Thème : CommunesCommune(s) : OLLEZYAuteur : Charles Poëtte
(d’après Poëtte : Promenade dans les environs de Saint-Quentin, tome 5 – 1896)
Le château de M. de Vienne, maire d’Ollezy et conseiller d’arrondissement du canton de Saint-Simon, est très agréablement situé au milieu d’une belle propriété couverte de gazons verdoyants, de bosquets, de charmantes avenues artistement boisées et près d’une grande prairie se dirigeant vers ommette et dans laquelle coule une riviérette ouverte par M. de Vienne et formée par les eaux de la Clastres de 1’Annois, autrement dit de la Sommette. En venant de Simon à Ollezy, on arrive à la grille qui ferme de ce côté l’entrée de la propriété. On la voit alors se développer dans un grand espace situé entre la Sommette, les marais que traverse un chemin qui se dirige sur Dury par la rue d’Elva, et une rue qui conduit vers le chemin de Cugny d’un côté et de l’autre vers Eaucourt et Sommette. De l’entrée du château jusqu’aux chemins qui mènent à ces villages, la propriété est bordée de petits bosquets larges de 20 à 30 mètres, entretenus avec beaucoup de soins et parfaitement disposés pour la promenade. Sur le bord des chemins de Sommette et d’Eaucourt, des bosquets semblables couvrent les abords de la propriété, en laissant voir une échancrure gazonnée au milieu do laquelle se trouvent des bâtiments à usage de remises.
L’espace qui se trouve au-devant du château, du côté de la rue qui conduit à Dury, est aussi très bien gazonné. Quelques grands arbres s’élèvent près de la rue, et une large allée bordée de deux rangées de hauts platanes conduit à cette belle habitation. De cette allée, le passant voit très distinctement le château. Il se présente aux regards sous un aspect gai, riant, n’ayant rien de commun avec le château féodal d’autrefois. C’est une belle demeure champêtre, dans laquelle se trouvent de jolis salons tenus avec une distinction toute particulière. En les visitant on constate que le propriétaire est un savant, un artiste, un archéologue, un homme qui honore son pays par ses études et ses connaissances spéciales. Vous trouvez dans ces salons, décorés avec un goût tout exceptionnel, de belles teintures, des antiquités de toutes sortes, des médailles, des monnaies de diverses époques, des armes anciennes, notamment une très belle panoplie composée d’armes trouvées en 1557, près de Gibercourt, après la bataille de la Saint Laurent. Recueillies avec soin à cette époque, ces armes se trouvent encore aujourd’hui dans le même état qu’en 1557. On en a trouvé à Urvillers, à Montescourt, à Clastres,
etc., mais aucune n’a été conservée. Avec les armes et les antiquités diverses qui ornent les salons du château de M. de Vienne, on y voit encore des objets divers, rares et précieux, qui témoignent des goûts élevés et artistiques du propriétaire.
Il en est de même de la disposition générale de la propriété. Çà et là, on rencontre des objets d’art, des mosaïques et notamment une belle statue
de femme aux formes athlétiques et couverte en partie de lierre et de feuillages. La riviérette qui longe les marais à droite de la grande prairie de
laquelle voit vers l’ouest le monticule boisé qui porte le nom de la Motte sur le chemin de Sommette, est traversée par un pont mobile suspendu
qui permet de communiquer des deux côtés. Les allées, sans être disposées en forme de berceau, en ont le caractère, le charme et les agréments. Quand on se trouve à l’entrée, on dirait qu’elles s’étendent à perte de vue et qu’elles conduisent dans quelque Eden où se trouve réuni tout ce que la nature a de grand et de beau.
En un mot, pendant les jours du printemps, de l’été et de l’automne, il y a dans la propriété de M. de Vienne quelque chose de grand et de champêtre qui rappelle les belles descriptions de Virgile, de Rousseau, de Bernardin de Saint-Pierre sur les champs, les prés, les bois et les jardins.
L’emplacement du vieux château, le château-fort sans doute qui fut détruit en même temps que celui de Dury, à l’époque de la Jacquerie, était sur le côté gauche du château moderne. M. J. de Vienne, qui connaît si bien l’histoire d’Ollezy, indique toujours volontiers au visiteur l’endroit où il se trouvait.
