Thème : PatrimoineCatégorie : ÉglisesCommune(s) : BICHANCOURTAuteur : Olivier Dejente
Transcription de Maud Robin
Pour établir l’époque de la construction de l’église de Bichancourt, ne puis puiser à des sources plus authentiques que celles des archives de la paroisse.
Les archéologues disent tous qu’elle date du 16ème siècle, mais les comptes de fabrique, qu’on a le rare et précieux avantage de conserver de puis 1570, font connaître l’année où chaque partie de l’église a été construite. Aussi, je crois n’avoir rien de mieux à faire que de recueillir sur chaque compte, année par année, les articles qui ont rapport à la construction. Ce travail aura l’avantage de réunir dans un seul cadre des renseignements disséminés dans de volumineuses archives, de renouveler par une écriture moderne en conservant toutefois l’orthographe des titres pleins d’intérêt par leur antiquité et dont la lecture peut bientôt peut-être devenir impossible ; enfin de transmettre à la postérité de nombreux exemples de désintéressement et de zèle des habitants pour la construction de l’église.
Cependant, certaines obscurités se présentent à cause des hommes que nous trouvons dans la collection des comptes, par le peu d’éclaircissement qu’ils donnent dans l’énoncé des articles, sur la nature des travaux, sur la partie de l’édifice où ils ont été exécutés ; quelquefois la dépense figure sans en spécifier l’objet.
De plus, nous ne trouvons aucune des dépenses qui se rattachent à la grosse construction du sanctuaire ou de la nef, ni de ses bas-côtés, parce qu’elles étaient à la charge du gros décimateur qui était l’abbé ou l’abbaye de Nogent, comme le prouve la charte d’Elinand II de 1089 /
« Ego egitu Elinandis Landunensis dei gratia proesul notum esse volumus prosentibus et futuris, qualités erclesioe sanctoe Marive, quoe submonastica religione apun Noviandum site est, quatuor altaria de Petramanda, et chaum et Becencurte (Bichancourt) et Folembraio contulimus (Hre de Coucy) »
Et cet extrait d’un dénombrement :
‘Altare de Beshcencurte, hospites atrii, terras, silvas, prata 1148 (Carta de Nogent) ».
Exercice 1745 : On fait le portique de l’entrée du chœur.
Exercice 1760 : Carrelage de la nef t du sanctuaire
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Exercice 1773 : Travaux sur la sacristie et la chapelle St Sébastien.
Exercice 1787 : Rallongement de la sacristie.
Je résume les détails que nous donnent les archives pendant une période de 220 ans.
L’abbé et les religieux de Nogent étant gros décimateurs, se trouvaient obligés de coopérer à la reconstruction de l’église. Les cultivateurs ont fait à la corvée les charrois de matériaux. La grosse construction était à peu près terminée en 1570 et il ne restait que certaines parties de détails.
Aussi, voyons-nous, en 1569, suspendre trois cloches neuves, orner les ouvertures de rosaces pour recevoir les verrières, puis les couvertures du clocher, de la nef, etc.… Et en 1586, la construction de la voûte du cœur, le pavage de l’église. Tout cet ensemble me parait annoncer la fin des travaux de construction.
En effet, en 1593, voyons-nous la réception des travaux de construction de l’église parait également à la reconstruction du clocher en 1701. C’est grâce aux archives de Manicamp que nous connaissons la cause, le jour et l’année du sinistre dont il est parlé plus haut.
Vingt-cinq à trente ans se sont écoulés du commencement à la fin des travaux. On a complété l’édifice en construisant la chapelle de la Ste Vierge (1610) et une sacristie (1695).
En 131 ans, la sonnerie fut trois fois renouvelée : en 1569, en 1598 et en 1701. Pour cette dernière fois seulement la cause en est connue.
Pourquoi ce renouvellement de lambris, de bancs, de tableaux, de pavés. C’est l’humidité. De tout cet ameublement, il ne reste que les stalles et les lambris du chœur.
Mais l’église, avec sa riche et élégante architecture qui réunit à la bonne exécution des travaux la solidité des matériaux, soutenue par la force de ses majestueux contre forte reste debout et traversera encore plusieurs siècles.
En 1792, sous la terreur, les républicains égalitaires ont abattu le clocher et enlevé deux cloches. Pour couvrir cette partie de l’église, on fit continuer le toit de la nef en la terminant par une croupe sur le portail. C’est sous ce toit que fut suspendue la seule cloche laissée par le District de Chauny.
