Connexion à l'espace adhérent



Connexion à l'espace adhérent



Monographie de Barenton sur SerreHistoire locale / Articles

Catégorie : MonographiesCommune(s) : BARENTON-SUR-SERREAuteur : Lourmier instituteur -transcription N.Gilbert


Source AD Aisne – Monographie manuscrite – cote 13 T 1 

Remarque : Il y a deux parties de monographies incomplètes qui ont été réunies en une seule. Les titres ont été allégés pour plus de lisibilité

GEOGRAPHIE PHYSIQUE

Situation de la commune – Son étendue superficielle – son territoire – son terroir – ses différentes divisions : hameaux, fermes, écarts, dépendances, lieux-dits

 

Le village de Barenton sur serre est situé à 1° 20′ 30 » à l’est du méridien de Paris ; latitude 49° 40′ 24 » nord. Altitude de la place publique : 80 m ; 6 km au sud est du chef lieu de canton, Crécy sur serre et 12 km au nord de laon.

 

Etendue superficielle : 804 hectares 73 a 60 Territoire cultivable : 668 hectares ; terroir accidenté, généralement fertile, propre à la culture des céréales et des racines betteraves, carottes, pommes de terre.

 

Le terroir est divisé en trois sections A, B, C comprenant 128 lieux dits – Deux petites fermes Pagnon et la Mal Bâtie, ainsi qu’une bascule(Toulis) sont situées à environ 1500 m  au sud est du chef lieu.

 

 

Relief du sol, Monts et collines, plateaux et plaines

 

Entre les cours d’eau s’étendent des coteaux peu élevés terminés par des plateaux de quelque étendue : ils ne se rattachent à aucun système de montagne. Une seule plaine, située entre la Souche et l’ancienne Serre, désignée sous le nom général de prairie et d’une contenance approximative de cent hectares.

 

 

Météorologie

 

Les orages sont peu fréquents et relativement peu dangereux, peut-être à cause du voisinage de la colline dite Montagne de Chalandry, située au sud ouest du village et d’une altitude de 130 mètres et qui à l’occasion pourrait jouer le rôle de paratonnerre.

 

Géologie

 

La couche arable est généralement argilo-calcaire, quelque peu silicieuse au nord est ou au sud ouest ; sur le coteau dit le haut de Vaux, elle est formée d’argile rouge appelée rougeron. Une autre colline en face vers le nord est entièrement formée de calcaire qui émerge ça et là en larges plaques blanches ; on l’appelle d’ailleurs Le champagne, nom significatif. La plaine est composée d’une très forte couche d’argile  blanc ?? guiâtre formée par les dépôts successifs du limon apporté par les débordements de la Serre, et colorée par les détritus végétaux. Dans les marais, la couche superficielle est de la tourbe ou de la terre noire d’épaisseur variable. Partout le sous sol est en calcaire tendre qui peut servir au marnage des terres et à la fabrication de la chaux.

 

Hydrographie

 

Trois cours d’eau arrosent la commune. Une petite rivière La souche, et deux ruisseaux : le Rû des Barenton et le Ruisseau de Chantrud.

La Souche coule de l’est à l’ouest en faisant beaucoup de sinuosités.

La direction du Rû des Barenton est du sud ouest au nord est. Ce cours d’eau affecte sur le territoire la forme d’un ˜ renversé et se jette dans la Souche au lieu-dit Le Pont de la Tournelle.

Le Ruisseau de Chantrud coule de l’est à l’ouest et vient grossir le second en face du village, il prend sa source sur le territoire de Grandlup au pied du Moulin de Pierre, à une très faible distance de l’endroit où l’on a découvert récemment des sarcophages en pierres provenant vraisemblablement de l’abbaye de Chantreux.

 

Ces deux derniers ruisseaux sont remplis, comme les marais voisins, de sources appelées Plombs qui laissent échapper une eau froide et limpide. Quelques uns de ces trous sont très profonds, et ont généralement la forme d’un entonnoir.

 

Aucun de ces trois cours d’eau n’a sa source sur le territoire de la commune ; inutile d’ajouter qu’ils ne sont ni navigables ni flottables.

 

 

Les marais

 

Les marais s’étendent sous la forme d’un immense V sur une surface de 47 hectares 50 au milieu desquels coulent les deux ruisseaux ci-dessus. Les deux branches regardent l’une le sud-est, l’autre le Sud-ouest . Ils ont trop peu de relief pour être desséchés. Ils appartiennent à la commune , sont loués à bail et servent à l’exploitation de la tourbe pour l’usage exclusif des habitants. depuis quelques années, les herbes et roseaux qu’on y récolte sont avantageusement vendus aux fabriques de sucre pour l’ensilage des betteraves.

 

Les bois et forêts

 

Le territoire ne renferme que quelques petits bois ou bosquets, d’une surface totale approximative de 25 hectares. depuis une dizaine d’années, il y a une grande tendance à boiser la prairie à cause de la difficulté éprouvée pour l’exploitation des foins.

 

Les essences dominantes sont : peuplier, aulne, saule, quelques frênes, chênes et ornes et deux ou trois petites futaies de noisetier.

 

Faune communale

 

Outre les animaux domestiques et les oiseaux de basse-cour , on trouve sur le territoire parmi les mammifères : renard, lièvre, lapin, fouine, putois, belette, loutre, rats et souris, mulots et surmulots, loirs et lérots, rats d’eau, muscaraigne, taupes, hérissons, chauves-souris.

 

Parmi les oiseaux : corbeau, corneille, ramier, tourterelle, geai, grive, merle, loriot, pivert, coucou, pie, pie-grièche, cresserelle, émoucher, buse, hibou, chouette, effraie, fauvette, linot, verdier, tête-chèvre, hoche-queue, bergeronnette, mésange, roitelet, chardonneret, pinson, moineau, étourneau et quelques autres passereaux dont le nom m’est inconnu, perdrix, chouette, caille, martin-pêcheur, canard sauvage, héron, bécasse, bécassine, poule d’eau, plongeon, râle d’eau et râle de genêt, sarcelle et marcasselle, quelques cannes petieux ? …

 

Parmi les reptiles : couleuvre, crapaud, grenouille, corasse, raissette, lézard d’eau, lézard gris.

 

Les habitants des eaux sont : brochet, perches, anguille, lotte, gardon, meunier, chevenne, randoise, gougeon, ablette, quelques barbeaux  et carpes égarés dans os parages. Les écrevisses ont complètement disparu depuis quelques années.

