Thème : CommunesCatégorie : MonographiesCommune(s) : MARGIVALAuteur : M.Trannois d'après E.Guyart
Par
L’Abbé E. Guyart
« Hic, gelidi fontes ; ici, des sources fraîches ; ici de molles prairies ; ici, des bois ombragés !… Ah ! c’est ici que je voudrais vivre avec toi le reste de mes jours ! »
Virgile : Bucol. : Egl. X.
On l’a remarqué bien souvent ; il n’est pas jusqu’à la moindre localité qui n’ait ses titres dans le souvenir des temps passés : ainsi en-est-il de Margival.
Village de l’ancien soissonnais, Margival est assis dans une étroite vallée à 26 kilomètres S.-O de Laon et 10 kilomètres N.-E de Soissons. Jadis des intendance, baillage, élection et diocèse de Soissons, il est aujourd’hui du canton de Vailly, arrondissement et diocèse de Soissons. Margival est compris entre 19° 27, latitude Nord et 1°4, longitude Est.
Le territoire, limité au nord par les territoires de Neuilly et Terny, au nord-est par celui de Laffaux, au sud par ceux de Vregny et de Crouy, à l’ouest enfin par celui de Vuillery, avait en 1760 « six charrues rapportant trois quarts de froment et un quart de méteil et sigle ». Il comprenait : « 35 arpents de vignes, 50 arpents de prés et 100 arpents de bois. » Aujourd’hui le territoire de Margival a une étendue totale de 546 hect., 39 ares, 65cent., répartis comme il suit, d’après la matrice cadastrale du 15 novembre 1832 : 1° Terres labourables ; 358 h. 48 a. 10 c. ; 2° Abreuvoirs et jardins : 4 h. 21 a. 80 c. ; 3° Pâturages : 69 ares 60 cent. ; 4° Prés et marais : 48 hect. 16 ares ; 5° Vignes : 11 hect. 54 ares, 50 cent. ; 6° Vergers : 3 hectares, 31 ares, 80 cent. ; 7° Bois, aulnaies, jaussaires et peupleraies : 92 hectares, 6 ares 90 centiares : 8° Etangs : 23 ares 50 c. 9° Savarts : 7 hect. 91 ares et 43 centiares : 10° Propriétés bâties : 19 h. 97 a.
Depuis 1832, la répartition du territoire a un peu varié : la Statistique agricole de 1904 accuse 334 hectares de terres labourables, au lieu de 358 ; 26 hectares de pâturages de 69 ares ; 100 hectares de bois au lieu de 92. Les vignes ont aujourd’hui complètement disparu du territoire ; cela pour des causes surtout climatologiques.
Margival se compose du village même et de plusieurs Ecarts. D’après le recensement du 28 avril 1901 Margival compte en tout 88 maisons, 9 familles et 307 habitants. Le village ou agglomération principale avec son église, ses écoles, sa mairie et son bureau des postes comprend d’après ce dernier recensement 258 habitants, répartis en 78 maisons et 84 ménages entre les rues de Versigny, de la Chaussée, du Puits-Bineau, des Baudets, du Sac, de Soissons, d’En-Haut (Grande Rue), du Son ; les places de la république et Alfred Dormeuil. Les Ecarts sont au nombre de sept dont quatre seulement sont habités en 1901. Ce sont Montgarny avec 2 maisons, deux familles et 9 habitants ; le Pont-Rouge, avec quatre maisons, 10 familles et 34 habitants ; le Moulin avec une maison, une famille et 4 habitants ; la Gare avec une maison, une famille et 2 habitants.
Les Ecarts inhabités sont en 1901 : La Grenouillère, la Carrière des Grandes Fontaines et la Montinette.
L’état des choses à peu varié depuis lors.
La population de la commune malgré diverses fluctuations au cours du siècle dernier, reste à peu près stationnaire. En 1760, on comptait à Margival 59 feux ; 325 habitants en 1800, 312 en 1818 ; 286 en 1836 ; 276 en 1856 ; 296 en 1861 ; 274 en 1896, et 307 en 1901.
Les principaux lieudits du terroir de Margival sont : Section A, dite « des Poltons » : la Matière, les Lavas. Au-dessus des Lavas, Montgarny, le Bois des Comtes, le Chemin de Neuville, Luçon, le Champ Bézart, les Avenelles, les Bressieux. Au-dessus des Bressieux, le Bois Ivonet, le Grand Marais, la Grenouillère, le Savart de Polton, les Grands Poltons, les Provigneaux. Derrière les Aulnes, la Fontaine Saint-Morand, les Aulnes de Montplaisir, la Croix Adous ou Croix « Ados », la fosse, Derrière l’Eglise, le Village, les Aulnes Collette, le Chemin des Bressieux, la Cornette, le Champ Bleuet, les Gelées, les Rougères, Au-dessus des Rougères, les Sablons, les Fontenailles, Au-dessus des Fontenailles, le bois de Quartier, Sous le Bois de Quartier, Valtemps, les Pré-Gelés.
Section B, dite de la « Guide » : le Champ Tortu, le Clos de Montgarny, le Champ du Moulin, le Moulin, les Prés de Vannes, le Petit Marais, les Baudets, les Prés de Beaucourt, l’Ecluse, la Couturelle, le Grand-Pré, la Terrière, le Savon Poret, En Ruelle, Bois des Ruelles, Derrière les Clos, les Grands Jardins, les Monts-Rouvets, Cavin des Monts-Rouvets, la Grande-Rue, la Montinette, Sous la Montinette, la carrière, le Grand-Marais, les Monts-Savoie, Sous les Monts-Savoie, Many, Sous Many, Champ du Mont-Fromage, les Grandes-Fontaines, les Fusées, les Béninailles, la Guide, Sous la Guide, La Glaux, le Fond de la Chaudière, la Montagne, la Couture faulx, le Pont-Rouge, le Petit-Muid, la Belle-Vue, la Borne-Trouée, le Chemin de Nanteuil, le Chemin de Bucy, le Fond d’Isédon. Cf. plan Cadastral en date du 30 juin 1831.
Des cours d’eau qui baignent le territoire, un seul à peine mérite ici d’être cité, bien que de fort médiocre importance : c’est le ru dit « Ruisseau de Crouy », lequel prend sa source à Neuville-sur-Margival, au lieudit le « Lavoir des Gruyères » et se jette dans l’Aisne (rive droite), aux abords de Soissons, après avoir, sur un parcours d’environ 13 kilomètres, arrosé Margival, Vuillery, Braye, Crouy et Saint-Médard, où il actionne plusieurs moulins et usines
L’origine de Margival, comme celle de bon nombre des villages environnants nous échappent.
L’abbé Pêcheur, après les Bollandistes semble faire croire que Margival existait déjà vers le VIIe siècle. Pour lui le nom de Margival dérive de Marchiana vallis, ou Marciana vallis, vallée des Marchiennes dont au VIIe siècle dépendait probablement Margival, qui alors sans doute faisait partie du domaine de Vregny. Nous y reviendrons plus au long dans la suite.
Quoi qu’il en soit de son origine, nous savons par Dormay, que Margival avait tenté de s’affranchir vers 11148 ; ce fut seulement en 1247 ou environ que Jean de Nesles, comte de Soissons, lui donna des chartes d’affranchissement, en même temps qu’à Bucy, Terny, Crouy, Cuffies, Pommiers, Villeneuve et Saint-Pierre-Aigle.
En février 1272, Jean III, fils de Jean de Nesles, modifia ces chartes de franchises du consentement même de l’évêque Milon de Bazoches, supprima le droit de formariage que son père avait en 1247 accordé aux habitants des Bourgeoisies ci-dessus dénommées, et régla qu’ils ne pourraient se marier que dans leurs étendues ou mairies, sous peine de perdre un tiers de leurs bien acquis que son domaine. – Cf. Gall. Christ.
Margival, au XIIe siècle s’appelait Margeval : « d’après Melleville. » – A Margeval succédèrent les noms de Mongival et Margival : Cf ; Année 1834 : Arch ; de l’Empire. P. 136 ; Transcrits du Vermandois. Puis ce fut celui de Margival-en-Lannoys, Cf. Arch. De l’Emp. : Tr. des Ch. : Reg. 148, p.243 ; année 1395- et enfin Margival.
Le village de Margival n’a guère joué de rôle dans l’histoire du département de l’Aisne : les documents sont en effet muets sur ce point. – Margival a eu toute fois lui aussi des seigneurs : la liste en est ombreuse et ne manque surtout point d’intérêt. Notons ici que la seigneurie de Margival relevait du comté de Soissons. Cf. Arch. de l’Emp. – Q. -5.
Les seigneurs furent :
1148.- Ursus de Margival. – Il est question d’Ursus, seigneur de Margival dans le Cartulaire de l’Abbaye de Saint-Crépin-en-Chaye de Soissons : Cf Cartul. Sancti Crispini in Caveâ : Il y est dit que « En l’an 1148, Guy de Guny donna à la Communauté de Saint-Crépin-en-Chaye une terre à Beaumont, paroisse de Juvigny, en présence de Raoul, prêtre de Juvigny, Ursus de Margival, etc. »
1190.- Hugues Cigot. – Seigneur de Margival. – Hugues avait pour frère Robert et pour fils Evrard. – Hugues Cigot se croisa cette année-là même sous Philippe Auguste, roi de France et Clément III, pape, avec son fils Evrard et son frère Robert, en même temps que les comtes de Flandre, de Champagne, de Beaumont, et de Clermont : Raoul, comte de Soissons, Robert II de Dreux, etc. –Hugues à cette occasion donna « deux muids de vin à « l’Abbaye de Saint-Crépin-en-Chaye de Soissons. » Cf. Gall Christ. – Cf. Cartul. S ; Crisp. in Caveâ : carta anni 1190.
1195.- Aubert, chevalier e Margival
1195.- Gervais de Margival, chevalier. – Marié à Elisabeth d’Ambleny, Gervais eut deux fils : Jean et Goffroi ; puis une fille Agnès.
1206. – Geoffroy ou Godefroy, chevalier de Margival. Avait pour frères : Evrard, Vermont et Ponsart. – Il est question d’Evrard de Margival, fils d Geoffroy, dans le « Petit Cartulaire de l’Evêché de Laon : manusc. In-4°, parch. – Cf. Arch. préf. G1. Charte 70. » Il y est dit que « Jean de Marcilly, promet sous une clause pénale de 100 livres de monnaie de Laon et sous la garantie de Baudoin de Soupir, Evrard de Margival, etc. de s’en rapporter à l’arbitrage de Gervais, abbé de Prémontré, d’Helluin, archidiacre, et d’Evrard de Margival. » Ceci se passait entre lui et l’évêque de Laon en « mars 1218 ».
Le nom d’Evrard de Margival, figure encore dans la liste des doyens du chapitre de la cathédrale Saint-Gervais de Soissons. Le décanat fut aux mains d’Evrard de Margival, de 1276 à 1284, date de la mort d’Evrard, lequel « laissa en mourant quelque somme d’argent à l’Hôtel-Dieu et à l’Hôpital des pauvres Clercs. » Cf. Cartul. Eccl. Suess, : auct. D. Muley. – Serait-ce encore d’Evrard, frère de Geoffroy, qu’il s’agit dans ce document ? Nous ne saurions nous prononcer, d’autant plus que les détails nous manquent à cet effet.
1219.- Jean Fagost, chevalier de Margival.
1225.- Ponsart ou Poinsard, chevalier de Margival. – Frère de Geoffroy, d’Evrard et de Vermont, avait pour fils à son tour Hugues dit « Cigot ».
1237.- ? – Thomas Bordon, chevalier de Margival. Thomas avait pour femme : Elisabeth.
1248.- ? – Hugues dit « Cigot », fils de Ponsart. Son nom figure dans le Cartulaire de l’abbaye de Prémontré. Cf. Cartul. Proemonst. – Aux Arch. Pref. H. 825. Nous y lisons que Hugues dit Cigot ratifia en « mai 1248 la vente d’une vigne faite devant l’officialité de Soissons à l’abbaye de Prémontré par Raoul de Cloître et Alcède son épouse.
