’une
bonne composition, et représentant le patron du village, Saint-Martin,
monté sur un cheval et coupant son manteau pour en donner la moitié à
un pauvre presque nu, étendu sur le sol. De belles petites colonnes
avec filets dorés et chapiteaux genre ionien encadrent cet autel.
Celui de droite est orné de belles colonnes torses,
avec des rinceaux et des feuillages dorés. Dans le bas, on remarque un
pélican, donnant la pâtée à ses petits, à moins que ce ne soit un des
cygnes qu’on voyait autrefois en assez grand nombre sur la Somme, et
que le seigneur de Viécourt avait seul le droit de chasser.
Dans les dernières années du quatorzième siècle, l’église d’Artemps
tombait en ruine.
Voici le texte complet de l’inscription que l’on trouve dans
l’église :
LOUIS HORDRET, né à Artemps en 1714, avocat aux conseils du Roi, a
fondé dans cette église en 1783, suivant les désirs de NICOLAS et
FRANCOIS DESJARDINS, ses oncles, chanoine et principal du collège de
SAINT-QUENTIN, nés au même lieu, morts, l’un en 1738, l’autre en 1773
1° une messe haute de requiem chaque semaine avec annonce au
prône ;
2° douze saluts du Saint-Sacrement aux fêtes solennelles :
3° les prières des quarante heures, aux trois jours gras chaque
année, le tout avec De profondis pour lui et pour sa famille.
« Plus il a donné six cents livres de rente pour être employées chaque
année, la moitié à soulager six vieux hommes ou vieilles femmes les
plus pauvres, et l’autre moitié à secourir les femmes en couche, les
blessés et les malades de cette paroisse, le tout à perpétuité.
– Requiem-cant in pace. »
Cette inscription est gravée sur une dalle en pierre bleue encastrée dans le mur de gauche près du choeur.
C’est à cette fondation qu’on doit la constitution du bureau de bienfaisance d’Artemps ; par suite de réductions et de conversion, la somme de 600 livres ne s’élevait plus en 1835 qu’à 315 francs.