 

Parmi les insectes : hanneton, carabe doré, coccinelle, papillons de toute couleur, grillon, libellules, éphénière …

 

Flore communale

 

Elle comprend à peu près tous les végétaux de la région parisienne.

 

Population

 

La population est de 200 habitants d’après le dernier recensement, mais elle va toujours en diminuant. Il y a 18 ans on constatait 234 habitants.

 

La cause principale de cette diminution est l’égoïsme des gens, qui trouvent la famille une charge trop lourde, ou qui veulent laisser une fortune plus considérable à un enfant unique.

 

Une seconde cause aussi, c’est l’émigration des jeunes gens vers les centres industrielles ou commerciaux (Il est vrai que la position de la commune loin des gares et des usines, justifie quelque peu cette émigration).

 

 

Nombre des mariages, naissances et décès dans les dernières années

 

Les tables décennales de 1873 à 1883 accusent :

 

 

Habitants

 

Ils sont généralement bien constitués, peu de conscrits réformés. Les ouvriers de ferme sont bien nourris : viande trois ou quatre fois par semaine, cidre à chaque repas. On n’en saurait dire autant des ouvriers nourris chez eux et des petits particuliers, dont l’alimentation se compose de soupe aux légumes verts ou secs, de pommes de terres. Les plus intelligents élèvent des lapins pour consommer dans la famille. La classe moyenne ajoute à cela la viande du porc élevé à la maison, les oeufs et le laitage ; de temps en temps le pot au feu. Malheureusement, il y a dans la classe ouvrière abus de café et surtout d’eau de vie.

 

La moyenne de la vie humaine pendant ces dix dernières années est de 50 ans.

 

Caractère peu franc, égoïste et jaloux. Bonnes moeurs à part deux ou trois exceptions. Quelques parties de cartes ou de piquets et c’est tout. Chacun reste généralement chez soi. Pas d’usages particuliers. Langage peu élevé, souvent trivial, quelquefois grossier. Beaucoup de mots ou de consonnances du patois picard.

 

On ne lit pas assez, et on n’échange pas suffisamment ses idées, puisqu’il n’y a pas de fréquentation. Les 9/10e des habitants savent lire, écrire ou compter mais dans le sens le plus restreint de ces mots.

 

II GEOGRAPHIE HISTORIQUE

 

Evenements remarquables

 

Aucun document n’existe aux archives concernant l’histoire du village ; mais je crois qu’il serait bon de citer ici l’ouvrage de M. l’abbé Poquet, doyen de Berry au bac: « Légendes historiques du département de l’Aisne » (paru dans le journal de l’Aisne en octobre 1879), et je vais rapporter textuellement ce qui a rapport aux Barenton

 

1 – Les Barenton.

 

A quelques kilomètres de la pittoresque cité de Laon, sur les bords d’un vaste marais que sillonne un petit cours d’eau qui, partant de Festieux, vient à travers les glages de Chambry et de Verneuil se jeter dans la Souche, existent trois villages, assez rapprochés l’un de l’autre, portant le nom de Barenton ; vieille et unique dénomination qui semble accuser une origine commune bien qu’on ait cru devoir les distinguer par un suffixe emprunté à des circonstances toutes locales. Ainsi le premier de ces villages s’appelle Barenton-Bugny ou Buigny, qui signifie pré ou pâturage ; le second s’appelle Barenton-Cel ou petit Barenton, et dans le langage vulgaire Barenton-Secq et Barenton-Scel. On pourrait aussi bien le faire dériver de cella, chapelle. Le troisième s’appelle Barenton-sur-Serre, à cause de sa position au confluent de cette rivière dont on a détourné le cours au siècle dernier. En sorte que plusieurs communes autrefois riveraines de la Serre en sont aujourd’hui assez éloignées pour n’avoir plus de raison de conserver officiellement leur ancienne désignation. Mais, heureusement pour l’histoire, les choses changent et les mots restent. Ce sont souvent les seuls témoins du passé, des jalons précieux pour l’avenir.

 

2- Origine et antiquité de ces trois villages.

L’origine comme l’étymologie générique de ces trois villages parait identique et fort ancienne. En effet le vieux mot de Barranetum qui, d’après Ducange, est synonyme de locus cavus et d’iter tortuosum et impeditum, peut s’appliquer parfaitement aux Barenton, dont il représente assez exactement la configuration physique et géologique. D’un autre côté, à ne consulter que leur position géographique près de ces tourbières impraticables, on est facilement amené à voir dans cette disposition du sol commel’existence d’un barrage naturel, une barrière défensive derrière laquelle ont dû s’abriter les peuplades gauloises dans les temps reculés de notre histoire. C’est du moins l’idée qui se présente à l’esprit quand on jette les yeux sur cette longue bande de terrain fangeux, s’étendant à plusieurs milles du sud au nord où elle se soudait à la Serre qui emportait dans son courant la surabondance des eaux qui en couvraient alors la superficie. Puis, si on examine les hauts reliefs qui se rattachent à la montagne de Saint-Aubin de Chalandry comme d’importants contreforts, on n’est pas éloigné dereconnaître dans ce mamelon isolé un poste avancé, une de ces stations stratégiques destinées à protéger les limites d’une tribu ou les frontières d’un peuple. Nous avons à peine besoin d’ajouter que les nombreuses trouvailles faites à diverses époques, autour de ce monticule, semblent autoriser et même justifier ces conjectures très probables d’ailleurs.

On sait du reste (et on en trouve partout des preuves dans nos contrées), tout ce que les Romains, héritiers directs des campements gaulois et de leurs places fortes, ont entrepris de travaux défensifs aux IVe et Ve siècles, pour arrêter les invasions des barbares, venant comme toujours des forêts de la Germanie. Et, chose curieuse et digne de remarque par son étrange rapprochement, nous avons recours aujourd’hui, pour assurer notre tranquillité territoriale et sauvegarder notre indépendance nationale, aux mêmes mesures militaires que les conquérants de notre vieille Gaule belgiqueemployaient il y a quatorze siècles pour en conserver la possession. Nos moyens dedéfense générale sont restés les mêmes. L’application seule des nouveaux engins de guerre que la science moderne a mis à notre disposition en fait toute la différence. A part cela, nous agissons comme eux, bâtissant des forts, armés de casemates, de canons à longue portée ; là où ils plaçaient des camps retranchés, environnés de hautes redoutes et défendus par de puissantes machines qu’on appelait, comme de nos jours, Tormenta Belli. Ce sont bien là, en effet, les tourments et les fléaux de l’humanité ! Toujours est-il que les chaînes de nos montagnes et leurs croupes détachées sont encore destinées à jouer le même rôle. Et il ne nous étonnerait pas de voir bientôt lamontagne de Chalandry, dont nous parlons, reprendre son ancien rang dans cette zone stratégique qu’on est en train d’établir sur notre frontière septentrionale. Sur la ligne de Laon à Hirson sa place est toute marquée. Tant il est vrai que l’histoire, tout en se montrant sous des aspects nouveaux, n’en retourne pas moins à ses anciennes formes qu’elle se contente de modifier ! En serait-il donc d’elle comme de la terre qui roule surelle-même pour revenir à son point de départ ?

