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Enterrement de VATIN dit Tintin Soldat de Napoléon IIIHistoire locale / Articles

Thème : PersonnalitésCommune(s) : MONTBREHAINAuteur : Jean Bouderlique d'après L.Dufour


Document établi par le Docteur Jean BOUDERLIQUE
St-Quentin/Montbrehain
Décembre 1996

1808-1875
Enterrement de VATIN dit Tintin
Soldat de Napoléon III

               J’avais sept ans lorsqu’on enterra ce vieux soldat. Malgré mon jeune âge, la cérémonie que l’on fit à ce vieux soldat de la glorieuse épopée est restée à tout jamais gravée dans ma mémoire.

               Tout le village avait tenu à l’accompagner à sa dernière demeure. L’école, ce jour-là, fut déserte. Tous les anciens soldats furent invités à revêtir leurs anciens uniformes pour rehausser la cérémonie.

               Je dois dire qu’à cette époque, chaque soldat rentrait dans ses foyers avec l’uniforme du régiment auquel il avait appartenu et qui était sa propriété.

               Donc le matin, on vit par les rues du village arriver avec chacun un fusil soit de chasse, soit une carabine à piston, enfin ce qu’ils avaient pu trouver, dragons, hussards, chasseurs à cheval, fantassins, infanterie de marine, etc....;

               Réunis devant la modeste maison du défunt et commandés par le vieux sergent Peltier qui avait fait la campagne de 1870, tous se mirent en rang et quand le clergé sortit avec le cercueil, ils présentèrent les armes. Le convoi, encadré par ces soldats d’un jour, s’achemina vers l’église. Pendant la cérémonie, quatre soldats montèrent la garde autour du cercueil. Celle-ci finie, le cortège se dirigea vers le cimetière et se rendit devant la fosse où allait reposer pour toujours le vieux soldat.

               Dans un discours modeste et simple, le sergent Peltier retraça la vie de « Tintin » et l’apogée glorieuse du Premier Empire. Puis le cercueil fut mis en terre.

               Alors, un commandement sec retentit :
               « Apputez armes !                    Premier rang par le flanc droit !
                                  Deuxième rang, par le flanc gauche !
               Commencez le feu ! »

               Je n’avais pas assez d’oreilles pour entendre, d’yeux pour regarder. Chaque soldat passant devant la tombe entr’ouverte lâchait un coup de fusil.

               La fumée de la poudre noire emplissait le trou béant. Quand le soldat eut tiré, la petite troupe se mit en colonne sur deux rangs et revint au village au pas cadencé suivie de l’assistance et de tous les gamins du village.

               Après la dislocation et quelques verres bus ensemble à l’auberge où ils parlèrent de leur temps de service militaire avec des anecdotes souvent amusantes, chacun retourna chez soi :

               Récit de Léonard DUFOUR (1868-1941)
               Frère de ma grand-mère paternelle,
               Petit-fils et petite-fille de Louis-Joseph DUFOUR,
               Ancien soldat de Napoléon 1°, 2ème régiment de Ligne
               Qui fit la campagne de Russie en 1812.
Transcription : T.Martin