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Bichancourt : économie et agricultureHistoire locale / Articles

Thème : Agriculture, industrie , commerceCatégorie : AgricultureCommune(s) : BICHANCOURTAuteur : Maud Robin d’après Olivier Dejente


par Maud Robin d’après Olivier Dejente (Bibliothèque de Bichancourt)

 

DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

 

Bichancourt s’est transformé au XlXème siècle, en bénéficiant surtout de la construction des routes et du canal de l’Oise à l’Aisne et du perfectionnement de l’agriculture.

En beaucoup d’endroits, des habitations plus confortables ont remplacé les chaumières.

Le bien-être pénètre dans les familles ; 1’instruction se répand et, avec elle, l’esprit de prévoyance. On compte un assez grand nombre de livrets de Caisse d’Epargne (bureau à Chauny) institution de prévoyance justement populaire, administrée gratuitement, sévèrement contrôlée par l’administration et sûre en tous points. Les ouvriers des Etablissements Industriels de Chauny (soudière et glacerie) en grande partie, ont un livret de la Caisse des Retraites pour la vieillesse, autre institution du 18 juin 1852, qui permet aux gens laborieux et prévoyants de s’assurer des ressources pour leurs vieux jours et de ne plus être exposés à la pauvreté ou au dénuement. La Société de secours mutuels est moins connue. Les Bichancourtois ne comprennent pas que l’homme, pris isolément, est peu de chose ; qu’associé à ses semblables pour l’esprit et par le coeur, il devient dans la lutte du bien, une force indestructible ; qu’étant tous frères, dans la grande famille, la nationale, ils doivent s’aimer, rester unis, se secourir ; il semblent ignorer que c’est de ce besoin d’aide réciproque qu’est sortie la création des sociétés de secours mutuels, une des formes de la solidarité la mieux entendue. Ce défaut, grâce à la création des sociétés scolaires de secours mutuels et de retraite (cantonales) va bientôt disparaître. Ces sociétés, moyennant une cotisation hebdomadaire de 0,10 F, ont pour but de venir en aide aux sociétaires participants, en payant à leurs parents, ou aux ayants droit, une indemnité en cas de maladie des sociétaires ;de constituer, en faveur des membres participants, conformément à la loi du 1er Avril 1898, un capital de retraite inaliénable, destiné à leur servir des pensions de retraite ; d’établir au profit de chacun d’eux, les premiers éléments d’un livret personnel de retraite à capital réservé ; de faciliter à la sortie des classes, l’admission des jeunes gens, dans les sociétés approuvées de secours mutuels d’adultes de les encourager dans la poursuite de leurs études complémentaires ; de leur assurer l’appui moral.

Les prix dont nous avons parlé ne peuvent que s’élever encore car le nombre des cultivateurs tant à augmenter. Dans ces dernières années, 5 ouvriers des établissements industries de Chauny ont racheté chacun un cheval pour cultiver leurs terres. D’après nos prévisions, nous pensons que d’autres suivront leur exemple.

Après une courte observation, il est facile de voir que ces déshérité obligés de travailler, tantôt le jour, tantôt la nuit, au milieu des vapeurs malsaines et suffocantes trouvent de l’attrait à la profession de cultivateur.

Et de fait, son existence est semée de joies pures, mais comme pour tous les hommes, elles sont entremêlées de tristesses, de craintes, de dangers.

Les intempéries de l’atmosphère : pluies trop fréquentes et abondante gelées, sécheresse, grêle, détruisent trop souvent en peu d’instants les plus belles espérances ; les animaux et les plantes nuisibles s’ajoutent parfois à la maladie pour détériorer ses récoltes et pour rendre illusoire les plus douces promesses.

Que de sueurs, de fatigues et de travaux en pure perte ! Mais vienne une bonne récolte, la joie pénètre dans tous les coeurs. La riche moisson promet les jours d’abondance, chasse les noirs soucis, ranime le courage du travailleur et ravive- la belle gaîté villageoise.

Les habitants ne se soucient pas assez de l’exploitation des ruches, la seule des spécialités annexes de l’agriculture qui soit possible à Bichancourt. L’industrie de l’apiculture coûte peu et donne généralement de beaux profits.

AGRICULTURE

Méthodes d’exploitation – outillage – progrès, etc…

L’agriculture est restée longtemps stationnaire parce qu’elle fut entravée par la routine et elle n’est encore actuellement qu’un art dans l’enfance. Le morcellement des propriétés a contribué à former bon nombre de petits propriétaires qui n’ont pas les moyens d’exploitation nécessaires et qui sont réduits aux plus simples systèmes de culture.

Lee méthodes et l’outillage agricoles ne sont en progrès que dans quelques exploitations.

La plupart des cultivateurs ne s’inquiètent pas suffisamment de la nature du sol qu’ils cultivent et l’observation la plus superficielle montre qu’il existe de profondes différences entre les terres qui font partie du territoire de Bichancourt : il faudrait dresser la carte chimique du territoire pour mieux raisonner l’emploi des engrais et modifier les assolements.