Cette cloche portait la légende suivante :
L’an 1701, j’ai été bénie par messire Quentin Sauvaige, curé de Bichancourt et nommée Marie-louise par haut et puissant seigneur de Harcourt comte de Beuvron et haute et puissante demoiselle Mademoiselle Louise de Harcourt, fils et fille de très haut et très puissant seigneur, Messire Henri, Luc de Harcourt, Lieutenant Général des camps et armées du roi, et de vers sa province de Normandie, gouverneur de Tournay, et son ambassadeur extraordinaire en Espagne, et de très haute et très puissante Dame Marie Anne Claudine Bruslart de Genlis son épouse, leurs père et mère, seigneur et dame de ce lieu.
Un demi-siècle s’écoule avant que d’autres travaux soient exécutés.
Exercice 1885 : On établit la grille du chœur
Exercice 1843 : Acquisition de la statue de St Nicolas
Exercice 1846 : Construction d’une voûte sous le clocher
Exercice 1848 : Etablissement d’une tribune pour recevoir un orgue
Exercice 1849 : Acquisition d’un orgue : 6 600 Frs
Exercice 1862 : Enlèvement des terres de l’ancien cimetière et dépense de 1000 F, pour l’ornementation de l’église.
Le conseil municipal vote 15 000 F pou la reconstruction du clocher
Exercice 1868 : Achat de nouvelles cloches pour une dépense totale de 9 845 F., fournies par M. Cuvillier de Carrépuis.
Le poids total des cloches est de 2 636 kg ; la première pèse 1 181 kg, la deuxième 844 kg, la troisième 611 kg ;
Une souscription procure 2 500 F.
Le Conseil Municipal vote 5 000 F.
L’ancienne cloche vendue donne 1929 F.
Ces trois cloches qui forment une des plus belles et des plus fortes.
Exercice 1610-1611 : Construction de la chapelle de la Ste Vierge
Exercice 1612-1613 : Fourniture de vitres pour la chapelle Notre Dame
Exercice 1635-1637 : Travaux d’assainissement du pavé de l’église
Exercice 1668-1669 : Nouveau carrelage de l’église
Exercice 1675 à 1677 : Construction d’une nouvelle sacristie. La sacristie parait avoir été originairement au nord du sanctuaire ; on a conservé à l’intérieur la forme de la porte et à l’extérieur, on voit encore les traces d’un appentis placé entre deux contre forts.
Exercice 1685-1685 : Peinture et dorure du Rétable et des lambris et construction des bancs de la nef
Exercice 1689 à 1690 : M. Duval, sculpteur de Coucy fait les statues du portail.
1701 : INCENDIE DU CLOCHER : Le 17 août 1701, il a fait un si violent orage que les plus anciens de ce temps n’en avaient jamais vu un pareil. Il a duré depuis 10 heures du soir jusqu’à six heures du matin, entre le mercredi et le jeudi. Il a brûlé le clocher de Bichancourt, (extrait des registres de baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de Manicamp).
On accommode ensuite des roseaux pour boucher le « clocher qui a été bruslé ».
Exercice 1702 à 1706 : Travaux au clocher. Raccommodage des bancs de l’église qui avaient été interrompus quand le cloché a été brûlé. Dans ce désastre causé par la foudre, les cloches entraînées par la ruine et la chute de la charpente et du beffroy ont été brisées ou du moins mise hors de service : ce qui nécessite une refonte.
Jusqu’en 1715, on trouve des articles de menues dépenses qui se rattachent à la reconstruction du clocher, à la suspension des cloches, à la réparation des dégâts causé par l’incendie.
Jusqu’en 1745, on ne voit aucune dépense ni pour l’édifice, ni pour l’ornementation, pour avoir recouvert le clocher XVII livres XII sous.
Quand il s’agit de couverture, c’est toujours le clocher, ce mot. « CLOCHER » me parait être pris indistinctement pour toutes les parties de la couverture.
Exercice 1585-1587 : Construction de la voûte du choeur.
Comptes à divers : Apres clôture des comptes, on trouve cette note : Les habitants et manans du dict Bichancourt, ont ordonné eux susdits marguillers pour avoir fait plusieurs voitures de pierres sont à Oudinicourt (Audignicourt) qu’à Folembray, la somme de IIII livres X sous, témoins nos ceignes.
Or la clef de la voûte du choeur est gravée à cette date 1585, ce qui est parfaitement d’accord avec l’année de compte sur lequel la dépense est consignée.
En examinant les voûtes dans toutes les parties de l’église, on remarque que les moulures des nervures ne sont pas les mêmes, serait-ce è d’essai de la part de l’ouvrier ? Ne serait-ce pas plutôt parce qu’ayant été faites quelques années d’intervalles, il y aurait eu changement d’ouvrier et, par suite, différence de moulures.
Aux voûtes des bas-côtés de la nef, les nervures sont les mêmes.
Exercice 1593-1594 : Réception des travaux.