 

In se, sua per vestigia, volvitur annus (Virgile).

 

 

3- Abrégé de leur histoire.

 

1° Malgré l’antiquité apparente de ces villages on ne connaît cependant aucun fait intéressant leur existence réelle que bien avant dans le Moyen-Age. L’histoire des temps primitifs nous a laissé tant de lacunes et de regrets qu’il est bien difficile de suppléer à son silence et aux pertes qu’elle a dû faire, au milieu des ruines du vieux monde, et des agitations continuelles qui en ont été la suite !

 

Quant au troisième de ces villages, Barenton-sur-Serre ; il était situé comme son nom l’indique, à l’extrémité du marais et au confluant de la Serre qui y passait autrefois, comme nous l’avons dit. On avait aussi élevé à ce point de jonction, près du pont de la Tournelle, un fort pour défendre le passage de la rivière de Chambry. Et ce n’était probablement pas le seul empêchement mis sur ce cours d’eau; puisqu’on donne à un pont établi en amont, à l’extrémité sud de ce village, le nom de Pont à levé.

On peut encore admettre qu’il existait aussi autrefois une autre construction féodale sur une petite éminence qu’on aperçoit au nord-ouest de ce village, et sur laquelle est bâtie une maison d’assez médiocre apparence ; mais dans une position riante et très en vue. Ces diverses fortifications ont disparu avec le temps, nous ne savons à quelle époque. Le château des Tournelles avait seul laissé des vestiges de son emplacement, aujourd’hui occupé par des jardins et des petits bois qui longent le marais. Ils consistaient en des soubassements énormes qu’on est parvenu à désagréger, à l’aide du temps et des coups de pioches, qui ont fini par en avoir raison et les mettre en pièces. .Peut-être le mamelon d’ouest n’est-il formé en partie que des débris d’un autre petit château ou sorte de forte Maison, comme on les appelait alors. Barenton avait du reste des titres suffisants pour justifier la création de ces divers établissements; car, outre sa qualité de vicomté et son inféodation immémoriale au Chapitre de Laon, il avait aussi une maladrerie dont les biens ont été réunis à l’Hôtel-dieu de Laon par lettres patentes du 10 juin 1695.

Ce village dut sans doute à sa position et à son importance les vexations et les pillages sans nombre dont il fut si souvent la victime à toutes les époques, et surtout dans la guerre des Anglais, des Bourguignons et des Espagnols. La Fronde lui fut aussi des plus funestes comme à toutes les communes placées sur la Serre. Enfin les désastres de 1814 et 1815 et notamment la bataille de Laon, lui ont fait éprouver des pertes considérables.

 

4 – Légende des maires de barenton.

Maintenant que nous avons esquissé à grands traits la physionomie historique de nos trois villages, il nous reste à raconter la légende à laquelle ils ont donné naissance et qui leur est attribuée comme un héritage de famille ; légende aussi curieuse que populaire comme on va en juger. Mais avant d’entrer en matière, nous réclamons en grâce qu’on veuille bien nous permettre de la rapporter telle que nous l’avons recueillie, comme un souvenir d’enfance. Qu’on traite notre récit de bluette ou de fable, peu nous importe ! Il n’en cache pas moins, sous une forme naïve et légendaire, un fait grave, un événement solennel sur lequel nos historiens locaux sont loin d’être d’accord et qui demande encore aujourd’hui à la critique contemporaine une solution satisfaisante.

C’est ce que nous essayerons de faire en racontant d’abord la légende dans toute sa simplicité ; en cherchant ensuite dans une induction logique du fait auquel elle fait allusion, le fondement sur lequel elle doit reposer. Et sans avoir la sotte prétention de nous croire plus habile que nos honorables devanciers, nous proposerons une nouvelle explication de ce problème historique. Libre à nos lecteurs de choisir, parmi les diverses interprétations auxquelles il a donné lieu, celle qui leur paraîtra la plus acceptable.

Ceci convenu, nous allons donner notre narration telle que nous l’avons entendue de la bouche d’un de ces agréables conteurs qui nous disait avoir habité Laon dans sa jeunesse et qui nous assurait de plus que cette relation ou jugement était affichée anciennement au portail de la cathédrale, dans un encadrement grillagé qui en défendait le texte. Or voici ce que contenait, d’après lui, ce factum, si tant est qu’il ait jamais existé, et qu’il ne soit pas le fruit d’une imagination abusée.

Un jour donc que le receveur ou trésorier du Chapitre de Laon auquel appartenaient les Barenton, s’était rendu dans ces localités pour y percevoir les impôts dus à sa communauté, il s’était vu fort bien accueilli par les Mayeurs, chargés de représenter les intérêts des habitants. Chaque maire , non content d’accompagner le collecteur de village à village, avait voulu, après un gai repas pris ensemble, lui faire la conduite, lors de son retour, en l’aidant à porter sa lourde sacoche jusqu’au delà des fermes de Puisieux. Là on s’était séparé après un mutuel échange de politesse et de nombreuses protestations d’amitié.

Mais, aussitôt le départ des Maires, l’envoyé du Chapitre, au lieu de prendre la direction de Laon dont il apercevait la montagne devant lui, s’était dérobé à gauche, dans les petits bois d’Estrées([1]) et de la forêt de Samoussy qui en est voisine ; puis il avait gagné la frontière du Rhin et l’Allemagne, sans avoir mis personne dans sa confidence; en sorte qu’on fut longtemps sans aucune nouvelle et sans aucun renseignement sur le compte du fugitif.

Le Chapitre, inquiet de cette soudaine et inexplicable disparition d’un de ses membres, fit faire d’inutiles recherches dans les environs. Mais apprenant au cours de ses informations que les Maires des Barenton avaient accompagné leur trésorier assez loin et jusqu’à l’entrée des bois, il crut à un guet-apens, et peut-être à un assassinat. Bientôt la rumeur publique, toujours si prompte à juger, vint confirmer ces odieux soupçons ; au point que la justice du chapitre se vit obligée de rendre les Maires des Barenton responsables de cet événement et de sévir contre eux. Cités en plein tribunal, les trois Maires furent déclarés coupables et condamnés à être pendus.