1250.- Gérard de Margival, chevalier. – Marié à Gila, Gérard eut pour fils Raoul, écuyer. Vers 1257, Gérard et son fils Raoul servant d’arbitres dans divers griefs concernant le monastère de Morienval, sur des questions de « droit de déport », de fors-mariages » de dimes », etc., questions agitées devant le doyen de Saint-Pierre au bourg de Laon, devant Hugues d’Estrépilly, le doyen de Notre-Dame des Vignes, et l’abbé de Saint-Léger. – Cf. cart. de Moreinval : Chart de Jean, abbé de Longpont : 1267
1263.- Jean dit « Marquiaus » de Margival. Jean de Margial avait pour épouse Isabelle de Vauxrezis. – Le nom de Jean de Margival figure au Cartulaire de Saint-Médard : nous y lisons que « Jean de Margival, chevalier, fut témoin de l’acte par lequel la Prévôté de Saint Thomas de Cantorbéry à Chivres près Missy Sainte Radegonde, acquérait en l’an 1260.
1° De Renaud, chevalier de la Chapelle la moitié du four banal de Missy pour 24 livres de forts ;
2° De Perrier de Quarseau, la moitié de tous les revenus du Bac de Missy, ce pour 100 livres. » Cf. Cartul. S. Med. Jean de Margival, avons-nous dit, avait pour femme Isabeau ou Isabelle de Vauxrezis. C’est probablement de cette Isabelle qu’il est question dans le Cartulaire de l’abbaye de Saint-Crépin-le-Grand de Soissons (Cf. Arch. pref. H. 455, page 337), où il est question d’un « amortissement par Isabeau, dame de Margival et Vieulaines (Violaines), de rentes cédéesà l’abbaye de Saint-Crépin en date du 1297, veille de la Toussaint. »
D’autre part, il est dit dans le même cartulaire que l’abbé et les religieux de Saint-Crépin reconnaissaient pour bienfaiteurs Jean de Préfontaine, Marguerite de Libermont, Isabeau de Margival et Violaine, Sibille la Vilaine, etc. Cf. étiam : Hélié ; hist. De S.-Crépin ; chap. 10 : Bénéfices.
1303.- Aubert ou Obert de Margival. – Aubert avait pour épouse Bonnes de Varennes. – Le nom d’Aubert de Margival figure dans le Cartulaire de l’abbaye de Saint-Médard. On y lit que « les vinages de la prévôté Saint-Thomas de Cantorbéry à Chivres lui venaient soit par dons, soit par acquisitions, d’Odon de Nanteuil-le-Fosse en 1216, de l’abbesse de Notre-Dame en 1221, de Raoul, chevalier de Mareuil, et Théophonie sa femme, qui voulaient « avoir part aux prières continuelles des frères », ce en 1290, sous la caution de Jean Filâtre, Pierre Leroux, son frère. Obert ou Aubert de Margival, etc.
1311. – Pierre Vivien de Margival, avait pour épouse Elisabeth.
N.-B.- Les Archives de la préfecture de l’Aisne, cf. G. 77, font mention d’un Seigneur de Margival en l’an 1384, sans toutefois dire son nom.
Elles signalent un arrêt du Parlement en date du 24 janvier 1384, à Paris, « portant accord entre l’Evêque de Laon et Renaud de Noncourt, en son nom et se portant fort de Jean de Sarney, de Jean de la Folie, d’Agolan, seigneur de Monceau, et du seigneur de Margival qui tous ont eu tort de rançonner les habitants de Versigny, pendant quatorze jours, sous prétexte qu’ils étaient porteurs d’un mandement royal … L’Evêque de Laon est-il ajouté, consentit que le susdit procès se terminât sans amendes. »
Serait-ce de Pierre Vivien qu’il s’agit dans ce document ?… La chose, à en juger par les dates, parait peu probable.
1400.- Simon de Clermont, seigneur de Margival, de Courmelles et de Terny-Sorny « Tergniacum ». Ayant pris parti contre le roi de France Charles VI, dit le Bien-Aimé, qui régna de 1380 à 1422, cela probablement lors de la lutte entre les Armagnacs et les Bourguignons, Simon de Margival, vit tous ses biens confisqués : il fut ensuite arrêté par ordre royal et en l’an 1412 condamné à la peine de mort dans la ville de Laon. Charles VI laissa les biens de Simon à Jean de Menon, son successeur en la terre et seigneurie de Margival.
1412.- Jean, seigneur de Menon, de Montgobert et de Margival, était chambellan du Roi Charles VI.
1470. ? – Foulques de Margival. Foulques avait pour épouse Marie d’Argies.
1490. ? – Aubert de Margival. Fils de Foulques de Margival, et de Marie d’Argies, Aubert de Margival avait pour épouse Catherine de Béthune.
1553.- Antoine de Margival, seigneur dudit Margival et de Cuffies.
1556.- César de Margival. Etait seigneur dudit Margival, de Salencey et de Brunhamel.
Pour cette dernière ville, César de Margival « obtint du roi Charles IX, en l’année 1566, l’établissement de deux foires annuelles. »
César de Margival était grand sénéchal hérédital de Picardie. Cf. Tr. des Chartres. Reg. 264 : art. 296.
Les Archives de Levoirier, notaire à Brunhamel, vers 1566, Archives qui aujourd’hui se trouvent à la Préfecture de l’Aisne. « Cf. E. 415 », conservent deux titres ayant trait à César de Margival : le premier consiste en une « Vente faite par César, seigneur de Margival, gouverneur et bailli de la ville de Chauny, à Jean Anceau, d’une maison et d’un jardin sis à Résigny. » La vente est en date du 17 mai de l’année 1588. Le second est la vente faite par François de Rennesson, marchand en la commune de Wattigny, et Catherine de Colnet, son épouse, à messire César, seigneur de Margival, du seizième de la maison de Bois Fontaine. » Cette deuxième vente est en date du 15 mai 1593.
César de Margival, seigneur de Margival, Salencey et Brunhamel, eut pour fils et successeur Nicolas de Margival.
1590 ? – Nicolas de Margival, seigneur dudit Margival et des autels (cant. de Rozoy).
Fils de César, il épousa damoiselle Suzanne de Halluin de Piennes, et eut pour fille Louise qui fut abbesse de Sauvoir, en 161., où elle succéda à Jacqueline de Chatillon, nièce de Madeleine de Chatillon, laquelle restaura ladite Abbaye au début du seizième siècle.
Outre sa fille, Louise, abbesse du Sauvoir « dans la banlieue de Laon, aux bois de « Corneille », Nicolas de Margival avait une autre fille, Isabelle de Margival, qui, le 15 juillet 1602, épousa messire Antoine de Longueval, seigneur de Thenelles et Foudrinon, vicomte de Regny, etc., lequel mourut en l’an 162…, laissant trois fils, Julien de Longueval, François de Longueval et Charles de Longueval (Cf. à ce sujet Nobiliaire de Picardie, par comte de Flavigny ; manusc. N°562 de la Bibl. municip. de Laon.)
Cette famille de Longueval qui s’allia à la famille de Nicolas portait : « bandé de vair et gueules. » Celle de Margival portait, croit-on « d’argent à la croix d’azur. »
Nicolas, seigneur de Margival, était « chevalier dans l’ordre du Roi. »
N.-B. – A cette même époque les années 1596 et 1606, il est question dans les « Causes du Roi ; docum. manusc., aux arch. de la pref. de l’Aisne ; B.1359 ; » « d’une dame nommée Françoise de Margival, héritière de César, seigneur de Margival, Brunhamel et Salencey, quant au fief de Salencey. » Le document dont il s’agit fixe en effet « un délai de trois mois pour sa présentation des devoirs de vassalité au roi par Jacques de Belloi, baron de Bibetz, époux de Françoise de Margival, pour la seigneurie de Salencey qu’il possédait du chef de sa femme, héritière de César, seigneur de Margival, et partant, sœur de Nicolas de Margival.
Avant l’année 1631 : François de Suzanne, chevalier, baron de Cardaillac, seigneur et vicomte de Villers-Agron, la Molte-Harlin, et autres lieux ; seigneur et vicomte de Terny, Vuillery, Montgarny, Braye et Margival en partie : gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi ; lieutenant de la compagnie d’ordonnance de feu Monseigneur le duc de Mayenne. – Né vers 1584, il épousa « haulte et puissant dame Madame Léonore Le Vesque », et « mourut au chasteau de Montgarny le 18e jour de janvier 1631, âgé de 47 ans », laissant pour enfants : Catherine qui fut religieuse à Notre-Dame de Soissons, et Louise.
N.-B. – Nous parlerons plus au long de cette famille ainsi que des suivantes, quand nous traiterons du « Château de Montgarny » et de ses « seigneurs ». Dès le début du XVIIe siècle, l’histoire du domaine de Montgarny est tellement liée à celle de la seigneurie de Margival, qu’on ne saurait guère les séparer.
Vers 1650. – Florimond de Margival, était seigneur dudit Margival et des Autels. – Il épousa Jeanne de Blécourt dont la famille portait : « de gueules au lion d’argent. »
Avant 1680. – Messire François du Suzanne, chevalier, baron de Cardaillac, seigneur et vicomte de Villers-Agron, …
Terny, Vuillery, Montgarny, Margival en partie, etc. – François de Suzanne était vraisemblablement le fils de messire François de Cardaillac et de Dame Léonore Le Vesque : aucun document toutefois ne vient corroborer cette opinion. – François de Suzanne épousa « haulte et puissante dame Madame Nicolle de Vaucleroy », laquelle était fille de Pierre de Vaucleroy, seigneur de Vendière en partie, et de Madeleine de Pouilly, son épouse. – Messire François de Suzanne, vicomte et baron de Cardaillac mourut le 16 janvier 1680, laissant deux filles : Cécile et Madeleine. –Dame Nicolle de Vaucleroy mourut le dimanche 25 décembre de l’année 1689.
Après 1680. – Louys de Cardaillac, chevalier de Cardaillac, baron de Saint-Ceurrin, d’Airain et autres lieux, seigneur de Terny, Montgarny, Vuillery, Margival en partie, etc., Louys de Cardaillac était le gendre de François de Suzanne et de Nicolle de Vaucleroy ; marié le « lundy vingt-sixième jour de février 1680 » à damoiselle Cécile de Suzanne de Cardaillac, il eut deux filles : Geneviève et Marie.
Avant 1746. – Alfred-François de Clairambault, comte de Vendeuil, seigneur de la Chatellerie de Ronsoy, Saint-Germain le Grand, Neufville, etc. Marié à Louise, Marthe de Messey, et résidant habituellement à Paris, rue d’Autreillis (paroisse Saint-Paul), Alfred-François de Clairambault possèda la terre et seigneurie de Margival qu’il vendit le 11 mai 1746 avec les fiefs de Résigny et de la Mairie des Montagnes, moyennant la somme de 25 500 livres à Pierre-Alexis Dubois, chevalier, vicomte de Courval, résidant à Paris, rue des Guillons (Paroisse Saint-Roch) ; « Par acte reçu en l’étude de maître Sauvaigne, notaire à Paris, en date du 11 mai 1746 ; Insinué à Soissons le 17 mi suivant. Cf. Arch. de Montgarny.
1746. – Pierre-Alexis Dubois (ou du Bois) de Courval, chevalier présidial au parlement de Paris ; vicomte de Courval et Anizy ; seigneur de Saint-Paul, Moyembries, Coucy-la-Ville en partie, Fresnes, Allemant, Vauxaillon, Margival, etc.
Fils de Claude-Thomas du Bois, capitaine dans le Royal Piémont et chevalier de Saint-Louis, Pierre-Alexis de Courval épousa N ; de Maisoncelles, et eut de ce mariage deux fils : Anne-Louis et Alexis, vicomté d’Anizy.
De 1745 à la révolution, la terre et seigneur de Margival demeura la propriété de la famille de Courval : il en fut de même encore après, car c’est seulement en 187., qu’Arthur-Constant de Courval, arrière-petit-fils de Anne-Louis de Courval, vendit en même temps que la terre de Montgarny, l’antique château des seigneurs de Margival.
