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Camelin et Fresnes : Monographie 1914-1920Histoire locale / Articles

Thème : Communes, GuerresCatégorie : Monographies, Première guerre mondiale 1914-1918Commune(s) : CAMELINAuteur : Maury instituteur


Ecole de Camelin et Le Fresne

A.- Territoire occupé par les armées allemandes

I.- Généralités

a).- A quelle date les Allemands ont-ils pris possession de votre village?

Les Allemands ont pris possession de la commune de Camelin et Le Fresne le 1er septembre 1914 à 3 heures de l’après-midi.

b).- La prise de possession s’est-elle effectuée à la suite d’escarmouches, à la suite de combats sanglants, ou sans coup férir ?

Le village était défendu par deux compagnies de Turcos et des Spahis. On se battit aux lisières de la commune. Les combats se réduisirent à la proportion de simples escarmouches. Une dizaine des nôtres furent tués; une trentaine furent blessés et faits prisonniers. A signaler la rencontre de la croix rouge française et de la croix rouge allemande sur la place publique. Le lieutenant français Maugrion est blessé mortellement et enterré dans le cimetière communal. La mairie et l’école sont transformées en ambulance allemande. A signaler aussi l’incendie de la maison d’habitation de Monsieur Sap soupçonné d’avoir caché et fait évadé des soldats français.

c).- Quelle a été l’attitude de l’autorité militaire à l’égard de la population pendant les premiers jours ? Dans la suite de l’occupation ?

Il n’y eu aucune exécution de civils; mais le pillage, le vol de bestiaux, de volailles, de denrées alimentaires étaient monnaie courante. Les caves furent vidées tout cela avec l’assentiment des chefs. Les sorties de la population civile furent interdites pendant toute la durée de l’occupation avant 8 heures du matin et après 8 heures du soir. Camelin et Le Fresne, bien que constituant une même commune forment deux agglomérations séparées et distantes de quelques centaines de mètres. Deux commandantur s’installèrent l’une à Camelin, l’autre au Fresne. Les deux agglomérations eurent chacune leur maire et leur conseil municipal. Interdiction absolue sous peine d’amende et d’emprisonnement d’aller de Camelin au Fresne et vice-versa. Réquisitions constantes d’animaux, voitures, matelas, cuivres, récoltes, boissons, œufs. Peu de bons de réquisition furent délivrés.

A partir de 1915 toute la population civile fut organisée en équipes pour la culture des champs, la rentrée de récoltes, le battage. Le salaire journalier de ces travailleurs fixé à 2,50f est resté en grande partie impayé. Les sommes représentant la différence entre les frais de culture et la valeur de la récolte pour les années 1916 et 1917 furent mises à la charge des habitants. Deux contributions de guerre furent couvertes à l’aide d’emprunts fais à la population ; celui du 20 mars 1916 produisit la somme de 2720.75f, celui du 6 mai 1916 – 3081.20f. Une troisième contribution de guerre imposée à la commune au moment du recul allemand de 1917 ne put être couverte qu’en partie. En représailles, la ferme de Monsieur Denoyon maire, fut incendiée. A la même époque sur l’ordre de la commandantur, les arbres fruitiers furent sciés dans la proportion des deux-tiers.

d).- Pouvez-vous rapporter quelques propos authentiques tenus par des officiers ou des soldats, et qui soient caractéristiques de leur état d’esprit ou de l’opinion publique en Allemagne à cette époque ?

En 1914 les allemands se considéraient déjà comme les maîtres de la France. Dans leurs conversations les ennemis se partageaient les grandes fonctions administratives : tel devenait Préfet de l’Aisne, tel autre Sous-préfet de Soissons. Les terres étaient également partagées et leur légitime propriétaire dépossédé.

e).- Pouvez-vous citer quelques ordres ou prescriptions émanant de l’autorité ennemie où se manifestait plus spécialement son système de « guerre aux civils » ?

Je ne dispose d’aucun texte me permettant de citer des ordres ou prescriptions émanant de l’autorité ennemie et où se manifeste plus spécialement son système de guerre aux civils.

Aucun texte n’a pu être conservé dans la commune par suite des évacuations successives et la destruction de toutes les archives ou documents.

f).- Si possible, prière de joindre quelque spécimens d’affiches apposées par les soins ou sur l’ordre de l’ennemi, ou quelque document authentique digne d’intérêt, (ces documents seront exposés et renvoyés par la suite à leurs possesseurs, s’ils les réclament).

Les autorités de la commune qui auraient pu conserver des affiches apposées sur l’ordre de l’ennemi ou des documents authentiques dignes d’intérêt ont été déportées ou évacuées sans pouvoir rien emporter.