Cependant les femmes de ces Maires, d’autres disent leurs Mères, sûres de la conduite de leurs maris, viennent protester de leur innocence ; mais elles ne sont pas écoutées. Alors, sous l’inspiration d’une foi ardente et comptant que le Ciel approuverait leur sainte témérité, elles auraient saisi des clous qui se trouvaient là sous leurs mains et elles se seraient écriées en voyant devant elles un grès placé dans la cour du Chapitre et devant lequel on rendait probablement la justice : ([2]) « C’est aussi vrai que nos maris sont innocents comme ces » clous vont pénétrer dans ce grès ici présent. » Et, en disant ces mots, elles enfonçaient leurs clous dans cette pierre siliceuse aussi facilement que dans une terre molle,

Ce prodige ne put toutefois sauver les malheureux Maires qui furent exécutés et dont on reconnut plus tard l’innocence. Car on apprit enfin, d’une manière certaine, par le fugitif lui-même, l’histoire de sa fuite. Mais ce tardif aveu n’avait pu être utile aux infortunés Mayeurs qui avaient payé de leur vie la coupable émigration de ce mandataire infidèle.

On dit que, pour réparer dans la mesure du possible cette erreur judiciaire, un service funèbre fut imposé à perpétuité au clergé laonnois et que tous les curés devaient dire le 4 août de chaque année une messe des trespassés en mémoire des Maires des Barenton. Notre conteur ajoutait même, d’après une vieille tradition, qu’à cet office les prêtres devaient porter la corde au cou, en signe de pénitence et de regret, pour un jugement rendu d’une façon si sommaire et si précipitée.

II parait que le grès témoin de ce miracle avait été religieusement conservé dans le cloître des chanoines ; puis incrusté du moins en partie dans le mur à gauche de la nef de la cathédrale où il est encore connu sous le nom de Pierre à cleus. Quelques auteurs prétendent que ce grès avait été brisé en 93 et que celui qui est aujourd’hui placé dans la cathédrale n’en est qu’un fac-similé ou mémento. Mais rien ne vient prouver ces assertions, qui n’ont pas plus d’autorité que les explications saugrenues qu’on s’est plu à donner sur la physionomie de ce grès et sa nature impressionnable ([3]).

 

5 – Nouvelle explication de cette légende.

 

Quoiqu’il en soit de ce récit légendaire qui soulève des doutes sérieux, il n’en est pas moins vrai qu’il doit faire allusion à quelque trait de notre histoire locale qu’on doit retrouver. Car la légende si élastique et si voilée qu’on la suppose sous des habits d’emprunt, n’en cache pas moins un fonds de vérité sur lequel elle s’appuye. C’est pour arriver à ce résultat et dégager le fait principal de ses accessoires purement légendaires que nous avons compulsé les auteurs qui ont écrit sur le Laonnois pour savoir ce qu’ils avaient dit et pensé sur ce sujet.

A notre grande surprise, nous avons trouvé que tous nos vieux chroniqueurs et surtout Guibert de Nogent et le moine Herman se taisaient sur cet événement qui devait pourtant leur être antérieur. Quant aux écrivains modernes, tout en traitant cette narration de fable, ils n’en parlent que pour se montrer très indécis et très partagés sur l’explication qu’elle provoque. Car les uns, comme Dom Lelong, dans son Histoire du Diocèse de Laon, Melleville, dans son Histoire de cette Cité, appliquent cette légende à un vol considérable qui aurait été commis dans le trésor de la cathédrale en 1161 par un nommé Anselme, lequel aurait eu des complices dans les Mayeurs des Barenton. Les autres, au contraire, comme Devisme dans son Histoire de Laon et son Manuel historique du département de l’Aisne, qui émet un sentiment auquel s’est rattaché depuis le même M. Melleville, dans son Dictionnaire historique, reculent cet événement jusqu’au règne de Philippe IV, de 1335 à 1338 et l’attribuent aux impôts onéreux dont à cette époque le Chapitre aurait frappé les Barenton. Ces taxes destinées à venir en aide aux besoins du royaume n’en auraient pas moins occasionné une révolte à main armée des habitants de ces villages ; et neuf hommes, comme chefs de sédition, furent condamnés à être pendus et six femmes flétries sur la joue, sans aucune forme de procès.

Mais, n’en déplaise à ces historiens, ni le fait du vol d’Anselme, ni la sédition de 1338 ne sont de nature à donner une explication satisfaisante de cette légende qui doit avoir une toute autre origine.

Le vol d’ailleurs fait à la cathédrale de Laon n’était qu’un crime particulier et assez ordinaire dans lequel ne sont impliqués qu’Anselme, comme principal coupable, et deux complices inconnus, condamnés à être pendus au bas de la cuve de Saint-Vincent avec leur chef; mais sans qu’il soit nullement question des maires de Barenton qui devaient être pourtant des personnages assez considérables et qu’assurément on n’aurait pas manqué de nommer.

On peut en dire autant de la sédition de 1338 où il s’agissait bien de 25 villages dont le chapitre était seigneur et qui, vexés en effet par les taxes onéreuses qu’on leur avait imposées, avaient levé l’étendard de la révolte. Mais il est à remarquer que dans l’arrêt qui condamne les neuf chefs à mort, et dont les noms et les demeures sont énoncés dans les lettres de 1338, aucun d’eux n’était des villages de Barenton.

En présence de ces motifs généraux et de ce silence capital qui semble mettre les Barenton en dehors de cause, c’est donc à une autre interprétation qu’il faut avoir recours, et voici celle que nous proposons comme la plus probable.

Il importe de constater d’abord qu’à cette légende des Maires de Barenton s’est toujours rattaché un service religieux dont l’institution remontait au XIIe siècle, c’est-à-dire à l’année 1160, d’après le Bréviaire de Laon, mais qui devait avoir une origine plus ancienne, et accuser un événement autrement considérable que ceux dont nous venons de parler. Ce n’est donc ni le larcin reconnu et puni en 1163, ni les contributions arbitraires de 1338 ou 1360, selon d’autres compilateurs, qui ont donné lieu à cotte légende ; mais bien, croyons-nous, la fameuse insurrection de la commune de Laon, et les malheurs qui en furent la suite. Les grands désordres qu’elle occasionna, suivis de meurtres et de ruines irréparables, ont dû laisser dans la mémoire des peuples un souvenir lamentable que le temps n’a pu effacer de sitôt. L’incendie avait fait trop de ravages, et trop de sang avait coulé dans cette infortunée Cité laonnoise pour qu’on pût l’oublier facilement. Mais tout en conservant la douloureuse mémoire des faits barbares qui ensanglantèrent alors jusqu’au sanctuaire, on a dû chercher bien vite à en atténuer les effets regrettables dans un acte de solennelle réparation ; par conséquent dans l’établissement d’un service funèbre célébré à perpétuité pour les victimes de ces discordes civiles.