Exercice 1598-1599 : Marché pour une nouvelle sonnerie.
De nouvelles cloches ont été montées en 1569. Une ou plusieurs d’entre elles ont sans doute été cassées pour nécessiter une refonte. On a profité de cette opération pour ajouter à la sonnerie une quatrième cloche : de là le remaniement du beffroi. Les quatre cloches furent montées è la veille de la Toussaint, le 31 octobre 1599.
Construction d’une chaire.
Exercice 1600-1601 :
Payez au fondeur de cloches Herry Ledin de Marie la somme de XIV livre
Exercice 1601-1602 : Verrières peintes dans les bas-côtés.
Exercice 1605-1606 : Pavage de l’église en briques
Exercice 1606-1607 : fermeture du choeur et des chapelles de l’église.
Cette coïncidence de construction de 1’église et d’acquisition des cloches me porte tout naturellement à en rechercher la cause.
Dans le travail que j’adressais en 1895 à la Société Académie des derniers actes et belles-lettres de ????, j’avais écrit :
Serait-ce la foudre qui aurait frappé le clocher, incendié l’église et mis les cloches hors de service ? Nous voyons plus bas que la chapelle de la Sainte Vierge de l’ancienne église est restée pour faire partie de 1a nouvelle. Aurait-elle seule échappée à un désastre ? Rien qui nous renseigner.
En compulsant certains ouvrages d’histoire, J’ai vu que la reine de Hongrie, gouvernante des Pays Bas envoya une armée en Picardie pendant le siège de Metz (1552) avant que Henri II, roi de France, eût rassemblé la sienne. Cette armée, commandée par le conté de Roeux, y commit des cruautés horribles, brûla les villes de Noyon, Nesles, Chauny et, dit-on, plus de sept cents villages aux environs. Par ordre exprès de cette princesse, et pour faire un affront personnel au roi, on renversa de fond en comble le beau château de Folembray, que François 1er avait fait bâti.
Ces faits, avec la coïncidence de datée, ne permettent-ils pas de supposer que l’église de Bichancourt, fut incendié par ces barbares.
De 1573 à 1576, il n’y a aucun détail fut les travaux de construction.
Exercice 1576-1577 : A la recette, on lit : Paie à Nicaise Hutin, couvreur en ardoise à Folembray, pour avoir couvert de son métier les abaven d’icelle Eglise, que pour les plombs qu’il a livrés pour jeter les eaux dessus, les piliers et pour deux mille clous, XVIII livres.
Item qu’il a été paie par avance audit Hutin pour et en témoin de la somme de soixante livres pour recouvrir le dit clocher et qu’il est tenu faire et est obligé, la somme de VI livres.
Exercice 1580-1581 :Paié à Michel Duhval et Henry Olyvier, massons à Chauny, quatre livres seize sous pour repaver le choeur et refaire un rouplage è ungue varyere la chapelle St-Nicolas.
Aux mêmes, dix-neuf livres pour le premier marché à eux fait pour faire les rouplages des varyeres et marche pied d’otelz. Ces rouplages me paissent être les tympans ou la partie d’architecture qui couronne chaque fenêtre, qui est faite après et adaptée à l’ouverture.
Exercice 1582-1583 : Payé à la veuve Godard pour le boys de le tourelle du clocher : V livres.
Pour la façon d’icelle baillée eux charpentiers la somme de LXXVI sous.
Exercice 1584-1585 : Payé aux couvreurs sur et en témoin du marché que nous avons avec eu.
La construction de la nef et probablement du sanctuaire est antérieur à 1570, car an lit è la clef de la voûte de la nef les noms de deux marguilliers sous l’exercice desquels cette voûte a été faite : Descarsin Daniel,
Les recherches les plus minutieuses n’ont pu me faire découvrir leurs noms. Figuraient-ils sur un des registres qui manquent à la collection ? Non, car les marguilliers étaient choisis parmi las hommes recommandables d la paroisse, on trouverait leurs noms parmi les auditeurs de comptes ou parmi les locataires de biens : d’où je conclus que tous deux étaient mort et que par conséquent la construction de la nef remonterait peut-être à 1560 environ.
Consultons les archives :
Compte pour un an en commençant le 1 jour de may mil cinq cent soixante et dix et finissant en pareil Jour MIL cinq cent soixante et onze : « Payez à Hubert Nictre et à Mathias Mahuelle pour avoir porté de la terre et la dite église et remplir les fosses pour ce VIII s.
C’est le nivellement du sol après la construction, l’église n’étant pas encore pavée.