C’est M. Clovis Jozet, géomètre à Margival et maire de la commune, qui habite aujourd’hui l’emplacement de l’antique seigneuriale. Du vieux manoir, il ne reste plus que quelques traces à peine visibles. Seul subsiste encore le pignon droit qui surplombe la rue d’En Haut, laissant voir à son sommet, les débris d’une étroite tourelle. – D’après M. Prioux ; (cf. Bulletin de la Soc. arch. de Soissons. XVIII. 40.) Le château de Margival trouverait son origine au XIVe siècle ; il était primitivement entouré de parcs et par conséquent isolé, ne touchant à aucune autre habitation. –Ce fut seulement vers 1789 que furent construites les maisons avoisinantes ; nous en avons le témoignage dans divers documents que M. Jozet, géomètre a eu l’amabilité de nous communiquer. Dans un Recueil d’arpentages faits par Jean Braillon de Margival, nous lisons en effet ce qui suit :
1° « Margival, ce 11 messidor, an VI ; ou 29 juin 1798. – Arpentage fait par le soussigné d’une portion de terrein prise dans une plus grande quantité, située à Margival lieudit le ci-devant château, appartenant au citoyen de Courval, résident à Pinon. –La dite portion étant destinée pour construire une maison et bâtiments ; en superficie, 9 verges ½, compris le mur de fermeture : tenant vers le midi à la place publique de la commune et suivant la démarcation qui en était faite par le citoyen de Courval, et le citoyen Connois, son receveur. – Suit le plan … Signé : Jean Braillon, arpenteur à Margival. »
C’est le citoyen Houleux, alors cordonnier à Margival, qui fit l’acquisition de cette belle propriété, pour y faire bâtir une demeure, laquelle est maintenant aux mains de la commune de Margival qui la tient de la commune de Margival qui la tient de M. Rémont, petit-fils par alliance du citoyen Hoilleux.
2° « Margival, ce 18 messidor, 6e année républicaine, ou vendredi 6 juillet 1798. –Arpentage fait par le soussigné … pour Catté, d’une partie de terrain que le tuteur du mineur de M. de Courval promet lui vendre … suit le plan… Signé : Jean Braillon. »
L’acquisition suivit de près cet arpentage. Devenu propriétaire de ce terrain, Prince Catté lui aussi fit bâtir une maison qu’habitent aujourd’hui M. et Mme Chaplet, ses descendants.
D’autres ventes suivirent encore qui morcelèrent le domaine seigneurial : c’est ainsi que successivement furent séparés du reste de la propriété les jardins que possèdent aujourd’hui dans la rue de la Chaussée M. Bourré et les héritiers Cercus.
En 1864, le château de Margival et ses jardins n’avaient plus qu’une contenance totale de onze ares quarante centiares. Alors encore une nouvelle et dernière division s’opéra, nécessitée par la construction d’une voie ferrée de Soissons à Laon. Par un acte en date du 10 décembre 1864, on expropria en faveur de la Compagnie du Nord toute la partie occidentale du jardin, soit une contenance de huit ares vingt-deux centiares, ce qui restreignit à 3 ares 18c. la partie restante du vieux château.
Depuis de longues années déjà les seigneurs ne l’habitaient plus, surtout depuis que les domaines de Margival et de Montargny se trouvaient être aux mains des mêmes propriétaires. Le château de Margival servit alors de résidence aux gardes-chasse : le dernier qui y habita fut le garde Guéry.
Le 8 février 1873, le vieux château passa des mains de M. Arthur Constant vicomte de Courval aux mains de M. Alfred Dormeuil qui l’acquit du précédent avec la ferme et les dépendances de Montgarny : le 24 juin 1875 enfin, il fut vendu par M. Alfred Dormeuil à M. Clovis Jozet, géomètre, qui l’habite encore aujourd’hui.
L’église de Margival, placé sous le vocable de Saint Morand, dont la fête se célèbre chaque année le 5 mai, date en grande partie du onzième siècle ; le chœur principalement est de cette époque et n’a subi dans la suite que fort peu de remaniements. Les autres parties de l’édifice ont un style différent et paraissent ne dater que du XIIIe siècle : c’est d’ailleurs l’opinion qu’émet Piroux, dans le Bulletin de la Société archéologique de Soissons (1864 ; XVIII ; 40).
« L’église de Margival, dit le même auteur, a la forme d’une croix latine ; sa longueur totale est de 21 mètres 50 cent. ; sa langueur au transept est de 14 mètres, et de 10 mètres 50 à la nef, y compris les bas-côtés ; sa hauteur est de 6 mètres à l’abside et de 9 mètres à la nef. » Cf. loc.cit.
Les voutes du chœur et du sanctuaire sont en arceaux surbaissés » et reposent sur des piliers carrés qu’ornent des chapiteaux sculptés de feuillages et de plantes. »
Les fenêtres du chœur sont ogivales et les autres en plein-cintre.
La nef que recouvre un antique plancher, s’ouvre sur les bas-côtés par trois travées en plein-cintre, dont la base des piliers, massifs et carrés s’est trouvée cachée lors de l’exhaussement du sol de l’église à une époque déjà très probablement lointaine.
Les pignons sont droits aux quatre extrémités de l’édifice. – Au-dessus s’élève un clocher quadrangulaire auquel on a accès par une tourelle « terminée en poivrière » située à l’angle du bras sud.
Refait à la fin du XVIIe siècle, et cela dit la tradition grâce à la générosité de Dame Nicolle de Vaucleroy, épouse de Messire François de Suzanne de Cardaillac, seigneur et vicomte de … Montgarny, … Margival en partie, etc., le clocher fut exhaussé par 5 mètres de nouvelles assises : il en fût de même pour la nef. A la même époque, les bas-côtés subirent aussi quelques remaniements.
Le portail principal, dit Prioux (en 1864 ; loc.cit. 😉 consiste en une entrée moderne surmontée d’une archivolte surbaissée, garnie de modillons, avec une fenêtre au-dessus en tiers-points. » – Les choses ont un peu varié depuis, et le portail a été l’objet de divers changements, lors surtout de sa restauration en 1884 par M. Armand Ferain, maître maçon à Margival.
Aucune trace de sculpture n’apparait dans l’église aux yeux du spectateur, excepté toutefois les chapiteaux dont nous avons parlé déjà.
Nul vestige de pierres tumulaires, bien que, cependant, comme nous le verrons plus loin ; diverses personnes aient eu l’honneur au dix-huitième siècle d’avoir l’église même pour lieu de sépulture. (Cf. VII. Inhumations dans l’église).
Cinq fenêtres sont ornées de vitraux. Il en est trois dans le sanctuaire : celui du centre représente diverses scènes de la « Vie de Notre-Seigneur. » Bien que moderne, il a une valeur artistique incontestable ; sorti des mains d’un amateur, M. Henri Barboneau, Demeurant à Paris, 12, rue des Abbesses, il a été donné en 1899 à l’église de Margival par M. Ernest Dormeuil de très regrettée mémoire. Le vitrail de droite reproduit plusieurs épisodes relatifs à la « Vie de Saint-Morand, » patron de la paroisse de Margival, il est de 1888. Celui de gauche, dû en 1890, à la générosité de MM. Paul Ferté de Pont-Rouge, et Alfred Dormeuil de Montgarny, représente les « S. S. Cœurs de Jésus et de Marie ».
Les chapelles de la Vierge et de Saint-Joseph ont aussi leur vitrail : l’un figure « Notre-Dame du Très Saint-Rosaire » et a été bénit très solennellement le 5 mai 1886, en la fête patronale de Saint-Morand par M. l’abbé A. Déjardin, curé-doyen de Vailly ; l’autre enfin qui représente « la Sainte Famille à Nazareth », est de 1891.
Des trois autels, un seul mérite ici d’être cité surtout à cause de son origine : c’est l’autel-majeur provenant dit-on de l’ancienne abbaye de saint-Médard ainsi que le rétable qui le surmontait jadis et qui, depuis 1888, se trouve au-dessus de l’entrée principale de l’église/ Au milieu de ce rétable est peinte l’image de Saint-Morand ; mais il n’en a pas toujours été ainsi, car au-dessous de cette toile on peut voir des fragments d’une autre toile beaucoup plus ancienne, laquelle a été fort probablement lacérée lors du transfert de l’autel.
Parmi les six tableaux qui ornent l’église, il en est un surtout qu’il faut signaler : c’est un Saint-Sébastien, copie, croit-on, d’une œuvre de François Boucher. Les autres sont sans valeur.
L’église de Margival est depuis 1858, dotée d’un Chemin de Croix qui lui a été gracieusement offert par Mme Boully, encore existante et en religion Sœur Saint-Joseph des Augustines chanoinesse de l’Hôtel-Dieu de Soissons. L’érection, faite le 17 octobre 1838, a été consignée comme il suit dans les Archives paroissiales de Margival : « L’an 1838, le dimanche 17 octobre, sous l’épiscopat de Monseigneur Paul-Armand Cardon de Garsignies, M. l’abbé Hurillon, vicaire général, et Grand archidiacre de Soissons dans l’église de Margival, en présence de Messieurs Béliard, curé de Margival : Lejeune, curé de Crécy-au-Mont, ancien curé de Margival ; Villé, curé de Vauxaillon ; Debay maire de la commune ; Montier, Lacroute (J.P), Baudry, Valliez (J.P.) ; membres du conseil de la fabrique de Margival qui ont signé. »
Aucune peinture murale ne s’aperçoit dans l’église ; disons toutefois que sur l’une des parois de la chapelle de la Vierge se voit des armoiries qui furent mises à découvert en 1885, lors de la restauration de la dite chapelle, et du grattage de ses murailles : l’enlèvement du badigeon décela plusieurs de ces emblèmes seigneuriaux en différents points de l’église, mais un seul put être assez bien conservé. Peint sur fond noir, il porte en son milieu deux écus en ovale surmontés d’une couronne de marquis que supportent deux Lions placés débout ; sur l’un des deux écus, celui qui est à la droite du spectateur, est un chevron ; sur l’autre sont, des lignes horizontales et parallèles ; il n’est point trace de devise.
Nous ne saurions dire quelle famille porta ces armoiries, non plus que la raison pour laquelle elles furent peintes en l’église ; toutefois ne nous serait-il pas permis de rappeler ici ce Droit féodal connu sous le nom de « Droit de litre » ou « Droit de ceinture funèbre », qu’avaient les seigneurs et hauts justiciers dans les églises, et qui consistait à faire peindre leurs écussons sur une bande noire en forme de lez de velours autour de l’église, à l’intérieur et à l’extérieur, aux obsèques d’un des leurs ? Ces armories et toutes celles que le grattage a lacérées, ne seraient-elles point des vestiges d’une de ces « lites funèbres », nous n’insistons pas et laissons à d’autres plus compétents le soin de se prononcer sur ce point.
Les statues que possède l’église ont peu de valeur artistique ; mentionnons cependant celle de Saint-Joseph qui orne la chapelle de ce nom ; celle de l’immaculée surmontant l’autel de la Vierge ; le Sacré-Cœur de Jésus et la Vierge portant l’Enfant-Dieu, bénites solennellement toutes les deux les mardis 26 et dimanche 31 mars 1901, à l’occasion du Jubilé séculaire prêché dans la paroisse de Margival par le R. P. Pâris, des Prêtres du Sacré-Cœur de Saint-Quentin. Dans la nef, vis-à-vis la chaire, un Christ en Croix mérite davantage l’attention : il a été placé là, puis bénit en la fête de Noël 1886, lors de la clôture du Jubilé de Léon XIII en même temps que les statues de Saint-Jean et de la Mater Dolorosa qui sont à ses côtés. Ce Christ a son histoire : fait de bois, il se trouvait jadis au lieudit « la Croix à dos », où il avait été érigé en 1839, grâce à la générosité de M. Laurent-J. B. Sampité. Mais en 1886, la croix qui nécessitait alors de sérieuses réparations, fut enlevée, puis remplacée par une croix de fonte, laquelle plus tard, en 1894, fut transférée quelque vingtaine de mètres plus loin dans le nouveau cimetière. C’est alors que le vieux Christ en bois, très soigneusement réparé, vint prendre dans l’église la place qu’il occupe aujourd’hui. (Cf. Archives paroissiales ; années 1886).