Les deux principales cultures sont, en premier lieu, celle de la betterave, puis celle du blé.

CULTURE DE LA BETTERAVE

 Etat des dépenses pour 1 hectare

– 2 labours = 72 F

– 2 hersages= 18 F

– 3 roulages = 12

– Semences = 30

– façons d’ensemencement = 8

– ratissages = 80

– arrachages = 40

– charriage = 45

– impôt = 8

– Intérêt du capital à 3 %

– Intérêt pour l’outillage = 120

– entretien = 15

– fumier = 120

– charriage de l’engrais

– engrais = 60

TOTAL = 608 F.

Tous les cultivateurs utilisent les engrais industriels et spécialement les superphosphates, mélanges de phosphates et de nodules rendus plus actifs par l’emploi de l’acide sulfurique et le nitrate de soude, d’un prix  relativement élevé, mais dont l’efficacité  est aujourd’hui  parfaitement démontré.

Ces deux engrais sont associés.

Quant à la quantité employée par hectare, elle varie selon les cultivateurs et la bonne ou mauvaise composition du sol ensemencé.

Nous avons donc enregistré une dépense de 608 F qui s’élèverait de 640 F à 650 F pour les  cultivateurs, peu  nombreux toutefois, qui emploie les engrais dans de plus grandes proportions.

RENDEMENT POUR 1 HECTARE

 

Le rendement moyen varie entre 35000 et 40000 kg par hectare depuis les 6 dernières années. Il tend toujours à augmenter.

Comme la valeur de la betterave dépend de la densité du jus qu’elle fournit et que le temps a beaucoup   d’influence sur la valeur saccharique de  la betterave, nous inscrirons le rendement moyen minimum en raison des chances à courir.

– 36000  kg  à 28 F les 1000   kg     =   1008   F

Le bénéfice serait de :

–  1008   F   –   608   F      –     400   F.

De plus les queues de betteraves et les fragments de racines servent parfois de nourriture aux bestiaux.

Mais généralement ces parties sont répandues sur la terre afin de servir en quelque sorte à la façon des engrais verts, car ils contiennent une notable proportion de potasse, d’azote et d’acide phosphorique.

Nous les considérons pourtant comme n’étant de nulle valeur, parce que les betteraves, plus que n’importe quelle autre plante, font perdre à la terre une grande quantité de substances organiques et de principe minéraux. Aussitôt que la terre est débarrassée des betteraves, elle est  labourée  et semés en blé.

CULTURE DU BLE

La culture de cette précieuse céréale réussit parfaitement sur le terroir.

On la sème généralement en automne dans les terres cultivées la même année en betteraves.

Dans les terrains bas qui bordent l’Oise, où les débordements sont à craindre, on laboure la terre à l’automne et on y sème le blé en mars. Ce blé croît  rapidement et il lui faut autant que possible un vieux  guère le froment, en général, ne vient que médiocrement sur des terres fraîchement labourées. Le rendement est moindre que celui des blés d’hiver.

DEPENSES   POUR   1   HECTARE

 

–  1   labour = 50   F

–  2  hersages = 12

–   semences = 40

–  façons  d’ensemencement = 10

–  sarclage = 6

– moissonnage et liage = 30

– fourniture de liens   = 6

– rentrage  = 16

– battage = 35

– Intérêt du capital engagé

– intérêt outillage =108

– entretien de l’outillage = 10

– impôt  = 8

–  engrais  et  charriage  d’engrais = 6

TOTAL =381 F.

RENDEMENT   POUR   1   HECTARE

Le   rendement  moyen   est   de

– 27 quintaux   à   20   F   le   quintal   (moyenne)          440   F

plus

– 900 bottes  pailles   à   20   F   le  cent                180  F

TOTAL         620   F

Le revenu net serait donc :

– 620 F – 381 F = 239   F  à  l’hectare

Ces renseignements pris auprès de plusieurs cultivateurs sont rigoureusement exacts.

On voit que dans culture, le propriétaire qui fait cultiver

            Celui qui cultive lui-même réalise un bénéfice de 620 F diminué seulement de la valeur des semences ; de l’intérêt du capital, de l’impôt, de l’entretien de l’outillage et de l’engrais

–         620 F – 216 F = 404 F

AUTRES   CULTURES

 

Les cultures qui viennent ensuite sont, par ordre d’importance, celle de l’avoine, de la luzerne, de la pomme de terre, du seigle.

Chaque cultivateur cultive l’avoine en raison de la quantité qui lui est nécessaire pour la nourriture des chevaux.. Elle est donnée utilement aux volailles pour favoriser la  ponte.

La dépense à effectuer pour la culture d’un hectare est, sauf l’engrais que l’on n’utilise pas, la mêne que pour le blé et le rendement est moins élevé.

La  paille   d’avoine   est   un   excellent   fourrage.