Cependant il a pu arriver aussi dans ces tristes circonstances que les villages des Barentons, dépendant du Chapitre, ou du moins leurs Mayeurs, poussés par un désir exagéré d’affranchissement, aient trempé plus qu’aucune autre population voisine dans les excès de ce redoutable mouvement communal, et qu’ils en soient demeurés, aux yeux de l’histoire, comme la personnification responsable. Et ce qui n’est ici qu’une supposition gratuite de notre part ne pourrait-il pas être considéré, jusqu’à un certain point, comme une réalité ? N’avons-nous pas vu dans maintes éventualités arrivées de nos jours, des peuples surexcités par des passions politiques qui ne connaissaient plus de frein, se livrer avec fureur à tous leurs instincts révolutionnaires, s’attaquer sans respect comme sans ménagement aux choses les plus sacrées.

Une vieille tradition, qu’il est permis d’invoquer dans le cas présent, semblerait donner quelque poids à cette opinion. C’est le nom de Boyaux Rouges donné de temps immémorial au village de barenton sur Serre. Ce sobriquet, devenu populaire, s’il venait à avoir une signification sérieuse, ne pourrait-il pas refléter le rôle lointain qu’ont joué les anciens habitants de ces villages aujourd’hui si calmes et si paisibles,dans les guerres des Communes au XIIe siècle ? Voilà ce nous semble, comment la mort tragique des Maires de Barenton nous paraîtrait avoir un fondement historique dans nos Annales laonnoises.

Quant au service funèbre du 4 août, il a pu être établi régulièrement, comme nous l’avons dit, en 1160, c’est-à-dire 49 ans après la révolte communale de Laon, en mémoire des chanoines défunts de la Cathédrale, et aussi, sans doute,en faveur de toutes les victimes de cette épouvantable lutte qui, en inaugurant, d’une manière si tragique, les nouvelles institutions, n’a laissé après elle que le deuil et le lugubre souvenir d’une des plus violentes commotions qui aient agité la France féodale.

 

  1.                                               Poquet

 

Remarque : les notes ont été insérées à la page correspondante, l’instituteur les avait regroupées à la fin de l’article écrit par l’abbé Poquet.

 

Personnages célèbres

 

Le 14 avril 1712 inhumation dans l’église de Barenton sur Serre de messire Charles de l’Espinois écuyer, vicomte de Barenton sur serre.

 

Noms de lieux évoquant le souvenir d’un champ de bataille

 

Un lieu-dit porte le nom de Vallée des Meurdrys ou Meurtris, à l’est. Les légendes rapportent un fait d’armes qui eut lieu à cet endroit et le rattachent tantôt aux exploits de Thomas de Marle, tantôt à la guerre de cent ans. Aucun document historique n’existe aux archives communales, constatant ce fait. Rien n’a été trouvé ou du moins on n’a pas fait de fouilles.

 

Anciens monuments remarquables

 

On a trouvé au lieu-dit Le château d’énormes grès taillés, ainsi que de grosses poutres, des chaînes de pont-levis, des fragments de tuiles, carreaux et qui ont appartenu à l’ancien château fort, construit au confluent des deux cours d’eau : la Souche et le Rû des barenton.

 

Ancien cimetière

 

Il y a une quarantaine d’années, en creusant la tranchée du chemin vicinal de Barenton à Cohartille, on a retrouvé quelques cercueils en pierres remontant à l’époque de la conquête romaine. Les objets retrouvés dans les tombes ont été acquis, m’a-t-on dit, par M. Hydée, de bruyères. On n’a pu m’en donner le détail. Les fouilles n’ont pas été continuées.

 

Eglise

 

La commune possède une église sous le vocable de St Martin – 11 novembre – mais la fête patronale a lieu le 1er dimanche de septembre.

 

Longueur intérieure 34 mètres, style ogival, 13 et 14e siècle sans aucune particularités si ce n’est d’affreuses cariatides qui soutiennent les nervures des voûtes du choeur et qui ont, dit-on, une signification particulière se rapportant à l’état de dépendance de la commune au chapitre de Laon.

 

L’église a été formée de l’ancien beffroi communal, large et haute tour carrée qui sert de clocher et à laquelle on a accolé successivement ou simultanément un choeur, des chapelles latérales, une nef, des bas-côtés et un porche. Ces derniers n’existent plus, mais on en voit encore facilement les traces.

 

Chapelle isolée

 

La chapelle de Cohartille qui, avec une partie du hameau, appartenait au territoire de Barenton sur serre, en a été détachée pour être jointe à la commune de Froidmont-Cohartille (Loi du 5 juin 1846).

 

 

Maladrerie

 

Un lieu-dit porte encore le nom d’un établissement de ce genre dont les biens ont été réunis à ceux de l’hôtel dieu de Laon par lettres patentes du 10 juin 1695. Sans traditions.

 

Documents historiques

 

Voici à titre de curiosité ce qui est écrit sur les dernières pages blanches du registre de l’état civil de l’année 1740.

 

L’année 1740 a été très fâcheuse, les blés ayant manqué en plusieurs endroits sur les frontières. L’été a été continuellement froid et pluvieux, ce qui a fait que la moisson n’a commencé que sur la fin du mois d’août. Le raisin, les pommes et autres fruits n’ont mûri qu’à moitié et l’autre moitié est demeurée et a été gelée sur les arbres. Le seigle a été communément vendu à Crécy et ailleurs, trois livres, et le meilleur blé a été jusqu’à cinq livres ou quatre livres, quinze sols, d’où il s’est ensuivie une très grande misère. Ca été la volonté de Dieu. Heureux ceux qui en ont fait un bon usage ! Barenton a fait toutefois une très pleine et très abondante dépouille. Tous les laboureurs de ce lieu se sont mis en argent et se sont faits riches, Mais ils n’en ont point été plus saints ni plus charitables. Mon Dieu, faites-nous miséricorde !