Deux reliques sont vénérées dans l’église de Margival : la première de Saint-Sébastien, a été, dit M. le chanoine Ledouble dans son Etat religieux du diocèse, « apportée à Margival en 1792 et donnée à l’église par Maurice Romagny, » vicaire épiscopal de l’évêque Marolles, et frère ou parent de Claude-François-Xavier Romagny, alors curé de Margival. « La relique, ajoute M. Ledouble, venait de l’abbaye de Saint-Médard. » L’authenticité de cette précieuse et intéressante relique a été reconnue par Mgr Paul-Armand Cardon de Carsignies, évêque de Soissons.
La seconde relique est de Saint-Morand, patron de la paroisse, reconnue authentique par Mgr Odon Thibaudier, elle a été en 1885 placée dans une très belle châsse en bronze sortie de la maison Poussielgue de Paris : la translation fut faite à Soissons le 11 avril 1885 au Secrétariat de l’Evêché. Cf. Archives paroissiales.
L’église de Margival a été surtout depuis 1883, l’objet d’importantes réparations et de nombreux embellissements que nous aimons à rappeler ici. Dans une délibération du Conseil municipal en date du 22 juin 1882, « le maire rappelle au Conseil que l’église menace ruine en divers points ; que le clocher n’est plus réparable ; que les poutres qui le soutiennent sont pourries à tel point qu’on a dû les étayer… Voyant cet état de choses, le Conseil charge Monsieur Ermant, architecte, de faire un devis pour la restauration du clocher, du bas-côté gauche, des murailles et de toute la toiture. » Le devis qui se montait à la somme de 12 000 frs fut approuvé par la conseil ; le 28 mai 1883, M. Emile Bourgeois, entrepreneur à Soissons, commençait les travaux qui furent achevés pour le 30 septembre suivant. La date est à retenir car c’est ce jour-là que furent célébrées solennellement en l’église de Margival, sous la présidence de Mgr Odon Thibaudier évêque de Soissons, les noces d’argent de M. et Mme Alfred Dormeuil.
C’est ce même jour encore que la ferme de Montgarny, nouvellement remise à neuf par les soins de M. Alfred Dormeuil, fut bénite solennellement par M. le chanoine Jacquin, vicaire général, au milieu d’une affluence nombreuse de prêtes et de fidèles qui s’y étaient rendus en procession. Enfin, un troisième fait à consigner en cette même date du 30 septembre 1883, c’est le baptême de M. Robert Dormeuil, et de Melle Germaine Dormeuil (cf. Archives paroissiales, au 30 septembre 1883.)
En 1885, la chapelle de la Vierge subit une complète restauration. Au cours de l’hiver 1888-1889, M. Jean Férain, maçon à Margival, opère le grattage des voûtes et des parois du Sanctuaire et du Chœur. – Restauration de la chapelle de Saint-Joseph en 1890. – Vers la fin de 1892, les murs de la nef sont entièrement grattés.
En 1895, enfin, grâce au legs Alfred-Dormeuil, une chaire nouvelle et un confessionnal, tous deux faits de chêne sculpté sont placés dans l’Eglise : ils sont aussi l’œuvre de la maison André d’Angers ; le 5 mai 1899, ils ont été bénits solennellement par M. l’Abbé Méra, curé-doyen de Vailly, en présence de Messieurs les Abbés Clairanbaux, curé de Bucy-le-Long ; Tétart, curé de Juvigny, Deudon, curé de Nanteuil-la-Fosse ; Boulanger, curé de Chavignon et de toute la paroisse.
L’Eglise de Margival possédait jadis un antique fauteuil de chœur, aujourd’hui la propriété de Mme Ernest Dormeuil : (Cf. Délibération du Conseil municipal du 1er janvier 1882 et du Conseil de fabrique, en date du 1er janvier 1882. – La description de ce fauteuil envoyé en 1877 au Conseil d’Etat comporte ce qui suit : « Fauteuil, style Louis XV ; bois un peu vermoulu ; dossier en tapisserie fine laine, représentant Judith ; de la droite tenant le sabre levé ; de la gauche la tête d’Holopherne que sa servante agenouillée reçoit dans un sac : la figure française de l’héroïne juive respire la joie calme dans le triomphe. Le sang coule du cou d’Holopherne, couché le bras pendant. Les belles tentures de son lit accusent le grand siècle. On voit dans le lointain la ville de Béthulie, la fontaine où allait Judith, etc. La tapisserie du siège « fort détériorée » représente deux grands oiseaux. – Couleurs un peu passées. – Don probablement de la famille de Cardaillac. »
Les Registres de l’Etat-Civil de la commune de Margival relatent les noms de diverses personnes qui eurent l’église même pour lieu de sépulture.
Voici ce que nous lisons à ce sujet :
1° « L’an de grâce, le 19 août 1711, est mort après esté administré et reçu les Saints Sacrements de Pénitence de l’Eucharistie, et de l’Extrême-Onction, et a été inhumé et enterre dans l’église de Margival, par moy, curé soussigné, François Choin, receveur de la terre de Mongarny. Signé : Moutonnet, curé. »
2° « le 11 juillet 1716, a été enterré Jean Lamotte … dans l’église et chapelle de Saint-Nicolas de Margival par moy, curé soussigné : – Signé Moutonnet, curé.
3° « L’an 1723, le neuvième jour de may, est décédée Antoinette Moutonnet, âgée de soixante et dix-huit, veuve de Nicolas Bléry, inhumée dans la chapelle de la Vierge de l’église de Margival, en présence de Messire Brisbart, curé de Bussy, et doyen de la chrétienté, soussigné, prié par Messire Moutonnet (curé de Margival), frère de la défunte, de faire cette fonction. Signé Brisbart, Moutonnet, etc.)
4° « L’an de grâce 1723, le mardy premier septembre, a été inhumé dans la chapelle de la Vierge de cette paroisse (de Margival) Messire Jean Moutonnet prêtre-curé de cette paroisse et Doyen de la Chrétienté, décédé le tente et unième du mois d’aoust ; par Messire de Rosay, prêtre-chanoine, et grand archidiacre de Soissons, âgé de soixante-six ans ; après avoir reçu avec édification et une parfaite résignation, les Sacrements. – Signé : de Rosay, pr. chan. ; – Arnoulz, curé de Juvigny. – Camuset, curé de Neuville ; – Dubuisson …, etc. »
5° « L’an 1753, le dixième jour du mois de décembre est décédé Jacques-Antoine Moutonnet, prêtre et curé de Margival, âgé d’environ soixante-sept ans, et a été enterré le lendemain, onzième dudit mois dans l’église, par Louis Fayet, prêtre et curé de Bucy. – en présence des parents, confrères et amis … – Signé : Fayet, curé de Bucy. »
L’église et la paroisse de Margival ont de temps immémorial été placées sous le patronage de Saint-Morand. (ou Saint-Maurant : Mauront, Maurantus). – Les Bollandistes, à la date du 5 mai, nous donnent la raison de ce choix.
« Pour quel motif, se demandent-ils, a-t-on pris pour patron parmi tant d’autres saints plus connus, un saint qui paraît l’être beaucoup moins ? » – Et ils ajoutent : Dans le recueil des miracles de sainte Rictrude, mère de saint Morand qui vivait vers 634 (date de la naissance de notre saint), il est raconté ( par Vualbert ou Gualbert, auteur de ce recueil), que près de Soissons, la bienheureuse Eusébie, oeur de saint Morand possédait avec sa mère sainte Rictrude, une terre nommée Vregny (Vergiacum ; Verniacum) ; que cette terre lui avait été donnée par Dagobert, roi de France et pas la reine Nanthilde parce que tous deux l’avaient tenue sur les fonts du baptême, en qualité de parrain et marraine ; que plus tard sainte Eusébie ayant pris le voile à l’exemple de sa mère dans l’abbaye de Marchienne «( sise sur les bords de la Scarpe, entre Douai et Saint-Amand ; (Marchiana seu Martiana in Gallo Flandria, ad Scarpum fluvium, inter Duacum et Amandopolim), elle avait donné à perpétuité à l’église de cette abbaye la terre de Vregny, avec toute ses dépendances, et que c’est pour cela que chaque année le village de Vregny envoie à l’abbaye de Marchiennes une certaine quantité de vin tant pour le service de l’autel que pour les infirmes et les hôtes. Nous trouvons en effet dans l’Etat du diocèse, imprimé en l’an 1783, qu’alors encore il y avait dans cette paroisse une maison appartenant à ladite abbaye de Marchiennes, et que le seigneur censier était l’abbé de Marchiennes. – Cette maison existe encore aujourd’hui, et le terroir de Vregny possède un lieu-dit la Couture de Marchiennes « : « Cultura Marchiana. »
« En faut-il encore davantage pour expliquer l’origine de la dévotion qui fit dédier l’église de Margival au patronage de Saint-Morand ? surtout si l’on considère que les deux terroirs de Margival et de Vregny se touchent et que la terre de Vregny s’étendait probablement jusque dans celle de Margival. »
« Volontiers, nous irions plus loin encore, et nous dirions que c’est de la même que Margival tire son ; soit qu’on le tire du nom même de Saint-Morand : Mauronti Vallis ; vallée de Saint-Morand ; soit plus probablement du nom de l’abbaye de Marchiennes qu’habitaient sa mère et sa sœur, et qu’il gouverna lui-même pendant quelque temps : Marchiana Vallis, ou Morciana Vallis : Vallée de Marchiennes. Nous n’insistons pas, et laissons le jugement à de plus habiles : mais il n’y a pas loin ce semble de Marchiana Vallis à Marchienneval, puis à Marchival, et enfin à Margival. »
« Ajoutons que « Le propre Soissonnais du Bréviaire, en 1852, dans la légende de Matines à la fête de Saint-Morand, fait sienne cette étymologie. » (cf. Bolland. ; loc. cit.).
Saint-Morand, patron de Margival, fut jadis l’objet d’un Pèlerinage annuel très fréquenté qui se célébrait fort solennellement le cinq mai : cette pieuse coutume, aujourd’hui malheureusement tombé en désuétude, n’est plus guère observée que par les fidèles de la paroisse qui ont toujours à cœur de fêter dignement leur saint patron.
Une fontaine, qui lui a été dédiée de temps immémorial et qui est annuellement le cinq mai le but d’une procession traditionnelle, est située sur le vieux chemin de Margival à Laffaux, au lieudit « la fontaine Saint-Morand. » L’édicule qui l’abrite a été en l’année 1890, l’objet d’une restauration complète de la part de M Alfred Dormeuil, l’ « insigne bienfaiteur » de Margival.
L’origine de cette fontaine nous échappe, et nous ne pouvons à ce sujet que faire des nôtres les conjonctures suivantes, émises par les Bollandistes : (loc. -cit.) « La terre de Vregny, disent-ils, ayant appartenu à la famille de Saint-Morand, il a pu se faire que notre Saint, dans un de ses voyages, se soit arrêté près de cette source, « qui alors comme telle existait déjà ; » y ait bu de son eau, et que la tradition en ait jusqu’à nos jours gardé le pieux souvenir. »
En terminant, les Bollandistes ajoutent, Cette fontaine rappellerait peut-être le puits que Saint-Morand fit creuser lui-même près de l’Eglise de Marchiennes, pour le service de l’autel ; puits près duquel il fut d’abord inhumé, et qui devint bientôt l’objet de la vénération du peuple fidèle. » Nous n’insistons pas, car les preuves de ces conjonctures, ainsi que les documents nous font tout à fait défaut.
Pour finir, disons que Saint Morand est surtout invoqué comme protecteur des petits enfants.
A l’époque de la Révolution française, le clocher de Margival abritait trois superbes cloches ; il en fut ainsi jusqu’au jour où fut mise en vigueur la Loi de la Convention nationale en date du 23 juillet 1792, « qui enlevait les cloches aux Eglises pour en faire des canons, sauf une seule pour chaque commune, … afin de pouvoir sonner le tocsin, convoquer les citoyens, etc.… »
C’est le 20 septembre 1793 que la municipalité de Margival fit conformément à la Loi procéder à la descente de deux cloches dont le transport au district fut après une « criée au rabais », adjugé pour « 48 livres au citoyen Braillon. » Cf. Reg. des Délib. Du Conseil municipal : 1793.