Trois cloches neuves ont été suspendues pendant cet exercice. Elles ont été payées en partie par la fabrique qui a fait un emprunt à Jacques Brochard, maire de Marizelle et en partie par les habitants. Le remboursement a commencé sous le présent exercice comme on le voit par les deux reçus qui suivent :
Reçu de trente cinq livres délivrés à Jacques Brochard à témoin des comptes par huy rendus… de ce quy huy est deubs, 13 May 1571.
Reçu par moi Jacques Brochard en présence de… pour reste de plusieurs sommes qui étaient deubs au dit Brochard pour plusieurs sommes que Jacques Monsains et Jacques Seury, naguère marguilliers, doivent au dit Brochard la somme de sept livres quatorze sous, six deniers.
Suivent les articles de détail pour accessoires de la nouvelle sonnerie.
Le remboursement dont je viens de parler se termina l’année suivante ainsi que l’atteste un reçu passé par devant Pierre Jehan Tessart, prêtre vice-gérant de l’Eglise Monseigneur Sainot Martin de Bichancourt ; Simon Mourat, Lieutenant | Jacques Brochard, maire de Marizelle, Paul Benoît, procureur.
L’acquisition d’une nouvelle sonnerie a donc été faits en 1569. Jacques Brochard, maire a fait à la fabrique une avance de fonds pour payer les cloches et ces fonds lui ont été remboursés sous les deux exercices suivants. Le compte ne donne pas la quotité de l’offrande des habitants.
Les sonneries du centre de Coucy portent toutes trois la mention suivante :
«L’an de grâce 1863, j’ai été bénite par Monseigneur Jean-Joseph Christophe, évêque de Soissons et Laon, en présence de M. Boileau, curé doyen de Coucy le château et de M. Parmentier, curé de la paroisse ».
Sur la plus grosse, mesurant 1,26 m de diamètre et 1,04 m da hauteur, nommés Marie Euphrasine par Maître Joseph Nicolas Symphorien Cugnet et par Mme Marie Euphrasine Souaille, épouse de M. Louis-Ferdinand Gadiffart, maire de la commune, on lit :
« Laudate Dominum in cymbolis bens souantibus ».
Sur la moyenne, mesurant 1,13 m de diamètre sur 0,92 m de hauteur nommée Josèphe Mélanie par M. Pierre Rémi Hoseph Noël Nolin et Mme Marie Joséphine Mélenie Dutigny, épouse Boudoux, membre du conseil municipal, on voit :
« Laudate eam in cymbolis Jubiletionis »
Sur la petite, mesurant 1 m de diamètre sur 0,84 m de hauteur, nommée Martine Bathilde par M. Jean-Claude Benoît et Marie Bathilde Joséphine Leroy, épouse de M. Rémi Béguin, membre du Conseil de Fabrique, on lit :
« Ornnis spiritus landat domina» ».
Plus tard, on embellit 1e choeur de trois vitraux représentant le visage de Saint-Martin.
De 1873 à 1881, on renouvelle les fenêtres de la nef, on draine le pourtour nord de l’église et on construit 1s presbytère actuel.
De 1881 à 1889, on construit la chapelle St Nicolas et on achète la verrière de cette chapelle.
De 1889 à 1896, l’église est ornés de douze lampes appliques dues à la générosité d’une personne de Bichancourt. Le choeur, la grille de communion, les contreforts intérieurs sont restaurés et peints.
HISTOIRE DE L’ANCIEN ORGUE
La commune de Bichancourt racheta en 1790, l’orgue de l’église Saint-Martin de Chauny.
La tribune pour le recevoir fut construite sous l’arcade comme celle d’aujourd’hui, mais elle était beaucoup plus avancée dans la nef.
L’ancien orgue et sa tribune ne restèrent dans l’église que jusqu’au commencement de 1793.
« L’orgue alors, et la tribune disparurent, .tout fut détruit par les agents de la tyrannie, c’est à cette époque à jamais lamentable que disparurent de notre belle église toutes les richesses, les statues, les sculptures, tous les ornements intérieurs et extérieurs et le superbe clocher ».
On ne parla plus d’orgue avant 1848. M. Bertaux, curé, fit une quête qui produisait plus de 5 000 F. et l’année suivante, on fit l’acquisition d’un orgue pour 6.600 f.
PRESBYTERE
L’emplacement même du presbytère fut donné par une demoiselle Nicole Lafavarette, retirée au couvent du Sautîer-sous-Laon, le 10 octobre 1429. Le presbytère fut vendu en 1793 comme bien national.
Les 15 mars et 15 mai de l’année 1826, le conseil municipal de Bichancourt adressa un projet d’acquisition de l’ancien presbytère vendu en 1793.
Une ordonnance royale du 8 octobre 1826 autorisa cette acquisition.
Ce presbytère fut démoli dans la suite et remplacé par une construction monumentale.