Les communs, les écuries, les remises sont du côté opposé. On y voit aussi l’ancienne cour seigneuriale, avec ses cellules, leurs portes et les gros verrous qui en fermaient l’entrée.
En résumé, cette propriété est non seulement une des plus belles, des plus agréables et des mieux disposées de nos environs, mais elle rappelle aussi, comme celle de M. Ernest Martine, de Villers-Saint-Christophe, des souvenirs historiques très intéressants.
Ajoutons que le sol de la partie des marais de la Somme, de la Clastres et d’Annois qui s’étend entre cette propriété et le canal de Picardie, et la Somme elle-même, n’est que très peu marécageux, et que la santé des habitants du village ne se ressent aucunement de ce voisinage. Depuis l’ouverture du canal de Picardie et la dérivation qu’on a fait subir à la Somme, la Sommette coule ses eaux pures et limpides dans le lit de la vieille rivière que les anciens appelaient Phrudis, Samara, Somena, Sumina, etc. Les arbres et les arbrisseaux ordinaires des marais peu bourbeux croissent dans l’espace qui sépare Ollezy de la rue d’Elva, ce qui prouve que ces marais pourraient être utilement desséchés et livrés à la culture des légumes maraîchers comme ceux que l’on récolte à saint.Quentin dans les marais de Chantraine, à Tugny-et-Pont, et à Ham dans les marais de la Beine et de la Somme. Il est vrai que l’enlèvement des grandes herbes, des cepées et des arbrisseaux aurait pour résultat d’éloigner les petits oiseaux chanteurs qui séjournent dans ces marais
pendant le printemps et l’été. Ce serait un charme de moins, et nous comprenons qu’on sacrifie parfois l’utile à l’agréable.
Le château a disparu en 1917, seule une grille subsiste…
L’EGLISE
L’église d’Ollezy est un modeste édifice construit en grès mélangés de briques et de pierres. Elle s’élève à l’est du château de M. J. de Vienne, dans le cimetière, tout près de la place publique dont elle est séparée par un mur dans lequel se trouve une porte qui s’ouvre dans le cimetière. Le portail a la forme ordinaire des pignons d’autrefois. Il est soutenu par deux piliers élevés des deux côtés de l’ouverture par laquelle on entre dans l’église. Cette ouverture a été restaurée il y a quelques années. Les deux côtés sont en pierres et le sommet couronné par un ornement également en pierres et d’un genre tout particulier.
Deux petites baies aveugles, en style ogival, se trouvent près de cet ornement. Le mur méridional est assez ancien. Il est soutenu par quatre ou cinq piliers, construits contre le mur en grès pierres et briques. Le mur du côté septentrional a été refait en briques il y a Le sanctuaire est la partie la plus ancienne de l’édifice. Il est en forme octogonale et appuyé de contreforts. Les matériaux se composent aussi de grès, de briques et pierres. Il y a peu d’élévation. Les fenêtres sont petites et à plein cintre. L’intérieur de l’église est bien tenu. L’autel, en bois peint et sculpté, appelle l’attention. Les ornements, les peintures, les dorures, témoignent du bon goût des décorateurs. La porte du tabernacle surtout est intéressante. Les fenêtres du sanctuaire sont ornées de beaux vitraux, l’un représentant saint Germain, patron de la paroisse, et l’autre saint Martin.
Il n’y a pas de bas-côtés dans cette église. C’est une simple nef d’un aspect des plus modestes. On y remarque toutefois, sur le mur de gauche, un grand tableau représentant saint Jérôme dans le désert complètement nu et écrivant la Vulgate, cette version latine de la Bible, que le Concile de Trente a éclarée authentique.
Sur les deux vitraux placés récemment du côté gauche1 on voit sur l’un M. et Mme C… domiciliés dans un village voisin, et sur l’autre leurs enfants, une jeune fille et un petit garçon. Signalons le très intéressant bénitier placé à l’entrée de l’église. C’est un petit travail en bois, disposé avec beaucoup de goût. Il représente le baptême du Christ par saint Jean. L’encadrement est bien sculpté ainsi que les deux sujets principaux. Il en est de même du Saint-Esprit en forme de colombe qui assiste au baptême, placé au-dessus de saint Jean et du Christ.
La longueur de l’édifice est d’une vingtaine de mètres. La toiture est en ardoises ainsi que le clocher, petite tour carrée en charpente, couronnée d’un coq.