Il est curieux de rappeler ici qu’alors et même précédemment, la sonnerie des cloches de Margival, comme d’ailleurs en beaucoup d’autres endroits ou se louait au profit de la fabrique. Nous trouvons en effet dans l’Inventaire des titres et papiers appartenant à l’église de Margival , (3e Boète ; 13e Liasse, un Bail de neuf années fait le 28 février 1777, devant « Ozanne, notaire à Soissons, à François de Lory, chaircuitier, demeurant audit Margival, du droit et privilège de sonner à l’exclusion de tous autres les cloches de l’églises et paroisse de Margival moyennant vingt-six sols de loyer, pour faire le premier paiement au jour de Saint-Martin d’hiver 1877. » Un autre bail en date du 27 décembre 1785 adjuge au même François Delory le privilège de sonner les cloches aux conditions fixées ci-dessus. Enfin, le deux Nivose de l’Empire, ou 23 décembre 1804, le même encore acquiert le droit de sonnerie par un bail de six années, moyennant une redevance annuelle de 9 livres.
« Les preneurs jouissaient alors de l’usage des cloches suivant les ordonnances et règlements prescrits par Monseigneur l’Evêque ; ils devaient toujours être exacts à sonner les « jours notaux », « bonnes fêtes » et « dimanches » les angelus et services divers conformément à l’usage ; sans jamais pouvoir exagérer la rétribution des enterrements pour lesquels ils étaient aussi si tenus de sonner en temps utile et sans retard ; et enfin, si bien servir les sonneries qu’il en arrive aucun inconvénient, ni reproche. »
Comme nous l’avons vu, Margival ne posséda plus qu’une seule cloche à partir du vingt septembre 1793. Un tel état de choses dura jusqu’en 1823 : cette année-là, des réparations à la cloche ayant été jugées nécessaires, M. Braillon, maire de la commune, « fit appeler le sieur Bouilly, maréchal, lequel après examen de la cloche, observa que dans les anses, il y en avait trois de fendues, et déclare la cloche n’étant plus du tout raccommodable, il n’y avait pas d’autre moyen que de la faire fondre. » Une Délibération du Conseil municipal en date du 15 mai 1823, ratifia la solution proposée par le sieur Bouilly, maréchal, et le 24 décembre suivant, il fut « délibéré et arrêté que « de la cloche cassée, il en serait fait deux. » Le conseil municipal convenait en outre que « à l’égard de la troisième cloche à acquérir, si les habitants désirent en avoir une, ce sera aux frais et dépens d’eux. »
Le 30 juin 1824, le conseil prit connaissance « à ce sujet, « d’un état de marché fait contre le maire et les marguilliers d’une part et le nommé Chéron, fondeur à Soissons, d’autre part, ce sous la garantie de Réaume, plombier et fondeur en cuivre à Soissons, 52, rue Saint-Martin ; les dépenses pour la fonte de la vieille cloche et son remplacement par deux autres plus petites devant s’élever à la somme de 373 francs, sont approuvées et arrêtées par le conseil. »
Au mois de novembre suivant, le clocher de Margival se voyait à nouveau garni de trois cloches : une avait été acquise par souscription, les deux autres aux frais de la municipalité. La Bénédiction fut célébrée le 21 novembre 1824 en la fête de la Très Sainte-Vierge, et ce jour-là même, il fut inséré dans le Registre des Délibérations du conseil municipal que « les deux cloches acquises au frais de la commune ont été reconnues sans aucun défauts, de matière convenable, d’un bon accord et parfaite harmonie ». En outre, on « approuva la reconnaissance du poids de l’ancienne pesée à Soissons le 4 septembre 1824 et trouvée pesée 842 livres. » Enfin on constata « le poids des deux nouvelles pesées à Soissons le 7 novembre 1824 et trouvées peser aux deux 982 livres ; savoir, la plus petite 414 ; la plus grosse, 568. » Cf. Reg. Des Délib. ; 1822
Nulle part il n’est parlé dans ces documents du poids de la troisième cloche acquise grâce à la libéralité des fidèles.
La Grosse cloche, cassée dans la matinée du 5 mai 1885, (jour de la fête patronale de Saint-Morand,) fut vite refondue, grâce à la génération de M. Alfred Dorneuil, propriétaire à Montgarny, et le 15 novembre la cérémonie du Baptême avait lieu. Voici ce que nous lisons dans les Registres paroissiaux.
« L’an de grâce 1885, le 15 novembre a été baptisé par moi soussigné, Déjardin curé-doyen de Vailly, assisté de Monsieur Reignier, aumônier de la providence à Laon, ancien curé de Margival ; de Monsieur Merlu, curé de Clamecy-Terny ; Monsieur Marc Boucher, étant curé de Margival ; Monsieur Clovis Jozet, maire ; monsieur J.-B. Lacroute, président du Conseil de fabrique, la cloche appelée Joséphine-Victorine, du poids de 302 kilo., fondue par Monsieur Perin de Mahon-Mézières, aux Ardennes. – A été parrain Monsieur Joseph Alfred Dormeuil, demeurant à Paris, propriétaire du domaine de Montgarny ; et marraine Madame Victorine-Charlotte Bertereau, son épouse, tous deux donateurs de la cloche. » Suivent les signatures.
L’inscription de ladite cloche est ainsi formulée :
« Don de Monsieur et Madame Dormeuil ; sous l’administration + de Messieurs Clovis Jozet, maire, + J.-B. Lacroute, président du Conseil de fabrique, + Marc Boucher, desservant. – 1885. + Nommée Joséphine-Victorine + par Monsieur Joseph-Alfred Dormeuil, négociant, + et propriétaire du domaine de Montgarny, + et Madame Victorine-Charlotte Bertereau, son Epouse, + demeurant à Paris. – (Perrin à Mézières). »
Le nom de l’ancienne, ainsi que celui de ses parrain et marraine, ne nous ont point été conservés lors de la refonte.
Les deux autres datent de 1824, subsistent encore aujourd’hui. Les inscriptions qu’elles portent sont les suivantes :
« Nommée Marie-Rose, par Monsieur Jean-Baptiste Brenne, cultivateur et propriétaire à Margiva, et par Dame Marie-Rose, épouse du sieur Antoine Lacour, cultivateur, propriétaire à Margival. – 1824. – Réaume et Chéron, fondeurs à Soissons. »
« Nommée louise-Madeleine, par Monsieur Louis Delettre, cultivateur, propriétaire à Margival, et par dame Marie-Madeleine Godet, épouse de Monsieur Pierre Valliez, propriétaire à Magival. – 1824. – Réaume et Chéron, fondeurs à Soissons. »
Les curés de Margival n’ont pas toujours occupé la même habitation. Le presbytère actuel avait déjà, cependant, cette destination bien avant 1789, et ce n’est que lors de la Spoliation des Biens du Clergé par la Constituante qu’il fut vendu comme bien national. – Nous donnons ici dans toute son étendue l’acte de vente, dont l’original se trouve aux Archives de la Mairie de Margival.
« Ce 28 thermidor, an IV de la République française, une et indivisible, Nous, administrateur du département de l’Aisne, au nom de la République française, en vertu des Loix des 28 ventôse et 6 floréal derniers, avons par la présente vendu et délaissé dès maintenant et pour toujours, au citoyen Christophe-Pierre-François Brinquand fils, cultivateur, demeurant à Vauxaillon, les domaines nationaux dont la désignation suit :
Une maison, bâtiment, cour, colombier et jardin, séparé de la maison par le Cimetière, contenant 40 une toise, 5 pieds, de longueur, sur 10 toises 2 pieds de largeur, situés en la commune de Margival et appelés le Presbytère du lieu, appartenant avant les présentes à la République française comme provenant des ci-devant cure et fabrique du dit Margival, dont les biens ont été déclarés nationaux et aliénables, par les Loix des 3 octobre 1789, 25 juillet 1790, 19 août 1792 ;13 brumaire an II et autres subséquentes.
L’estimation en a été faite par Antoine Lambin, domicilié à Margival, expert nommé par le sieur Briquant, acquéreur ; par Christophe Ferté, cultivateur à Bucy, expert nommé par arrêté du département du 12 prairial, ainsi qu’il en résulte de leur procès-verbal, fait en présence des commissaires du Directoire exécutif près l’administration municipale du canton de Bucy, du 26 du même mois, enregistré à Soissons le 28, savoir :
En cette vente est faite moyennant 2 160 livres que l’acquéreur s’oblige à payer à la République française entre les mains du Receveur des Domaines nationaux de Laon, savoir : moitié » dans la décade de ce jour, l’autre moitié dans les trois mois.
A Laon, en séance les dits jour et an.
Suivent les signatures. – Enregistré à Laon le 28 thermidor an IV. »
Le 20 septembre 1810, l’ancien presbytère passa des mains de Christophe-Pierre-François Brinquant fils, demeurant à Vauxaillon, aux mains de Louis-François-Christophe Brinquant, son frère, courtier de commerce, à Paris, 27 rue du Coquillière.
-La vente fut faite moyennant 1200 livres et le contrat passé devant Maître Bedel, notaire à Soissons : Enregistré le 24 septembre 1810 ; signé : Peigné.
Privé d’habitation, le curé, pendant l’époque révolutionnaire, dût pourvoir lui-même à son logement jusqu’au jour où la commune prit soin de s’en occuper. Dans une Réponse à une Lettre circulaire du Préfet de l’Aisne sur l’organisation du Culte, et sur divers renseignements relatifs à l’exécution de la Loi du 18 germinal, le citoyen Brinquant, maire de la commune de Margival écrit à la date du 18 pluviôse an XI que « la commune a procuré au desservant un logement dans une partie du ci-devant presbytère, laquelle a été louée à ladite commune une somme de 68 francs qu’elle s’oblige à payer par année au citoyen Christophe-Pierre-François Briquant, propriétaire… Elle pense lui faire construire un local sur une place appartenant à la commune, près l’Eglise… On n’a pas encore procuré le jardin au desservant, mais le conseil vient d’arrêter qu’il lui serait payé chaque année une somme de 24 francs en lieu et place du jardin.
Huit jours plus tard, le 25 pluviôse, le conseil ayant délibéré « qu’il serait sous bref délai fait un devis du local que l’on a proposé de faire sur la place pour ce local servir d’ « habitation au desservant. » Il est convenu que le sieur Féron, maçon, sera chargé de ce devis et qu’ensuite il sera procédé à l’adjudication au rabais de l’ouvrage à faire pour ledit local. En cette même séance, « les membres du conseil ont fait demander par-devant eux le sieur François de Lory, lequel aussitôt a comparu. Le maire lui a déclaré que l’intention du conseil était de faire construire un local sur la place de la commune pour servir d’habitation au desservant : et comme ledit Delory jouit de ce terrain communal sur lequel il existe déjà une petite maison fort défectueuse où il s’est retiré depuis dix ans avec l’approbation du Conseil, il a été prévenu qu’il était tenu de vider ladite maison et bâtiments dans le délai de trois mois à compter de ce jour et d’en rendre à ce délai les clefs ès-mains du maire, pour d’après disposer de ce qu’occupe ledit Delory pour ladite commune. « Délibérations du Conseil municipal ; passim.
Malgré ses divers projets émis par la municipalité sur la création d’un nouveau presbytère, les choses en restèrent longtemps dans le statu quo : le curé logeait toujours dans une partie de la maison Brinquant, louée par la commune à cet effet.
Le 15 mai 1808, un nouveau projet fut élaboré : « le conseil voyant alors avec peine que la commune était propriétaire d’un local près de l’église, servant d’école, et d’un bâtiment y adjaçant, le tout menaçant ruines, surtout depuis l’ouragan du 18 février 1807 ; exposant d’autre part qu’il fallait pour la commune et son intérêt y faire construire aux lieu et place, un petit presbytère pour le local du desservant, ce qui éviterait tous les ans un loyer à payer pour celui qu’il habite, délibéré que sous le plus bref délai il sera fait un devis de ce que pourrait coûter la construction du local dont il est question, » – cf.Loc.Cit.