Bernailles, Curé

Pendant la moisson de cette année 1741, le blé n’a point presque diminué. Le jeudi 10 août, il a encore été vendu 4 livres 4 sols 3 deniers. Dans la suite, le blé a diminué petit à petit mais l’année 1742, le blé à Crécy, à la fin d’août, n’a plus été vendu que 27 ou 28 sols le quartel, tout le plus beau, quoiqu’on ait été grêlé à Barenton, à Verneuil, à Cohartille, à Froidmont et autres villages ; les avoines ont été toutes perdues, et les blés à Cohartille et Froidmont n’ont fait communément qu’un quartel à la moie. Barenton et Verneuil n’ont point laissé de faire une assez bonne dépouille. Dieu soit béni ; Amen !

L’année 1743, le plus beau blé n’a été vendu à Crécy que 22 ou 23 sols ; on avoit de fort bons blés à 15 sols. Les pauvres ont néammoins toujours eu bien du mal et ils en auront toujours sur la terre. Dieu veuille qu’ils aient beaucoup de bien au ciel et que nous le partagions avec eux. Ainsi soit-il

Bernailles, curé de Barenton sur serre

 

Ecoles

 

La fondation remonte au delà de 1700, puisqu’à cette époque les registres de l’état civil font mention d’un sieur Picart, clerc laïc et maître d’école. Un Sr Bouleau Sieur la place de 1745 à 1789 puis successivement A. Delorme, Quatrevaux, Dufour, Martin, Picart, Vollereaux et l’instituteur actuel.

 

Une délibération de 1788 dit que l’assemblée communale est obligée de tenir les séances dans l’école faute d’un autre logement.

 

Une délibération de l’assemblée communale du 2 pluviose an II installe comme maître d’école secrétaire greffier le sieur Louis Aug. Quatrevaux qui est logé dans le ci-devant presbytère, et doit faire l’école du 1er octobre à la st Jean, moyennant un traitement annuel de 400 livres et les mois d’école 5sols, 10 sols, 15 sols et 20 sols selon les classes.

 

L’emplacement de l’école a changé très souvent. La maison actuelle date de 1845. Elle se compose d’un bâtiment de 16 m de long sur 8 de large avec premier. La classe est un carré de 7 m de côté, et est séparée du logement de l’instituteur par un corridor de 2 mètres. Il y a deux places d’habitation : une chambre à coucher et une cuisine communiquant entre elles directement et ayant aussi chacune une porte sur le corridor. Celui-ci est en majeure partie absorbé par l’escalier du premier et celui de la cave. Les places du haut ne sont pas tout à fait la reproduction de celles du bas.

Au dessus de l’école est la mairie flanquées de deux cabinets, l’un pour les archives, l’autre à l’usage de l’instituteur. Au dessus de la cuisine sont deux cabinets à coucher ; le restant de l’étage sert d’atelier pour les travaux manuels. Le grenier comprend toute la surface du bâtiment et en pavé, comme le premier, de peur d’incendie. Les planchers du rez de chaussée et de la mairie sont plafonnés. Au fond de la cour, se trouve un petit bâtiment perpendiculaire à l’école et servant de remise et de buanderie. Un jardin de 14 ares s’étend à l’est de ce bâtiment.

Actuellement, l’école qui est mixte comprend une trentaine d’élèves de 4 à 13 ans.

 

III – GEOGRAPHIE ECONOMIQUE

 

Etats des terres

 

Terres généralement bien cultivée. territoire très divisé : 3039 parcelles appartenant à 347 propriétaires. Assolement quadriennal. Pas de jachère. On n’emploie ici que le fumier de ferme comme engrais. On a essayé plusieurs fois des engrais artificiels, mais on y a renoncé à cause de la mauvaise foi du marchand. Les amendements sont le marnage, la cicartelle de charbon des sucreries, les défections, les cendres noires.

 

Les principaux instruments aratoires sont : le brabant, la charrue, l’extirpateur, la herse triangulaire, le rouleau semi articulé et le croskill, la houe à cheval, le râteau à cheval, les semoirs en ligne et à la volée, la bêche et le sarcloir.

 

Les céréales cultivées dans le pays sont : le blé (175 ha), le seigle (40), l’avoine (175), l’orge (10), le sarrasin (2), le mais à fourrage (5).

 

Prairies

 

Les prairies naturelles tendent de plus en plus à disparaître pour être remplacées par des bois. Elles sont d’ailleurs grevées par l’usage de la vaine pâture : aussitôt la St Jean, les bestiaux du pays sous la conduite du pâtre communal vont dans les prés et y restent jusqu’aux gelées. La 1ere coupe seule appartient aux propriétaires à moins qu’ils ne fassent un enclos par des haies ou des fossés. cette manière se généralise même tellement que l’époque n’est pas éloignée où la vaine pâture sera impossible. Et cela se confirme car les 4/5 de la prairie appartiennent aux forains.

 

Les prairies artificielles composées de luzerne, sainfoin, trèfle et minette sont assez importantes (100 ha). Elles ne sont pas soumises à la vaine pâture.

 

Arbres fruitiers

 

Peu d’arbres fruitiers. l’hiver de 1879/80 les a détruits.

 

Houblon et betterave

 

La betterave est en grand honneur ici, elle occupe environ 90 ha et produit en moyenne 5 à 6 quintaux ? l’are.

 

Cultures de toutes espèces

 

Pommes de terre (15), Vesces (25), lentilles (10), feveroles (5), colza (5), oeillettes (1), carottes (2)

 

Biens communaux

 

 

Les biens communaux se composent de marais tourbeux dont il a été parlé plus haut, et de quelques parcelles de terre cultivables louées à bail, le tout d’une superficie de –blanc— hectares. Ils sont entourés d’arbres qui, à un moment donné, sont une grande ressource pour la commune.

 

Animaux

 

Les animaux domestiques comprennent 75 chevaux de tout âge, 1 Mulets, 1 âne, 50 Bêtes à cornes, 600 moutons, 15 Chèvres, 45 Porcs.

Oiseaux de basse cour : 1000 poules, 30 oies, 40 canards, 12 dindons, 10 pintades, 300 pigeons, 400 lapins

Il y a 20 ruches produisant chacune en moyenne 10 kg de miel et 1 kg de cire.

 

Les animaux nuisibles sont : le renard, le lapin, le putois, la fouine, la belette, rats et souris, loirs, campagnols, loutre.

 

Chasse et pêche

 

La chasse et la pêche sont louées sur les communaux : 88 — la chasse et 21 — la pêche. L’adjudicataire de la chasse à droit à deux chasseurs avec lui et celui de la pêche doit faire carder le cours d’eau quatre fois par an au moins. Le gibier est assez abondant et quand à la pêche, l’importance en est grandement diminué depuis que les fabriques de Missy et de Toulis versent leurs eaux troubles ou acides dans la Souche ce qui fait périr le poisson.