II.- Des rapports de l’Autorité ennemie avec la population scolaire

a).- Les établissements d’instruction (écoles, etc.) ont-ils été ouverts pendant toute la durée de l’occupation ? Ou momentanément fermés, ou ont-ils été fermés pendant toute la guerre ?

L’école de Camelin et Le Fresne est restée fermée pendant presque toute la durée de l’occupation. Elle ne fut ouverte sur l’ordre de la commandantur allemande que de juin 1915 à novembre 1915.

b).- Quelles ont été les prescriptions particulières édictées par les Allemands à l’égard des établissements d’instruction ? (Prière de joindre, si possible, des documents à l’appui)

Aucune prescription particulière à l’égard des établissements d’instruction.

c).- Le commandant de place s’est-il immiscé dans les services d’enseignement ?

Le commandant allemand s’est contenté de donner l’ordre d’ouverture et de fermeture des classes.

d).- des officiers délégués ou inspecteurs allemands ont-ils émis la prétention de contrôler l’enseignement ? Ont-ils pénétré dans l’école ? Ont-ils interrogé les élèves ? Pouvez-vous citer, à cette occasion, des réponses d’élèves méritant d’être mentionnées ?

A de rares intervalles des officiers allemands ont pénétré dans les classes, ont écouté explications du maître et réponses des élèves sans donner leur appréciation et sans faire aucune observation. Aucun officier ennemi n’a procédé à l’interrogation des élèves.

e).- Les élèves des établissements (écoles, etc.) ont-ils été contraints à quelques travaux manuels ? Quelle a été l’attitude des élèves dans ces circonstances ? Particularité, réponses, réflexions dignes de remarque.

Au cours des années 1915 et 1916 les enfants de l’école furent astreints à la récolte des framboises, des mûres, des pommes, des poires, à la cueillette des orties, des baies de sureau, à l’échardonnage des céréales et à l’arrachage des mauvaises herbes. La plupart des enfants exécutèrent ces différents travaux sans zèle il est vrai, mais sans esprit de rébellion. Cependant l’un d’eux Henri Loual 13 ans fut frappé de coups de crosse et puni de 3 jours de prison pour avoir refusé de nettoyer les water-closets de la commandantur et allégué que tel n’était point le travail d’un écolier français.Henri H

f).- Quelle a été, en général, l’attitude des soldats à l’égard des enfants ? L’attitude des enfants à l’égard des troupes ?

En général les soldats ennemis n’ont montré aucune hostilité à l’égard des enfants qui cependant ne se faisaient pas faute de leur prodiguer certaines épithètes de goût douteux.

g).- Le séjour des troupes allemandes a-t-il influé en quelque mesure sur le parler local ? Quelques mots allemands, plus ou moins déformés, y ont-ils pénétré, et paraissent-ils devoir persister ? (Donner une liste de ces mots, et leur sens.)

Le séjour des troupes allemandes n’a aucunement influé sur le parler local. Il semble que les enfants ont pris à cœur d’oublier le plus vite possible tout ce qu’ils pouvaient connaître de la langue allemande.

Pour ma part je n’en ai jamais entendu un seul prononcer un mot allemand.

B.- Territoire occupé par les Armées françaises et alliées

I et II.- Généralités et rapports des troupes avec la population scolaire

a).- Quelles sont les troupes (alliées) qui ont occupé votre village ?

La commune de Camelin et Le Fresne n’a logé de troupes françaises que pendant la période s’étendant du 1er mars 1917 au 25 mars 1918. Elle a été occupée alternativement par les 6ème, 22ème et 23ème régiments de dragons.

Aucune troupe alliée n’a séjournée dans la commune.

b).- S’est-on battu dans votre région ? À quelle date ?

Petites escarmouches au moment de la retraite en 1914. Combat plus sérieux à Cuts (Oise) 4 kilomètres de Camelin.

c).- Voyez-vous quelques particularités à noter touchant l’attitude des soldats alliés à l’égard des enfants ? Des enfants à l’égard des troupes ?

d).- Le séjour des troupes alliées (ou indigènes), notamment des noirs, des Hindous, etc., a-t-il influé sur le parler local ? Quelques mots étrangers (anglais, hindous, etc.), plus ou moins déformés, y ont-ils pénétré, et paraissent-ils devoir persister ? Donner une liste de ces mots et de leur sens.

c) et d) ces questions ne s’appliquent pas à la commune.

A Camelin et Le Fresne le 31 mai 1920

l’instituteur

Maury

Source : BDIC La Guerre dans le ressort de l’Académie de Lille. 1914-1920

©Généalogie-Aisne-2015