Ce projet, comme les précédents, ne fut point exécuté. Dans la suite, on ne parla plus jamais de faire une construction nouvelle et longtemps encore les curés de Margival durent habiter une maison louée pour eux par la municipalité.
Le 30 septembre 1816, « le bail avec Brinquant (Louis-François-Christophe) ayant pris fin ; le conseil arrêta la location d’un autre local pour servir de maison presbytérale, savoir : une maison, chambre et cabinet, fournil : une écurie, une cave, tecq à porcq, grenier dessus, cour fermée de murs, jardin y tenant, contenant 12 ares, sise à la commune de Margival, lieudit la Rue d’Ault, appartenant à Pierre Lacroute fils, tisserand, moyennant 90 francs de loyer, payés savoir 72 francs par la commune de Margival, et par la commune de Vuillery, annexe, la somme de 18 francs. » Cf. loc. Cit.
La maison dont il est ici question est maintenant habitée par Monsieur Charles Lefèvre, garde-champêtre, qui en est propriétaire.
Le 28 décembre 1822, après expiration du bail avec Pierre Lacroute, un nouveau bail est contracté d’une part entre J.-B. Laurent-Sampité, propriétaire à Margival, et Jean Braillon, maire de Margival, Nicolas Lefèvre, maire de Vuillery, annexe d’autre part au sujet « d’une maison pour usage de presbytère, lieudit La Cour Beine, tenant d’un lez vers Orient au chemin de Crouy ; d’autre lez vers Occident à la terre de Monsieur le vicomte de Courval ; d’un bout vers le Midi à Féron, d’autre bout à Augustin Mariage ; moyennant 100 francs de loyer savoir 80 pour Margival et 20 pour Vuillery, annexe. Enregistré à Vailly le 12 février 1833. Approbation préfectorale en date du 31 janvier 1823. »
Ce local de la Cour Beine servit de presbytère jusqu’en l’année 1833 ; il est, aujourd’hui la propriété de M. Vaumarne, charron, qui le loue à Messieurs Varoqueaux, facteur et Berteaux, employé des contributions indirectes.
Entre temps, vers 1822, Louis-François-Christophe Briquant, domicilié à Paris et propriétaire comme nous l’avons vu, de l’ancienne maison curiale, proposa de l’échanger à la commune contre divers marais communaux. La municipalité prit en grande considération le projet Brinquant et le mercredi 1er septembre 1824, à la requête de Jean Braillon (Simon- Charlemagne), géomètre à Margival procéda dans le Grand Marais, au mesurage d’une pièce de pré d’une contenance de 3 hectares, 25 ares et 87 centiares, ou, en d’autres termes, 7 arpents et 79 verges, qui furent estimés le 1er mai 1905 au prix de 3004 francs par Jean-Pierre Chauvin, cultivateur à Laffaux et Antoine-Augustin Fouillard, cultivateur à la ferme de la Perrière près Crouy.
Le devis d’échange n’ayant point été accepté par M. Louis-François-Christophe Briquant, Monsieur André-Jean Férain proposa de vendre à la commune « sa maison, sise assez près de la place, les bâtiments et le jardin en dépendant, moyennant, en prix principal, 2500 francs, et pour épingles, 50 francs ; en tout, 2550 francs. » – Cf. Délib. Du Conseil municipal. En date du 27 fév. 1825.
Le 6 avril 1825, Emile Gencourt, architecte adjoint de l’Aisne, mandé à Margival par la municipalité porta à 2400 francs le prix d’estimation de la maison Férain, et le projet fut abandonné.
Enfin le 30 septembre 1832, dans une Lettre qu’il écrivait à Monsieur le Préfet de l’Aisne, Monsieur Brinquant proposait à nouveau d’échanger sa maison contre divers biens communaux. Le 30 juin 1833, le Conseil municipal assemblé dans le lieu ordinaire de ses séances, prenait en considération le projet, puis nommait comme experts Messieurs Prince-Stanislas Ferté de Terny et Jean-Amand Bouché de Nanteuil-laFosse qui, le 13 mai 1833, évaluèrent à la somme de 3500 francs la demeure de Monsieur Brinquant, et à 3500 francs aussi les 4 hectares, 72 ares et 47 centiares de marais que la commune de Margival consentait à donner titre d’échange.
Le devis fut accepté de tous, et l’échange fut conclu par arrêté royal en date du 1er octobre 1833 : Signé « Louis-Philippe, roi des Français. »
C’est le 13 décembre 1833 que « Par devant maître Mennessier, notaire à Vailly-sur-Aisne » fut définitivement conclue l’affaire : Monsieur Louis-François-Christophe Brinquant, et Alexandrine-Marie Tiolet, son épouse, consentaient à céder à titre d’échange à la commune de Margival l’antique maison curiale qu’ils avaient acquise de leur père en 1810 moyennant la somme de 1200 livres, et « aux lieux de place de leur maison, devenaient propriétaires d’une pièce de pré sise sur les terroirs de Margival et Vuillery, lieux-dits la Plaine et le Marais des écluses, d’une contenance de 4 hectares, 72 ares et 47 centiares, estimée à la somme de 3500 francs. »
Cet acte d’échange, accepté déjà par un arrêté royal antérieur, en date comme nous l’avons vu du 1er octobre 1833, fut sanctionné par une approbation préfectorale du 30 mai 1834.
Margival avait maintenant son presbytère : après bien des péripéties et démêlés, la commune était redevenue propriétaire, et ce par acquisition de l’ancienne maison curiale qu’un décret de la Constituante avait rendue « domaine national » lors de la Spoliation des Biens du Clergé de France.
Le presbytère, avant d’être habitable, exigeait maintenant des réparations qui furent entreprises pour la somme de 1240 francs par Jean-Louis Nivart, maître-maçon à Pasly. – Approbation préfectorale en date du 6 février 1835. » Depuis lors, les curés de Margival n’ont cessé d’y demeurer.
En 1867, de nouveaux travaux d’embellissement y furent opérés : l’adjudication eut lieu en la salle de la mairie le 3 février 1867 au profit de M. Harant, de Nanteuil-la-Fosse pour la somme totale de 1326fr.14, après un rabais de 3 centimes à francs.
En 1882, la fabrique entreprit à ses frais diverses améliorations qui lui suscitèrent une dépense totale de 771 francs : la vieille écurie située près de la porte d’entrée fut entièrement supprimée et la salle à manger fut agrandie.
Enfin au cours de l’hiver 1897-1898, grâce au legs Alfred Dormeuil, le presbytère fut encore l’objet de divers embellissements. Cf. archives paroissiales et délibérations du Conseil municipal : passim.
Avant la Révolution française, l’Eglise et fabrique de Margival possédait quantités de biens que la constituante après 1789 vendit comme biens nationaux. Un document trouvé dans les Archives de la paroisse de Margival, et datant de l’année 1778, nous donne une idée de ce qu’alors étaient ces propriétés : C’est un « Inventaire des titres et papiers appartenant à l’Eglise et fabrique de la Paroisse Saint-Morant de Margival ; fait et mis en ordre à la réquisition de Messieurs les curé et marguillier de ladite paroisse, par maître Jean-Nicolas Ozanne, notaire royal à Soissons, en l’année 1778. »
Voici ce que nous trouvons :
Des 17 articles qui s’y trouvent, nous extrayons au hasard les suivants :
« 24 février 1520. » Cessation à l’église et cure de Margival par Jean Vignon, d’une pièce de terre de trois essaims ou environ lieudit : « Dessus Grande Fontaine » pour en jouir à toujours aux charges anciennes, et moyennant un « obit » que le dit Vignon a fondé sur ladite pièce comme appert à l’obitier. Ledit acte passé devant notaire le 22 avril 1523.
« 6 janvier 1522. » Acquisition par Jean Hareux, curé de Margival, à Guillaume de Chatillon, de 4 esseins 12 verges de terre au « Comble de Vregny » ; 5 pogneux ou environ de terre au « Champ Charbonnier » ; 3 pichets 20 verges de terre en « Liedon » ; 3 pichets 7 verges ou environ de terre en ce même dit lieu.
« 5 janvier 1538. » Acquisition pour l’église et fabrique de Margival, à Julien Desprez et Marguerite Binault, sa femme passée devant maître Bretel, notaire à Margival, d’une pièce de vigne séant en Laval, contenant 4 septiers et demi ou environ ; d’une autre pièce de vigne séant au lieudit « au Mons Rouvet, contenant 2 septiers et demi ; moyennant « 18 livres, 15 sols tournois. »
« Dernier jour de may 1865. » Vente par Michel Gossin, vignerons à Neuville-sur-Margival, à l’église et fabrique de Margival de 2 septiers de terre en une pièce, sis en « Caron. »
« 4 mars 1632. » Echange fait entre M. Henry Château, curé de Margival, d’une part, et Pierre Lefebvre, charpentier, au nom et comme marguillier de l’église et fabrique, devant maître Capigny, notaire à Margival, par lequel le dit sieur curé accorde à titre d’échange à ladite église et fabrique une pièce de jardin « à arbres » vulgairement appelée « la vigne de la cure », contenant 4 septiers ou environ. – Et ledit marguillier a aussi cédé en échange au dit sieur curé, la moitié justement d’une pièce de jardin « à arbres » sise au lieu nommé vulgairement le « jardin Saint-Morand » contenant 6 septiers ou environ. Ledit échange fait moyennant « 40 sols de rente » que le dit Château sera tenu de payer à la Saint-Martin d’hiver.
Tous ici sont à signaler :
Des 75 baux énumérés dans le document cité plus haut , nous extrayons ceux qui suivent :
N.B. l’original des baux susnommés depuis celui du 220 janvier 1714 inclusivement, se trouve aux Archives départementales de l’Aisne (cf G1509)
Cette série de baux comprend les dix liasses suivantes :
I.
Renouvelé au profil du même le 30 décembre 1763 moyennant 8 livres 10 sols, le 17 octobre 1773 pour 7 livres ; le 25 octobre 1783 enfin au profit de François Lefait pour 12 livres 10 sols.
X.- Enfin, le 21 février 1768, bail à Louis Turbot, de :
moyennant 20 livres et 10 sols. – (Réitération d’un bail de 1759.)
Lesquels baux ont été renouvelés
Le 20 octobre 1777 à Pierre Le Blanc, pour 31 livres ;
Le 11 avril 1787 au même pour 26 livres.
N.B.- Le bail de 1759 (14 janvier) est à la Préfecture (G. 1509.)
5° Surcens, à la fabrique
1°, 21 juin 1756.- Bail à surcens à Maurice Vion, d’une maison et ses dépendances, sise rue du Sac, moyennant 14 livres, 15 sols de rente et surcens.
N.B.- Il a été reconnu n 1804 que ce surcens avait été remboursé au profit de la République. »
2°. 20 avril 1755.- 8 livres et une poule de surcens, originairement en deux parties, de chacune 4 livres, à prendre sur un maison et lieux, en dépendant, située audit Margival « devant la Croix », appartenant à François Godet, Ruffin Lefèvre, Louis Turlot …
3°. 7 Juin 1756.- 3 livres de surcens de Catherine Montier, de Vuillery, veuve de Jean Hennique, comme tutrice de Marie-Henriette Nouvian, fille de deffunt de Simon Nouvian, vigneron et Catherine Nicque, son épouse, sur une maison sise à Margival « aux croisées ; « et sur plusieurs pièces de terre et prez.
N.B. Il a été reconnu en 1804 que ce surcens avait été remboursé au profit de la République.
4°. 3 décembre 1773.- 3 livres de surcens de Antoine Lambin, à prendre sur 16 septiers de bois au lieudit « La Guide » sur le territoire de Margival.
N.B.- Il a été reconnu en 1804 que ce surcens avait été transféré au profit de l’hôpital civil de la ville de Soissons.
5°- 6 juin 1756. 25 sols de surcens payables par chacun an, au jour de Saint-Martin d’hiver, par Jean Cellier ; Marie Judas, sa femme, etc., à prendre sur un esseim de terre situé terroir dudit Margival, au « Sablon Poiret », et une autre pièce de terre, de 3 pogneux ou environ, sise « aux Fontenailles ».