 

Carrière

 

Il y a sur le territoire une carrière de pierres calcaire tendre pour l’entretien des chemins. Les tour—(coupure page) sont exploitées par les habitants mais seulement pour leur usage personnel

 

 

Barenton sur serre, le 15 janvier 1884

 

L’instituteur,

 

LOURMIER

 

 

 

———————————————————————-

 

 

 

Copies d’anciennes délibérations concernant les traitements et obligations des instituteurs avant 1833

 

 

Commune de Barenton sur serre

Copie littérale des anciennes délibérations concernant les traitements et les obligations des instituteurs avant 1833

 

———————-

 

21 pluviose 2e année

 

Ce jourd’hui vingt un pluviose deuxième année républicaine assemblé convoqué et tenûs en notre maison commune au son de la cloche en la manière ordinaire et accoutumé, nous Maire, officiers municipaux et habitants composant notre commune en partie, après plusieurs représentations faite par le maire qui a convoqué laditte assemblé ; qu’il étoit nécessaire de choisir et nommer un sujet propre à remplir les fonctions de secrétaire greffier et pour écoler les enfants de notre ditte commune à laquelle assemblé s’est présenté le citoyen Louis Auguste Quatrevaux, ancien instructeur de la jeunesse demeurant à Chalandry, lequel s’est offert de remplir les dittes fonctions, en conséquence, nous assemblés comme dessus avons tous unanimement nommé et choisie ledit Quatrevaux qui a volontairement accepté et promis remplir fidellement les obligations attachés à notre dit greffe, et tenir exactement les écoles tous les ans depuis le premier octobre (vieux stil) jusqu’au jour de St Jean Baptiste, s’oblige en outre ledit Quatrevaux de remonter l’orloge de la commune en tems et heures convenable, lequel sera tenûs, de tenir les papiers, titre et décrets dans une bonne tenûs, de datter et arreter et signer tous les actes qu’il dressera de manière qu’il n’arrive dans notre commune aucune malversation, tous ce que dessus a été par nous accepté volontairement et sommes convenûs de payer audit Quatrevaux pour ses gages et rétributions la somme de quatre cent livres, prix convenûs entre nous et ledit Quatrevaux, lequel nous nous engageons tous unanimement de le loger dans le ci-devant presbytère de notre commune, et autres battiments et le jardin adjagent à yceux, et en outre il sera payés audit Quatrevaux par mois et chaque enfants, scavoir cinq sols pour ceux de première classe, dix sols pour la seconde, quinze sols pour la troisième et vingt sols pour la quatrième classe, et nous nous obligeons enfin de fournir pour notre dit greffe bois, papiers, lumière, encre, cire et enfin touttes les choses nécessaires à yceluy convenûs en outre entre nous que la maison commune sera la même que présentement c’est à dire que le greffe sera où sera le greffier, laquelle ditte somme de quatre cent livres luy qui luy sera payés par quartier scavoir cent livres trois mois après son installation et ainsy de suite jusqu’à la fin de son année pleine et le tout sera payée sur les charges sociales de la commune.

De tout quoy nous avons fait et dressé le présent acte que nous avons signé avec ledit Quatrevaux, lesdits jours, mois et an que desssus,

Duquénois maire, Hulin officier, André Gogart notable, Duperiez notable, Blin Picart Quigniar, Angion, Gogart, Quatrevaux

 

———————-

 

Du 18 ventôse 4e année

 

Ce jourd’hui huict ventôse quatrième année republicaine assemblé convoqué et tenûs par nous agent municipal et adjoint de la ommune de Barenton sur serre, a été representé par ledit agent et adjoint de la ditte commune que le citoyen Luis Augustin Quatrevaux greffier de laditte commune s’est présenté pour réclamer le payment d’une somme de cent cinquante livres à lui dûs pour restant de son traittement de l’an trois en qualité de greffier, nous avons représenté dans laditte assemblé que ledit Quatrevaux s’étoit loué dans le temps où les assignats étoit en crédit et de pleine valleur, et qu’aujourd’huy ils sont en plein discrédit, nous avons en présence du citoyen Louis Hulin, Pierre Vaillant, cultivateurs, Antoine Blin et André Gogart marchand de toille, réglé la valleure des dits cent cinquante livres à la somme de quinze cents livres qui lui ont été présentement payés dont il est quitte envers laditte commune et consent régir à l’avenir ladite place de Sr greffier aux prix de six cents livres comme cy devant pourvue que les assignats soient en valleur, et s’ils sont en discrédit on prendra pour lors des arrangements pour le payer au cour qui existera alors, lequel traittement lui sera payés dans les mêmes proportions qu’il ont cy-devant dit.

Fait et arretté dans la ditte assemblé lesdits jour et an

Vaillant, Blin, Hulin, Gogart, Borderaux, Quatrevaux, Gossart agent

 

———————-

 

Du 30 Xbre 1819 Extrait de l’acte du sieur Martin instituteur en cette commune

 

Nous membres du conseil municipal et principaux habitants de la commune de barent sur serre assemblés en la maison commune par autorisation de Mr le préfet en date du trois décembre, à l’effet de fixer le traitement annuel du sieur Martin instituteur et cler laïc de notre commune, en excercice ici de jouir le premier novembre 1817 considérant que les habitants de cette commune doivent chacun selon les facultés coopérer au traitement de notre susdit instituteur et cler laïc, afin de lui assurer une existence honnête et convenable

Arrêtons ce qui suit

 

Art 1er – Chaque ménage payera annuellement un quartel de blé méteil, mesure de Crécy et la somme d’un franc vingt centimes

 

Art 2 – Les cultivateurs outre le quartel de blé méteil pour leur ménage, payeront un quartel de blé méteil pour chaque charrue qu’ils exploiteront

 

Art 3 – Les particuliers qui payeront vingt francs de contribution directe tant en cette commune que celles voisines outre le quartel de blé pour leur ménage payeront un demi quartel de blé méteil

 

Art 4 – Les femmes veuves qui n’aurontqu’une chaumière et un petit jardin si elles ne possèdent vingt cinq ares de terres ou prés ne payeront que la moitié d’un ménage, c’est à dire un demi quartel de blé méteil et soixante centimes, et les femmes veuves qui auront un fils âgé de vingt ans qui remplacera le chef de ménage, payeront comme ménage plein.

