Connexion à l'espace adhérent



Connexion à l'espace adhérent



Ceux qui n’oublient pasHistoire locale / Articles

Thème : PatrimoineCatégorie : Monuments, Première guerre mondiale 1914-1918Commune(s) : SAINT-SIMONAuteur : Le grand écho de l'AIsne


Saint-Simon glorifie ses Morts

LE GRAND ECHO DE L’AISNE
du Mercredi 4 Octobre 1922

L’HEROIQUE PETITE VILLE RECOIT LA CROIX DE GUERRE

L’accueillante petite ville de Saint-Simon a rendu, dimanche dernier, un éclatant et émouvant hommage à la mémoire de ses enfants glorieusement tombés pendant la guerre. Elle était à cette occasion, magnifiquement pavoisée et fleurie : Chaque maison arborait un drapeau, les rues étaient abondamment décorées et un peu partout, s’élevaient des arcs de triomphe.

Les réceptions et le banquet

    A 1 : heure et demie, l’aimable maire, M. Magnier, recevait à la mairie les personnages officiels, qui se trouvaient ensuite réunis en un banquet excellemment servi par l’hôtelier du « Coq Gaulois » de Montescourt, dans la salle du vaux-hall.
    L’infatigable sous-préfet de Saint-Quentin, M. Roussel, présidait, entouré de MM. Magnier, maire ; Desjardins et Frédéric Hugues, députés ; Gry et Dupont, conseillers généraux ; Caron conseiller d’arrondissement ; Dusseault, maire de Charenton  -la généreuse marraine de Saint-Simon-  et une délégation du Conseil Municipal de cette ville ; Carpentier, maire de Jussy ; Sébline, maire de Montescourt ; Dubois, maire de Tugny ; Milon, secrétaire général de la Sous-Préfecture ; le commandant Beaugez ; Lecomte-Larmuzeaux, adjoint au maire ; Lefèvre, le dévoué secrétaire de mairie et secrétaire du Comité d’organisation de la cérémonie ; l’abbé Bourret, d’Ollézy ; l’abbé Parent de Flavy-le-Martel ; l’abbé Quéquignon, secrétaire de l’Evêché ; les conseillers municipaux, les commissaires, etc…
   Au champagne, M. Magnier remercia les autorités et leva son verre en souvenir des morts ; M. Roussel salua éloquemment  la restauration des ruines de Saint-Simon et porta la santé des parlementaires et de la population ; M. Dusseault, maire de Charenton, assura sa filleule qu’elle pouvait compter en toutes circonstances sur sa marraine ; et M. Desjardins salua M. Magnier « qui continue la tradition d’un père généreux et regretté ».

Un brave homme et un homme brave

    A l’issue du banquet, avait lieu à 3 heures, l’inauguration d’une plaque de marbre posée dans la salle du Conseil municipal à la mémoire de M. Magnier, ancien maire, frappé à mort, sur les marches de la mairie par des officiers allemands dont il refusait « d’exécuter les ordres ».
Devant la modeste baraque qu’est la maison commune, les pompiers sont groupés, drapeau déployé. La musique de Ham exécute la « Marseillaise » et M. Lecomte-Larmuzeaux, adjoint vient rappeler la longue carrière et la mort de M. Magnier père.
       Il termine en disant :
   «  Cette plaque rappellera qu’il y eut à Saint-Simon un maire victime de la grande guerre. ».
    M. Caron, conseiller d’arrondissement, qui était uni à l’ancien maire de Saint-Simon par une solide amitié, évoque des souvenirs tragiques, et M. François Hughes, député déclare :
    « Nous aimons la paix et nous voulons la faire régner dans le monde. Il nous faut pour cele nous faire aimer et respecter. »
    Enfin, M. Magnier remercie avec une grande émotion les nombreux assistants et organisateurs de cette manifestation dont il gardera un inoubliable souvenir.

                                  Au Cimetière

    Sur la place de la Mairie un cortège se forme, pour se rendre au cimetière, dans l’ordre suivant :
    Tambours et clairons des pompiers, Musique de Ham, Enfants des Ecoles, Combattants de Saint-Simon, Flavy le Martel, Fluquières, Jussy, Montescourt, Tugny et Villers, Musique de Montescourt et les personnages officiels encadrés par les sapeurs-pompiers.
    Devant la tombe de M. Magnier des discours sont prononcés au nom du Conseil municipal et par M. le curé doyen de la paroisse. Une gerbe est déposée sur les tombes des victimes de guerre puis, prenant le chemin du retour, l’on s’arrête pour déposer des fleurs, au cimetière du Calvaire, où reposent les défenseurs de la glorieuse petite cité.