6°. 13 novembre 1757. 20 sols de « Rente orbitaire », à prendre sur une mazure, ci-devant maison, située lieudit « la Rue du chantier ». – (Réobligation passée devant Moutonnet, notaire par Adrien Lefebvre, vigneron et Anne Judas, son épouse, en date du 13 nov.1754.)
N.B. Il a été reconnu en 1804 que cette rente obitiaire a été transférée à l’hospice civil de Soissons.
7°. 17 novembre 755.- 20 sols de « Rente obitiaire » à prendre sur 26 verges de vignes à Vregny, lieudit « Dessous la hauteur du Chapeau ». – Réobligation passée devant Moutonnet, notaire, par François Delettre, vigneron, à Vregny, et Elisabeth Cressiot, sa femme, auparavant veuve de Jacques Nota, qui était aux droits de maître François Gulbert, conseiller du Roy, contrôleur au grenier à sel de Vailly.
Nota : « En 1865, les propriétaires de cette vigne sont : 1°Détrailles Nota ; 2° Maxime Bigot ; 3° Théophile … »
8°. 6 Juin 1756.- 10 sols de surcens à prendre sur 4 septiers de vignes situés terroir de Neuville-sur-Margival, lieudit « Aux Larris », autrement dit « en Chavonnes ». – (Réobligation du dit surcens par Georges Sénéchal, vigneron à Neuville-sur-Margival, fil de Nicolas Sénéchal, qui était aux droits d’Antoine Vaudré, du dit-lieu).
N.B.- Il a été reconnu en 1804 que ce surcens avait été remboursé au profit de la République.
9°. 19 avril 1755.- 7 sols 6 deniers de surcens, faisant moitié de 15 sols, affectés sur deux septiers de vignes, sises à Margival, ledit « en Fontenailles. – (Réobligation au dit surcens par Marie-Anne Démarest, veuve de François Paris, berger à Margival, étant aux droits de Boulnois, demeurant à Nanteuil-la-Fosse.)
10°. 20 avril 1755. – 7 sols 6 deniers de surcens, faisant moitié de 15 sols, affectés sur deux septiers de vignes à Margival, lieudit « En Provigneaux ». – (Réobligation par Antoine Lefebvre, vigneron à Margival, tant en son nom que comme tuteur de Antoine Lefebvre, son fils, et de deffunte Marguerite Liénard.)
11° et dernier. 2 juin 1755.-5 sols de surcens à prendre sur 6 septiers de vigne à Margival « aux Avenels. » – (Réobligation audit surcens par Michel Cercelier.)
Les titres de rentes et de propriété que possédait la fabrique de l’église de Margival avant la grande tourmente révolutionnaire étaient comme on le voit fort nombreux, mais tout changea dès que la Constituante eût déclaré « nationaux et aliénables » les biens jusqu’alors acquis avec justice et selon le droit commun par les églises, les fabriques et le clergé.
La fabrique de Margival, à l’instar de toutes les autres, se vit soumise au même décret, puis entièrement dépouillée de ses biens ; ceux-ci furent ensuite vendus à des particuliers, comme d’ailleurs nous l’avons vu plus haut, lorsqu’il s’est agi du Presbytère : cf. chap. »
Aujourd’hui, la fabrique de Margival ne possède plus d’autre propriété qu’un « Bois taillis », sis au lieudit « Les Lavas. » Selon qu’il résulte d’un arpentage fait en l’année 1825, il était alors d’une contenance totale de 23 verges et deux dixièmes, maintenant, il ne comporte guère plus d’une superficie de 22 verges et un quart, ce, depuis la création d’une nouvelle montagne de Margival à Neuville en 1869.
La cure de Margival, avant La Révolution française, possédait, elle aussi, des biens qui lui furent enlevés par la Constituante.
A l’appui de notre assertion, nous ne faisons que citer les documents suivants, puisés par nous dans les Archives de la Préfecture : (G.1122) :
Nous y trouvons entre autres, à la date du 23 juin 1776, un bail fait par « Maître Jean-Baptiste-François-Charles Ozane, curé de Margival, au sieur Pierre Lefèvre, manouvrier dans ladite commune, d’un pichet de pré situé rue de Polton ; pour une redevance annuelle de 6 livres d’argent. »
Mais ce qui surtout mérite ici le plus grand intérêt, c’est une « Déclaration des terres dépendantes de la cure de Margival ; déclaration faite par Divitien de Montigny, arpenteur royal à Billy-sur-Aisne, en présence de Jean Aliot, curé de Margival, en date du 8 février 1602. » Elle comporte les propriétés suivantes :
1° Une pièce de terre, sise au lieudit « La fontaine Saint-Morant », d’une contenance de 21 verges et demi :
2° Une pièce de terre, sise au même lieu d’une contenance de 1 essaim et 20 verges ;
3° Une pièce de terre, sise au lieudit « La haye », d’une contenance de 13 essaims et 18 verges ;
4° Une pièce de terre, sise au lieudit « Le chemin de Laon », d’une contenance de 2 essaims et 6 verges ;
5° Une pièce de terre, sise au même lieu d’une contenance de 1 pichet et 2 verges ;
6° Une pièce de terre, sise « au-dessus du Chemin de Laon » d’une contenance de 1 essaim,1 verge ;
7° Une pièce de terre, sise au même lieu, d’une contenance de 3 essaims, 8 verges ;
8° Une pièce de terre, sise au même lieu, d’une contenance de 3 essaims, 7 verges ;
9° Une pièce de terre, sise au lieudit « Le Poirier Huguet, » d’une contenance de 3 pichets ;
10° Une pièce de terre, sise « Au Richet, » d’une contenance de 8 verges ;
11° Une pièce de terre, sise au lieudit : « Le fond de Liédon, » d’une contenance totale de 5 pichets et 10 verges ;
12° Une pièce de terre, sise à « Many » d’une contenance de 3 pichets et 14 verges ;
13° Une pièce de terre, sise au lieudit « Près de la Cense de Many », d’une contenance de 3 pichets et 10 verges ;
14° Une pièce de terre, sise « Sous Many », d’une contenance de 1 essaim et 6 verges ;
15° Enfin. Une pièce de terre, sise au lieudit « Les Bressieux », d’une contenance de 3 pichets
Le droit de présentation et de nomination à la cure « séculaire » de Margival appartint toujours à l’Evêque de Soissons (Cf. Ledouble : Etat religieux.)
Grâce aux archives paroissiales, municipales et autres, nous avons pu nous procurer la liste complète des curés qui ont desservi Margival depuis l’année 152. Nous sommes heureux de pouvoir ici la publier dans tout son entier :
1° Les Curés de Margival avant la Révolution
1522.- Jean Hareux. – Le 6 janvier 1522, il acquiert à Guillaume de Châtillon, quatre pièces de terre, sises en divers lieux.
Nous possédons de Jean Hareux un testament daté du 23 juillet 1541, document très curieux dont il nous plait de relater ici les principaux passages concernant Margival.
« Messire Jean Hareux, prestre-curé de l’Eglise paroissiale de Margival, donne et lègue aux Eglises et Cures de Crouy et Margival, chacune moitié de neufs esseims de terre, séans au « Mons de Margival », acquis à Guillaume de Châtillon par le sieur Hareux, à la charge par les curés ou leurs successeurs de dire ou faire dire en chacune des Eglises, tous les jours de dimanches, à la fin de leurs prônes ou prédications pour le repos, salut et remède de son âme, les deux psaumes : Miserere Mei, Deus, secundum magnam misericordiam tuam ; et de profundis clamavi ad te, Domine : avec les prières accoutumées et deux oraisons, à scavoir : Inclina et Fidelium ; ce que les marguilliers des deux églises seront tenus faire faire ce auxdits curés ou vicaires ; et incontinent qu’ils commenceront les dits psaumes, aussi porter un cierge ardent près et au-devant des Crucifix des dites Eglises, lequel cierge y sera jusqu’à la fin des psaumes : et, à faute d’accomplir les dites charges ; le dit Testateur veut que ses héritiers ayent et reprennent les dites terres et fassent eux-mêmes faire les dites charges comme et dessus est contenu . »
Au dit testament est joint l’acte de délivrance du legs ci-dessus, faits aux dites Eglises et Cures, passé devant Maîtres talon et Boulnois, notaires en la ville de Soissons, en date du 13 septembre 1541.
1555. – Guillaume Wime. – Son nom figure dans un bail en date du 23 octobre 1555, passé devant Maîtres Adam Desmaret, et François Hussin, notaires à Soissons ; bail de 80 ans, par lequel la fabrique de Margival concède à Vénérable personne Guillaume Wime, prêtre demeurant audit Margival, une cour devant, jardins derrière, lieux et pourpris, ainsi que le tout se comporte, séant audit Margival, moyennant 38 sols tournois de redevance, pour chacun an, au jour de Saint-Martin d’hiver. »
1602. – Jean Alliot. – Le nom de messire « Jean Alliot ou Aliot, curé de Margival », figure dans un Inventaire fait en date du 8 février 160 par Divitien de Montigny, arpenteur royal à Billy de toutes les propriétés qui dépendaient alors de la cure de Margival : Cf. Archives de la préfecture : (G. 1122.) – Cf. Nos Essais sur Margival : XII.
1619. – Florent de Hanon ; (du Hanon, ou Dehanon) ; « escuyer-prêtre de Margival »,
– Son nom figure en un testament fait en sa faveur et en faveur de l’église de Margival par Noël Hénouzel, qui « lègue à l’église et audit curé 20 sols tournois de rente annuelle et perpétuelle à prendre sur la maison et héritage dudit testateur, sis à la « Rue de Haut », savoir : 10 sols à ladite église, et 10 sols audit sieur curé, pour la fondation d’un obit à trois leçons et les petites recommandasses même avec la messe des trépassés, à son intention et de ses parents et amis trépassés, le seizième de février, jour de son décès. »
Il figure également dans un « Bail de 18 ans, passé devant Jean Dollé, notaire à Terny, par la fabrique de Margival à Messire Florent du Hanon, escuyer-prestre-curé de l’église de Margival ; 1° du lieu et cimetière dudit Margival, appartenant par moitié au sieur preneur à cause de sa dite cure, et 2°, et d’un jardin à arbres situé audit Margival, au lieudit la rue Lazare » , appartenant aussi par moitié audit sieur preneur ; moyennant 36 sols tournois de loyer payable par chacun an au jour de Saint-Martin d’hiver pour ledit lieu et cimetière ; et 40 sols tournois aussi de loyer payable pour chacun an audit jour pour ledit jardin… »
1644. – Henri Chasteau (ou Château.) Messire Henry Chasteau, prêtre –curé de Margival est, comme nous l’avons vu plus haut (Cf. XI. 1°) l’auteur d’un échange fait entre lui et la fabrique de Margival, au sujet de diverses propriétés.
Son nom figure en outre dans le testament olographe de dame Nicolle de Vaucléroy, fille de Pierre de Vaucléroy, seigneur de Vendière et Madeleine de Pouilly son épouse ; veuve de François de Suzanne, Chevalier, baron de Cardaillac. Par ce testament, déposé au greffe du comté de Soissons, en date du 28 décembre 1689, dame Nicolle de Vaucléroy lègue à l’église, cure et fabrique de Margival la somme de 1200 sols faisant 30 sols de rente, avec entre autres conditions celle de « dire et célébrer par le curé dudit lieu, une messe basse dans l’octave de la Sainte-Trinité, tous les ans, pour feu maître Chasteau, en son vivant curé de Margival un vicaire du nom de messire M. de la Motte.
1690. – Martinet
1692. – Jean Grimoise
1692. – Jean Moutonnet. – Les actes de l’état civil de Margival nous apprennent que « le septième jour de janvier 1693, Jean Moutonnet, diacre, fait à Margival l’inhumation de Nicolas Paliso, berger, audit lieu. »
En mars 1793, les mêmes actes sont signés du nom de « Jean Moutonnet, prêtre-curé de Margival. »
Jean Moutonnet fut en l’année 1709 chargé par intérim de la paroisse « en l’église Saint-Laurent l’inhumation de Madeleine Mauroy, veuve de feu Marc Lemoyne » et mère probablement de messire Lemoyne, curé-desservant dudit lieu.