La plante fourragère la plus cultivée sur le territoire de Bichancourt: est la luzerne que l’on sème à l’automne ou au printemps, à raison de 20 à 25 kg par hectare.

Les   rendements   sont   les   suivants    :    (moyenne)

–   fourrage  vert :   30.000   à  40.000  kg à  l’Ha

–  fourrage  sec :     7.000   à   10.000   kg

–  graines :        400   à        500  kg

Trop de cultivateurs négligent de combattre la cuscute qu’il n’est  rare de rencontrer sur le territoire. Il est pourtant facile de débarrasser la luzerne de cette plante parasite en arrosant les parties attaquées ave une dissolution de 10 à 12 kg de sulfate de fer dans un hectolitre d’eau. Chaque famille cultive la pomme de terre en raison de ce qui lui est nécessaire pour l’alimentation annuelle. Pour celles (80 environ) qui élèvent des porcs, la culture en est plus importante.

La pomme de terre se plante en février ou mars, à raison de 1100 à 1300 kg par Ha, le rendement varie suivant les cultures et les années de 200 à 250 hectolitres.

La culture du seigle est peu productrice, aussi cette céréale est-elle cultivée seulement par rapport aux besoins de chaque cultivateur qui utilise la paille pour faire des liens.

Lorsque le cultivateur prévoit une trop grande quantité de paille, il en utilise une partie comme fourrage  net.

Le prix de la terre s’est abaissé dans beaucoup de contrées et l’on doit cette dépréciation du sol aux événements de 1870.

VALEUR DES TERRES

Si le prix élevé des terres, dans une localité, est la marque certaine de l’aisance des habitants, on peut dire que la commune de Bichancourt est riche. Le setier est toujours la mesure agraire connue dans les habitudes du pays : il contient 52 verges ou 26 ares, mesure légale. Il se vend depuis 1500 jusqu’à 3000 F., et cette même quantité a été vendue, en 1860  4000 frs. Ce terrain, il est vrai, est proche des habitations.

Les locations s’élèvent naturellement en proportion de la vente. Les petites parcelles pour jardinages sont   louées 1 F et 1,25 F la verge et les propriétaires louent 30 F et même 40 F aux cultivateurs. Il faut que, par l’industrie, le sol soit devenu bien productif pour rendre aux cultivateurs. Le revenu du prix d’acquisition, le   prix de location, le frais de matériel de culture et la rémunération du travail.

TERRITOIRE – PRODUCTIONS ETC…

Jusqu’au commencement du siècle actuel, chaque section avait son territoire. Depuis l’organisation des communes sous le 1er Empire, le cadastre réuni pour ne former qu’un seul territoire.

Le sol, à l’exception de la partie autrefois boisée, peut être considéré comme de première qualité, mais de culture difficile. Toute la partie à l’est, depuis le chemin de Pierremande venant è la Croisette et au pont du Rû, le montant vers le nord, traversant le chemin d’AutraviIle, allant au chemin vert jusqu’à la route de Marizelle, était une continuation de la Forêt basse. Le bois de St Antoine, celui des Logettes, et que quelques autres petits buissons ou bosquets de chênes, sont des restes de l’antique forêt. Le défrichement n’en a été terminé que vers 1825. L’emplacement de ces bois est clairement marqué par la différence de terre, par les  charbonnières dont on voit toujours les traces et par l’absence de pommiers : les terres qui avoisinaient le bois   à l’ouest sont plantées d’antiques pommiers.

Avant l’établissement des fabriques de sucre, vers 1840, la culture de chanvre était, après celle des   céréales ordinaires, la production la plus répandue sur le territoire. L’industrie sucrière a fait remplacer le chanvre par la betterave qui, bien souvent, assure aux cultivateurs un meilleur revenu : cependant on n’a pas entièrement renoncé au chanvre pour lequel le sol semble avoir une propriété toute particulière. On cultive   aussi le haricot de Noyon.

Des plantations de pommiers couvrent le terroir mais, bien ménagées, elles ne  portent qu’un faible   préjudice aux récoltes, préjudice qui est bien compensée par les fruits. Que rapportent ces arbres et que les ouvriers achètent chaque année à des prix élevés.

Les prairies forment une partie assez importante du territoire et ce n’est pas la moins riche.  Elle s’étend depuis  Marizelle, les bords de l’Oise jusqu’au Bac. Elle donne avec abondance un foin de première qualité et qui est très  recherché. L’oise, par ses inondations, lui assure chaque année la fertilité. Les cultivateurs estiment leurs prés autant que leurs terres. Après la fenaison, la prairie devient pâture communale et la bonne qualité des herbes produit un excellent laitage avec lequel on fabrique des fromages renommés (fromages de Manicamp). Manicamp et Bichancourt ont la même prairie. Il était et est encore la limite des territoires de Bichancourt et de Manicamp depuis sa sortie de l’Ailette jusqu’à sa chute dans l’Oise.