     L’inauguration du Monument

La pluie qui avait fait trêve un instant, reprend quand le cortège arrive devant le monument, où une foule nombreuse et recueillie stationne.
    De forme pyramidale, le mausolée s’élève d’un parterre verdoyant, sur le front du groupe scolaire. Un drapeau se détache du granit sur lequel on lit : « Aux enfants de Saint-Simon morts pour la France », et sur les côtés sont gravés les noms des 26 enfants de Saint-Simon, morts au champ d’honneur. Le symbolique coq gaulois, chantant la Victoire, couronne cette stèle magnifique, exécutée par M. Lenoir, marbrier à Saint-Quentin.
    Au pied du monument, qu’encadrent les drapeaux, une accorte Marianne monte la garde, ayant à ses côtés le gracieuse Alsace, la charmante Lorraine et la France en deuil, dont le long voile symbolise toutes les douleurs. Ces belles et nobles figures sont personnifiées par de jolies filles d’anciens combattants : Mlles Raymonde Dumontier, Ernestine Briquet, Simone Colle et Thérèse Hugo.
    Tandis que d’aimables quêteuses font le tour de l’assistance, M. Magnier, maire, célèbre, dans un vibrant discours, l’héroïsme des enfants de Saint-Simon. Il rappelle que sur une population de 500 habitants, 26 sont morts. Douloureuse constatation ! M. Magnier dit aussi :
   « Morts, gloire à vous ! Toujours nous nous souviendrons. »
    Puis il dépose une palme offerte par la commune et le conseil municipal.
M. le commandant Mayeux, président des Anciens Combattants, fait l’appel émouvant des morts et, après chaque nom, Mlle Dumontier répond d’une voix forte : « Mort pour la France » ; les enfants des écoles, pendant cette heure poignante, déposent sur le monument de belles couronnes.
    M. Roussel, dans une brillante allocution, apporte aux grands morts de Saint-Simon, le tribut de reconnaissance du gouvernement. M. Desjardins lui succède pour affirmer qu’une haute leçon d’union se dégage de cette manifestation.
    C’est ensuite M. Dupont, conseiller général, qui glorifie les héros du canton, et M. le Maire de Charenton qui apporte le salut de sa ville aux 26 morts de Saint-Simon « tombés pour sauver la France de la tyrannie allemande. »
    La série des discours est close par M. Legrand qui vient de dire, au nom du Souvenir Français : « N’oubliez jamais ! » 


   

   La remise de la Croix de Guerre

    M. le sous-préfet remettait ensuite au nom du gouvernement le croix de guerre à la commune et donnait lecture de la belle citation dont Saint-Simon fut l’objet :
   « Cité détruite totalement qui fit preuve d’un admirable courage en attendant l’heure de la délivrance. »
    Mme Misset recevait la médaille militaire attribuée à titre posthume à la mémoire de son fils, puis se déroulait la cérémonie de la remise officielle de drapeaux à la Société des Anciens Combattants et à la Compagnie reconstitué des Sapeurs-Pompiers.
   Un vin d’honneur terminait cette imposante manifestation patriotique, parfaitement organisée et magnifiquement réussie.
   Ajoutons que le matin, à 11 heures, avait lieu la bénédiction du monument après laquelle M. l’abbé Quéquignon exalta en excellents termes le courage des disparus.

Saint-Simon

Inauguration du Monument

Le dimanche premier octobre 1922 – sous la présidence du sous-préfet de Saint-Quentin, assisté des sénateurs et députés du département, de M. Dupont, conseiller général ; de M. Caron, conseiller d’arrondissement ; du maire de Charenton-le-Pont, président d’honneur du Comité ; du conseil municipal de Saint-Simon, des membres du Comité d’érection et de l’associetion des A-C, et avec le gracieux concours de la musique des établissements Sébline, de Montescourt, et de l’harmonie municipale de Ham : grande manifestation patriotique à l’occasion de l’inauguration du monument commémoratif aux soldats morts pour la France.
    A 11 heures ½, réception des personnalités officielles ; 12 heures, banquet officiel présidé par M. le sous-préfet ; à 14 heures, pose de la plaque commémorative à la mémoire de M. Ed. Magnier, ancien maire ; à 14 heures ½ revue et défilé des sociétes ; à 15 heures, inauguration du monument, remise de la croix de guerre à la commune de Saint-Simon, de drapeaux et de décorations ; à 17 heures, vin d’honneur, concert ; 20 heures, illuminations, bal dans le vaux-hall de M. Caré.
    A 10 heures du matin, il sera célébré une messe requiem à l’issue de laquelle aura lieu le bénédiction du monument.

Source : Article paru dans le bi-hebdomadaire d’informations « le Grand Echo de l’Aisne ».

Transcrit le 25/04/2007 par Guy Destré  Adhérent N° 315. d’après des documents de Mémoires du Canton