Vers 1723, il est question de Jean Moutonnet, curé de Margival, au sujet d’une sentence rendue au Baillage du Comté de Soissons, en faveur de Marie Moutonnet, veuve de Quentin Frique, appelante, contre maître Moutonnet (Jean), prêtre-curé de Margival, intime son parent, au sujet d’un héritage provenant de Moutonnet (Antoinette), veuve de Nicolas Bléry, et sœur de Jean Moutonnet. » Ce document trouvé par nous dans les « Œuvres posthumes de maistre d’Héricourt, advocat au Parlement (Mémoires sur diverses questions de Droit civil : Mem. XIX ; tome II, fol. 315), » nous renseigne entre autres choses sur l’âge même de Jean Moutonnet, curé de Margival. Nous y voyons qu’Antoinette Moutonnet, « subit au cours de l’année 1715 une attaque d’apoplexie qui se renouvela en 1717 avec complication de paralysie ». Le mémoire ajoute qu’Antoinette « était de vingt ans plus âgée que son frère Jean : elle avait alors 72 ans ; lui, n’en avait que 52 » ; ce qui porte à l’année 1665 la date de naissance de Messire Jean Moutonnet.
Antoinette Moutonnet, morte le 9 mai 1723, fut comme nous l’avons dit déjà (cf. Chapitre VII de nos essais), inhumée dans la chapelle de la Vierge de l’église de Margival par Brisbart, curé de Bucy.
Quant à Jean Moutonnet, « prestre-curé de Margival et Doyen de la Chrétienté, il mourut le 31 août 1723 et fut également inhumé dans la chapelle de la Vierge le lendemain, 1er septembre, par Messire de Rosay, grand archidiacre de Soissons.
N.B. – Après la mort de Messire Jean Moutonnet, Bidard, curé de Vuillery fut chargé par intérim de la paroisse de Margival.
1734.- Jacques-Antoine Moutonnet, parent du précédent, peut-être même son frère. Décédé le dixième jour du mois de décembre de l’année 1753, il fut inhumé le lendemain dans l’église de Margival par Louis Fayet, prêtre-curé de Bucy.
1754. – Jean-François Dauvillez,né vers 1721, Jean-François Dauvillez, curé de Margival, mourut le 8 mars 1774, à l’âge de 53 ans. « Son corps a été inhumé dans cimetière, vis-à-vis la Croix, par le curé de Pommiers, Doyen de la Chrétienté ; en présence de Messire Jean-François Grévin, curé de Saint-Quentin en la ville de Soissons ; Pâris, curé de Clamecy ; Gaide, curé de Vauxaillon ; Landieu, curé de Laffaux ; Camuset (Jean), curé de Neuville-sur-Margival » Cf. Actes de l’Etat civil de Margival. » – Reg. Des décès : Année 1774.1774.- Jean-Baptiste- François Ozanne. Avec lui nous parvenons à la période révolutionn
2° Les curés de Margival pendant la Révolution :
Jean-Baptiste-François Ozanne, dit l’abbé Pêcheur, « fut toujours un homme de cœur et de résolution ».
Le dimanche 27 avril 1788, à l’issue des Vêpres, la municipalité, dont il faisait partie, s’étant assemblée dans le lieu ordinaire désigné pour ses séances, Ozanne fit décider, lors du choix d’un lieu de sépulture pour les non-catholiques, qu’on ferait un caveau dans une carrière de la paroisse très voisine, pour servir de cimetière aux non-catholiques, quand il y en aura. » – « Grâce au Seigneur, ajouta-t-il, nous sommes encore bons catholiques dans notre paroisse. » Le procès-verbal de la séance inséré dans le registre des délibérations se terminait ainsi ; « Ce qui nous a décidés à faire choix d’une carrière, c’est que cela exige peu de frais, et qu’il ne nous eût pas été possible de trouver dans les environs de notre paroisse, un lieu plus décent. – Signé ; Christophe Brinquant, syndic ; Ozanne, curé ; Brunetaux ; Chatelin ; Boujon ; Braillon, greffier. » Cf. Reg. des délib. du conseil municip.
De nouveau choisi pour membre de la municipalité, Jean-Baptiste Ozanne prononça le dimanche 28 novembre 1790, d’une voix intelligible » et après le prêne fait aux fidèles, les paroles suivantes : « Pour me conformer au décret de l’Assemblée nationale, je vais faire le serment civique déjà fait avec sans aucun commentaire, de la Constitution civile du clergé et de la fixation de non traitement.
Ce serment, comme celui de tant d’autres prêtes des environs de Soissons, était conçu en des termes « restrictifs », et partant, se trouvait « inadmissible ». En effet, le dimanche 13 mars 1791, la municipalité vint interpeller Ozanne, le priant de bien vouloir lire au prône la lettre pastorale de l’évêque intrus Marolles, entré à Soissons le 5 mars. A cette injection, Jean-Baptiste Ozanne répondit négativement : « Messieurs, dit-il, ma conscience ne m’ayant pas permis de faire le serment qu’on exige des ministres de la religion, fonctionnaires publics, elle ne me permet de reconnaître Monsieur Marolles pour mon légitime évêque, et de lire au prône sa lettre pastorale. » Un procès-verbal de ce refus fut dressé sur le champ par le maire de la commune ; Ozanne lui-même le signa de sa main, puis la cure devint aussitôt vacante.
Le « dixième jour du mois de juillet suivant, le conseil, vu l’état des choses, délibéra qu’il est absolument nécessaire de louer la grange qui servait ci-devant à engranger la dîme et les autres récoltes appartenant à la cure de Margival. Il s’est alors trouvé que le sieur Brinquant, laboureur à la « Montagne » a été le dernier enchérisseur, et pour lors, adjudicataire de ladite grange, moyennant le prix et somme de 18 livres, qu’il promet payer comptant au jour de Saint-Martin d’hiver. Le sieur Brinquant convient de se mettre en possession de ladite grange dès aujourd’hui, jusqu’au jour du Saint-Jean-Baptiste 1792, époque à laquelle le dit sieur Brinquant n’aura plus le droit de jouir de la grange »
Le 17 juillet suivant (1791), la municipalité vendait en outre à Jean Brunetaux, maire, « un tiers-franc que le sieur Brinquant rendait de 10 arpens de terres lesdites terres provenant de la cure de Margival. »
Après le départ d’Ozanne, curé légitime et en toutes choses fidèle à ses devoirs, la paroisse de Margival fut occupée par une série de « desservants » tous assermentés.
Le premier fut Jacques-Antoine Reverchon, qui le 30 novembre 1791, présida dans la paroisse une assemblée électorale. Cf. Arch. municip.
Le samedi 24 décembre suivant, « vers les 11 heures du soir, pour se conformer aux dispositions du décret du 17 juillet dernier, concernant la Constituante civile du clergé, il a été fait lecture à haute et intelligible voix aux fidèles de la paroisse de l’acte d’installation de Claude-François-Xavier Romagny, curé de Margival, nouvellement élu et canoniquement institué, qui a prêté le serment solennel de veiller avec soin sur les fidèles qui lui seront confiés, d’être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, et de maintenir de tout son pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblées Nationale. – Ensuite la messe paroissiale a été chantée par ledit sieur Romagny, en présence de Romagny, vicaire épiscopal, son parent ; et à l’issue de la Grand’ Messe, il a été chanté le Te Deum. – L’office terminé, le dit Romagny a été conduit au presbytère dont les clés lui ont été mises en mains. Le curé remplacé ne s’est point trouvé dans l’église lors de ladite cérémonie : il est absent depuis avril dernier, et n’a aucun meuble dans sa demeure. » Arch. municip. Procès- verb. d’install.
François Romagny n’exerça pas longtemps à Margival ; en septembre 1792, il devenait curé de Terny ; et le 22 du même mois, en sa présence même, on proclamait pour son successeur à Margival Jean-François Delaplace, qui au serment ordinaire fait par ses devanciers, joignit celui de « maintenir la Liberté et l’Egalité ; et de mourir en les défendant. »
Accommodant en toutes choses, il fut : l’an 1792, le premier de la République française, 11 novembre, à l’issue des Vêpres… élu à l’unanimité comme officier public. » Le matin même, il avait été nommé « à la charge de notable dans commune », condition sine qua non de sa nomination comme officier public Ajoutons que le 4 novembre déjà, Jean-François Delaplace avait été choisi par la municipalité pour cette même fonction, mais la condition citée précédemment faisant défaut, le vote avait été vite annulé par autorité supérieure.
Entre temps, un décret de la Convention en date du 10 septembre 1792, mettait à la disposition de l’Etat tous les meubles, effets et objets servant au culte. Une autre loi du 23 juillet 1793, enlevait les cloches aux églises pour en faire des canons, « sauf une seule pour chaque commune afin, comme nous l’avons vu, d’y pouvoir sonner le tocsin, convoquer les citoyens aux assemblées et servir de timbre aux horloges. »
Le 10 septembre 1793, les citoyens Nivel et Panet, nommés commissaires par Lejeune et Léquinio, représentants du peuple, visitaient Margival et le 20 septembre deux cloches étaient arrachées du clocher pour être conduites au district par le citoyen Braillon. Cf. Ch. IX de nos Essais.
Le 17e jour de pluviôse, IIe année de la République française, le Conseil municipal, s’étant assemblé « à l’effet de délibérer sur un arrêté du district de Soissons en date du 11 pluviôse, déclare que les habitants de la commune de Margival, canton de Bucy-le-Long, au district de Soissons, n’ont jamais renoncé à leur culte et qu’ils n’y renonceront pas.
« Le 21 ventôse, IIe année de la République, une et indivisible, les maire et officiers municipaux de la commune, assemblés à l’effet de procéder à la location et au plus offrant, de deux jardins provenant de la cure adjugent à Jean Joffrois, moyennant la somme de 50 livres, le premier jardin situé proche le Cimetière, d’une contenance de 40 verges et à François Deloris, moyennant la somme de 45 livres, le second jardin, situé près le chemin dit « le Rue du Son », d’une contenance de 20 verges ; le tout à jouir jusqu’au 5 nivôse, troisième année républicaine, ou 25 décembre 1794 (vieux style). » Cf. Reg. des délib.
Le 21 nivôse, IIe année de la République, le citoyen du Tour de Noirfosse, à Bucy, vient « inventorier plusieurs effets provenant de la ci-devant Eglise de Margival ; et le 6e jour de pluviôse an III, les maires et officiers municipaux, d’une voix unanime, déclarent que les bancs de chantres, boiseries, buffets, vieux bancs et autres ustencilles provenant de la ci-devant Eglise, que le tout serait différé à vendre ; et que les chappes, chasuples, et dalmatiques, le dai ainsi que les étoles et manipules et voiles seraient vendus, à l’instant… A laquelle vente ; il a été sitôt procédé ; le tout fut vendu à la somme de 375 livres, laquelle somme a été distribuées aux personnes reconnues indigestes. » Cf. Reg. des Délib.
Dès le second Messidor. an III de la République, commence à Margival la réorganisation du culte : Ce jour-là même, en effet, « le citoyen Sébastien-Jean-François Delaplace, ministre du culte catholique, exerçant le dit culte à Margival s’est présenté devant les membres du Conseil municipal de ladite commune, et, se conformant à la loi du II prairial dernier, leur a déclaré qu’il faisait sa soumission d’être fidèle aux lois de la République, laquelle déclaration, il faisait sans restriction ; qu’il ne croirait ni chrétien, ni ministre du culte qu’il avait l’honneur d’exercer, s’il ne se servait de la Religion pour faire aimer et respecter les lois de la République ; qu’outre son civisme connu, sa religion lui faisait un devoir de la dite soumission ; qu’il y aurait toujours une barrière entre lui et ceux qui prêchent l’insubordination, au nom d’un Dieu de paix, et lui-même soumis au gouvernement de la République. » Cf. Arch. municip.
L’argus soissonnais – 1905