 

Art 5 – Tous nouveaux habitants mariés qui auront six mois de domicile avant l’échéance de l’année payeront un demi quartel de blé méteil et soixante centimes en argent

 

Art 6 – La susdite prestation en grain, sera exigible en novembre et décembre de chaque année, et celle en argent vers la fin de juin

 

Art 7 – Le susdit instituteur recevra anuellement pour le greffe de la municipalité et pour la conduite de l’horloge de l’église, les sommes allouées à cet effet sur le budget

 

Art 8 – Les prix des mois d’école seront divisés en trois classes

savoir

La premère qui comprend les enfans qui apprennent l’alphabet et commenceront à rassembler les syllables, chaque élève payera par mois la somme de trente centimes

La seconde qui comprend ceux qui commencent à lire et à écrire chaque élève payera par mois la somme de quarante centimes

La troisième qui comprend ceux qui lisent, écrivent  et apprennent le calcul, chaque élève payera par mois cinquante centimes

 

Art 9 – Il recevra annuellement pour indemnité de logement la somme de quarante francs qui seront pris sur les fonds libres de la commune

 

Art 10 – Il se conformera en ce qui concerne les fonctions d’instituteur à ce qu’exigera l’académie royale, et pour les fonctions de cler laïc aux ordonnances de l’évêque diocésain

 

Art 11 – La présente délibération sera adressée en double expéditions à Mr le Préfet de l’Aisne pour être soumise à son approbation

 

Fait à Barenton sur serre ce 30 décembre 1819

suivent les signatures Boulanger, Devivaise père, Meurant, Marcq, Allart, Pouilliart, Lobjois, Vaillant, Devivaise fils, Pagnier, et Hulin maire

 

Vu et approuvé comme état de prestation par nous préfet du département de l’Aisne, à laon le 27 janvier 1820, le conseillé de préfecture remplassant par interim les fonctions de préfet. Debat

 

———————-

 

du 12 mai 1830

 

L’an mil huit cent trente, le mardi douzième jour du mois de mai le conseil municipal de la commune de barenton sur serre réuni en vertu de l’autorisation de M. le préfet du département de l’Aisne en date du 27 mai dernier

Ayant délibéré sur l’établissement de l’imposition pour fermer le traitement de l’instituteur de cette commune s’est adjoint les plus forts contribuables de la commune dûment convoqués à cet effet conformément aux art. 39, 40 et 41 de la loi du 15 mai 1818

Les membres présents sont :

BLAIN toussaint, MARCQ François, ALLART Alexis, LOBJOIS Benjamin, GOGART Amand, QUIGNART J. —, VAILLANT Nicolas, BLOT Phlbert, POUILLART André, PINON Louis, membres du conseil municipal

DEVIVAISE André, PAGNIER Louis, MAILLET J. Bte, DAUDIGNY J. —, CARLIER Alexis, DUPERIER Prosper, PINON Honoré, BORDERAUX J. —, VOLLEREAUX J–, ANGOT François, plus hauts contribuables

 

L’assemblée ainsi constituée sous la présidence de M.  maire lequel a représenté qu’une ordonnance du roi en date du 14 février 1830 prescriroit de mesures pour que toutes les communes soient immédiatement pourvues de moyens suffisants d’instruction primaire pour que le sort des instituteurs soit amélioré.

 

Cette ordonnance contenoit entre autres dispositions celle qui suit : art 5 et 6 – les conseils municipaux de toutes les communes du royaume délibéreront dans leur prochaine session ordinaire du mois de mai, sur les moyens de pourvoir au traitement fixe annuel propre à assurer le sort de l’instituteur.

 

Ainsi qu’à dit M. le maire qu’en vertu d’une délibération prise par le conseil municipal en date du 30 décembre 1819, il avait été accordé acte au sieur Jean Louis Martin instituteur et clerc laïc de cette commune en excercice maintenant et depuis le premier novembre mil hui cent dix sept les rétributions ci-après désignés (suit la reproduction des 8 premiers articles de la délibération précedente – note du copiste)

D’après cette rétribution qui a été approuvée par M. le préfet du département de l’Asine le 27 janvier 1820 peut valoir approximativement annuellement

 

1° en blé 20 hectolitres au prix moyen de 12 francs … 240

2° en argent. 90

3° Indemnité de logement…… 40

4 °pour prix des mois d’école pendant neuf mois

à 23 écoliers au prix moyen 10 francs par mois fait                        90

 

Total                        460

 

Le conseil municipal et les plus haut contribuables après avoir attendu les observations de M. le maire reconnaissant bien l’exactitude de ses observations attendu que depuis que le sieur Jean Louis Martin exerce en cette commune, aucune pleinte ne nous est parvenue tant pour la bonne conduite et les bonnes moeurs et la bonne aptitude pour la tenue de ses écoles votent pour cinq ans à compter du 1er janvier 1831 toutes les articles portés à son acte, pour servir de traitement annuel audit sieur martin clair laïc et instituteur de cette commune.

 

Fait et délibéré en séance le dit jour et an que devant aisni signé comme membres du conseil

Blin, Vaillant, Marcq, Lobjois, Quigniard, Allart, Gogart, Blot, Pouilliart, Pinon

et comme plus haut imposables

Duperier, Daudigny, Pinon Honoré, Carlier, Maillet, Borderaux, Pagnier, Vollereaux, Angot

et comme président le Maire hulin

 

———————-

 

Copié textuellement par l’instituteur soussigné

à Barenton sur serre le 31 janvier 1884

Lourmier

 

 

Transcription :N.gilbert

[1] Ce mot d’Estrées vient sans aucun doute de Strata, chaussée, parce que ces petits bois qui sont situés au sud des fermes de Puisieux longent la vieille voie romaine qui, partant de Reims pour aller à Saint-Quentin, passe à que

 

[2] Ce fut souvent devant de grosses pierres en effet et des grès qu’on rendait autrefois justice. De là ces expressions si fréquentes,  adLapidem, inter Leones. Témoin la pierre d’Ostel et une foule d’autres.

 

[3] Il est à remarquer, en effet, que la plupart des historiens modernes qui ont eu à parler sur le sujet ont affecté de ne voir dans les deux empreintes grossières de la paume de la main qu’on remarque sur ce grès qu’un simple jeu de la nature et dans ‘enfoncement des clous dont ils ne niaient pas la vérité, qu’une chose naturelle. « Ces grès mamelonnés et tuberculeux offrent parois des formes très bizarres, dit l’un d’eux. Et les clous de la pierre de Laon, s’ils ont pu facilement être enfoncés dans les intervalles des mamelons de la pierre restés vides. » A ce prix, plus de merveilleux.  Adieu poésie et légende. Le naturalisme incrédule et voilà tout.